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odes
et
ballades
texte
entier
odes
et
ballades
fac
similé
du
titre
écrit
par
victor
hugo
en
tête
du
manuscrit
original
des
odes
et
ballades
1822
il
y
a
deux
intentions
dans
la
publication
de
ce
livre
l’intention
littéraire
et
l’intention
politique
mais
dans
la
pensée
de
l’auteur
la
dernière
est
la
conséquence
de
la
première
car
l’histoire
des
hommes
ne
présente
de
poésie
que
jugée
du
haut
des
idées
monarchiques
et
des
croyances
religieuses
on
pourra
voir
dans
l’arrangement
de
ces
odes
une
division
qui
néanmoins
n’est
pas
méthodiquement
tracée
il
a
semblé
à
l’auteur
que
les
émotions
d’une
âme
n’étaient
pas
moins
fécondes
pour
la
poésie
que
les
révolutions
d’un
empire
au
reste
le
domaine
de
la
poésie
est
illimité
sous
le
monde
réel
il
existe
un
monde
idéal
qui
se
montre
resplendissant
à
l’œil
de
ceux
que
des
méditations
graves
ont
accoutumés
à
voir
dans
les
choses
plus
que
les
choses
les
beaux
ouvrages
de
poésie
en
tout
genre
soit
en
vers
soit
en
prose
qui
ont
honoré
notre
siècle
ont
révélé
cette
vérité
à
peine
soupçonnée
auparavant
que
la
poésie
n’est
pas
dans
la
forme
des
idées
mais
dans
les
idées
elles
mêmes
la
poésie
c’est
tout
ce
qu’il
y
a
d’intime
dans
tout
les
changements
survenus
dans
les
évènements
rendent
nécessaire
de
rappeler
que
les
odes
ii
vi
vii
viii
et
xv
de
ce
recueil
ont
été
publiées
successivement
depuis
l’année
1819
1823
il
est
permis
peut
être
aujourd’hui
à
l’auteur
d’ajouter
à
ce
peu
de
lignes
quelques
autres
observations
sur
le
but
qu’il
s’est
proposé
en
composant
ces
odes
convaincu
que
tout
écrivain
dans
quelque
sphère
que
s’exerce
son
esprit
doit
avoir
pour
objet
principal
d’être
utile
et
espérant
qu’une
intention
honorable
lui
ferait
pardonner
la
témérité
de
ses
essais
il
a
tenté
de
solenniser
quelques
uns
de
ceux
des
principaux
souvenirs
de
notre
époque
qui
peuvent
être
des
leçons
pour
les
sociétés
futures
il
a
adopté
pour
consacrer
ces
événements
la
forme
de
l’ode
parce
que
c’était
sous
cette
forme
que
les
inspirations
des
premiers
poëtes
apparaissaient
jadis
aux
premiers
peuples
cependant
l’ode
française
généralement
accusée
de
froideur
et
de
monotonie
paraissait
peu
propre
à
retracer
ce
que
les
trente
dernières
années
de
notre
histoire
présentent
de
touchant
et
de
terrible
de
sombre
et
d’éclatant
de
monstrueux
et
de
merveilleux
l’auteur
de
ce
recueil
en
réfléchissant
sur
cet
obstacle
a
cru
découvrir
que
cette
froideur
n’était
point
dans
l’essence
de
l’ode
mais
seulement
dans
la
forme
que
lui
ont
jusqu’ici
donnée
les
poètes
lyriques
il
lui
a
semblé
que
la
cause
de
cette
monotonie
était
dans
l’abus
des
apostrophes
des
exclamations
des
prosopopées
et
autres
figures
véhémentes
que
l’on
prodiguait
dans
l’ode
moyens
de
chaleur
qui
glacent
lorsqu’ils
sont
trop
multipliés
et
étourdissent
au
lieu
d’émouvoir
il
a
donc
pensé
que
si
l’on
plaçait
le
mouvement
de
l’ode
dans
les
idées
plutôt
que
dans
les
mots
si
de
plus
on
en
asseyait
la
composition
sur
une
idée
fondamentale
quelconque
qui
fût
appropriée
au
sujet
et
dont
le
développement
s’appuyât
dans
toutes
ses
parties
sur
le
développement
de
l’événement
qu’elle
raconterait
en
substituant
aux
couleurs
usées
et
fausses
de
la
mythologie
païenne
les
couleurs
neuves
et
vraies
de
la
théogonie
chrétienne
on
pourrait
jeter
dans
l’ode
quelque
chose
de
l’intérêt
du
drame
et
lui
faire
parler
en
outre
ce
langage
austère
consolant
et
religieux
dont
a
besoin
une
vieille
société
qui
sort
encore
toute
chancelante
des
saturnales
de
l’athéisme
et
de
l’anarchie
voilà
ce
que
l’auteur
de
ce
livre
a
tenté
mais
sans
se
flatter
du
succès
voilà
ce
qu’il
ne
pouvait
dire
à
la
première
édition
de
son
recueil
de
peur
que
l’exposé
de
ses
doctrines
ne
parût
la
défense
de
ses
ouvrages
il
peut
aujourd’hui
que
ses
odes
ont
subi
l’épreuve
hasardeuse
de
la
publication
livrer
au
lecteur
la
pensée
qui
les
a
inspirées
et
qu’il
a
eu
la
satisfaction
de
voir
déjà
sinon
approuvée
du
moins
comprise
en
partie
au
reste
ce
qu’il
désire
avant
tout
c’est
qu’on
ne
lui
croie
pas
la
prétention
de
frayer
une
route
ou
de
créer
un
genre
la
plupart
des
idées
qu’il
vient
d’énoncer
s’appliquent
principalement
à
la
première
partie
de
ce
recueil
mais
le
lecteur
pourra
sans
que
nous
nous
étendions
davantage
remarquer
dans
le
reste
le
même
but
littéraire
et
un
semblable
système
de
composition
nous
arrêterons
ici
ces
observations
préliminaires
qui
exigeraient
un
volume
de
développements
et
auxquelles
on
ne
fera
peut
être
pas
attention
mais
il
faut
toujours
parler
comme
si
l’on
devait
être
entendu
écrire
comme
si
l’on
devait
être
lu
et
penser
comme
si
l’on
devait
être
médité
la
première
édition
de
ce
recueil
d’odes
était
suivie
de
trois
poëmes
de
différents
genres
qui
n’entraient
pas
dans
le
but
de
cette
publication
et
que
l’on
a
cru
devoir
supprimer
cette
seconde
édition
est
augmentée
de
deux
odes
nouvelles
louis
xvii
et
jéhovah
1824
voici
de
nouvelles
preuves
pour
ou
contre
le
système
de
composition
lyrique
indiqué
ailleurs
par
l’auteur
de
ces
odes
ce
n’est
pas
sans
une
défiance
extrême
qu’il
les
présente
à
l’examen
des
gens
de
goût
car
s’il
croit
à
des
théories
nées
d’études
consciencieuses
et
de
méditations
assidues
d’un
autre
côté
il
croit
fort
peu
à
son
talent
il
prie
donc
les
hommes
éclairés
de
vouloir
bien
ne
pas
étendre
jusqu’à
ses
principes
littéraires
l’arrêt
qu’ils
seront
sans
doute
fondés
à
prononcer
contre
ses
essais
poétiques
aristote
n’est
il
pas
innocent
des
tragédies
de
l’abbé
d’aubignac
cependant
malgré
son
obscurité
il
a
déjà
eu
la
douleur
de
voir
ses
principes
littéraires
qu’il
croyait
irréprochables
calomniés
ou
du
moins
mal
interprétés
c’est
ce
qui
le
détermine
aujourd’hui
à
fortifier
cette
publication
nouvelle
d’une
déclaration
simple
et
loyale
laquelle
le
mette
à
l’abri
de
tout
soupçon
d’hérésie
dans
la
querelle
qui
divise
aujourd’hui
le
public
lettré
il
y
a
maintenant
deux
partis
dans
la
littérature
comme
dans
l’état
et
la
guerre
poétique
ne
paraît
pas
devoir
être
moins
acharnée
que
la
guerre
sociale
n’est
furieuse
les
deux
camps
semblent
plus
impatients
de
combattre
que
de
traiter
ils
s’obstinent
à
ne
vouloir
point
parler
la
même
langue
ils
n’ont
d’autre
langage
que
le
mot
d’ordre
à
l’intérieur
et
le
cri
de
guerre
à
l’extérieur
ce
n’est
pas
le
moyen
de
s’entendre
quelques
voix
importantes
néanmoins
se
sont
élevées
depuis
quelque
temps
parmi
les
clameurs
des
deux
armées
des
conciliateurs
se
sont
présentés
avec
de
sages
paroles
entre
les
deux
fronts
d’attaque
ils
seront
peut
être
les
premiers
immolés
mais
n’importe
c’est
dans
leurs
rangs
que
l’auteur
de
ce
livre
veut
être
placé
dût
il
y
être
confondu
il
discutera
sinon
avec
la
même
autorité
du
moins
avec
la
même
bonne
foi
ce
n’est
pas
qu’il
ne
s’attende
aux
imputations
les
plus
étranges
aux
accusations
les
plus
singulières
dans
le
trouble
où
sont
les
esprits
le
danger
de
parler
est
plus
grand
encore
que
celui
de
se
taire
mais
quand
il
s’agit
d’éclairer
et
d’être
éclairé
il
faut
regarder
où
est
le
devoir
et
non
où
est
le
péril
il
se
résigne
donc
il
agitera
sans
hésitation
les
questions
les
plus
délicates
et
comme
le
petit
enfant
thébain
il
osera
secouer
la
peau
du
lion
et
d’abord
pour
donner
quelque
dignité
à
cette
discussion
impartiale
dans
laquelle
il
cherche
la
lumière
bien
plus
qu’il
ne
l’apporte
il
répudie
tous
ces
termes
de
convention
que
les
partis
se
rejettent
réciproquement
comme
des
ballons
vides
signes
sans
signification
expressions
sans
expression
mots
vagues
que
chacun
définit
au
besoin
de
ses
haines
ou
de
ses
préjugés
et
qui
ne
servent
de
raisons
qu’à
ceux
qui
n’en
ont
pas
pour
lui
il
ignore
profondément
ce
que
c’est
que
le
genre
classique
et
que
le
genre
romantique
selon
une
femme
de
génie
qui
la
première
a
prononcé
le
mot
de
littérature
romantique
en
france
cette
division
se
rapporte
aux
deux
grandes
ères
du
monde
celle
qui
a
précédé
l’établissement
du
christianisme
et
celle
qui
l’a
suivi
d’après
le
sens
littéral
de
cette
explication
il
semble
que
le
paradis
perdu
serait
un
poème
classique
et
la
henriade
une
œuvre
romantique
il
ne
paraît
pas
rigoureusement
démontré
que
les
deux
mots
importés
par
mme
de
staël
soient
aujourd’hui
compris
de
cette
façon
en
littérature
comme
en
toute
chose
il
n’y
a
que
le
bon
et
le
mauvais
le
beau
et
le
difforme
le
vrai
et
le
faux
or
sans
établir
ici
de
comparaisons
qui
exigeraient
des
restrictions
et
des
développements
le
beau
dans
shakespeare
est
tout
aussi
classique
si
classique
signifie
digne
d’être
étudié
que
le
beau
dans
racine
et
le
faux
dans
voltaire
est
tout
aussi
romantique
si
romantique
veut
dire
mauvais
que
le
faux
dans
calderon
ce
sont
là
de
ces
vérités
naïves
qui
ressemblent
plus
encore
à
des
pléonasmes
qu’à
des
axiomes
mais
où
n’est
on
pas
obligé
de
descendre
pour
convaincre
l’entêtement
et
pour
déconcerter
la
mauvaise
foi
on
objectera
peut
être
ici
que
les
deux
mots
de
guerre
ont
depuis
quelque
temps
changé
encore
d’acception
et
que
certains
critiques
sont
convenus
d’honorer
désormais
du
nom
de
classique
toute
production
de
l’esprit
antérieure
à
notre
époque
tandis
que
la
qualification
de
romantique
serait
spécialement
restreinte
à
cette
littérature
qui
grandit
et
se
développe
avec
le
dix
neuvième
siècle
avant
d’examiner
en
quoi
cette
littérature
est
propre
à
notre
siècle
on
demande
en
quoi
elle
peut
avoir
mérité
ou
encouru
une
désignation
exceptionnelle
il
est
reconnu
que
chaque
littérature
s’empreint
plus
ou
moins
profondément
du
ciel
des
mœurs
et
de
l’histoire
du
peuple
dont
elle
est
l’expression
il
y
a
donc
autant
de
littératures
diverses
qu’il
y
a
de
sociétés
différentes
david
homère
virgile
le
tasse
milton
et
corneille
ces
hommes
dont
chacun
représente
une
poésie
et
une
nation
n’ont
de
commun
entre
eux
que
le
génie
chacun
d’eux
a
exprimé
et
a
fécondé
la
pensée
publique
dans
son
pays
et
dans
son
temps
chacun
d’eux
a
créé
pour
sa
sphère
sociale
un
monde
d’idées
et
de
sentiments
approprié
au
mouvement
et
à
l’étendue
de
cette
sphère
pourquoi
donc
envelopper
d’une
désignation
vague
et
collective
ces
créations
qui
pour
être
toutes
animées
de
la
même
âme
la
vérité
n’en
sont
pas
moins
dissemblables
et
souvent
contraires
dans
leurs
formes
dans
leurs
éléments
et
dans
leurs
natures
pourquoi
en
même
temps
cette
contradiction
bizarre
de
décerner
à
une
autre
littérature
expression
imparfaite
encore
d’une
époque
encore
incomplète
l’honneur
ou
l’outrage
d’une
qualification
également
vague
mais
exclusive
qui
la
sépare
des
littératures
qui
l’ont
précédée
comme
si
elle
ne
pouvait
être
pesée
que
dans
l’autre
plateau
de
la
balance
comme
si
elle
ne
devait
être
inscrite
que
sur
le
revers
du
livre
des
fastes
littéraires
d’où
lui
vient
ce
nom
de
romantique
est
ce
que
vous
lui
avez
découvert
quelque
rapport
bien
évident
et
bien
intime
avec
la
langue
romance
ou
romane
alors
expliquez
vous
examinons
la
valeur
de
cette
allégation
prouvez
d’abord
qu’elle
est
fondée
il
vous
restera
ensuite
à
démontrer
qu’elle
n’est
pas
insignifiante
mais
on
se
garde
fort
aujourd’hui
d’entamer
de
ce
côté
une
discussion
qui
pourrait
n’enfanter
que
le
ridiculus
mus
on
veut
laisser
à
ce
mot
de
romantique
un
certain
vague
fantastique
et
indéfinissable
qui
en
redouble
l’horreur
aussi
tous
les
anathèmes
lancés
contre
d’illustres
écrivains
et
poëtes
contemporains
peuvent
ils
se
réduire
à
cette
argumentation
—
nous
condamnons
la
littérature
du
dix
neuvième
siècle
parce
qu’elle
est
romantique…
—
et
pourquoi
est
elle
romantique
—
parce
qu’elle
est
la
littérature
du
dix
neuvième
siècle
—
on
ose
affirmer
ici
après
un
mûr
examen
que
l’évidence
d’un
tel
raisonnement
ne
paraît
pas
absolument
incontestable
abandonnons
enfin
cette
question
de
mots
qui
ne
peut
suffire
qu’aux
esprits
superficiels
dont
elle
est
le
risible
labeur
laissons
en
paix
la
procession
des
rhéteurs
et
des
pédagogues
apporter
gravement
de
l’eau
claire
au
tonneau
vide
souhaitons
longue
haleine
à
tous
ces
pauvres
sisyphes
essoufflés
qui
vont
roulant
et
roulant
sans
cesse
leur
pierre
au
haut
d’une
butte
palus
inamabilis
undâ
alligat
et
novies
styx
interfusa
coercet
passons
et
abordons
la
question
de
choses
car
la
frivole
querelle
des
romantiques
et
des
classiques
n’est
que
la
parodie
d’une
importante
discussion
qui
occupe
aujourd’hui
les
esprits
judicieux
et
les
âmes
méditatives
quittons
donc
la
batrachomyomachie
pour
l’iliade
ici
du
moins
les
adversaires
peuvent
espérer
de
s’entendre
parce
qu’ils
en
sont
dignes
il
y
a
une
discordance
absolue
entre
les
rats
et
les
grenouilles
tandis
qu’un
intime
rapport
de
noblesse
et
de
grandeur
existe
entre
achille
et
hector
il
faut
en
convenir
un
mouvement
vaste
et
profond
travaille
intérieurement
la
littérature
de
ce
siècle
quelques
hommes
distingués
s’en
étonnent
et
il
n’y
a
précisément
dans
tout
cela
d’étonnant
que
leur
surprise
en
effet
si
après
une
révolution
politique
qui
a
frappé
la
société
dans
toutes
ses
sommités
et
dans
toutes
ses
racines
qui
a
touché
à
toutes
les
gloires
et
à
toutes
les
infamies
qui
a
tout
désuni
et
tout
mêlé
au
point
d’avoir
dressé
l’échafaud
à
l’abri
de
la
tente
et
mis
la
hache
sous
la
garde
du
glaive
après
une
commotion
effrayante
qui
n’a
rien
laissé
dans
le
cœur
des
hommes
qu’elle
n’ait
remué
rien
dans
l’ordre
des
choses
qu’elle
n’ait
déplacé
si
disons
nous
après
un
si
prodigieux
événement
nul
changement
n’apparaissait
dans
l’esprit
et
dans
le
caractère
d’un
peuple
n’est
ce
pas
alors
qu’il
faudrait
s’étonner
et
d’un
étonnement
sans
bornes
—
ici
se
présente
une
objection
spécieuse
et
déjà
développée
avec
une
conviction
respectable
par
des
hommes
de
talent
et
d’autorité
c’est
précisément
disent
ils
parce
que
cette
révolution
littéraire
est
le
résultat
de
notre
révolution
politique
que
nous
en
déplorons
le
triomphe
que
nous
en
condamnons
les
œuvres
—
cette
conséquence
ne
paraît
pas
juste
la
littérature
actuelle
peut
être
en
partie
le
résultat
de
la
révolution
sans
en
être
l’expression
la
société
telle
que
l’avait
faite
la
révolution
a
eu
sa
littérature
hideuse
et
inepte
comme
elle
cette
littérature
et
cette
société
sont
mortes
ensemble
et
ne
revivront
plus
l’ordre
renaît
de
toutes
parts
dans
les
institutions
il
renaît
également
dans
les
lettres
la
religion
consacre
la
liberté
nous
avons
des
citoyens
la
foi
épure
l’imagination
nous
avons
des
poëtes
la
vérité
revient
partout
dans
les
mœurs
dans
les
lois
dans
les
arts
la
littérature
nouvelle
est
vraie
et
qu’importe
qu’elle
soit
le
résultat
de
la
révolution
la
moisson
est
elle
moins
belle
parce
qu’elle
a
mûri
sur
le
volcan
quel
rapport
trouvez
vous
entre
les
laves
qui
ont
consumé
votre
maison
et
l’épi
de
blé
qui
vous
nourrit
les
plus
grands
poëtes
du
monde
sont
venus
après
de
grandes
calamités
publiques
sans
parler
des
chantres
sacrés
toujours
inspirés
par
des
malheurs
passés
ou
futurs
nous
voyons
homère
apparaître
après
la
chute
de
troie
et
les
catastrophes
de
l’argolide
virgile
après
le
triumvirat
jeté
au
milieu
des
discordes
des
guelfes
et
des
gibelins
dante
avait
été
proscrit
avant
d’être
poëte
milton
rêvait
satan
chez
cromwell
le
meurtre
de
henri
iv
précéda
corneille
racine
molière
boileau
avaient
assisté
aux
orages
de
la
fronde
après
la
révolution
française
chateaubriand
s’élève
et
la
proportion
est
gardée
et
ne
nous
étonnons
point
de
cette
liaison
remarquable
entre
les
grandes
époques
politiques
et
les
belles
époques
littéraires
la
marche
sombre
et
imposante
des
événements
par
lesquels
le
pouvoir
d’en
haut
se
manifeste
aux
pouvoirs
d’ici
bas
l’unité
éternelle
de
leur
cause
l’accord
solennel
de
leurs
résultats
ont
quelque
chose
qui
frappe
profondément
la
pensée
ce
qu’il
y
a
de
sublime
et
d’immortel
dans
l’homme
se
réveille
comme
en
sursaut
au
bruit
de
toutes
ces
voix
merveilleuses
qui
avertissent
de
dieu
l’esprit
des
peuples
en
un
religieux
silence
entend
longtemps
retentir
de
catastrophe
en
catastrophe
la
parole
mystérieuse
qui
témoigne
dans
les
ténèbres
admonet
et
magna
testatur
voce
per
umbras
quelques
âmes
choisies
recueillent
cette
parole
et
s’en
fortifient
quand
elle
a
cessé
de
tonner
dans
les
événements
elles
la
font
éclater
dans
leurs
inspirations
et
c’est
ainsi
que
les
enseignements
célestes
se
continuent
par
des
chants
telle
est
la
mission
du
génie
ses
élus
sont
ces
sentinelles
laissées
par
le
seigneur
sur
les
tours
de
jérusalem
et
qui
ne
se
tairont
ni
jour
ni
nuit
la
littérature
présente
telle
que
l’ont
créée
les
chateaubriand
les
staël
les
la
mennais
n’appartient
donc
en
rien
à
la
révolution
de
même
que
les
écrits
sophistiques
et
déréglés
des
voltaire
des
diderot
et
des
helvétius
ont
été
d’avance
l’expression
des
innovations
sociales
écloses
dans
la
décrépitude
du
dernier
siècle
la
littérature
actuelle
que
l’on
attaque
avec
tant
d’instinct
d’un
côté
et
si
peu
de
sagacité
de
l’autre
est
l’expression
anticipée
de
la
société
religieuse
et
monarchique
qui
sortira
sans
doute
du
milieu
de
tant
d’anciens
débris
de
tant
de
ruines
récentes
il
faut
le
dire
et
le
redire
ce
n’est
pas
un
besoin
de
nouveauté
qui
tourmente
les
esprits
c’est
un
besoin
de
vérité
et
il
est
immense
ce
besoin
de
vérité
la
plupart
des
écrivains
supérieurs
de
l’époque
tendent
à
le
satisfaire
le
goût
qui
n’est
autre
chose
que
l’autorité
en
littérature
leur
a
enseigné
que
leurs
ouvrages
vrais
pour
le
fond
devaient
être
également
vrais
dans
la
forme
sous
ce
rapport
ils
ont
fait
faire
un
pas
à
la
poésie
les
écrivains
des
autres
peuples
et
des
autres
temps
même
les
admirables
poëtes
du
grand
siècle
ont
trop
souvent
oublié
dans
l’exécution
le
principe
de
vérité
dont
ils
vivifiaient
leur
composition
on
rencontre
fréquemment
dans
leurs
plus
beaux
passages
des
détails
empruntés
à
des
mœurs
à
des
religions
ou
à
des
époques
trop
étrangères
au
sujet
ainsi
l’horloge
qui
au
grand
amusement
de
voltaire
désigne
au
brutus
de
shakespeare
l’heure
où
il
doit
frapper
césar
cette
horloge
qui
existait
comme
on
voit
bien
avant
qu’il
y
eût
des
horlogers
se
retrouve
au
milieu
d’une
brillante
description
des
dieux
mythologiques
placée
par
boileau
à
la
main
du
tems
le
canon
dont
calderon
arme
les
soldats
d’héraclius
et
milton
les
archanges
des
ténèbres
est
tiré
dans
l’ode
sur
namur
par
dix
mille
vaillans
alcides
qui
en
font
pétiller
les
remparts
et
certes
puisque
les
alcides
du
législateur
du
parnasse
tirent
du
canon
le
satan
de
milton
peut
à
toute
force
considérer
cet
anachronisme
comme
de
bonne
guerre
si
dans
un
siècle
littéraire
encore
barbare
le
père
lemoyne
auteur
d’un
poëme
de
saint
louis
fait
sonner
les
vêpres
siciliennes
par
les
cors
des
noires
euménides
un
âge
éclairé
nous
montre
j
b
rousseau
envoyant
dans
son
ode
au
comte
de
luc
dont
le
mouvement
lyrique
est
fort
remarquable
un
prophète
fidèle
jusque
chez
les
dieux
interroger
le
sort
et
en
trouvant
fort
ridicules
les
néréides
dont
camoëns
obsède
les
compagnons
de
gama
on
désirerait
dans
le
célèbre
passage
du
rhin
de
boileau
voir
autre
chose
que
des
naïades
craintives
fuir
devant
louis
par
la
grâce
de
dieu
roi
de
france
et
de
navarre
accompagné
de
ses
maréchaux
des
camps
et
armées
des
citations
de
ce
genre
se
prolongeraient
à
l’infini
mais
il
est
inutile
de
les
multiplier
si
de
pareilles
fautes
de
vérité
se
présentent
fréquemment
dans
nos
meilleurs
auteurs
il
faut
se
garder
de
leur
en
faire
un
crime
ils
auraient
pu
sans
doute
se
borner
à
étudier
les
formes
pures
des
divinités
grecques
sans
leur
emprunter
leurs
attributs
païens
lorsqu’à
rome
on
voulut
convertir
en
saint
pierre
un
jupiter
olympien
on
commença
du
moins
par
ôter
au
maître
du
tonnerre
l’aigle
qu’il
foulait
sous
ses
pieds
mais
quand
on
considère
les
immenses
services
rendus
à
la
langue
et
aux
lettres
par
nos
premiers
grands
poëtes
on
s’humilie
devant
leur
génie
et
on
ne
se
sent
pas
la
force
de
leur
reprocher
un
défaut
de
goût
certainement
ce
défaut
a
été
bien
funeste
puisqu’il
a
introduit
en
france
je
ne
sais
quel
genre
faux
qu’on
a
fort
bien
nommé
le
genre
scholastique
genre
qui
est
au
classique
ce
que
la
superstition
et
le
fanatisme
sont
à
la
religion
et
qui
ne
contre
balance
aujourd’hui
le
triomphe
de
la
vraie
poésie
que
par
l’autorité
respectable
des
illustres
maîtres
chez
lesquels
il
trouve
malheureusement
des
modèles
on
a
rassemblé
ci
dessus
quelques
exemples
pareils
entre
eux
de
ce
faux
goût
empruntés
à
la
fois
aux
écrivains
les
plus
opposés
à
ceux
que
les
scholastiques
appellent
classiques
et
à
ceux
qu’ils
qualifient
de
romantiques
on
espère
par
là
faire
voir
que
si
calderon
a
pu
pécher
par
excès
d’ignorance
boileau
a
pu
faillir
aussi
par
excès
de
science
et
que
si
lorsqu’on
étudie
les
écrits
de
ce
dernier
on
doit
suivre
religieusement
les
règles
imposées
au
langage
par
le
critique
il
faut
en
même
temps
se
garder
scrupuleusement
d’adopter
les
fausses
couleurs
employées
quelquefois
par
le
poëte
et
remarquons
en
passant
que
si
la
littérature
du
grand
siècle
de
louis
le
grand
eût
invoqué
le
christianisme
au
lieu
d’adorer
les
dieux
païens
si
ses
poëtes
eussent
été
ce
qu’étaient
ceux
des
temps
primitifs
des
prêtres
chantant
les
grandes
choses
de
leur
religion
et
de
leur
patrie
le
triomphe
des
doctrines
sophistiques
du
dernier
siècle
eût
été
beaucoup
plus
difficile
peut
être
même
impossible
aux
premières
attaques
des
novateurs
la
religion
et
la
morale
se
fussent
réfugiées
dans
le
sanctuaire
des
lettres
sous
la
garde
de
tant
de
grands
hommes
le
goût
national
accoutumé
à
ne
point
séparer
les
idées
de
religion
et
de
poésie
eût
répudié
tout
essai
de
poésie
irréligieuse
et
flétri
cette
monstruosité
non
moins
comme
un
sacrilège
littéraire
que
comme
un
sacrilège
social
qui
peut
calculer
ce
qui
fût
arrivé
de
la
philosophie
si
la
cause
de
dieu
défendue
en
vain
par
la
vertu
eût
été
aussi
plaidée
par
le
génie
mais
la
france
n’eut
pas
ce
bonheur
ses
poëtes
nationaux
étaient
presque
tous
des
poëtes
païens
et
notre
littérature
était
plutôt
l’expression
d’une
société
idolâtre
et
démocratique
que
d’une
société
monarchique
et
chrétienne
aussi
les
philosophes
parvinrent
ils
en
moins
d’un
siècle
à
chasser
des
cœurs
une
religion
qui
n’était
pas
dans
les
esprits
c’est
surtout
à
réparer
le
mal
fait
par
les
sophistes
que
doit
s’attacher
aujourd’hui
le
poëte
il
doit
marcher
devant
les
peuples
comme
une
lumière
et
leur
montrer
le
chemin
il
doit
les
ramener
à
tous
les
grands
principes
d’ordre
de
morale
et
d’honneur
et
pour
que
sa
puissance
leur
soit
douce
il
faut
que
toutes
les
fibres
du
cœur
humain
vibrent
sous
ses
doigts
comme
les
cordes
d’une
lyre
il
ne
sera
jamais
l’écho
d’aucune
parole
si
ce
n’est
de
celle
de
dieu
il
se
rappellera
toujours
ce
que
ses
prédécesseurs
ont
trop
oublié
que
lui
aussi
il
a
une
religion
et
une
patrie
ses
chants
célébreront
sans
cesse
les
gloires
et
les
infortunes
de
son
pays
les
austérités
et
les
ravissements
de
son
culte
afin
que
ses
aïeux
et
ses
contemporains
recueillent
quelque
chose
de
son
génie
et
de
son
âme
et
que
dans
la
postérité
les
autres
peuples
ne
disent
pas
de
lui
celui
là
chantait
dans
une
terre
barbare
in
quâ
scribebat
barbara
terra
fuit
février
1824
1826
pour
la
première
fois
l’auteur
de
ce
recueil
de
compositions
lyriques
dont
les
odes
et
ballades
forment
le
troisième
volume
a
cru
devoir
séparer
les
genres
de
ces
compositions
par
une
division
marquée
il
continue
à
comprendre
sous
le
titre
d’odes
toute
inspiration
purement
religieuse
toute
étude
purement
antique
toute
traduction
d’un
événement
contemporain
ou
d’une
impression
personnelle
les
pièces
qu’il
intitule
ballades
ont
un
caractère
différent
ce
sont
des
esquisses
d’un
genre
capricieux
tableaux
rêves
scènes
récits
légendes
superstitieuses
traditions
populaires
l’auteur
en
les
composant
a
essayé
de
donner
quelque
idée
de
ce
que
pouvaient
être
les
poëmes
des
premiers
troubadours
du
moyen
âge
de
ces
rapsodes
chrétiens
qui
n’avaient
au
monde
que
leur
épée
et
leur
guitare
et
s’en
allaient
de
château
en
château
payant
l’hospitalité
avec
des
chants
s’il
n’y
avait
beaucoup
trop
de
pompe
dans
ces
expressions
l’auteur
dirait
pour
compléter
son
idée
qu’il
a
mis
plus
de
son
âme
dans
les
odes
plus
de
son
imagination
dans
les
ballades
au
reste
il
n’attache
pas
à
ces
classifications
plus
d’importance
qu’elles
n’en
méritent
beaucoup
de
personnes
dont
l’opinion
est
grave
ont
dit
que
ses
odes
n’étaient
pas
des
odes
soit
beaucoup
d’autres
diront
sans
doute
avec
non
moins
de
raison
que
ses
ballades
ne
sont
pas
des
ballades
passe
encore
qu’on
leur
donne
tel
autre
titre
qu’on
voudra
l’auteur
y
souscrit
d’avance
à
cette
occasion
mais
en
laissant
absolument
de
côté
ses
propres
ouvrages
si
imparfaits
et
si
incomplets
il
hasardera
quelques
réflexions
on
entend
tous
les
jours
à
propos
de
productions
littéraires
parler
de
la
dignité
de
tel
genre
des
convenances
de
tel
autre
des
limites
de
celui
ci
des
latitudes
de
celui
là
la
tragédie
interdit
ce
que
le
roman
permet
la
chanson
tolère
ce
que
l’ode
défend
etc
l’auteur
de
ce
livre
a
le
malheur
de
ne
rien
comprendre
à
tout
cela
il
y
cherche
des
choses
et
n’y
voit
que
des
mots
il
lui
semble
que
ce
qui
est
réellement
beau
et
vrai
est
beau
et
vrai
partout
que
ce
qui
est
dramatique
dans
un
roman
sera
dramatique
sur
la
scène
que
ce
qui
est
lyrique
dans
un
couplet
sera
lyrique
dans
une
strophe
qu’enfin
et
toujours
la
seule
distinction
véritable
dans
les
œuvres
de
l’esprit
est
celle
du
bon
et
du
mauvais
la
pensée
est
une
terre
vierge
et
féconde
dont
les
productions
veulent
croître
librement
et
pour
ainsi
dire
au
hasard
sans
se
classer
sans
s’aligner
en
plates
bandes
comme
les
bouquets
dans
un
jardin
classique
de
le
nôtre
ou
comme
les
fleurs
du
langage
dans
un
traité
de
rhétorique
il
ne
faut
pas
croire
pourtant
que
cette
liberté
doive
produire
le
désordre
bien
au
contraire
développons
notre
idée
comparez
un
moment
au
jardin
royal
de
versailles
bien
nivelé
bien
taillé
bien
nettoyé
bien
ratissé
bien
sablé
tout
plein
de
petites
cascades
de
petits
bassins
de
petits
bosquets
de
tritons
de
bronze
folâtrant
en
cérémonie
sur
des
océans
pompés
à
grands
frais
dans
la
seine
de
faunes
de
marbre
courtisant
les
dryades
allégoriquement
renfermées
dans
une
multitude
d’ifs
coniques
de
lauriers
cylindriques
d’orangers
sphériques
de
myrtes
elliptiques
et
d’autres
arbres
dont
la
forme
naturelle
trop
triviale
sans
doute
a
été
gracieusement
corrigée
par
la
serpette
du
jardinier
comparez
ce
jardin
si
vanté
à
une
forêt
primitive
du
nouveau
monde
avec
ses
arbres
géants
ses
hautes
herbes
sa
végétation
profonde
ses
mille
oiseaux
de
mille
couleurs
ses
larges
avenues
où
l’ombre
et
la
lumière
ne
se
jouent
que
sur
de
la
verdure
ses
sauvages
harmonies
ses
grands
fleuves
qui
charrient
des
îles
de
fleurs
ses
immenses
cataractes
qui
balancent
des
arcs
en
ciel
nous
ne
dirons
pas
où
est
la
magnificence
où
est
la
grandeur
où
est
la
beauté
mais
simplement
où
est
l’ordre
où
est
le
désordre
là
des
eaux
captives
ou
détournées
de
leur
cours
ne
jaillissant
que
pour
croupir
des
dieux
pétrifiés
des
arbres
transplantés
de
leur
sol
natal
arrachés
de
leur
climat
privés
même
de
leur
forme
de
leurs
fruits
et
forcés
de
subir
les
grotesques
caprices
de
la
serpe
et
du
cordeau
partout
enfin
l’ordre
naturel
contrarié
interverti
bouleversé
détruit
ici
au
contraire
tout
obéit
à
une
loi
invariable
un
dieu
semble
vivre
en
tout
les
gouttes
d’eau
suivent
leur
pente
et
font
des
fleuves
qui
feront
des
mers
les
semences
choisissent
leur
terrain
et
produisent
une
forêt
chaque
plante
chaque
arbuste
chaque
arbre
naît
dans
sa
saison
croît
en
son
lieu
produit
son
fruit
meurt
à
son
temps
la
ronce
même
y
est
belle
nous
le
demandons
encore
où
est
l’ordre
choisissez
donc
du
chef
d’œuvre
du
jardinage
ou
de
l’œuvre
de
la
nature
de
ce
qui
est
beau
de
convention
ou
de
ce
qui
est
beau
sans
les
règles
d’une
littérature
artificielle
ou
d’une
poésie
originale
on
nous
objectera
que
la
forêt
vierge
cache
dans
ses
magnifiques
solitudes
mille
animaux
dangereux
et
que
les
bassins
marécageux
du
jardin
français
recèlent
tout
au
plus
quelques
bêtes
insipides
c’est
un
malheur
sans
doute
mais
à
tout
prendre
nous
aimons
mieux
un
crocodile
qu’un
crapaud
nous
préférons
une
barbarie
de
shakespeare
à
une
ineptie
de
campistron
ce
qu’il
est
très
important
de
fixer
c’est
qu’en
littérature
comme
en
politique
l’ordre
se
concilie
merveilleusement
avec
la
liberté
il
en
est
même
le
résultat
au
reste
il
faut
bien
se
garder
de
confondre
l’ordre
avec
la
régularité
la
régularité
ne
s’attache
qu’à
la
forme
extérieure
l’ordre
résulte
du
fond
même
des
choses
de
la
disposition
intelligente
des
éléments
intimes
d’un
sujet
la
régularité
est
une
combinaison
matérielle
et
purement
humaine
l’ordre
est
pour
ainsi
dire
divin
ces
deux
qualités
si
diverses
dans
leur
essence
marchent
fréquemment
l’une
sans
l’autre
une
cathédrale
gothique
présente
un
ordre
admirable
dans
sa
naïve
irrégularité
nos
édifices
français
modernes
auxquels
on
a
si
gauchement
appliqué
l’architecture
grecque
ou
romaine
n’offrent
qu’un
désordre
régulier
un
homme
ordinaire
pourra
toujours
faire
un
ouvrage
régulier
il
n’y
a
que
les
grands
esprits
qui
sachent
ordonner
une
composition
le
créateur
qui
voit
de
haut
ordonne
l’imitateur
qui
regarde
de
près
régularise
le
premier
procède
selon
la
loi
de
sa
nature
le
dernier
suivant
les
règles
de
son
école
l’art
est
une
inspiration
pour
l’un
il
n’est
qu’une
science
pour
l’autre
en
deux
mots
et
nous
ne
nous
opposons
pas
à
ce
qu’on
juge
d’après
cette
observation
les
deux
littératures
dites
classique
et
romantique
la
régularité
est
le
goût
de
la
médiocrité
l’ordre
est
le
goût
du
génie
il
est
bien
entendu
que
la
liberté
ne
doit
jamais
être
l’anarchie
que
l’originalité
ne
peut
en
aucun
cas
servir
de
prétexte
à
l’incorrection
dans
une
œuvre
littéraire
l’exécution
doit
être
d’autant
plus
irréprochable
que
la
conception
est
plus
hardie
si
vous
voulez
avoir
raison
autrement
que
les
autres
vous
devez
avoir
dix
fois
raison
plus
on
dédaigne
la
rhétorique
plus
il
sied
de
respecter
la
grammaire
on
ne
doit
détrôner
aristote
que
pour
faire
régner
vaugelas
et
il
faut
aimer
l’art
poétique
de
boileau
sinon
pour
les
préceptes
du
moins
pour
le
style
un
écrivain
qui
a
quelque
souci
de
la
postérité
cherchera
sans
cesse
à
purifier
sa
diction
sans
effacer
toutefois
le
caractère
particulier
par
lequel
son
expression
révèle
l’individualité
de
son
esprit
le
néologisme
n’est
d’ailleurs
qu’une
triste
ressource
pour
l’impuissance
des
fautes
de
langue
ne
rendront
jamais
une
pensée
et
le
style
est
comme
le
cristal
sa
pureté
fait
son
éclat
l’auteur
de
ce
recueil
développera
peut
être
ailleurs
tout
ce
qui
n’est
ici
qu’indiqué
qu’il
lui
soit
permis
de
déclarer
avant
de
terminer
que
l’esprit
d’imitation
recommandé
par
d’autres
comme
le
salut
des
écoles
lui
a
toujours
paru
le
fléau
de
l’art
et
il
ne
condamnerait
pas
moins
l’imitation
qui
s’attache
aux
écrivains
dits
romantiques
que
celle
dont
on
poursuit
les
auteurs
dits
classiques
celui
qui
imite
un
poëte
romantique
devient
nécessairement
un
classique
puisqu’il
imite
que
vous
soyez
l’écho
de
racine
ou
le
reflet
de
shakespeare
vous
n’êtes
toujours
qu’un
écho
et
qu’un
reflet
quand
vous
viendriez
à
bout
de
calquer
exactement
un
homme
de
génie
il
vous
manquera
toujours
son
originalité
c’est
à
dire
son
génie
admirons
les
grands
maîtres
ne
les
imitons
pas
faisons
autrement
si
nous
réussissons
tant
mieux
si
nous
échouons
qu’importe
il
existe
certaines
eaux
qui
si
vous
y
plongez
une
fleur
un
fruit
un
oiseau
ne
vous
les
rendent
au
bout
de
quelque
temps
que
revêtus
d’une
épaisse
croûte
de
pierre
sous
laquelle
on
devine
encore
il
est
vrai
leur
forme
primitive
mais
le
parfum
la
saveur
la
vie
ont
disparu
les
pédantesques
enseignements
les
préjugés
scholastiques
la
contagion
de
la
routine
la
manie
d’imitation
produisent
le
même
effet
si
vous
y
ensevelissez
vos
facultés
natives
votre
imagination
votre
pensée
elles
n’en
sortiront
pas
ce
que
vous
en
retirerez
conservera
bien
peut
être
quelque
apparence
d’esprit
de
talent
de
génie
mais
ce
sera
pétrifié
à
entendre
des
écrivains
qui
se
proclament
classiques
celui
là
s’écarte
de
la
route
du
vrai
et
du
beau
qui
ne
suit
pas
servilement
les
vestiges
que
d’autres
y
ont
imprimés
avant
lui
erreur
ces
écrivains
confondent
la
routine
avec
l’art
ils
prennent
l’ornière
pour
le
chemin
le
poëte
ne
doit
avoir
qu’un
modèle
la
nature
qu’un
guide
la
vérité
il
ne
doit
pas
écrire
avec
ce
qui
a
été
écrit
mais
avec
son
âme
et
avec
son
cœur
de
tous
les
livres
qui
circulent
entre
les
mains
des
hommes
deux
seuls
doivent
être
étudiés
par
lui
homère
et
la
bible
c’est
que
ces
deux
livres
vénérables
les
premiers
de
tous
par
leur
date
et
par
leur
valeur
presque
aussi
anciens
que
le
monde
sont
eux
mêmes
deux
mondes
pour
la
pensée
on
y
retrouve
en
quelque
sorte
la
création
tout
entière
considérée
sous
son
double
aspect
dans
homère
par
le
génie
de
l’homme
dans
la
bible
par
l’esprit
de
dieu
août
1826
1828
ce
recueil
n’avait
été
jusqu’ici
public
que
sous
le
format
in
18
en
trois
volumes
pour
fondre
ces
trois
volumes
en
deux
tomes
dans
la
présente
réimpression
divers
changements
dans
la
disposition
des
matières
ont
été
nécessaires
on
a
tâché
que
ces
changements
fussent
des
améliorations
chacun
des
trois
volumes
des
précédentes
éditions
représentait
la
manière
de
l’auteur
à
trois
moments
et
pour
ainsi
dire
à
trois
âges
différents
car
sa
méthode
consistant
à
amender
son
esprit
plutôt
qu’à
retravailler
ses
livres
et
comme
il
l’a
dit
ailleurs
à
corriger
un
ouvrage
dans
un
autre
ouvrage
on
conçoit
que
chacun
des
écrits
qu’il
publie
peut
et
c’est
là
sans
doute
leur
seul
mérite
offrir
une
physionomie
particulière
à
ceux
qui
ont
du
goût
pour
certaines
études
de
langue
et
de
style
et
qui
aiment
à
relever
dans
les
œuvres
d’un
écrivain
les
dates
de
sa
pensée
il
était
donc
peut
être
nécessaire
d’observer
quelque
ordre
dans
la
fusion
des
trois
volumes
in
18
en
deux
in
8
une
distinction
toute
naturelle
se
présentait
d’abord
celle
des
poëmes
qui
se
rattachent
par
un
côté
quelconque
à
l’histoire
de
nos
jours
et
des
poëmes
qui
y
sont
étrangers
cette
double
division
répond
à
chacun
des
deux
volumes
de
la
présente
édition
ainsi
le
premier
volume
contient
toutes
les
odes
relatives
à
des
événements
ou
à
des
personnages
contemporains
les
pièces
d’un
sujet
capricieux
composent
le
second
des
subdivisions
ont
ensuite
semblé
utiles
les
odes
historiques
qui
constituent
le
premier
volume
et
qui
offrent
sous
un
côté
le
développement
de
la
pensée
de
l’auteur
dans
un
espace
de
dix
années
1818
1828
ont
été
partagées
en
trois
livres
chacun
de
ces
livres
répond
à
un
des
volumes
des
précédentes
éditions
et
renferme
dans
leur
ancien
classement
les
odes
politiques
que
ce
volume
contenait
ces
trois
livres
sont
respectivement
l’un
à
l’autre
comme
étaient
entre
eux
les
trois
volumes
le
second
corrige
le
premier
le
troisième
corrige
le
second
ainsi
le
petit
nombre
de
personnes
que
ce
genre
d’études
intéresse
pourra
comparer
et
pour
la
forme
et
pour
le
fond
les
trois
manières
de
l’auteur
à
trois
époques
différentes
rapprochées
et
en
quelque
sorte
confrontées
dans
le
même
volume
on
conviendra
peut
être
qu’il
y
a
quelque
bonne
foi
quelque
désintéressement
à
faciliter
de
cette
façon
les
dissections
de
la
critique
le
deuxième
volume
contient
le
quatrième
et
le
cinquième
livre
des
odes
l’un
consacré
aux
sujets
de
fantaisie
l’autre
à
des
traductions
d’impressions
personnelles
les
ballades
complètent
ce
volume
qui
de
cette
manière
est
comme
l’autre
divisé
en
trois
sections
les
poëmes
sont
le
plus
souvent
rangés
par
ordre
de
dates
pour
en
finir
de
ces
détails
peut
être
inutiles
et
à
coup
sûr
minutieux
nous
ferons
observer
que
les
préfaces
qui
avaient
accompagné
les
trois
recueils
aux
époques
de
leur
publication
ont
été
imprimées
avec
celle
ci
également
par
ordre
de
dates
on
pourra
remarquer
dans
les
idées
qui
y
sont
avancées
une
progression
de
liberté
qui
n’est
ni
sans
signification
ni
sans
enseignement
enfin
dix
pièces
nouvelles
sans
compter
l’ode
à
la
colonne
de
la
place
vendôme
ont
été
ajoutées
à
la
présente
édition
il
faut
tout
dire
les
modifications
apportées
à
ce
recueil
ne
se
bornent
pas
peut
être
à
ces
changements
matériels
quelque
puérile
que
paraisse
à
l’auteur
l’habitude
de
faire
des
corrections
érigée
en
système
il
est
très
loin
d’avoir
fui
ce
qui
serait
aussi
un
système
non
moins
fâcheux
les
corrections
qui
lui
ont
paru
importantes
mais
il
a
fallu
pour
cela
qu’elles
se
présentassent
naturellement
invinciblement
comme
d’elles
mêmes
et
en
quelque
sorte
avec
le
caractère
de
l’inspiration
ainsi
bon
nombre
de
vers
se
sont
trouvés
refaits
bon
nombre
de
strophes
remaniées
remplacées
ou
ajoutées
au
reste
tout
cela
ne
valait
peut
être
pas
plus
la
peine
d’être
fait
que
d’être
dit
ç’aurait
sans
doute
été
plutôt
ici
le
lieu
d’agiter
quelques
unes
des
hautes
questions
de
langue
de
style
de
versification
et
particulièrement
de
rhythme
qu’un
recueil
de
poésie
lyrique
française
au
dix
neuvième
siècle
peut
et
doit
soulever
mais
il
est
rare
que
de
semblables
dissertations
ne
ressemblent
pas
plus
ou
moins
à
des
apologies
l’auteur
s’en
abstiendra
donc
ici
en
se
réservant
d’exposer
ailleurs
les
idées
qu’il
a
pu
recueillir
sur
ces
matières
et
qu’on
lui
pardonne
la
présomption
de
ces
paroles
de
dire
ce
qu’il
croit
que
l’art
lui
a
appris
en
attendant
il
appelle
sur
ces
questions
l’attention
de
tous
les
critiques
qui
comprennent
quelque
chose
au
mouvement
progressif
de
la
pensée
humaine
qui
ne
cloîtrent
pas
l’art
dans
les
poétiques
et
les
règles
et
qui
ne
concentrent
pas
toute
la
poésie
d’une
nation
dans
un
genre
dans
une
école
dans
un
siècle
hermétiquement
fermé
au
reste
ces
idées
sont
de
jour
en
jour
mieux
comprises
il
est
admirable
de
voir
quels
pas
de
géant
l’art
fait
et
fait
faire
une
forte
école
s’élève
une
génération
forte
croît
dans
l’ombre
pour
elle
tous
les
principes
que
cette
époque
a
posés
pour
le
monde
des
intelligences
comme
pour
le
monde
des
affaires
amènent
déjà
rapidement
leurs
conséquences
espérons
qu’un
jour
le
dix
neuvième
siècle
politique
et
littéraire
pourra
être
résumé
d’un
mot
la
liberté
dans
l’ordre
la
liberté
dans
l’art
août
1828
1853
l’histoire
s’extasie
volontiers
sur
michel
ney
qui
né
tonnelier
devint
maréchal
de
france
et
sur
murat
qui
né
garçon
d’écurie
devint
roi
l’obscurité
de
leur
point
de
départ
leur
est
comptée
comme
un
titre
de
plus
à
l’estime
et
rehausse
l’éclat
du
point
d’arrivée
de
toutes
les
échelles
qui
vont
de
l’ombre
à
la
lumière
la
plus
méritoire
et
la
plus
difficile
à
gravir
certes
c’est
celle
ci
être
né
aristocrate
et
royaliste
et
devenir
démocrate
monter
d’une
échoppe
à
un
palais
c’est
rare
et
beau
si
vous
voulez
monter
de
l’erreur
à
la
vérité
c’est
plus
rare
et
c’est
plus
beau
dans
la
première
de
ces
deux
ascensions
à
chaque
pas
qu’on
a
fait
on
a
gagné
quelque
chose
et
augmenté
son
bien
être
sa
puissance
et
sa
richesse
dans
l’autre
ascension
c’est
tout
le
contraire
dans
cette
âpre
lutte
contre
les
préjugés
sucés
avec
le
lait
dans
cette
lente
et
rude
élévation
du
faux
au
vrai
qui
fait
en
quelque
sorte
de
la
vie
d’un
homme
et
du
développement
d’une
conscience
le
symbole
abrégé
du
progrès
humain
à
chaque
échelon
qu’on
a
franchi
on
a
dû
payer
d’un
sacrifice
matériel
son
accroissement
moral
abandonner
quelque
intérêt
dépouiller
quelque
vanité
renoncer
aux
biens
et
aux
honneurs
du
monde
risquer
sa
fortune
risquer
son
foyer
risquer
sa
vie
aussi
ce
labeur
accompli
est
il
permis
d’en
être
fier
et
—
s’il
est
vrai
que
murat
aurait
pu
montrer
avec
quelque
orgueil
son
fouet
de
postillon
à
côté
de
son
sceptre
de
roi
et
dire
je
suis
parti
de
là
—
c’est
avec
un
orgueil
plus
légitime
certes
et
avec
une
conscience
plus
satisfaite
qu’on
peut
montrer
ces
odes
royalistes
d’enfant
et
d’adolescent
à
côté
des
poëmes
et
des
livres
démocratiques
de
l’homme
fait
cette
fierté
est
permise
nous
le
pensons
surtout
lorsque
l’ascension
faite
on
a
trouvé
au
sommet
de
l’échelle
de
lumière
la
proscription
et
qu’on
peut
dater
cette
préface
de
l’exil
v
h
jersey
—
juillet
1853
quelque
chose
me
presse
d’élever
la
voix
et
d’appeler
mon
siècle
en
jugement
f
de
la
mennais
écoutez
je
vais
vous
dire
des
choses
du
cœur
hafiz
livre
premier
1818
—
1822
vox
clamabat
in
deserto
à
m
alexandre
soumet
ode
première
le
poëte
dans
les
révolutions
dictus
ob
hoc
lenire
tigres
rabidosque
leones
horat
ad
pisones
mourir
sans
vider
mon
carquois
sans
percer
sans
fouler
sans
pétrir
dans
leur
fange
ces
bourreaux
barbouilleurs
de
lois
andré
chénier
iambes
le
vent
chasse
loin
des
campagnes
le
gland
tombé
des
rameaux
verts
chêne
il
le
bat
sur
les
montagnes
esquif
il
le
bat
sur
les
mers
jeune
homme
ainsi
le
sort
nous
presse
ne
joins
pas
dans
ta
folle
ivresse
les
maux
du
monde
à
tes
malheurs
gardons
coupables
et
victimes
nos
remords
pour
nos
propres
crimes
nos
pleurs
pour
nos
propres
douleurs
quoi
mes
chants
sont
ils
téméraires
faut
il
donc
en
ces
jours
d’effroi
rester
sourd
aux
cris
de
ses
frères
ne
souffrir
jamais
que
pour
soi
non
le
poëte
sur
la
terre
console
exilé
volontaire
les
tristes
humains
dans
leurs
fers
parmi
les
peuples
en
délire
il
s’élance
armé
de
sa
lyre
comme
orphée
au
sein
des
enfers
orphée
aux
peines
éternelles
vint
un
moment
ravir
les
morts
toi
sur
les
têtes
criminelles
tu
chantes
l’hymne
du
remords
insensé
quel
orgueil
t’entraîne
de
quel
droit
viens
tu
dans
l’arène
juger
sans
avoir
combattu
censeur
échappé
de
l’enfance
laisse
vieillir
ton
innocence
avant
de
croire
à
ta
vertu
quand
le
crime
python
perfide
brave
impuni
le
frein
des
lois
la
muse
devient
l’euménide
apollon
saisit
son
carquois
je
cède
au
dieu
qui
me
rassure
j’ignore
à
ma
vie
encor
pure
quels
maux
le
sort
veut
attacher
je
suis
sans
orgueil
mon
étoile
l’orage
déchire
la
voile
la
voile
sauve
le
nocher
les
hommes
vont
aux
précipices
tes
chants
ne
les
sauveront
pas
avec
eux
loin
des
cieux
propices
pourquoi
donc
égarer
tes
pas
peux
tu
dès
tes
jeunes
années
sans
briser
d’autres
destinées
rompre
la
chaîne
de
tes
jours
épargne
ta
vie
éphémère
jeune
homme
n’as
tu
pas
de
mère
poëte
n’as
tu
pas
d’amours
eh
bien
à
mes
terrestres
flammes
si
je
meurs
les
cieux
vont
s’ouvrir
l’amour
chaste
agrandit
les
âmes
et
qui
sait
aimer
sait
mourir
le
poëte
en
des
temps
de
crime
fidèle
aux
justes
qu’on
opprime
célèbre
imite
les
héros
il
a
jaloux
de
leur
martyre
pour
les
victimes
une
lyre
une
tête
pour
les
bourreaux
on
dit
que
jadis
le
poëte
chantant
des
jours
encor
lointains
savait
à
la
terre
inquiète
révéler
ses
futurs
destins
mais
toi
que
peux
tu
pour
le
monde
tu
partages
sa
nuit
profonde
le
ciel
se
voile
et
veut
punir
les
lyres
n’ont
plus
de
prophète
et
la
muse
aveugle
et
muette
ne
sait
plus
rien
de
l’avenir
le
mortel
qu’un
dieu
même
anime
marche
à
l’avenir
plein
d’ardeur
c’est
en
s’élançant
dans
l’abîme
qu’il
en
sonde
la
profondeur
il
se
prépare
au
sacrifice
il
sait
que
le
bonheur
du
vice
par
l’innocent
est
expié
prophète
à
son
jour
mortuaire
la
prison
est
son
sanctuaire
et
l’échafaud
est
son
trépied
que
n’es
tu
né
sur
les
rivages
des
abbas
et
des
cosroës
aux
rayons
d’un
ciel
sans
nuages
parmi
le
myrte
et
l’aloès
là
sourd
aux
maux
que
tu
déplores
le
poëte
voit
ses
aurores
se
lever
sans
trouble
et
sans
pleurs
et
la
colombe
chère
aux
sages
porte
aux
vierges
ses
doux
messages
où
l’amour
parle
avec
des
fleurs
qu’un
autre
au
céleste
martyre
préfère
un
repos
sans
honneur
la
gloire
est
le
but
où
j’aspire
on
n’y
va
point
par
le
bonheur
l’alcyon
quand
l’océan
gronde
craint
que
les
vents
ne
troublent
l’onde
où
se
berce
son
doux
sommeil
mais
pour
l’aiglon
fils
des
orages
ce
n’est
qu’à
travers
les
nuages
qu’il
prend
son
vol
vers
le
soleil
mars
1821
à
m
le
vicomte
de
chateaubriand
ode
deuxième
la
vendée
ave
cæsar
morituri
te
salutant
tacite
i
qui
de
nous
en
posant
une
urne
cinéraire
n’a
trouvé
quelque
ami
pleurant
sur
un
cercueil
autour
du
froid
tombeau
d’une
épouse
ou
d’un
frère
qui
de
nous
n’a
mené
le
deuil
—
ainsi
sur
les
malheurs
de
la
france
éplorée
gémissait
la
muse
sacrée
qui
nous
montra
le
ciel
ouvert
dans
ces
chants
où
planant
sur
rome
et
sur
palmyre
sublime
elle
annonçait
les
douceurs
du
martyre
et
l’humble
bonheur
du
désert
depuis
à
nos
tyrans
rappelant
tous
leurs
crimes
et
vouant
aux
remords
ces
cœurs
sans
repentirs
elle
a
dit
en
ces
temps
la
france
eut
des
victimes
mais
la
vendée
eut
des
martyrs
—
déplorable
vendée
a
t
on
séché
tes
larmes
marches
tu
ceinte
de
tes
armes
au
premier
rang
de
nos
guerriers
si
l’honneur
si
la
foi
n’est
pas
un
vain
fantôme
montre
moi
quels
palais
ont
remplacé
le
chaume
de
tes
rustiques
chevaliers
hélas
tu
te
souviens
des
jours
de
ta
misère
des
flots
de
sang
baignaient
tes
sillons
dévastés
et
le
pied
des
coursiers
n’y
foulait
de
poussière
que
la
cendre
de
tes
cités
ceux
là
qui
n’avaient
pu
te
vaincre
avec
l’épée
semblaient
dans
leur
rage
trompée
implorer
l’enfer
pour
appui
et
roulant
sur
la
plaine
en
torrents
de
fumée
le
vaste
embrasement
poursuivait
ton
armée
qui
ne
fuyait
que
devant
lui
ii
la
loire
vit
alors
sur
ses
plages
désertes
s’assembler
les
tribus
des
vengeurs
de
nos
rois
peuple
qui
ne
pleurait
fier
de
ses
nobles
pertes
que
sur
le
trône
et
sur
la
croix
c’étaient
quelques
vieillards
fuyant
leurs
toits
en
flammes
c’étaient
des
enfants
et
des
femmes
suivis
d’un
reste
de
héros
au
milieu
d’eux
marchait
leur
patrie
exilée
car
ils
ne
laissaient
plus
qu’une
terre
peuplée
de
cadavres
et
de
bourreaux
on
dit
qu’en
ce
moment
dans
un
divin
délire
un
vieux
prêtre
parut
parmi
ces
fiers
soldats
comme
un
saint
chargé
d’ans
qui
parle
du
martyre
aux
nobles
anges
des
combats
tranquille
en
proclamant
de
sinistres
présages
les
souvenirs
des
anciens
âges
s’éveillaient
dans
son
cœur
glacé
et
racontant
le
sort
qu’ils
devaient
tous
attendre
la
voix
de
l’avenir
semblait
se
faire
entendre
dans
ses
discours
pleins
du
passé
iii
au
delà
du
jourdain
après
quarante
années
dieu
promit
une
terre
aux
enfants
d’israël
au
delà
de
ces
flots
après
quelques
journées
le
seigneur
vous
promet
le
ciel
ces
bords
ne
verront
plus
vos
phalanges
errantes
dieu
sur
des
plaines
dévorantes
vous
prépare
un
tombeau
lointain
votre
astre
doit
s’éteindre
à
peine
à
son
aurore
mais
samson
expirant
peut
ébranler
encore
les
colonnes
du
philistin
vos
guerriers
périront
mais
toujours
invincibles
s’ils
ne
peuvent
punir
ils
sauront
se
venger
car
ils
verront
encor
fuir
ces
soldats
terribles
devant
qui
fuyait
l’étranger
vous
ne
mourrez
pas
tous
sous
des
bras
intrépides
les
uns
sur
des
nefs
homicides
seront
jetés
aux
flots
mouvants
ceux
là
promèneront
des
os
sans
sépulture
et
cacheront
leurs
morts
sous
une
terre
obscure
pour
les
dérober
aux
vivants
et
vous
ô
jeune
chef
ravi
par
la
victoire
aux
hasards
de
mortagne
aux
périls
de
saumur
l’honneur
de
vous
frapper
dans
un
combat
sans
gloire
rendra
célèbre
un
bras
obscur
il
ne
sera
donné
qu’à
bien
peu
de
nos
frères
de
revoir
après
tant
de
guerres
la
place
où
furent
leurs
foyers
alors
ornant
son
toit
de
ses
armes
oisives
chacun
d’eux
attendra
que
dieu
donne
à
nos
rives
les
lys
qu’il
préfère
aux
lauriers
vendée
ô
noble
terre
ô
ma
triste
patrie
tu
dois
payer
bien
cher
le
retour
de
tes
rois
avant
que
sur
nos
bords
croisse
la
fleur
chérie
ton
sang
l’arrosera
deux
fois
mais
aussi
lorsqu’un
jour
l’europe
réunie
de
l’arbre
de
la
tyrannie
aura
brisé
les
rejetons
tous
les
rois
vanteront
leurs
camps
leur
flotte
immense
et
seul
le
roi
chrétien
mettra
dans
la
balance
l’humble
glaive
des
vieux
bretons
grand
dieu
—
si
toutefois
après
ces
jours
d’ivresse
blessant
le
cœur
aigri
du
héros
oublié
une
voix
insultante
offrait
à
sa
détresse
les
dons
ingrats
de
la
pitié
si
sa
mère
et
sa
veuve
et
sa
fille
éplorées
s’arrêtaient
de
faim
dévorées
au
seuil
d’un
favori
puissant
rappelant
à
celui
qu’implore
leur
misère
qu’elles
n’ont
plus
ce
fils
cet
époux
et
ce
père
qui
croyait
leur
léguer
son
sang
si
pauvre
et
délaissé
le
citoven
fidèle
lorsqu’un
traître
enrichi
se
rirait
de
sa
foi
entendait
au
sénat
calomnier
son
zèle
par
celui
qui
jugea
son
roi
si
pour
comble
d’affronts
un
magistrat
injuste
déguisant
sous
un
nom
auguste
l’abus
d’un
insolent
pouvoir
venait
de
vils
soupçons
chargeant
sa
noble
tête
lui
demander
ce
fer
sa
première
conquête
—
peut
être
son
dernier
espoir
qu’il
se
résigne
alors
—
par
ses
crimes
prospères
l’impie
heureux
insulte
au
fidèle
souffrant
mais
que
le
juste
pense
aux
forfaits
de
nos
pères
et
qu’il
songe
à
son
dieu
mourant
le
seigneur
veut
parfois
le
triomphe
du
vice
il
veut
aussi
dans
sa
justice
que
l’innocent
verse
des
pleurs
souvent
dans
ses
desseins
dieu
suit
d’étranges
voies
lui
qui
livre
satan
aux
infernales
joies
et
marie
aux
saintes
douleurs
iv
le
vieillard
s’arrêta
sans
croire
à
son
langage
ils
quittèrent
ces
bords
pour
n’y
plus
revenir
et
tous
croyaient
couvert
des
ténèbres
de
l’âge
l’esprit
qui
voyait
l’avenir
ainsi
faible
en
soldats
mais
fort
en
renommée
ce
débris
d’une
illustre
armée
suivait
sa
bannière
en
lambeaux
et
ces
derniers
français
que
rien
ne
put
défendre
loin
de
leur
temple
en
deuil
et
de
leur
chaume
en
cendre
allaient
conquérir
des
tombeaux
1819
ode
troisième
les
vierges
de
verdun
et
les
vierges
de
la
vallée
d’oahram
vinrent
à
moi
et
elles
me
dirent
chante
nous
parce
que
nous
étions
innocentes
et
fidèles
gud
eli
poëte
persan
le
prêtre
portera
l’étole
blanche
et
noire
lorsque
les
saints
flambeaux
pour
vous
s’allumeront
et
de
leurs
longs
cheveux
voilant
leurs
fronts
d’ivoire
les
jeunes
filles
pleureront
a
guiraud
i
pourquoi
m’apportez
vous
ma
lyre
spectres
légers
—
que
voulez
vous
fantastiques
beautés
ce
lugubre
sourire
m’annonce
t
il
votre
courroux
sur
vos
écharpes
éclatantes
pourquoi
flotte
à
longs
plis
ce
crêpe
menaçant
pourquoi
sur
des
festons
ces
chaînes
insultantes
et
ces
roses
teintes
de
sang
retirez
vous
rentrez
dans
les
sombres
abîmes…
ah
que
me
montrez
vous
…
quels
sont
ces
trois
tombeaux
quel
est
ce
char
affreux
surchargé
de
victimes
quels
sont
ces
meurtriers
couverts
d’impurs
lambeaux
j’entends
des
chants
de
mort
j’entends
des
cris
de
fête
cachez
moi
le
char
qui
s’arrête
…
un
fer
lentement
tombe
à
mes
regards
troublés
—
j’ai
vu
couler
du
sang…
est
il
bien
vrai
parlez
qu’il
ait
rejailli
sur
ma
tête
venez
vous
dans
mon
âme
éveiller
le
remord
ce
sang…
je
n’en
suis
point
coupable
fuyez
vierges
fuyez
famille
déplorable
lorsque
vous
n’étiez
plus
je
n’étais
pas
encor
qu’exigez
vous
de
moi
j’ai
pleuré
vos
misères
dois
je
donc
expier
les
crimes
de
mes
pères
pourquoi
troublez
vous
mon
repos
pourquoi
m’apportez
vous
ma
lyre
frémissante
demandez
vous
des
chants
à
ma
voix
innocente
et
des
remords
à
vos
bourreaux
ii
sous
des
murs
entourés
de
cohortes
sanglantes
siége
le
sombre
tribunal
l’accusateur
se
lève
et
ses
lèvres
tremblantes
s’agitent
d’un
rire
infernal
c’est
tinville
on
le
voit
au
nom
de
la
patrie
convier
aux
forfaits
cette
horde
flétrie
d’assassins
juges
à
leur
tour
le
besoin
du
sang
le
tourmente
et
sa
voix
homicide
à
la
hache
fumante
désigne
les
têtes
du
jour
il
parle
ses
licteurs
vers
l’enceinte
fatale
traînent
les
malheureux
que
sa
fureur
signale
les
portes
devant
eux
s’ouvrent
avec
fracas
et
trois
vierges
de
grâce
et
de
pudeur
parées
de
leurs
compagnes
entourées
paraissent
parmi
les
soldats
le
peuple
qui
se
tait
frémit
de
son
silence
il
plaint
son
esclavage
en
plaignant
leurs
malheurs
et
repose
sur
l’innocence
ses
regards
las
du
crime
et
troublés
par
ses
pleurs
eh
quoi
quand
ces
beautés
lâchement
accusées
vers
ces
juges
de
mort
s’avançaient
dans
les
fers
ces
murs
n’ont
pas
croulant
sous
leurs
voûtes
brisées
rendu
les
monstres
aux
enfers
que
faisaient
nos
guerriers
…
leur
vaillance
trompée
prêtait
au
vil
couteau
le
secours
de
l’épée
ils
sauvaient
ces
bourreaux
qui
souillaient
leurs
combats
hélas
un
même
jour
jour
d’opprobre
et
de
gloire
voyait
moreau
monter
au
char
de
la
victoire
et
son
père
au
char
du
trépas
quand
nos
chefs
entourés
des
armes
étrangères
couvrant
nos
cyprès
de
lauriers
vers
paris
lentement
reportaient
leurs
bannières
frédéric
sur
verdun
dirigeait
ses
guerriers
verdun
premier
rempart
de
la
france
opprimée
d’un
roi
libérateur
crut
saluer
l’armée
en
vain
tonnaient
d’horribles
lois
verdun
se
revêtit
de
sa
robe
de
fête
et
libre
de
ses
fers
vint
offrir
sa
conquête
au
monarque
vengeur
des
rois
alors
vierges
vos
mains
ce
fut
là
votre
crime
des
festons
de
la
joie
ornèrent
les
vainqueurs
ah
pareilles
à
la
victime
la
hache
à
vos
regards
se
cachait
sous
des
fleurs
ce
n’est
pas
tout
hélas
sans
chercher
la
vengeance
quand
nos
bannis
bravant
la
mort
et
l’indigence
combattaient
nos
tyrans
encor
mal
affermis
vos
nobles
cœurs
ont
plaint
de
si
nobles
misères
votre
or
a
secouru
ceux
qui
furent
nos
frères
et
n’étaient
pas
nos
ennemis
quoi
ce
trait
glorieux
qui
trahit
leur
belle
âme
sera
donc
l’arrêt
de
leur
mort
mais
non
l’accusateur
que
leur
aspect
enflamme
tressaille
d’un
honteux
transport
il
veut
vierges
au
prix
d’un
affreux
sacrifice
en
taisant
vos
bienfaits
vous
ravir
au
supplice
il
croit
vos
chastes
cœurs
par
la
crainte
abattus
du
mépris
qui
le
couvre
acceptez
le
partage
souillez
vous
d’un
forfait
l’infâme
aréopage
vous
absoudra
de
vos
vertus
répondez
moi
vierges
timides
qui
d’un
si
noble
orgueil
arma
ces
yeux
si
doux
dites
qui
fit
rouler
dans
vos
regards
humides
les
pleurs
généreux
du
courroux
je
le
vois
à
votre
courage
quand
l’oppresseur
qui
vous
outrage
n’eût
pas
offert
la
honte
en
offrant
son
bienfait
coupables
de
pitié
pour
des
français
fidèles
vous
n’auriez
pas
voulu
devant
des
lois
cruelles
nier
un
si
noble
forfait
c’en
est
donc
fait
déjà
sous
la
lugubre
enceinte
a
retenti
l’arrêt
dicté
par
la
fureur
dans
un
muet
murmure
étouffé
par
la
crainte
le
peuple
qui
l’écoute
exhale
son
horreur
regagnez
des
cachots
les
sinistres
demeures
ô
vierges
encor
quelques
heures…
ah
priez
sans
effroi
votre
âme
est
sans
remord
coupez
ces
longues
chevelures
où
la
main
d’une
mère
enlaçait
des
fleurs
pures
sans
voir
qu’elle
y
mêlait
les
pavots
de
la
mort
bientôt
ces
fleurs
encor
pareront
votre
tête
les
anges
vous
rendront
ces
symboles
touchants
votre
hymne
de
trépas
sera
l’hymne
de
fête
que
les
vierges
du
ciel
rediront
dans
leurs
chants
vous
verrez
près
de
vous
dans
ces
chœurs
d’innocence
charlotte
autre
judith
qui
vous
vengea
d’avance
cazotte
élisabeth
si
malheureuse
en
vain
et
sombreuil
qui
trahit
par
ses
pâleurs
soudaines
le
sang
glacé
des
morts
circulant
dans
ses
veines
martyres
dont
l’encens
plaît
au
martyr
divin
iii
ici
devant
mes
yeux
erraient
des
lueurs
sombres
des
visions
troublaient
mes
sens
épouvantés
les
spectres
sur
mon
front
balançaient
dans
les
ombres
de
longs
linceuls
ensanglantés
les
trois
tombeaux
le
char
les
échafauds
funèbres
m’apparurent
dans
les
ténèbres
tout
rentra
dans
la
nuit
des
siècles
révolus
les
vierges
avaient
fui
vers
la
naissante
aurore
je
me
retrouvai
seul
et
je
pleurais
encor
quand
ma
lyre
ne
chantait
plus
octobre
1818
ode
quatrième
quiberon
un
des
effets
des
révolutions
est
d’attrister
le
caractère
des
peuples
cela
se
voit
en
france
cela
s’était
vu
en
angleterre
ces
grandes
commotions
ouvrant
violemment
le
cœur
de
l’homme
on
en
découvre
le
fond
qu’on
n’aperçoit
jamais
sans
effroi
et
sans
douleur
f
de
la
mennais
pensées
diverses
pudor
inde
et
miseratio
tacite
i
par
ses
propres
fureurs
le
maudit
se
dévoile
dans
le
démon
vainqueur
on
voit
l’ange
proscrit
l’anathème
éternel
qui
poursuit
son
étoile
dans
ses
succès
même
est
écrit
il
est
lorsque
des
cieux
nous
oublions
la
voie
des
jours
que
dieu
sans
doute
envoie
pour
nous
rappeler
les
enfers
jours
sanglants
qui
voués
au
triomphe
du
crime
comme
d’affreux
rayons
échappés
de
l’abîme
apparaissent
sur
l’univers
poëtes
qui
toujours
loin
du
siècle
où
nous
sommes
chantres
des
pleurs
sans
fin
et
des
maux
mérités
cherchez
des
attentats
tels
que
la
voix
des
hommes
n’en
ait
point
encor
racontés
si
quelqu’un
vient
à
vous
vantant
la
jeune
france
nos
exploits
notre
tolérance
et
nos
temps
féconds
en
bienfaits
soyez
contents
lisez
nos
récentes
histoires
évoquez
nos
vertus
interrogez
nos
gloires
vous
pourrez
choisir
des
forfaits
moi
je
n’ai
point
reçu
de
la
muse
funèbre
votre
lyre
de
bronze
ô
chantres
des
remords
mais
je
voudrais
flétrir
les
bourreaux
qu’on
célèbre
et
venger
la
cause
des
morts
je
voudrais
un
moment
troublant
l’impur
génie
arrêter
sa
gloire
impunie
qu’on
pousse
à
l’immortalité
comme
autrefois
un
grec
malgré
les
vents
rapides
seul
retint
de
ses
bras
de
ses
dents
intrépides
l’esquif
sur
les
mers
emporté
ii
quiberon
vit
jadis
sur
son
bord
solitaire
des
français
assaillis
s’apprêter
à
mourir
puis
devant
les
deux
chefs
l’airain
fumant
se
taire
et
les
rangs
désarmés
s’ouvrir
pour
sauver
ses
soldats
l’un
d’eux
offrit
sa
tête
l’autre
accepta
cette
conquête
de
leur
traité
gage
inhumain
et
nul
guerrier
ne
crut
sa
promesse
frivole
car
devant
les
drapeaux
témoins
de
leur
parole
tous
deux
s’étaient
donné
la
main
la
phalange
fidèle
alors
livra
ses
armes
ils
marchaient
une
armée
environnait
leurs
pas
et
le
peuple
accourait
en
répandant
des
larmes
voir
ces
preux
sauvés
du
trépas
ils
foulaient
en
vaincus
les
champs
de
leurs
ancêtres
ce
fut
un
vieux
temple
sans
prêtres
qui
reçut
ces
vengeurs
des
rois
mais
l’humble
autel
manquait
à
la
pieuse
enceinte
et
pour
se
consoler
dans
cette
prison
sainte
leurs
yeux
en
vain
cherchaient
la
croix
tous
prièrent
ensemble
et
d’une
voix
plaintive
tous
se
frappant
le
sein
gémirent
à
genoux
un
seul
ne
pleurait
pas
dans
la
tribu
captive
c’était
lui
qui
mourait
pour
tous
c’était
sombreuil
leur
chef
jeune
et
plein
d’espérance
l’heure
de
son
trépas
s’avance
il
la
salue
avec
ferveur
le
supplice
entouré
des
apprêts
funéraires
est
beau
pour
un
chrétien
qui
seul
va
pour
ses
frères
expirer
semblable
au
sauveur
oh
cessez
disait
il
ces
larmes
ces
reproches
guerriers
votre
salut
prévient
tant
de
douleurs
combien
à
votre
mort
vos
amis
et
vos
proches
hélas
auraient
versé
de
pleurs
je
romps
avec
vos
fers
mes
chaînes
éphémères
à
vos
épouses
à
vos
mères
conservez
vos
jours
précieux
on
vous
rendra
la
paix
la
liberté
la
vie
tout
ce
bonheur
n’a
rien
que
mon
cœur
vous
envie
vous
ne
m’enviez
pas
les
cieux
le
sinistre
tambour
sonna
l’heure
dernière
les
bourreaux
étaient
prêts
on
vit
sombreuil
partir
la
sœur
ne
fut
point
là
pour
leur
ravir
le
frère
—
et
le
héros
devint
martyr
l’exhortant
de
la
voix
et
de
son
saint
exemple
un
évêque
exilé
du
temple
le
suivit
au
funeste
lieu
afin
que
le
vainqueur
vît
dans
son
camp
rebelle
mourir
près
d’un
soldat
à
son
prince
fidèle
un
prêtre
fidèle
à
son
dieu
iii
vous
pour
qui
s’est
versé
le
sang
expiatoire
bénissez
le
seigneur
louez
l’heureux
sombreuil
celui
qui
monte
au
ciel
brillant
de
tant
de
gloire
n’a
pas
besoin
de
chants
de
deuil
bannis
on
va
vous
rendre
enfin
une
patrie
captifs
la
liberté
chérie
se
montre
à
vous
dans
l’avenir
oui
de
vos
longs
malheurs
chantez
la
fin
prochaine
vos
prisons
vont
s’ouvrir
on
brise
votre
chaîne
chantez
votre
exil
va
finir
en
effet
—
des
cachots
la
porte
à
grand
bruit
roule
un
étendard
paraît
qui
flotte
ensanglanté
des
chefs
et
des
soldats
l’environnent
en
foule
en
invoquant
la
liberté
quoi
disaient
les
captifs
déjà
l’on
nous
délivre
…
quelques
uns
s’empressent
de
suivre
les
bourreaux
devenus
meilleurs
adieu
leur
criait
on
adieu
plus
de
souffrance
nous
nous
reverrons
tous
libres
dans
notre
france
ils
devaient
se
revoir
ailleurs
bientôt
jusqu’aux
prisons
des
captifs
en
prières
arrive
un
sourd
fracas
par
l’écho
répété
c’étaient
leurs
fiers
vainqueurs
qui
délivraient
leurs
frères
et
qui
remplissaient
leur
traité
sans
troubler
les
proscrits
ce
bruit
vint
les
surprendre
aucun
d’eux
ne
savait
comprendre
qu’on
pût
se
jouer
des
serments
ils
disaient
aux
soldats
votre
foi
nous
protège
et
pour
toute
réponse
un
lugubre
cortége
les
traîna
sur
des
corps
fumants
le
jour
fit
place
à
l’ombre
et
la
nuit
à
l’aurore
hélas
et
pour
mourir
traversant
la
cité
les
crédules
proscrits
passaient
passaient
encore
aux
yeux
du
peuple
épouvanté
chacun
d’eux
racontait
brûlant
d’un
sain
délire
à
ses
compagnons
de
martyre
les
malheurs
qu’il
avait
soufferts
tous
succombaient
sans
peur
sans
faste
sans
murmure
regrettant
seulement
qu’il
fallût
un
parjure
pour
les
immoler
dans
les
fers
à
coups
multipliés
la
hache
abat
les
chênes
le
vil
chasseur
dans
l’antre
ignoré
du
soleil
égorge
lentement
le
lion
dont
ses
chaînes
ont
surpris
le
noble
sommeil
on
massacra
longtemps
la
tribu
sans
défense
à
leur
mort
assistait
la
france
jouet
des
bourreaux
triomphants
comme
jadis
aux
pieds
des
idoles
impures
tour
à
tour
une
veuve
en
de
longues
tortures
vit
expirer
ses
sept
enfants
c’étaient
là
les
vertus
d’un
sénat
qu’on
nous
vante
le
sombre
esprit
du
mal
sourit
en
le
créant
mais
ce
corps
aux
cent
bras
fort
de
notre
épouvante
en
son
sein
portait
son
néant
le
colosse
de
fer
s’est
dissous
dans
la
fange
l’anarchie
alors
que
tout
change
pense
voir
ses
œuvres
durer
mais
ce
pygmalion
dans
ses
travaux
frivoles
ne
peut
donner
la
vie
aux
horribles
idoles
qu’il
se
fait
pour
les
adorer
iv
on
dit
que
de
nos
jours
viennent
versant
des
larmes
prier
au
champ
fatal
où
ces
preux
sont
tombés
les
vierges
les
soldats
fiers
de
leurs
jeunes
armes
et
les
vieillards
lents
et
courbés
du
ciel
sur
les
bourreaux
appelant
l’indulgence
là
nul
n’implore
la
vengeance
tous
demandent
le
repentir
et
chez
ces
vieux
bretons
témoins
de
tant
de
crimes
le
pèlerin
qui
vient
invoquer
les
victimes
souvent
lui
même
est
un
martyr
du
11
au
17
février
1821
ode
cinquième
louis
xvii
capet
éveille
toi
i
en
ce
temps
là
du
ciel
les
portes
d’or
s’ouvrirent
du
saint
des
saints
ému
les
feux
se
découvrirent
tous
les
cieux
un
moment
brillèrent
dévoilés
et
les
élus
voyaient
lumineuses
phalanges
venir
une
jeune
âme
entre
de
jeunes
anges
sous
les
portiques
étoilés
c’était
un
bel
enfant
qui
fuyait
de
la
terre
son
œil
bleu
du
malheur
portait
le
signe
austère
ses
blonds
cheveux
flottaient
sur
ses
traits
pâlissants
et
les
vierges
du
ciel
avec
des
chants
de
fête
aux
palmes
du
martyre
unissaient
sur
sa
tête
la
couronne
des
innocents
ii
on
entendit
des
voix
qui
disaient
dans
la
nue
—
jeune
ange
dieu
sourit
à
ta
gloire
ingénue
viens
rentre
dans
ses
bras
pour
ne
plus
en
sortir
et
vous
qui
du
très
haut
racontez
les
louanges
séraphins
prophètes
archanges
courbez
vous
c’est
un
roi
chantez
c’est
un
martyr
—
où
donc
ai
je
régné
demandait
la
jeune
ombre
je
suis
un
prisonnier
je
ne
suis
point
un
roi
hier
je
m’endormis
au
fond
d’une
tour
sombre
où
donc
ai
je
régné
seigneur
dites
le
moi
hélas
mon
père
est
mort
d’une
mort
bien
amère
ses
bourreaux
ô
mon
dieu
m’ont
abreuvé
de
fiel
je
suis
un
orphelin
je
viens
chercher
ma
mère
qu’en
mes
rêves
j’ai
vue
au
ciel
les
anges
répondaient
—
ton
sauveur
te
réclame
ton
dieu
d’un
monde
impie
a
rappelé
ton
âme
fuis
la
terre
insensée
où
l’on
brise
la
croix
où
jusque
dans
la
mort
descend
le
régicide
où
le
meurtre
d’horreurs
avide
fouille
dans
les
tombeaux
pour
y
chercher
des
rois
—
quoi
de
ma
lente
vie
ai
je
achevé
le
reste
disait
il
tous
mes
maux
les
ai
je
enfin
soufferts
est
il
vrai
qu’un
geôlier
de
ce
rêve
céleste
ne
viendra
pas
demain
m’éveiller
dans
mes
fers
captif
de
mes
tourments
cherchant
la
fin
prochaine
j’ai
prié
dieu
veut
il
enfin
me
secourir
oh
n’est
ce
pas
un
songe
a
t
il
brisé
ma
chaîne
ai
je
eu
le
bonheur
de
mourir
car
vous
ne
savez
point
quelle
était
ma
misère
chaque
jour
dans
ma
vie
amenait
des
malheurs
et
lorsque
je
pleurais
je
n’avais
pas
de
mère
pour
chanter
à
mes
cris
pour
sourire
à
mes
pleurs
d’un
châtiment
sans
fin
languissante
victime
de
ma
tige
arraché
comme
un
tendre
arbrisseau
j’étais
proscrit
bien
jeune
et
j’ignorais
quel
crime
j’avais
commis
dans
mon
berceau
et
pourtant
écoutez
bien
loin
dans
ma
mémoire
j’ai
d’heureux
souvenirs
avant
ces
temps
d’effroi
j’entendais
en
dormant
des
bruits
confus
de
gloire
et
des
peuples
joyeux
veillaient
autour
de
moi
un
jour
tout
disparut
dans
un
sombre
mystère
je
vis
fuir
l’avenir
à
mes
destins
promis
je
n’étais
qu’un
enfant
faible
et
seul
sur
la
terre
hélas
et
j’eus
des
ennemis
ils
m’ont
jeté
vivant
sous
des
murs
funéraires
mes
yeux
voués
aux
pleurs
n’ont
plus
vu
le
soleil
mais
vous
que
je
retrouve
anges
du
ciel
mes
frères
vous
m’avez
visité
souvent
dans
mon
sommeil
mes
jours
se
sont
flétris
dans
leurs
mains
meurtrières
seigneur
mais
les
méchants
sont
toujours
malheureux
oh
ne
soyez
pas
sourd
comme
eux
à
mes
prières
car
je
viens
vous
prier
pour
eux
et
les
anges
chantaient
—
l’arche
à
toi
se
dévoile
suis
nous
sur
ton
beau
front
nous
mettrons
une
étoile
prends
les
ailes
d’azur
des
chérubins
vermeils
tu
viendras
avec
nous
bercer
l’enfant
qui
pleure
ou
dans
leur
brûlante
demeure
d’un
souffle
lumineux
rajeunir
les
soleils
iii
soudain
le
chœur
cessa
les
élus
écoutèrent
il
baissa
son
regard
par
les
larmes
terni
au
fond
des
cieux
muets
les
mondes
s’arrêtèrent
et
l’éternelle
voix
parla
dans
l’infini
ô
roi
je
t’ai
gardé
loin
des
grandeurs
humaines
tu
t’es
réfugié
du
trône
dans
les
chaînes
va
mon
fils
bénis
tes
revers
tu
n’as
point
su
des
rois
l’esclavage
suprême
ton
front
du
moins
n’est
pas
meurtri
du
diadème
si
tes
bras
sont
meurtris
de
fers
enfant
tu
t’es
courbé
sous
le
poids
de
la
vie
et
la
terre
pourtant
d’espérance
et
d’envie
avait
entouré
ton
berceau
viens
ton
seigneur
lui
même
eut
ses
douleurs
divines
et
mon
fils
comme
toi
roi
couronné
d’épines
porta
le
sceptre
de
roseau
décembre
1822
ode
sixième
le
rétablissement
de
la
statue
de
henri
iv
accingunt
omnes
operi
pedibusque
rotarum
subjiciunt
lapsus
et
stupea
vincula
collo
intendunt……………………
………pueri
circum
innuplæque
puellæ
sacra
canunt
funemque
manu
contingere
gaudent
virgile
i
je
voyais
s’élever
dans
le
lointain
des
âges
ces
monuments
espoir
de
cent
rois
glorieux
puis
je
voyais
crouler
les
fragiles
images
de
ces
fragiles
demi
dieux
alexandre
un
pêcheur
des
rives
du
pirée
foule
ta
statue
ignorée
sur
le
pavé
du
parthénon
et
les
premiers
rayons
de
la
naissante
aurore
en
vain
dans
le
désert
interrogent
encore
les
muets
débris
de
memnon
ont
ils
donc
prétendu
dans
leur
esprit
superbe
qu’un
bronze
inanimé
dût
les
rendre
immortels
demain
le
temps
peut
être
aura
caché
sous
l’herbe
leurs
imaginaires
autels
le
proscrit
à
son
tour
peut
remplacer
l’idole
des
piédestaux
du
capitole
sylla
détrône
marius
aux
outrages
du
sort
insensé
qui
s’oppose
le
sage
de
l’affront
dont
frémit
théodose
sourit
avec
démétrius
d’un
héros
toutefois
l’image
auguste
et
chère
hérite
du
respect
qui
payait
ses
vertus
trajan
domine
encore
les
champs
que
de
tibère
couvrent
les
temples
abattus
souvent
lorsqu’en
l’horreur
des
discordes
civiles
la
terreur
planait
sur
les
villes
aux
cris
des
peuples
révoltés
un
héros
respirant
dans
le
marbre
immobile
arrêtait
tout
à
coup
par
son
regard
tranquille
les
factieux
épouvantés
ii
eh
quoi
sont
ils
donc
loin
ces
jours
de
notre
histoire
où
paris
sur
son
prince
osa
lever
son
bras
où
l’aspect
de
henri
ses
vertus
sa
mémoire
n’ont
pu
désarmer
des
ingrats
que
dis
je
ils
ont
détruit
sa
statue
adorée
hélas
cette
horde
égarée
mutilait
l’airain
renversé
et
cependant
des
morts
souillant
le
saint
asile
leur
sacrilège
main
demandait
à
l’argile
l’empreinte
de
son
front
glacé
voulaient
ils
donc
jouir
d’un
portrait
plus
fidèle
du
héros
dont
leur
haine
a
payé
les
bienfaits
voulaient
ils
réprouvant
leur
fureur
criminelle
le
rendre
à
nos
yeux
satisfaits
non
mais
c’était
trop
peu
de
briser
son
image
ils
venaient
encor
dans
leur
rage
briser
son
cercueil
outragé
tel
troublant
le
désert
d’un
rugissement
sombre
le
tigre
en
se
jouant
cherche
à
dévorer
l’ombre
du
cadavre
qu’il
a
rongé
assis
près
de
la
seine
en
mes
douleurs
amères
je
me
disais
la
seine
arrose
encore
ivry
et
les
flots
sont
passés
où
du
temps
de
nos
pères
se
peignaient
les
traits
de
henri
nous
ne
verrons
jamais
l’image
vénérée
d’un
roi
qu’à
la
france
éplorée
enleva
sitôt
le
trépas
sans
saluer
henri
nous
irons
aux
batailles
et
l’étranger
viendra
chercher
dans
nos
murailles
un
héros
qu’il
n’y
verra
pas
iii
où
courez
vous
quel
bruit
naît
s’élève
et
s’avance
qui
porte
ces
drapeaux
signe
heureux
de
nos
rois
dieu
quelle
masse
au
loin
semble
en
sa
marche
immense
broyer
la
terre
sous
son
poids
répondez…
ciel
c’est
lui
je
vois
sa
noble
tête…
le
peuple
fier
de
sa
conquête
répète
en
chœur
son
nom
chéri
ô
ma
lyre
tais
toi
dans
la
publique
ivresse
que
seraient
tes
concerts
près
des
chants
d’allégresse
de
la
france
aux
pieds
de
henri
par
mille
bras
traîné
le
lourd
colosse
roule
ah
volons
joignons
nous
à
ces
efforts
pieux
qu’importe
si
mon
bras
est
perdu
dans
la
foule
henri
me
voit
du
haut
des
cieux
tout
un
peuple
a
voué
ce
bronze
à
ta
mémoire
ô
chevalier
rival
en
gloire
des
bayard
et
des
duguesclin
de
l’amour
des
français
reçois
la
noble
preuve
nous
devons
ta
statue
au
denier
de
la
veuve
à
l’obole
de
l’orphelin
n’en
doutez
pas
l’aspect
de
cette
image
auguste
rendra
nos
maux
moins
grands
notre
bonheur
plus
doux
ô
français
louez
dieu
vous
voyez
un
roi
juste
un
français
de
plus
parmi
vous
désormais
dans
ses
yeux
en
volant
à
la
gloire
nous
viendrons
puiser
la
victoire
henri
recevra
notre
foi
et
quand
on
parlera
de
ses
vertus
si
chères
nos
enfants
n’iront
pas
demander
à
nos
pères
comment
souriait
le
bon
roi
iv
jeunes
amis
dansez
autour
de
cette
enceinte
mêlez
vos
pas
joyeux
mêlez
vos
heureux
chants
henri
car
sa
bonté
dans
ses
traits
est
empreinte
bénira
vos
transports
touchants
près
des
vains
monuments
que
des
tyrans
s’élèvent
qu’après
de
longs
siècles
achèvent
les
travaux
d’un
peuple
opprimé
qu’il
est
beau
cet
airain
où
d’un
roi
tutélaire
la
france
aime
à
revoir
le
geste
populaire
et
le
regard
accoutumé
que
le
fier
conquérant
de
la
perse
avilie
las
de
léguer
ses
traits
à
de
frêles
métaux
menace
dans
l’accès
de
sa
vaste
folie
d’imposer
sa
forme
à
l’athos
qu’un
pharaon
cruel
superbe
en
sa
démence
couvre
d’un
obélisque
immense
le
grand
néant
de
son
cercueil
son
nom
meurt
et
bientôt
l’ombre
des
pyramides
pour
l’étranger
perdu
dans
ces
plaines
arides
est
le
seul
bienfait
de
l’orgueil
un
jour
mais
repoussons
tout
présage
funeste
si
des
ans
ou
du
sort
les
coups
encor
vainqueurs
brisaient
de
notre
amour
le
monument
modeste
henri
tu
vivrais
dans
nos
cœurs
cependant
que
du
nil
les
montagnes
altières
cachant
cent
royales
poussières
du
monde
inutile
fardeau
du
temps
et
de
la
mort
attestent
le
passage
et
ne
sont
déjà
plus
à
l’œil
ému
du
sage
que
la
ruine
d’un
tombeau
février
1819
ode
septième
la
mort
du
duc
de
berry
le
meurtre
d’une
main
violente
brise
les
liens
les
plus
sacrés
la
mort
vient
enlever
le
jeune
homme
florissant
et
le
malheur
s’approche
comme
un
ennemi
rusé
au
milieu
des
jours
de
fête
schiller
i
modérons
les
transports
d’une
ivresse
insensée
le
passage
est
bien
court
de
la
joie
aux
douleurs
la
mort
aime
à
poser
sa
main
lourde
et
glacée
sur
des
fronts
couronnés
de
fleurs
demain
souillés
de
cendre
humbles
courbant
nos
têtes
le
vain
souvenir
de
nos
fêtes
sera
pour
nous
presque
un
remords
nos
jeux
seront
suivis
des
pompes
sépulcrales
car
chez
nous
malheureux
l’hymne
des
saturnales
sert
de
prélude
au
chant
des
morts
ii
fuis
les
banquets
fais
trêve
à
ton
joyeux
délire
paris
triste
cité
détourne
tes
regards
vers
le
cirque
où
l’on
voit
aux
accords
de
la
lyre
s’unir
les
prestiges
des
arts
chœurs
interrompez
vous
cessez
danses
légères
qu’on
change
en
torches
funéraires
ces
feux
purs
ces
brillants
flambeaux
—
dans
cette
enceinte
auprès
d’une
couche
sanglante
j’entends
un
prêtre
saint
dont
la
voix
chancelante
dit
la
prière
des
tombeaux
sous
ces
lambris
frappés
des
éclats
de
la
joie
près
d’un
lit
où
soupire
un
mourant
étendu
d’une
famille
auguste
au
désespoir
en
proie
je
vois
le
cortège
éperdu
c’est
un
père
à
genoux
c’est
un
frère
en
alarmes
une
sœur
qui
n’a
point
de
larmes
pour
calmer
ses
sombres
douleurs
car
ses
affreux
revers
ont
dès
son
plus
jeune
âge
dans
ses
yeux
enflammés
d’un
si
mâle
courage
tari
la
source
de
ses
pleurs
sur
l’échafaud
aux
cris
d’un
sénat
sanguinaire
sa
mère
est
morte
en
reine
et
son
père
en
héros
elle
a
vu
dans
les
fers
périr
son
jeune
frère
et
n’a
pu
trouver
des
bourreaux
et
quand
des
rois
ligués
la
main
brisa
ses
chaînes
longtemps
sur
des
rives
lointaines
elle
a
fui
nos
bords
désolés
elle
a
revu
la
france
après
tant
de
misères
pour
apprendre
en
rentrant
au
palais
de
ses
pères
que
ses
maux
n’étaient
pas
comblés
plus
loin
c’est
une
épouse…
oh
qui
peindra
ses
craintes
sa
force
ses
doux
soins
son
amour
assidu
hélas
et
qui
dira
ses
lamentables
plaintes
quand
tout
espoir
sera
perdu
quels
étaient
nos
transports
ô
vierge
de
sicile
quand
naguère
à
ta
main
docile
berry
joignit
sa
noble
main
devais
tu
donc
princesse
en
touchant
ce
rivage
voir
sitôt
succéder
le
crêpe
du
veuvage
au
chaste
voile
de
l’hymen
berry
quand
nous
vantions
ta
paisible
conquête
nos
chants
ont
réveillé
le
dragon
endormi
l’anarchie
en
grondant
a
relevé
sa
tête
et
l’enfer
même
en
a
frémi
elle
a
rugi
soudain
du
milieu
des
ténèbres
clément
poussa
des
cris
funèbres
ravaillac
agita
ses
fers
et
le
monstre
étendant
ses
deux
ailes
livides
aux
applaudissements
des
ombres
régicides
s’envola
du
fond
des
enfers
le
démon
vers
nos
bords
tournant
son
vol
funeste
voulut
brisant
ces
lys
qu’il
flétrit
tant
de
fois
épuiser
d’un
seul
coup
le
déplorable
reste
d’un
sang
trop
fertile
en
bons
rois
longtemps
le
sbire
obscur
qu’il
arma
pour
son
crime
rêveur
autour
de
la
victime
promena
ses
affreux
loisirs
enfin
le
ciel
permet
que
son
vœu
s’accomplisse
pleurons
tous
car
le
meurtre
a
choisi
pour
complice
le
tumulte
de
nos
plaisirs
le
fer
brille…
un
cri
part
guerriers
volez
aux
armes
c’en
est
fait
la
duchesse
accourt
en
pâlissant
son
bras
soutient
berry
qu’elle
arrose
de
larmes
et
qui
l’inonde
de
son
sang
dressez
un
lit
funèbre
est
il
quelque
espérance
…
hélas
un
lugubre
silence
a
condamné
son
triste
époux
assistez
le
madame
en
ce
moment
horrible
les
soins
cruels
de
l’art
le
rendront
plus
terrible
les
vôtres
le
rendront
plus
doux
monarque
en
cheveux
blancs
hâte
toi
le
temps
presse
un
bourbon
va
rentrer
au
sein
de
ses
aïeux
viens
accours
vers
ce
fils
l’espoir
de
ta
vieillesse
car
ta
main
doit
fermer
ses
yeux
il
a
béni
sa
fille
à
son
amour
ravie
puis
des
vanités
de
sa
vie
il
proclame
un
noble
abandon
vivant
il
pardonna
ses
maux
à
la
patrie
et
son
dernier
soupir
digne
du
dieu
qu’il
prie
est
encore
un
cri
de
pardon
mort
sublime
ô
regrets
vois
sa
grande
âme
et
pleure
porte
au
ciel
tes
clameurs
ô
peuple
désolé
tu
l’as
trop
peu
connu
c’est
à
sa
dernière
heure
que
le
héros
s’est
révélé
pour
consoler
la
veuve
apportez
l’orpheline
donnez
sa
fille
à
caroline
la
nature
encore
a
ses
droits
mais
quand
périt
l’espoir
d’une
tige
féconde
qui
pourra
consoler
dans
sa
terreur
profonde
la
france
veuve
de
ses
rois
à
l’horrible
récit
quels
cris
expiatoires
vont
pousser
nos
guerriers
fameux
par
leur
valeur
l’europe
qu’ébranlait
le
bruit
de
leurs
victoires
va
retentir
de
leur
douleur
mais
toi
que
diras
tu
chère
et
noble
vendée
si
longtemps
de
sang
inondée
tes
regrets
seront
superflus
et
tu
seras
semblable
à
la
mère
accablée
qui
s’assied
sur
sa
couche
et
pleure
inconsolée
parce
que
son
enfant
n’est
plus
bientôt
vers
saint
denis
désertant
nos
murailles
au
bruit
sourd
des
clairons
peuple
prêtres
soldats
nous
suivrons
à
pas
lents
le
char
des
funérailles
entouré
des
chars
des
combats
hélas
jadis
souillé
par
des
mains
téméraires
saint
denis
où
dormaient
ses
pères
a
vu
déjà
bien
des
forfaits
du
moins
puisse
à
l’abri
des
complots
parricides
sous
ces
murs
profanés
parmi
ces
tombes
vides
sa
cendre
reposer
en
paix
iii
d’enghien
s’étonnera
dans
les
célestes
sphères
de
voir
sitôt
l’ami
cher
à
ses
jeunes
ans
à
qui
le
vieux
condé
prêt
à
quitter
nos
terres
léguait
ses
devoirs
bienfaisants
à
l’aspect
de
berry
leur
dernière
espérance
des
rois
que
révère
la
france
les
ombres
frémiront
d’effroi
deux
héros
gémiront
sur
leurs
races
éteintes
et
le
vainqueur
d’ivry
viendra
mêler
ses
plaintes
aux
pleurs
du
vainqueur
de
rocroy
ainsi
bourbon
au
bruit
du
forfait
sanguinaire
on
te
vit
vers
d’artois
accourir
désolé
car
tu
savais
les
maux
que
laisse
au
cœur
d’un
père
un
fils
avant
l’âge
immolé
mais
bientôt
chancelant
dans
ta
marche
incertaine
l’affreux
souvenir
de
vincenne
vint
s’offrir
à
tes
sens
glacés
tu
pâlis
et
d’artois
dans
la
douleur
commune
sembla
presque
oublier
sa
récente
infortune
pour
plaindre
tes
revers
passés
et
toi
veuve
éplorée
au
milieu
de
l’orage
attends
des
jours
plus
doux
espère
un
sort
meilleur
prends
ta
sœur
pour
modèle
et
puisse
ton
courage
être
aussi
grand
que
ton
malheur
tu
porteras
comme
elle
une
urne
funéraire
comme
elle
au
sein
du
sanctuaire
tu
gémiras
sur
un
cercueil
l’hydre
des
factions
qui
par
des
morts
célèbres
a
marqué
pour
ta
sœur
tant
d’époques
funèbres
te
fait
aussi
ton
jour
de
deuil
iv
pourtant
ô
frêle
appui
de
la
tige
royale
si
dieu
par
ton
secours
signale
son
pouvoir
tu
peux
sauver
la
france
et
de
l’hydre
infernale
tromper
encor
l’affreux
espoir
ainsi
quand
le
serpent
auteur
de
tous
les
crimes
vouait
d’avance
aux
noirs
abîmes
l’homme
que
son
forfait
perdit
le
seigneur
abaissa
sa
farouche
arrogance
une
femme
apparut
qui
faible
et
sans
défense
brisa
du
pied
son
front
maudit
février
1820
ode
huitième
la
naissance
du
duc
de
bordeaux
l’enfer
qui
pressent
sa
ruine
tente
tous
les
moyens
de
victoire
les
démons
de
la
volupté
de
l’or
de
l’ambition
cherchent
à
corrompre
la
milice
fidèle
le
ciel
vient
au
secours
de
ses
enfants
il
prodigue
en
leur
faveur
les
miracles
la
postérité
de
joseph
rentre
dans
la
terre
de
gessen
et
cette
conquête
due
aux
larmes
des
vainqueurs
ne
coûte
pas
une
larme
aux
vaincus
chateaubriand
les
martyrs
i
savez
vous
voyageur
pourquoi
dissipant
l’ombre
d’innombrables
clartés
brillent
dans
la
nuit
sombre
quelle
immense
vapeur
rougit
les
cieux
couverts
et
pourquoi
mille
cris
frappant
la
nue
ardente
dans
la
ville
au
loin
rayonnante
comme
un
concert
confus
s’élèvent
dans
les
airs
ii
ô
joie
ô
triomphe
ô
mystère
il
est
né
l’enfant
glorieux
l’ange
que
promit
à
la
terre
un
martyr
partant
pour
les
cieux
l’avenir
voilé
se
révèle
salut
à
la
flamme
nouvelle
qui
ranime
l’ancien
flambeau
honneur
à
ta
première
aurore
ô
jeune
lys
qui
viens
d’éclore
tendre
fleur
qui
sors
d’un
tombeau
c’est
dieu
qui
l’a
donné
le
dieu
de
la
prière
la
cloche
balancée
aux
tours
du
sanctuaire
comme
aux
jours
du
repos
y
rappelle
nos
pas
c’est
dieu
qui
l’a
donné
le
dieu
de
la
victoire
—
chez
les
vieux
martyrs
de
la
gloire
les
canons
ont
tonné
comme
au
jour
des
combats
ce
bruit
si
cher
à
ton
oreille
joint
aux
voix
des
temples
bénis
n’a
t
il
donc
rien
qui
te
réveille
ô
toi
qui
dors
à
saint
denis
lève
toi
henri
doit
te
plaire
au
sein
du
berceau
populaire
accours
ô
père
triomphant
enivre
sa
lèvre
trompée
et
viens
voir
si
ta
grande
épée
pèse
aux
mains
du
royal
enfant
hélas
il
est
absent
il
est
au
sein
des
justes
sans
doute
en
ce
moment
de
ses
aïeux
augustes
le
cortège
vers
lui
s’avance
consolé
car
il
rendit
mourant
sous
des
coups
parricides
un
héros
à
leurs
tombes
vides
une
race
de
rois
à
leur
trône
isolé
parmi
tous
ces
nobles
fantômes
qu’il
élève
un
front
couronné
qu’il
soit
fier
dans
les
saints
royaumes
le
père
du
roi
nouveau
né
une
race
longue
et
sublime
sort
de
l’immortelle
victime
tel
un
fleuve
mystérieux
fils
d’un
mont
frappé
du
tonnerre
de
son
cours
fécondant
la
terre
cache
sa
source
dans
les
cieux
honneur
au
rejeton
qui
deviendra
la
tige
henri
nouveau
joas
sauvé
par
un
prodige
à
l’ombre
de
l’autel
croîtra
vainqueur
du
sort
un
jour
de
ses
vertus
notre
france
embellie
à
ses
sœurs
comme
cornélie
dira
voilà
mon
fils
c’est
mon
plus
beau
trésor
iii
ô
toi
de
ma
pitié
profonde
reçois
l’hommage
solennel
humble
objet
des
regards
du
monde
privé
du
regard
paternel
puisses
tu
né
dans
la
souffrance
et
de
ta
mère
et
de
la
france
consoler
la
longue
douleur
que
le
bras
divin
t’environne
et
puisse
ô
bourbon
la
couronne
pour
toi
ne
pas
être
un
malheur
oui
souris
orphelin
aux
larmes
de
ta
mère
écarte
en
te
jouant
ce
crêpe
funéraire
qui
voile
ton
berceau
des
couleurs
du
cercueil
chasse
le
noir
passé
qui
nous
attriste
encore
sois
à
nos
yeux
comme
une
aurore
rends
le
jour
et
la
joie
à
notre
ciel
en
deuil
ivre
d’espoir
ton
roi
lui
même
consacrant
le
jour
où
tu
nais
t’impose
avant
le
saint
baptême
le
baptême
du
béarnais
la
veuve
t’offre
à
l’orpheline
vers
toi
conduit
par
l’héroïne
vient
ton
aïeul
en
cheveux
blancs
et
la
foule
bruyante
et
fière
se
presse
à
ce
louvre
où
naguère
muette
elle
entrait
à
pas
lents
guerriers
peuple
chantez
bordeaux
lève
ta
tête
cité
qui
la
première
aux
jours
de
la
conquête
rendue
aux
fleurs
de
lys
as
proclamé
ta
foi
et
toi
que
le
martyr
aux
combats
eût
guidée
sors
de
ta
douleur
ô
vendée
un
roi
naît
pour
la
france
un
soldat
naît
pour
toi
iv
rattachez
la
nef
à
la
rive
la
veuve
reste
parmi
nous
et
de
sa
patrie
adoptive
le
ciel
lui
semble
enfin
plus
doux
l’espoir
à
la
france
l’enchaîne
aux
champs
où
fut
frappé
le
chêne
dieu
fait
croître
un
frêle
roseau
l’amour
retient
l’humble
colombe
il
faut
prier
sur
une
tombe
il
faut
veiller
sur
un
berceau
dis
qu’irais
tu
chercher
au
lieu
qui
te
vit
naître
princesse
parthénope
outrage
son
vieux
maître
l’étranger
qu’attiraient
des
bords
exempts
d’hivers
voit
palerme
en
fureur
voit
messine
en
alarmes
et
plaignant
la
sicile
en
armes
de
ce
funèbre
éden
fuit
les
sanglantes
mers
mais
que
les
deux
volcans
s’éveillent
que
le
souffle
du
dieu
jaloux
des
sombres
géants
qui
sommeillent
rallume
enfin
l’ardent
courroux
devant
les
flots
brûlants
des
laves
que
seront
ces
hautains
esclaves
ces
chefs
d’un
jour
ces
grands
soldats
courage
ô
vous
vainqueurs
sublimes
—
tandis
que
vous
marchez
aux
crimes
la
terre
tremble
sous
vos
pas
reste
au
sein
des
français
ô
fille
de
sicile
ne
fuis
pas
pour
des
bords
d’où
le
bonheur
s’exile
une
terre
où
le
lys
se
relève
immortel
où
du
peuple
et
des
rois
l’union
salutaire
n’est
point
cet
hymen
adultère
du
trône
et
des
partis
des
camps
et
de
l’autel
v
nous
ne
craignons
plus
les
tempêtes
bravons
l’horizon
menaçant
les
forfaits
qui
chargeaient
nos
têtes
sont
rachetés
par
l’innocent
quand
les
nochers
dans
la
tourmente
jadis
voyaient
l’onde
écumante
entr’ouvrir
leur
frêle
vaisseau
sûrs
de
la
clémence
éternelle
pour
sauver
la
nef
criminelle
ils
y
suspendaient
un
berceau
octobre
1820
ode
neuvième
le
baptême
du
duc
de
bordeaux
sinite
parvulos
venire
ad
me
—
venerunt
reges
évangile
i
oh
disaient
les
peuples
du
monde
les
derniers
temps
sont
ils
venus
nos
pas
dans
une
nuit
profonde
suivent
des
chemins
inconnus
où
va
t
on
dans
la
nuit
perfide
quel
est
ce
fanal
qui
nous
guide
tous
courbés
sous
un
bras
de
fer
est
il
propice
est
il
funeste
est
ce
la
colonne
céleste
est
ce
une
flamme
de
l’enfer
les
tribus
des
chefs
se
divisent
les
troupeaux
chassent
les
pasteurs
et
les
sceptres
des
rois
se
brisent
devant
les
faisceaux
des
préteurs
les
trônes
tombent
l’autel
croule
les
factions
naissent
en
foule
sur
les
bords
des
deux
océans
et
les
ambitions
serviles
qui
dormaient
comme
des
reptiles
se
lèvent
comme
des
géants
ah
malheur
nous
avons
fait
gloire
hélas
d’attentats
inouïs
tels
qu’en
cherche
en
vain
la
mémoire
dans
les
siècles
évanouis
malheur
tous
nos
forfaits
l’appellent
tous
les
signes
nous
le
révèlent
le
jour
des
arrêts
solennels
l’homme
est
digne
enfin
des
abîmes
et
rien
ne
manque
à
ses
longs
crimes
que
les
châtiments
éternels
le
très
haut
a
pris
leur
défense
lorsqu’ils
craignaient
son
abandon
l’homme
peut
épuiser
l’offense
dieu
n’épuise
pas
le
pardon
il
mène
au
repentir
l’impie
lui
même
pour
nous
il
expie
l’oubli
des
lois
qu’il
nous
donna
pour
lui
seul
il
reste
sévère
c’est
la
victime
du
calvaire
qui
fléchit
le
dieu
du
sina
ii
par
un
autre
berceau
sa
main
nous
sauve
encore
le
monde
du
bonheur
n’ose
entrevoir
l’aurore
quoique
dieu
des
méchants
ait
puni
les
défis
et
troublant
leurs
conseils
dispersant
leurs
phalanges
nous
ait
donné
l’un
de
ses
anges
comme
aux
antiques
jours
il
nous
donna
son
fils
tel
lorsqu’il
sort
vivant
du
gouffre
de
ténèbres
le
prophète
voit
fuir
les
visions
funèbres
la
terre
est
sous
ses
pas
le
jour
luit
à
ses
yeux
mais
lui
tout
ébloui
de
la
flamme
éternelle
longtemps
à
sa
vue
infidèle
la
lueur
de
l’enfer
voile
l’éclat
des
cieux
peuples
ne
doutez
pas
chantez
votre
victoire
un
sauveur
naît
vêtu
de
puissance
et
de
gloire
il
réunit
le
glaive
et
le
sceptre
en
faisceau
des
leçons
du
malheur
naîtront
nos
jours
prospères
car
de
soixante
rois
ses
pères
les
ombres
sans
cercueils
veillent
sur
son
berceau
son
nom
seul
a
calmé
nos
tempêtes
civiles
ainsi
qu’un
bouclier
il
a
couvert
les
villes
la
révolte
et
la
haine
ont
déserté
nos
murs
tel
du
jeune
lion
qui
lui
même
s’ignore
le
premier
cri
paisible
encore
fait
de
l’antre
royal
fuir
cent
monstres
impurs
iii
quel
est
cet
enfant
débile
qu’on
porte
aux
sacrés
parvis
toute
une
foule
immobile
le
suit
de
ses
yeux
ravis
son
front
est
nu
ses
mains
tremblent
ses
pieds
que
des
nœuds
rassemblent
n’ont
point
commencé
de
pas
la
faiblesse
encor
l’enchaîne
son
regard
ne
voit
qu’à
peine
et
sa
voix
ne
parle
pas
c’est
un
roi
parmi
les
hommes
en
entrant
dans
le
saint
lieu
il
devient
ce
que
nous
sommes
c’est
un
homme
aux
pieds
de
dieu
cet
enfant
est
notre
joie
dieu
pour
sauveur
nous
l’envoie
sa
loi
l’abaisse
aujourd’hui
les
rois
qu’arme
son
tonnerre
sont
tout
par
lui
sur
la
terre
et
ne
sont
rien
devant
lui
que
tout
tremble
et
s’humilie
l’orgueil
mortel
parle
en
vain
le
lion
royal
se
plie
au
joug
de
l’agneau
divin
le
père
entouré
d’étoiles
vers
l’enfant
faible
et
sans
voiles
descend
sur
les
vents
porté
l’esprit
saint
de
feux
l’inonde
il
n’est
encor
né
qu’au
monde
qu’il
naisse
à
l’éternité
marie
aux
rayons
modeste
heureuse
et
priant
toujours
guide
les
vierges
célestes
vers
son
vieux
temple
aux
deux
tours
toutes
les
saintes
armées
parmi
les
soleils
semées
suivent
son
char
triomphant
la
charité
les
devance
la
foi
brille
et
l’espérance
s’assied
près
de
l’humble
enfant
iv
jourdain
te
souvient
il
de
ce
qu’ont
vu
tes
rives
naguère
un
pèlerin
près
de
tes
eaux
captives
vint
s’asseoir
et
pleura
pareil
en
sa
ferveur
à
ces
preux
qui
jadis
terrible
et
saint
cortège
ravirent
au
joug
sacrilège
ton
onde
baptismale
et
le
tombeau
sauveur
ce
chrétien
avait
vu
dans
la
france
usurpée
trône
autel
chartes
lois
tomber
sous
une
épée
les
vertus
sans
honneur
les
forfaits
impunis
et
lui
des
vieux
croisés
cherchait
l’ombre
sublime
et
s’exilant
près
de
solime
aux
lieux
où
dieu
mourut
pleurait
ses
rois
bannis
l’eau
du
saint
fleuve
emplit
sa
gourde
voyageuse
il
partit
il
revit
notre
rive
orageuse
ignorant
quel
bonheur
attendait
son
retour
et
qu’à
l’enfant
des
rois
du
fond
de
l’arabie
il
apportait
nouveau
tobie
le
remède
divin
qui
rend
l’aveugle
au
jour
qu’il
soit
fier
dans
ses
flots
le
fleuve
des
prophètes
peuples
l’eau
du
salut
est
présente
à
nos
fêtes
le
ciel
sur
cet
enfant
a
placé
sa
faveur
qu’il
reçoive
les
eaux
que
reçut
dieu
lui
même
et
qu’à
l’onde
de
son
baptême
le
monde
rassuré
reconnaisse
un
sauveur
à
vous
comme
à
clovis
prince
dieu
se
révèle
soyez
du
temple
saint
la
colonne
nouvelle
votre
âme
en
vain
du
lys
efface
la
blancheur
quittez
l’orgueil
du
rang
l’orgueil
de
l’innocence
dieu
vous
offre
dans
sa
puissance
la
piscine
du
pauvre
et
la
croix
du
pécheur
v
l’enfant
quand
du
seigneur
sur
lui
brille
l’aurore
ignore
le
martyre
et
sourit
à
la
croix
mais
un
autre
baptême
hélas
attend
encore
le
front
infortuné
des
rois
—
des
jours
viendront
jeune
homme
où
ton
âme
troublée
du
fardeau
d’un
peuple
accablée
frémira
d’un
effroi
pieux
quand
l’évêque
sur
toi
répandra
l’huile
austère
formidable
présent
qu’aux
maîtres
de
la
terre
la
colombe
apporta
des
cieux
alors
ô
roi
chrétien
au
seigneur
sois
semblable
sache
être
grand
par
toi
comme
il
est
grand
par
lui
car
le
sceptre
devient
un
fardeau
redoutable
dès
qu’on
veut
s’en
faire
un
appui
un
vrai
roi
sur
sa
tête
unit
toutes
les
gloires
et
si
dans
ses
justes
victoires
par
la
mort
il
est
arrêté
il
voit
comme
bayard
une
croix
dans
son
glaive
et
ne
fait
quand
le
ciel
à
la
terre
l’enlève
que
changer
d’immortalité
à
la
muse
je
vais
ô
muse
où
tu
m’envoies
je
ne
sais
que
verser
des
pleurs
mais
qu’il
soit
fidèle
à
leurs
joies
ce
luth
fidèle
à
leurs
douleurs
ma
voix
dans
leur
récente
histoire
n’a
point
sur
des
tons
de
victoire
appris
à
louer
le
seigneur
ô
rois
victimes
couronnées
lorsqu’on
chante
vos
destinées
on
sait
mal
chanter
le
bonheur
mai
1821
à
m
le
comte
gaspard
de
pons
ode
dixième
vision
7
quia
defecimus
in
ira
tua
et
in
furore
tuo
turbati
sumus
8
posuisti
iniquitates
nostras
in
conspectu
tuo
sæculum
nostrum
in
illuminatione
vultus
tui
9
quoniam
omnes
dies
nostri
defecerunt
et
in
ira
tua
defecimus
psaume
lxxxix
parce
que
nous
sommes
tombés
dans
votre
colère
et
que
nous
avons
été
troublés
dans
votre
fureur
vous
avez
placé
nos
iniquités
en
votre
présence
et
notre
siècle
dans
la
lumière
de
votre
face
puisque
tous
nos
jours
ont
failli
et
que
nous
sommes
tombés
dans
votre
colère
voici
ce
qu’ont
dit
les
prophètes
aux
jours
où
ces
hommes
pieux
voyaient
en
songe
sur
leurs
têtes
l’esprit
saint
descendre
des
cieux
dès
qu’un
siècle
éteint
pour
le
monde
redescend
dans
la
nuit
profonde
de
gloire
ou
de
honte
chargé
il
va
répondre
et
comparaître
devant
le
dieu
qui
le
fit
naître
seul
juge
qui
n’est
pas
jugé
or
écoutez
fils
de
la
terre
vil
peuple
à
la
tombe
appelé
ce
qu’en
un
rêve
solitaire
la
vision
m’a
révélé
—
c’était
dans
la
cité
flottante
de
joie
et
de
gloire
éclatante
où
le
jour
n’a
pas
de
soleil
d’où
sortit
la
première
aurore
et
d’où
résonneront
encore
les
clairons
du
dernier
réveil
adorant
l’essence
inconnue
les
saints
les
martyrs
glorieux
contemplaient
sous
l’ardente
nue
le
triangle
mystérieux
près
du
trône
où
dort
le
tonnerre
parut
un
spectre
centenaire
par
l’ange
des
français
conduit
et
l’ange
vêtu
d’un
long
voile
était
pareil
à
l’humble
étoile
qui
mène
au
ciel
la
sombre
nuit
dans
les
cieux
et
dans
les
abîmes
une
voix
alors
s’entendit
qui
jusque
parmi
ses
victimes
fit
trembler
l’archange
maudit
le
char
des
séraphins
fidèles
semé
d’yeux
brillant
d’étincelles
s’arrêta
sur
son
triple
essieu
et
la
roue
aux
flammes
bruyantes
et
les
quatre
ailes
tournoyantes
se
turent
au
souffle
de
dieu
la
voix
déjà
du
livre
séculaire
la
page
a
dix
sept
fois
tourné
le
gouffre
attend
que
ma
colère
te
pardonne
ou
t’ait
condamné
approche
—
je
tiens
la
balance
te
voilà
nu
dans
ma
présence
siècle
innocent
ou
criminel
faut
il
que
ton
souvenir
meure
réponds
un
siècle
est
comme
une
heure
devant
mon
regard
éternel
le
siècle
j’ai
dans
mes
pensers
magnanimes
tout
divisé
tout
réuni
j’ai
soumis
à
mes
lois
sublimes
et
l’immuable
et
l’infini
j’ai
pesé
tes
volontés
mêmes…
la
voix
fantôme
arrête
tes
blasphèmes
troublent
mes
saints
d’un
juste
effroi
sors
de
ton
orgueilleuse
ivresse
doute
aujourd’hui
de
ta
sagesse
car
tu
ne
peux
douter
de
moi
fier
de
tes
aveugles
sciences
n’as
tu
pas
ri
dans
tes
clameurs
et
de
mon
être
et
des
croyances
qui
gardent
les
lois
et
les
mœurs
de
la
mort
souillant
le
mystère
n’as
tu
pas
effrayé
la
terre
d’un
crime
aux
humains
inconnu
des
rois
avant
les
temps
célestes
n’as
tu
pas
réveillé
les
restes
le
siècle
ô
dieu
votre
jour
est
venu
la
voix
pleure
ô
siècle
d’abord
timide
l’erreur
grandit
comme
un
géant
l’athée
invite
au
régicide
le
chaos
est
fils
du
néant
j’aimais
une
terre
lointaine
un
roi
bon
une
belle
reine
conduisaient
son
peuple
joyeux
je
bénissais
leurs
jours
augustes
réponds
qu’as
tu
fait
de
ces
justes
le
siècle
seigneur
je
les
vois
dans
vos
cieux
la
voix
oui
l’épouvante
enfin
t’éclaire
c’est
moi
qui
marque
leur
séjour
aux
réprouvés
de
ma
colère
comme
aux
élus
de
mon
amour
qu’un
rayon
tombe
de
ma
face
soudain
tout
s’anime
ou
s’efface
tout
naît
ou
retourne
au
tombeau
mon
souffle
propice
ou
terrible
allume
l’incendie
horrible
comme
il
éteint
le
pur
flambeau
que
l’oubli
muet
te
dévore
le
siècle
seigneur
votre
bras
s’est
levé
seigneur
le
maudit
vous
implore
la
voix
non
tais
toi
siècle
réprouvé
le
siècle
eh
bien
donc
l’âge
qui
va
naître
absoudra
mes
forfaits
peut
être
par
des
forfaits
plus
odieux
ici
gémit
l’humble
espérance
et
le
bel
ange
de
la
france
de
son
aile
voila
ses
yeux
la
voix
va
ma
main
t’ouvre
les
abîmes
un
siècle
nouveau
prend
l’essor
mais
loin
de
t’absoudre
ses
crimes
maudit
t’accuseront
encor
et
comme
l’ouragan
qui
gronde
chasse
à
grand
bruit
jusque
sur
l’onde
le
flocon
vers
les
mers
jeté
longtemps
la
voix
inexorable
poursuit
le
siècle
coupable
qui
tombait
dans
l’éternité
1821
ode
onzième
buonaparte
de
deo
i
quand
la
terre
engloutit
les
cités
qui
la
couvrent
que
le
vent
sème
au
loin
un
poison
voyageur
quand
l’ouragan
mugit
quand
des
monts
brûlants
s’ouvrent
c’est
le
réveil
du
dieu
vengeur
et
si
lassant
enfin
les
clémences
célestes
le
monde
à
ces
signes
funestes
ose
répondre
en
les
bravant
un
homme
alors
choisi
par
la
main
qui
foudroie
des
aveugles
fléaux
ressaisissant
la
proie
paraît
comme
un
fléau
vivant
parfois
élus
maudits
de
la
fureur
suprême
entre
les
nations
des
hommes
sont
passés
triomphateurs
longtemps
armés
de
l’anathème
par
l’anathème
renversés
de
l’esprit
de
nemrod
héritiers
formidables
ils
ont
sur
les
peuples
coupables
régné
par
la
flamme
et
le
fer
et
dans
leur
gloire
impie
en
désastres
féconde
ces
envoyés
du
ciel
sont
apparus
au
monde
comme
s’ils
venaient
de
l’enfer
ii
naguère
de
lois
affranchis
quand
la
reine
des
nations
descendit
de
la
monarchie
prostituée
aux
factions
on
vit
dans
ce
chaos
fétide
naître
de
l’hydre
régicide
un
despote
empereur
d’un
camp
telle
souvent
la
mer
qui
gronde
dévore
une
plaine
féconde
et
vomit
un
sombre
volcan
d’abord
troublant
du
nil
les
hautes
catacombes
il
vint
chef
populaire
y
combattre
en
courant
comme
pour
insulter
des
tyrans
dans
leurs
tombes
sous
sa
tente
de
conquérant
—
il
revint
pour
régner
sur
ses
compagnons
d’armes
en
vain
l’auguste
france
en
larmes
se
promettait
des
jours
plus
beaux
quand
des
vieux
pharaons
il
foulait
la
couronne
sourd
à
tant
de
néant
ce
n’était
qu’un
grand
trône
qu’il
rêvait
sur
leurs
grands
tombeaux
un
sang
royal
teignit
sa
pourpre
usurpatrice
un
guerrier
fut
frappé
par
ce
guerrier
sans
foi
l’anarchie
à
vincenne
admira
son
complice
au
louvre
elle
adora
son
roi
il
fallut
presque
un
dieu
pour
consacrer
cet
homme
le
prêtre
monarque
de
rome
vint
bénir
son
front
menaçant
car
sans
doute
en
secret
effrayé
de
lui
même
il
voulait
recevoir
son
sanglant
diadème
des
mains
d’où
le
pardon
descend
iii
lorsqu’il
veut
le
dieu
secourable
qui
livre
au
méchant
les
pervers
brise
le
jouet
formidable
dont
il
tourmentait
l’univers
celui
qu’un
instant
il
seconde
se
dit
le
seul
maître
du
monde
fier
il
s’endort
dans
son
néant
enfin
bravant
la
loi
commune
quand
il
croit
tenir
sa
fortune
le
fantôme
échappe
au
géant
iv
dans
la
nuit
des
forfaits
dans
l’éclat
des
victoires
cet
homme
ignorant
dieu
qui
l’avait
envoyé
de
cités
en
cités
promenant
ses
prétoires
marchait
sur
sa
gloire
appuyé
sa
dévorante
armée
avait
dans
son
passage
asservi
les
fils
de
pélage
devant
les
fils
de
galgacus
et
quand
dans
leurs
foyers
il
ramenait
ses
braves
aux
fêtes
qu’il
vouait
à
ces
vainqueurs
esclaves
il
invitait
les
rois
vaincus
dix
empires
conquis
devinrent
ses
provinces
il
ne
fut
pas
content
dans
son
orgueil
fatal
il
ne
voulait
dormir
qu’en
une
cour
de
princes
sur
un
trône
continental
ses
aigles
qui
volaient
sous
vingt
cieux
parsemées
au
nord
de
ses
longues
armées
guidèrent
l’immense
appareil
mais
là
parut
l’écueil
de
sa
course
hardie
les
peuples
sommeillaient
un
sanglant
incendie
fut
l’aurore
du
grand
réveil
il
tomba
roi
—
puis
dans
sa
route
il
voulut
fantôme
ennemi
se
relever
afin
sans
doute
de
ne
plus
tomber
à
demi
alors
loin
de
sa
tyrannie
pour
qu’une
effrayante
harmonie
frappât
l’orgueil
anéanti
on
jeta
ce
captif
suprême
sur
un
rocher
débris
lui
même
de
quelque
ancien
monde
englouti
là
se
refroidissant
comme
un
torrent
de
lave
gardé
par
ses
vaincus
chassé
de
l’univers
ce
reste
d’un
tyran
en
s’éveillant
esclave
n’avait
fait
que
changer
de
fers
des
trônes
restaurés
écoutant
la
fanfare
il
brillait
de
loin
comme
un
phare
montrant
l’écueil
au
nautonier
il
mourut
—
quand
ce
bruit
éclata
dans
nos
villes
le
monde
respira
dans
les
fureurs
civiles
délivré
de
son
prisonnier
ainsi
l’orgueil
s’égare
en
sa
marche
éclatante
colosse
né
d’un
souffle
et
qu’un
regard
abat
il
fit
du
glaive
un
sceptre
et
du
trône
une
tente
tout
son
règne
fut
un
combat
du
fléau
qu’il
portait
lui
même
tributaire
il
tremblait
prince
de
la
terre
soldat
on
vantait
sa
valeur
retombé
dans
son
cœur
comme
dans
un
abîme
il
passa
par
la
gloire
il
passa
par
le
crime
et
n’est
arrivé
qu’au
malheur
v
peuples
qui
poursuivez
d’hommages
les
victimes
et
les
bourreaux
laissez
le
fuir
seul
dans
les
âges
—
ce
ne
sont
point
là
les
héros
ces
faux
dieux
que
leur
siècle
encense
dont
l’avenir
hait
la
puissance
vous
trompent
dans
votre
sommeil
tels
que
ces
nocturnes
aurores
où
passent
de
grands
météores
mais
que
ne
suit
pas
le
soleil
mars
1822
livre
deuxième
1822
1823
nos
canimus
surdis
ode
première
à
mes
odes
…
tentenda
via
est
quâ
me
quoque
possim
tollere
humo
victorque
virum
volitare
per
ora
virgile
i
mes
odes
c’est
l’instant
de
déployer
vos
ailes
cherchez
d’un
même
essor
les
voûtes
immortelles
le
moment
est
propice…
allons
la
foudre
en
grondant
vous
éclaire
et
la
tempête
populaire
se
livre
au
vol
des
aquilons
pour
qui
rêva
longtemps
le
jour
du
sacrifice
oui
l’heure
où
vient
l’orage
est
une
heure
propice
mais
moi
sous
un
ciel
calme
et
pur
si
j’avais
fortuné
génie
dans
la
lumière
et
l’harmonie
vu
flotter
vos
robes
d’azur
si
nul
profanateur
n’eût
touché
vos
offrandes
si
nul
reptile
impur
sur
vos
chastes
guirlandes
n’eût
traîné
ses
nœuds
flétrissants
si
la
terre
à
votre
passage
n’eût
exhalé
d’autre
nuage
que
la
vapeur
d’un
doux
encens
j’aurais
béni
la
muse
et
chanté
ma
victoire
j’aurais
dit
au
poëte
élancé
vers
la
gloire
ô
ruisseau
qui
cherches
les
mers
coule
vers
l’océan
du
monde
sans
craindre
d’y
mêler
ton
onde
car
ses
flots
ne
sont
pas
amers
ii
heureux
qui
de
l’oubli
ne
fuit
point
les
ténèbres
heureux
qui
ne
sait
pas
combien
d’échos
funèbres
le
bruit
d’un
nom
fait
retentir
et
si
la
gloire
est
inquiète
et
si
la
palme
du
poëte
est
une
palme
de
martyr
sans
craindre
le
chasseur
l’orage
ou
le
vertige
heureux
l’oiseau
qui
plane
et
l’oiseau
qui
voltige
heureux
qui
ne
veut
rien
tenter
heureux
qui
suit
ce
qu’il
doit
suivre
heureux
qui
ne
vit
que
pour
vivre
qui
ne
chante
que
pour
chanter
iii
vous
ô
mes
chants
adieu
cherchez
votre
fumée
bientôt
sollicitant
ma
porte
refermée
vous
pleurerez
au
sein
du
bruit
ce
temps
où
cachés
sous
des
voiles
vous
étiez
pareils
aux
étoiles
qui
ne
brillent
que
pour
la
nuit
quand
tour
à
tour
prenant
et
rendant
la
balance
quelques
amis
le
soir
vous
jugeaient
en
silence
poëtes
par
la
lyre
émus
qui
fuyaient
la
ville
sonore
et
transplantaient
les
fleurs
d’isaure
dans
les
jardins
d’académus
comme
un
ange
porté
sur
ses
ailes
dorées
vous
veniez
murmurant
des
paroles
sacrées
pour
abattre
et
pour
relever
vous
disiez
dans
votre
délire
tout
ce
que
peut
chanter
la
lyre
tout
ce
que
l’âme
peut
rêver
disputant
un
prix
noble
en
une
sainte
arène
vous
laissiez
tout
l’olympe
aux
fils
de
l’hippocrène
rivaux
de
votre
ardent
essor
ainsi
que
l’amant
d’atalante
pour
rendre
leur
course
plus
lente
vous
leur
jetiez
les
pommes
d’or
on
vous
voyait
suivis
de
sylphe
et
de
fées
liant
d’anciens
faisceaux
à
nos
jeunes
trophées
chanter
les
camps
et
leurs
travaux
ou
pousser
des
cris
prophétiques
ou
demander
aux
temps
gothiques
leurs
vieux
contes
toujours
nouveaux
souvent
vos
luths
pieux
consolaient
les
couronnes
et
du
haut
du
trépied
vous
défendiez
les
trônes
souvent
appuis
de
l’innocent
comme
un
tribut
expiatoire
vous
mêliez
pour
fléchir
l’histoire
une
larme
à
des
flots
de
sang
iv
c’en
est
fait
maintenant
pareils
aux
hirondelles
partez
qu’un
même
but
vous
retrouve
fidèles
et
moi
pourvu
qu’en
vos
combats
de
votre
foi
nul
cœur
ne
doute
et
qu’une
âme
en
secret
écoute
ce
que
vous
lui
direz
tout
bas
pourvu
quand
sur
les
flots
en
vingt
courants
contraires
l’ouragan
chassera
vos
voiles
téméraires
qu’un
seul
ami
plaignant
mon
sort
vous
voyant
battus
de
l’orage
pose
un
fanal
sur
le
rivage
s’afflige
et
vous
souhaite
un
port
d’un
œil
moins
désolé
je
verrai
vos
naufrages
mais
le
temps
presse
allez
rassemblez
vos
courages
il
faut
combattre
les
méchants
c’est
un
sceptre
aussi
que
la
lyre
dieu
dont
nos
âmes
sont
l’empire
a
mis
un
pouvoir
dans
les
chants
v
le
poëte
inspiré
lorsque
la
terre
ignore
ressemble
à
ces
grands
monts
que
la
nouvelle
aurore
dore
avant
tous
à
son
réveil
et
qui
longtemps
vainqueurs
de
l’ombre
gardent
jusque
dans
la
nuit
sombre
le
dernier
rayon
du
soleil
1823
ode
deuxième
l’histoire
ferrea
vox
virgile
i
le
sort
des
nations
comme
une
mer
profonde
a
ses
écueils
cachés
et
ses
gouffres
mouvants
aveugle
qui
ne
voit
dans
les
destins
du
monde
que
le
combat
des
flots
sous
la
lutte
des
vents
un
souffle
immense
et
fort
domine
ces
tempêtes
un
rayon
du
ciel
plonge
à
travers
cette
nuit
quand
l’homme
aux
cris
de
mort
mêle
le
cris
des
fêtes
une
secrète
voix
parle
dans
ce
vain
bruit
les
siècles
tour
à
tour
ces
gigantesques
frères
différents
par
leur
sort
semblables
dans
leurs
vœux
trouvent
un
but
pareil
par
des
routes
contraires
et
leurs
fanaux
divers
brillent
des
mêmes
feux
ii
muse
il
n’est
point
de
temps
que
tes
regards
n’embrassent
tu
suis
dans
l’avenir
leur
cercle
solennel
car
les
jours
et
les
ans
et
les
siècles
ne
tracent
qu’un
sillon
passager
dans
le
fleuve
éternel
bourreaux
n’en
doutez
pas
n’en
doutez
pas
victimes
elle
porte
en
tous
lieux
son
immortel
flambeau
plane
au
sommet
des
monts
plonge
au
fond
des
abîmes
et
souvent
fonde
un
temple
où
manquait
un
tombeau
elle
apporte
leur
palme
aux
héros
qui
succombent
du
char
des
conquérants
brise
le
frêle
essieu
marche
en
rêvant
au
bruit
des
empires
qui
tombent
et
dans
tous
les
chemins
montre
les
pas
de
dieu
du
vieux
palais
des
temps
elle
pose
le
faîte
les
siècles
à
sa
voix
viennent
se
réunir
sa
main
comme
un
captif
honteux
de
sa
défaite
traîne
tout
le
passé
jusque
dans
l’avenir
recueillant
les
débris
du
monde
en
ses
naufrages
son
œil
de
mers
en
mers
suit
le
vaste
vaisseau
et
sait
tout
voir
ensemble
aux
deux
bornes
des
âges
et
la
première
tombe
et
le
dernier
berceau
1823
ode
troisième
la
bande
noire
voyageur
obscur
mais
religieux
au
travers
des
ruines
de
la
patrie…
je
priais
ch
nodier
i
ô
murs
ô
créneaux
ô
tourelles
remparts
fossés
aux
ponts
mouvants
lourds
faisceaux
de
colonnes
frêles
fiers
châteaux
modestes
couvents
cloîtres
poudreux
salles
antiques
où
gémissaient
les
saints
cantiques
où
riaient
les
banquets
joyeux
lieux
où
le
cœur
met
ses
chimères
églises
où
priaient
nos
mères
tours
où
combattaient
nos
aïeux
parvis
où
notre
orgueil
s’enflamme
maisons
de
dieu
manoirs
des
rois
temples
que
gardait
l’oriflamme
palais
que
protégeait
la
croix
réduits
d’amour
arcs
de
victoires
vous
qui
témoignez
de
nos
gloires
vous
qui
proclamez
nos
grandeurs
chapelles
donjons
monastères
murs
voilés
de
tant
de
mystères
murs
brillants
de
tant
de
splendeurs
ô
débris
ruines
de
france
que
notre
amour
en
vain
défend
séjours
de
joie
ou
de
souffrance
vieux
monuments
d’un
peuple
enfant
restes
sur
qui
le
temps
s’avance
de
l’armorique
à
la
provence
vous
que
l’honneur
eut
pour
abri
arceaux
tombés
voûtes
brisées
vestiges
des
races
passées
lit
sacré
d’un
fleuve
tari
oui
je
crois
quand
je
vous
contemple
des
héros
entendre
l’adieu
souvent
dans
les
débris
du
temple
brille
comme
un
rayon
du
dieu
mes
pas
errants
cherchent
la
trace
de
ces
fiers
guerriers
dont
l’audace
faisait
un
trône
d’un
pavois
je
demande
oubliant
les
heures
au
vieil
écho
de
leurs
demeures
ce
qui
lui
reste
de
leur
voix
souvent
ma
muse
aventurière
s’enivrant
de
rêves
soudains
ceignit
la
cuirasse
guerrière
et
l’écharpe
des
paladins
s’armant
d’un
fer
rongé
de
rouille
elle
déroba
leur
dépouille
aux
lambris
du
long
corridor
et
vers
des
régions
nouvelles
pour
hâter
son
coursier
sans
ailes
osa
chausser
l’éperon
d’or
j’aimais
le
manoir
dont
la
route
cache
dans
les
bois
ses
détours
et
dont
la
porte
sous
la
voûte
s’enfonce
entre
deux
larges
tours
j’aimais
l’essaim
d’oiseaux
funèbres
qui
sur
les
toits
dans
les
ténèbres
vient
grouper
ses
noirs
bataillons
ou
levant
des
voix
sépulcrales
tournoie
en
mobiles
spirales
autour
des
légers
pavillons
j’aimais
la
tour
verte
de
lierre
qu’ébranle
la
cloche
du
soir
les
marches
de
la
croix
de
pierre
où
le
voyageur
vient
s’asseoir
l’église
veillant
sur
les
tombes
ainsi
qu’on
voit
d’humbles
colombes
couver
les
fruits
de
leur
amour
la
citadelle
crénelée
ouvrant
ses
bras
sur
la
vallée
comme
les
ailes
d’un
vautour
j’aimais
le
beffroi
des
alarmes
la
cour
où
sonnaient
les
clairons
la
salle
où
déposant
leurs
armes
se
rassemblaient
les
hauts
barons
les
vitraux
éclatants
ou
sombres
le
caveau
froid
où
dans
les
ombres
sous
des
murs
que
le
temps
abat
les
preux
sourds
au
vent
qui
murmure
dorment
couchés
dans
leur
armure
comme
la
veille
d’un
combat
aujourd’hui
parmi
les
cascades
sous
le
dôme
des
bois
touffus
les
piliers
les
sveltes
arcades
hélas
penchent
leurs
fronts
confus
les
forteresses
écroulées
par
la
chèvre
errante
foulées
courbent
leurs
têtes
de
granit
restes
qu’on
aime
et
qu’on
vénère
l’aigle
à
leurs
tours
suspend
son
aire
l’hirondelle
y
cache
son
nid
comme
cet
oiseau
de
passage
le
poëte
dans
tous
les
temps
chercha
de
voyage
en
voyage
les
ruines
et
le
printemps
ces
débris
chers
à
la
patrie
lui
parlent
de
chevalerie
la
gloire
habite
leurs
néants
les
héros
peuplent
ces
décombres
—
si
ce
ne
sont
plus
que
des
ombres
ce
sont
des
ombres
de
géants
ô
français
respectons
ces
restes
le
ciel
bénit
les
fils
pieux
qui
gardent
dans
leurs
jours
funestes
l’héritage
de
leurs
aïeux
comme
une
gloire
dérobée
comptons
chaque
pierre
tombée
que
le
temps
suspende
sa
loi
rendons
les
gaules
à
la
france
les
souvenirs
à
l’espérance
les
vieux
palais
au
jeune
roi
ii
—
tais
toi
lyre
silence
ô
lyre
du
poëte
ah
laisse
en
paix
tomber
ces
débris
glorieux
au
gouffre
où
nul
ami
dans
sa
douleur
muette
ne
les
suivra
longtemps
des
yeux
témoins
que
les
vieux
temps
ont
laissés
dans
notre
âge
gardiens
d’un
passé
qu’on
outrage
ah
fuyez
ce
siècle
ennemi
croulez
restes
sacrés
ruines
solennelles
pourquoi
veiller
encor
dernières
sentinelles
d’un
camp
pour
jamais
endormi
ou
plutôt
—
que
du
temps
la
marche
soit
hâtée
quoi
donc
n’avons
nous
point
parmi
nous
ces
héros
qui
chassèrent
les
rois
de
leur
tombe
insultée
que
les
morts
ont
eu
pour
bourreaux
honneur
à
ces
vaillants
que
notre
orgueil
renomme
gloire
à
ces
braves
sparte
et
rome
jamais
n’ont
vu
d’exploits
plus
beaux
gloire
ils
ont
triomphé
de
ces
funèbres
pierres
ils
ont
brisé
des
os
dispersé
des
poussières
gloire
ils
ont
proscrit
des
tombeaux
quel
dieu
leur
inspira
ces
travaux
intrépides
tout
joyeux
du
néant
par
leurs
soins
découvert
peut
être
ils
ne
voulaient
que
des
sépulcres
vides
comme
ils
n’avaient
qu’un
ciel
désert
ou
domptant
les
respects
dont
la
mort
nous
fascine
leur
main
peut
être
en
sa
racine
frappait
quelque
auguste
arbrisseau
et
courant
en
espoir
à
d’autres
hécatombes
leur
sublime
courage
en
attaquant
ces
tombes
s’essayait
à
vaincre
un
berceau
qu’ils
viennent
maintenant
que
leur
foule
s’élance
qu’ils
se
rassemblent
tous
ces
soldats
aguerris
voilà
des
ennemis
dignes
de
leur
vaillance
des
ruines
et
des
débris
qu’ils
entrent
sans
effroi
sous
ces
portes
ouvertes
qu’ils
assiégent
ces
tours
désertes
un
tel
triomphe
est
sans
dangers
mais
qu’ils
n’éveillent
pas
les
preux
de
ces
murailles
ces
ombres
qui
jadis
ont
gagné
des
batailles
les
prendraient
pour
des
étrangers
ce
siècle
entre
les
temps
veut
être
solitaire
allons
frappez
ces
murs
des
ans
encor
vainqueurs
non
qu’il
ne
reste
rien
des
vieux
jours
sur
la
terre
il
n’en
reste
rien
dans
nos
cœurs
cet
héritage
immense
où
nos
gloires
s’entassent
pour
les
nouveaux
peuples
qui
passent
est
trop
pesant
à
soutenir
il
retarde
leurs
pas
qu’un
même
élan
ordonne
que
nous
fait
le
passé
du
temps
que
dieu
nous
donne
nous
ne
gardons
que
l’avenir
qu’on
ne
nous
vante
plus
nos
crédules
ancêtres
ils
voyaient
leurs
devoirs
où
nous
voyons
nos
droits
nous
avons
nos
vertus
nous
égorgeons
les
prêtres
et
nous
assassinons
les
rois
—
hélas
il
est
trop
vrai
l’antique
honneur
de
france
la
foi
sœur
de
l’humble
espérance
ont
fui
notre
âge
infortuné
des
anciennes
vertus
le
crime
a
pris
la
place
il
cache
leurs
sentiers
comme
la
ronce
efface
le
seuil
d’un
temple
abandonné
quand
de
ses
souvenirs
la
france
dépouillée
hélas
aura
perdu
sa
vieille
majesté
lui
disputant
encor
quelque
pourpre
souillée
ils
riront
de
sa
nudité
nous
ne
profanons
point
cette
mère
sacrée
consolons
sa
gloire
éplorée
chantons
ses
astres
éclipsés
car
notre
jeune
muse
affrontant
l’anarchie
ne
veut
pas
secouer
sa
bannière
blanchie
de
la
poudre
des
temps
passés
1823
ode
quatrième
à
mon
père
domestica
facta
horace
nous
eûmes
nos
forfaits
mais
nous
eûmes
nos
gloires
holmondurand
i
quoi
toujours
une
lyre
et
jamais
une
épée
toujours
d’un
voile
obscur
ma
vie
enveloppée
point
d’arène
guerrière
à
mes
pas
éperdus
—
mais
jeter
ma
colère
en
strophes
cadencées
consumer
tous
mes
jours
en
stériles
pensées
toute
mon
âme
en
chants
perdus
et
cependant
livrée
aux
tyrans
qu’elle
brave
la
grèce
aux
rois
chrétiens
montre
sa
croix
esclave
et
l’espagne
à
grands
cris
appelle
nos
exploits
car
elle
a
de
l’erreur
connu
l’ivresse
amère
et
comme
un
orphelin
qu’on
arrache
à
sa
mère
son
vieux
trône
a
perdu
l’appui
des
vieilles
lois
je
rêve
quelquefois
que
je
saisis
ton
glaive
ô
mon
père
et
je
vais
dans
l’ardeur
qui
m’enlève
suivre
au
pays
du
cid
nos
glorieux
soldats
ou
faire
dire
aux
fils
de
sparte
révoltée
qu’un
français
s’il
ne
put
rendre
aux
grecs
un
tyrtée
leur
sut
rendre
un
léonidas
songes
vains
mais
du
moins
ne
crois
pas
que
ma
muse
ait
pour
tes
compagnons
des
chants
qu’elle
refuse
mon
père
le
poëte
est
fidèle
aux
guerriers
des
honneurs
immortels
il
revêt
la
victoire
il
chante
sur
leur
vie
et
l’amant
de
la
gloire
comme
toutes
les
fleurs
aime
tous
les
lauriers
ii
ô
français
des
combats
la
palme
vous
décore
courbés
sous
un
tyran
vous
étiez
grands
encore
ce
chef
prodigieux
par
vous
s’est
élevé
son
immortalité
sur
vos
gloires
se
fonde
et
rien
n’effacera
des
annales
du
monde
son
nom
par
vos
glaives
gravé
ajoutant
une
page
à
toutes
les
histoires
il
attelait
des
rois
au
char
de
ses
victoires
dieu
dans
sa
droite
aveugle
avait
mis
le
trépas
l’univers
haletait
sous
son
poids
formidable
comme
ce
qu’un
enfant
a
tracé
sur
le
sable
les
empires
confus
s’effaçaient
sous
ses
pas
flatté
par
la
fortune
il
fut
puni
par
elle
l’imprudent
confiait
son
destin
vaste
et
frêle
à
cet
orgueil
toujours
sur
la
terre
expié
où
donc
en
sa
folie
aspirait
ta
pensée
malheureux
qui
voulais
dans
ta
route
insensée
tous
les
trônes
pour
marchepied
son
jour
vint
on
le
vit
vers
la
france
alarmée
fuir
traînant
après
lui
comme
un
lambeau
d’armée
chars
coursiers
et
soldats
pressés
de
toutes
parts
tel
en
son
vol
immense
atteint
du
plomb
funeste
le
grand
aigle
tombant
de
l’empire
céleste
sème
sa
trace
au
loin
de
son
plumage
épars
qu’il
dorme
maintenant
dans
son
lit
de
poussière
on
ne
voit
plus
autour
de
sa
couche
guerrière
vingt
courtisans
royaux
épier
son
réveil
l’europe
si
longtemps
sous
son
bras
palpitante
ne
compte
plus
assise
aux
portes
de
sa
tente
les
heures
de
son
noir
sommeil
reprenez
ô
français
votre
gloire
usurpée
assez
dans
tant
d’exploits
on
n’a
vu
qu’une
épée
assez
de
la
louange
il
fatigua
la
voix
mesurez
la
hauteur
du
géant
sur
la
poudre
quel
aigle
ne
vaincrait
armé
de
votre
foudre
et
qui
ne
serait
grand
du
haut
de
vos
pavois
l’étoile
de
brennus
luit
encor
sur
vos
têtes
la
victoire
eut
toujours
des
français
à
ses
fêtes
la
paix
du
monde
entier
dépend
de
leur
repos
sur
les
pas
des
moreau
des
condé
des
xaintrailles
ce
peuple
glorieux
dans
les
champs
de
batailles
a
toujours
usé
ses
drapeaux
iii
toi
mon
père
ployant
ta
tente
voyageuse
conte
nous
les
écueils
de
ta
route
orageuse
le
soir
d’un
cercle
étroit
en
silence
entouré
si
d’opulents
trésors
ne
sont
plus
ton
partage
va
tes
fils
sont
contents
de
ton
noble
héritage
le
plus
beau
patrimoine
est
un
nom
révéré
pour
moi
puisqu’il
faut
voir
et
mon
cœur
en
murmure
pendre
aux
lambris
poudreux
ta
vénérable
armure
puisque
ton
étendard
dort
près
de
ton
foyer
et
que
sous
l’humble
abri
de
quelques
vieux
portiques
le
coursier
qui
m’emporte
aux
luttes
poétiques
laisse
rouiller
ton
char
guerrier
lègue
à
mon
luth
obscur
l’éclat
de
ton
épée
et
du
moins
qu’à
ma
voix
de
ta
vie
occupée
ce
beau
souvenir
prête
un
charme
solennel
je
dirai
tes
combats
aux
muses
attentives
comme
un
enfant
joyeux
parmi
ses
sœurs
craintives
traîne
débile
et
fier
le
glaive
paternel
août
1823
aux
rois
de
l’europe
ode
cinquième
le
repas
libre
il
y
avait
à
rome
un
antique
usage
la
veille
de
l’exécution
des
condamnés
à
mort
on
leur
donnait
à
la
porte
de
la
prison
un
repas
public
appelé
le
repas
libre
chateaubriand
les
martyrs
i
lorsqu’à
l’antique
olympe
immolant
l’évangile
le
préteur
appuyant
d’un
tribunal
fragile
ses
temples
odieux
livide
avait
proscrit
des
chrétiens
pleins
de
joie
victimes
qu’attendaient
acharnés
sur
leur
proie
les
tigres
et
les
dieux
rome
offrait
un
festin
à
leur
élite
sainte
comme
si
sur
les
bords
du
calice
d’absinthe
versant
un
peu
de
miel
sa
pitié
des
martyrs
ignorait
l’énergie
et
voulait
consoler
par
une
folle
orgie
ceux
qu’appelait
le
ciel
la
pourpre
recevait
ces
convives
austères
le
falerne
écumait
dans
de
larges
cratères
ceints
de
myrtes
fleuris
le
miel
d’hybla
dorait
les
vins
de
malvoisie
et
dans
les
vases
d’or
les
parfums
de
l’asie
lavaient
leurs
pieds
meurtris
un
art
profond
mêlant
les
tributs
des
trois
mondes
dévastait
les
forêts
et
dépeuplait
les
ondes
pour
ce
libre
repas
on
eût
dit
qu’épuisant
la
prodigue
nature
sybaris
conviait
aux
banquets
d’épicure
ces
élus
du
trépas
les
tigres
cependant
s’agitaient
dans
leur
chaîne
les
léopards
captifs
de
la
sanglante
arène
cherchaient
le
noir
chemin
et
bientôt
moins
cruels
que
les
femmes
de
rome
ces
monstres
s’étonnaient
d’être
applaudis
par
l’homme
baignés
de
sang
humain
on
jetait
aux
lions
les
confesseurs
les
prêtres
telle
une
main
servile
à
de
dédaigneux
maîtres
offre
un
mets
savoureux
lorsqu’au
pompeux
banquet
siégeait
leur
saint
conclave
la
pâle
mort
debout
comme
un
muet
esclave
se
tenait
derrière
eux
ii
ô
rois
comme
un
festin
s’écoule
votre
vie
la
coupe
des
grandeurs
que
le
vulgaire
envie
brille
dans
votre
main
mais
au
concert
joyeux
de
la
fête
éphémère
se
mêle
le
cri
sourd
du
tigre
populaire
qui
vous
attend
demain
1823
ode
sixième
la
liberté
christus
nos
liberavit
où
est
l’esprit
du
seigneur
là
aussi
est
la
liberté
saint
paul
épître
aux
corinthiens
i
quand
l’impie
a
porté
l’outrage
au
sanctuaire
tout
fuit
le
temple
en
deuil
de
splendeur
dépouillé
mais
le
prêtre
fidèle
à
genoux
sur
la
pierre
prodigue
plus
d’encens
répand
plus
de
prière
courbe
plus
bas
son
front
devant
l’autel
souillé
ii
non
sur
nos
tristes
bords
ô
belle
voyageuse
sœur
auguste
des
rois
fille
sainte
de
dieu
liberté
pur
flambeau
de
la
gloire
orageuse
non
je
ne
t’ai
point
dit
adieu
car
mon
luth
est
de
ceux
dont
les
voix
importunes
pleurent
toutes
les
infortunes
bénissent
toutes
les
vertus
mes
hymnes
dévoués
ne
traînent
point
la
chaîne
du
vil
gladiateur
mais
ils
vont
dans
l’arène
du
linceul
des
martyrs
vêtus
dans
l’âge
où
le
cœur
porte
un
souffle
magnanime
où
l’homme
à
l’avenir
jette
un
défi
sublime
et
montre
à
sa
menace
un
sourire
hardi
avant
l’heure
où
périt
la
fleur
de
l’espérance
quand
l’âme
lasse
de
souffrance
passe
du
frais
matin
à
l’aride
midi
je
disais
ô
salut
vierge
aimable
et
sévère
le
monde
ô
liberté
suit
tes
nobles
élans
comme
une
jeune
épouse
il
t’aime
et
te
révère
comme
une
aïeule
en
cheveux
blancs
salut
tu
sais
de
l’âme
écartant
les
entraves
descendre
au
cachot
des
esclaves
plutôt
qu’au
palais
des
tyrans
aux
concerts
du
cédron
mêlant
ceux
du
permesse
ta
voix
douce
a
toujours
quelque
illustre
promesse
qu’entendent
les
héros
mourants
je
disais
souriant
à
mon
ivresse
austère
je
vis
venir
à
moi
les
sages
de
la
terre
voici
la
liberté
plus
de
sang
plus
de
pleurs
les
peuples
réveillés
s’inclinent
devant
elle
viens
ô
son
jeune
amant
car
voici
l’immortelle
…
et
j’accourus
portant
des
palmes
et
des
fleurs
iii
ô
dieu
leur
liberté
c’était
un
monstre
immense
se
nommant
vérité
parce
qu’il
était
nu
balbutiant
les
cris
de
l’aveugle
démence
et
l’aveu
du
vice
ingénu
la
fable
eût
pu
donner
à
ses
fureurs
impies
l’ongle
flétrissant
des
harpies
et
les
mille
bras
d’ægéon
la
dépouille
de
rome
ornait
l’impure
idole
le
vautour
remplaçait
l’aigle
à
son
capitole
l’enfer
peuplait
son
panthéon
le
supplice
hagard
la
torture
écumante
lui
conduisaient
la
mort
comme
une
heureuse
amante
le
monstre
aux
pieds
foulait
tout
un
peuple
innocent
et
les
sages
menteurs
aux
pompeuses
doctrines
soutenaient
ses
pas
lourds
quand
parmi
les
ruines
il
chancelait
ivre
de
sang
mêlant
les
lois
de
sparte
aux
fêtes
de
sodome
dans
tous
les
attentats
cherchant
tous
les
fléaux
par
le
néant
de
l’âme
il
croyait
grandir
l’homme
et
réveillait
le
vieux
chaos
pour
frapper
leur
couronne
osant
frapper
leur
tête
des
rois
perdus
dans
la
tempête
il
brisait
le
trône
avili
et
de
l’éternité
lui
laissant
quelque
reste
daignait
à
dieu
muet
dans
son
exil
céleste
offrir
un
échange
d’oubli
iv
et
les
sages
disaient
gloire
à
notre
sagesse
voici
les
jours
de
rome
et
les
temps
de
la
grèce
nations
de
vos
rois
brisez
l’indigne
frein
liberté
n’ayez
plus
de
maîtres
que
vous
même
car
nous
tenons
de
toi
notre
pouvoir
suprême
sois
donc
heureux
et
libre
ô
peuple
souverain
…
tyrans
adulateurs
caresses
mensongères
ô
honte
asie
afrique
où
sont
tous
vos
sultans
que
leurs
sceptres
sont
doux
et
leurs
chaînes
légères
près
de
ces
bourreaux
insultants
rends
gloire
ô
foule
abjecte
en
tes
fers
assoupie
au
vil
monstre
d’éthiopie
par
un
fer
jaloux
mutilé
gloire
aux
muets
cachés
au
harem
du
prophète
gloire
à
l’esclave
obscur
qui
leur
livre
sa
tête
du
moins
en
silence
immolé
le
sultan
sous
des
murs
de
jaspe
et
de
porphyre
jetant
à
cent
beautés
un
dédaigneux
sourire
foule
la
pourpre
et
l’or
et
l’ambre
et
le
corail
et
de
loin
en
passant
le
peuple
peut
connaître
où
sont
les
plaisirs
de
son
maître
à
la
tête
qui
pend
aux
portes
du
sérail
peuple
heureux
éveillant
la
révolte
hardie
parmi
ses
toits
troublés
dans
l’ombre
bien
souvent
l’inquiet
janissaire
égare
l’incendie
sur
l’aile
bruyante
du
vent
peuple
heureux
d’un
vizir
sa
vie
est
le
domaine
un
poison
que
la
mort
promène
flétrit
son
rivage
infecté
l’esclavage
le
courbe
au
joug
de
l’épouvante
peuple
trois
fois
heureux
divins
sages
qu’on
vante
il
n’a
pas
votre
liberté
v
ô
france
c’est
au
ciel
qu’en
nos
jours
de
colère
a
fui
la
liberté
mère
des
saints
exploits
il
faut
pour
réfléchir
cet
astre
tutélaire
que
pur
dans
tous
ses
flots
le
fleuve
populaire
coule
à
l’ombre
du
trône
appuyé
sur
les
lois
un
dieu
du
joug
du
mal
a
délivré
le
monde
parmi
les
opprimés
il
vint
prendre
son
rang
rois
—
en
vœux
fraternels
sa
parole
est
féconde
peuple
—
il
fut
pauvre
humble
et
souffrant
la
liberté
sourit
à
toutes
les
victimes
à
tous
les
dévouements
sublimes
sauveurs
des
états
secourus
à
ses
yeux
la
vendée
est
sœur
des
thermopyles
et
le
même
laurier
dans
les
mêmes
asiles
unit
malesherbe
et
codrus
vi
quand
l’impie
a
porté
l’outrage
au
sanctuaire
tout
fuit
le
temple
en
deuil
de
splendeur
dépouillé
mais
le
prêtre
fidèle
assis
dans
la
poussière
prodigue
plus
d’encens
répand
plus
de
prière
courbe
plus
bas
son
front
devant
l’autel
souillé
3
juillet
1823
ode
septième
la
guerre
d’espagne
sine
clade
victor
i
oh
que
la
royauté
puissante
et
vénérable
fille
aux
cheveux
blanchis
des
âges
révolus
perçant
de
ses
clartés
leur
nuit
impénétrable
où
tant
d’astres
ne
brillent
plus
soumettant
l’aigle
au
cygne
et
l’autour
aux
colombes
s’élevant
de
tombes
en
tombes
géant
que
grandit
son
fardeau
consacrant
sur
l’autel
le
fer
dont
elle
est
ceinte
et
mêlant
les
rayons
de
l’auréole
sainte
aux
fleurons
du
royal
bandeau
oh
que
la
royauté
peuples
est
douce
et
belle
—
à
force
de
bienfaits
elle
achète
ses
droits
son
bras
fort
quand
bouillonne
une
foule
rebelle
couvre
les
sceptres
d’une
croix
ce
colosse
d’airain
de
ses
mains
séculaires
dans
les
nuages
populaires
lève
un
phare
aux
feux
éclatants
et
liant
au
passé
l’avenir
qu’il
féconde
pose
à
la
fois
ses
pieds
en
vain
battus
de
l’onde
sur
les
deux
rivages
du
temps
ii
aussi
que
de
malheurs
suprêmes
elle
impose
aux
infortunés
qui
sous
le
joug
des
diadèmes
courbèrent
leurs
fronts
condamnés
il
faut
que
leur
cœur
soit
sublime
affrontant
la
foudre
et
l’abîme
leur
nef
ne
doit
pas
fuir
l’écueil
un
roi
digne
de
la
couronne
ne
sait
pas
descendre
du
trône
mais
il
sait
descendre
au
cercueil
il
faut
comme
un
soldat
qu’un
prince
ait
une
épée
il
faut
des
factions
quand
l’astre
impur
a
lui
que
nuit
et
jour
bravant
leur
attente
trompée
un
glaive
veille
auprès
de
lui
ou
que
de
son
armée
il
se
fasse
un
cortège
que
son
fier
palais
se
protège
d’un
camp
au
front
étincelant
car
de
la
royauté
la
guerre
est
la
compagne
on
ne
peut
te
briser
sceptre
de
charlemagne
sans
briser
le
fer
de
roland
iii
roland
—
n’est
il
pas
vrai
noble
élu
de
la
guerre
que
ton
ombre
éveillée
aux
cris
de
nos
guerriers
aux
champs
de
roncevaux
lorsqu’ils
passaient
naguère
les
prit
pour
d’anciens
chevaliers
car
le
héros
assis
sur
sa
tombe
célèbre
les
voyait
vers
les
bords
de
l’èbre
déployant
leur
vol
immortel
du
haut
des
monts
pareils
à
l’aigle
ouvrant
ses
ailes
secouer
pour
chasser
de
nouveaux
infidèles
l’éclatant
cimier
de
martel
mais
un
autre
héros
encore
pélage
l’effroi
des
tyrans
pélage
autre
vainqueur
du
maure
dans
les
cieux
saluait
nos
rangs
au
char
où
notre
gloire
brille
il
attelait
de
la
castille
le
vieux
lion
fier
et
soumis
répétant
notre
cri
d’alarmes
il
mêlait
sa
lance
à
nos
armes
et
sa
voix
nous
disait
amis
iv
des
pas
d’un
conquérant
l’espagne
encor
fumante
pleurait
prostituée
à
notre
liberté
entre
les
bras
sanglants
de
l’effroyable
amante
sa
royale
virginité
ce
peuple
altier
chargé
de
despotes
vulgaires
maudissait
épuisé
de
guerres
le
monstre
en
ses
champs
accouru
si
las
des
vils
tribuns
et
des
tyrans
serviles
que
lui
même
appelait
l’étranger
dans
ses
villes
sans
frémir
d’être
secouru
les
français
sont
venus
—
du
rhin
jusqu’au
bosphore
peuples
de
l’aquilon
du
couchant
du
midi
pourquoi
vous
dont
le
front
que
l’effroi
trouble
encore
se
courba
sous
leur
pied
hardi
nations
de
la
veille
à
leur
chaîne
échappées
qu’on
vit
tomber
sous
leurs
épées
ou
qui
par
eux
avez
vécu
empires
potentats
cités
royaumes
princes
pourquoi
puissants
états
qui
fûtes
nos
provinces
me
demander
s’ils
ont
vaincu
ils
ont
appris
à
l’anarchie
ce
que
pèse
le
fer
gaulois
mais
par
eux
l’espagne
affranchie
ne
peut
rougir
de
leurs
exploits
tous
les
peuples
que
dieu
seconde
quand
l’hydre
en
désastre
féconde
tourne
vers
eux
son
triple
dard
ont
ligués
contre
sa
furie
le
temple
pour
même
patrie
la
croix
pour
commun
étendard
v
pourtant
que
désormais
madrid
taise
à
l’histoire
des
succès
trop
longtemps
par
son
orgueil
redits
et
le
royal
captif
que
l’ingrate
victoire
dans
ses
murs
envoya
jadis
cadix
nous
a
vengés
de
l’affront
de
pavie
à
l’ombre
d’un
héros
ravie
la
gloire
a
rendu
tous
ses
droits
oubliant
quel
français
a
porté
ses
entraves
la
fière
espagne
a
vu
si
les
mains
de
nos
braves
savent
briser
les
fers
des
rois
préparez
castillans
des
fêtes
solennelles
des
murs
de
saragosse
aux
champs
d’almonacid
mêlez
à
nos
lauriers
vos
palmes
fraternelles
chantez
bayard
—
chantons
le
cid
qu’au
vieil
escurial
le
vieux
louvre
réponde
que
votre
drapeau
se
confonde
à
nos
drapeaux
victorieux
que
gadès
édifie
un
auteur
sur
sa
plage
que
de
lui
même
aux
monts
d’où
se
leva
pélage
s’allume
un
feu
mystérieux
pour
témoigner
de
leurs
paroles
où
sont
ces
nouveaux
décius
le
brasier
attend
les
scévoles
le
gouffre
attend
les
curtius
quoi
traînant
leurs
fronts
dans
la
poudre
tous
de
bourbon
qui
tient
la
foudre
embrassent
les
sacrés
genoux
…
—
ah
la
victoire
est
généreuse
leur
cause
inique
est
malheureuse
ils
sont
vaincus
ils
sont
absous
vi
un
bourbon
pour
punir
ne
voudrait
pas
combattre
le
droit
de
son
triomphe
est
toujours
le
pardon
pourtant
des
factions
que
son
bras
vient
d’abattre
il
éteint
le
dernier
brandon
oh
de
combien
de
maux
peuples
il
vous
délivre
hélas
à
quels
forfaits
se
livre
le
monstre
à
ses
pieds
frémissant
nous
qui
l’avons
vaincu
nous
fûmes
sa
conquête
nous
savons
lorsque
tombe
une
royale
tête
combien
il
en
coule
de
sang
ô
nos
guerriers
venez
vos
mères
sont
contentes
vos
bras
terreur
du
monde
en
deviennent
l’appui
assez
on
vit
crouler
de
trônes
sous
vos
tentes
relevez
les
rois
aujourd’hui
dieu
met
sur
votre
char
son
arche
glorieuse
votre
tente
victorieuse
est
son
tabernacle
immortel
des
saintes
légions
votre
étendard
dispose
il
veut
que
votre
casque
à
sa
droite
repose
entre
les
vases
de
l’autel
vii
c’en
est
fait
loin
de
l’espérance
chassant
le
crime
épouvanté
les
cieux
commettent
à
la
france
la
garde
de
la
royauté
son
génie
éclairant
les
trames
luit
comme
la
lampe
aux
sept
flammes
cachée
aux
temples
du
jourdain
gardien
des
trônes
qu’il
relève
son
glaive
est
le
céleste
glaive
qui
flamboie
aux
portes
d’éden
novembre
1823
ode
huitième
à
l’arc
de
triomphe
de
l’étoile
non
deficit
alter
virgile
i
la
france
a
des
palais
des
tombeaux
des
portiques
de
vieux
châteaux
tout
pleins
de
bannières
antiques
héroïques
joyaux
conquis
dans
les
dangers
sa
pieuse
valeur
prodigue
en
fiers
exemples
pour
parer
ces
superbes
temples
dépouille
les
camps
étrangers
on
voit
dans
ses
cités
de
monuments
peuplées
rome
et
ses
dieux
memphis
et
ses
noirs
mausolées
le
lion
de
venise
en
leurs
murs
a
dormi
et
quand
pour
embellir
nos
vastes
babylones
le
bronze
manque
à
ses
colonnes
elle
en
demande
à
l’ennemi
lorsque
luit
aux
combats
son
armure
enflammée
son
oriflamme
auguste
et
de
lys
parsemée
chasse
les
escadrons
ainsi
que
des
troupeaux
puis
elle
offre
aux
vaincus
des
dons
après
les
guerres
et
comme
des
hochets
vulgaires
y
mêle
leurs
propres
drapeaux
ii
arc
triomphal
la
foudre
en
terrassant
ton
maître
semblait
avoir
frappé
ton
front
encore
à
naître
par
nos
exploits
nouveaux
te
voilà
relevé
car
on
n’a
pas
voulu
dans
notre
illustre
armée
qu’il
fût
de
notre
renommée
un
monument
inachevé
dis
aux
siècles
le
nom
de
leur
chef
magnanime
qu’on
lise
sur
ton
front
que
nul
laurier
sublime
à
des
glaives
français
ne
peut
se
dérober
lève
toi
jusqu’aux
cieux
portique
de
victoire
que
le
géant
de
notre
gloire
puisse
passer
sans
se
courber
novembre
1823
ode
neuvième
la
mort
de
mlle
de
sombreuil
sunt
lacrymæ
rerum
virgile
une
femme
mourut
qui
pratiquait
l’aumône
a
guiraud
l’aumône
i
lyre
encore
un
hommage
à
la
vertu
qui
t’aime
assez
tu
dérobas
des
hymnes
d’anathème
au
funèbre
isaïe
au
triste
ézéchiel
pour
consoler
les
morts
pour
pleurer
les
victimes
lyre
il
faut
de
ces
chants
sublimes
dont
tous
les
échos
sont
au
ciel
elle
aussi
dieu
l’a
rappelée
—
les
cieux
nous
enviaient
sombreuil
ils
ont
repris
leur
exilée
nous
tous
bannis
traînons
le
deuil
répondez
a
t
on
vu
son
ombre
s’évanouir
dans
la
nuit
sombre
ou
fuir
vers
le
jour
immortel
la
vit
on
monter
ou
descendre
où
déposerons
nous
sa
cendre
est
ce
à
la
tombe
est
ce
à
l’autel
ne
pleurez
pas
prions
les
saints
l’ont
réclamée
prions
adorez
la
vous
qui
l’avez
aimée
elle
est
avec
ses
sœurs
anges
purs
et
charmants
ces
vierges
qui
jadis
sur
la
croix
attachées
ou
comme
au
sein
des
fleurs
sur
des
brasiers
couchées
s’endormirent
dans
les
tourments
sa
vie
était
un
pur
mystère
d’innocence
et
de
saints
remords
cette
âme
a
passé
sur
la
terre
entre
les
vivants
et
les
morts
souvent
hélas
l’infortunée
comme
si
de
sa
destinée
la
mort
eût
rompu
le
lien
sentit
avec
des
terreurs
vaines
se
glacer
dans
ses
pâles
veines
un
sang
qui
n’était
pas
le
sien
ii
ô
jour
où
le
trépas
perdit
son
privilège
où
rachetant
un
meurtre
au
prix
d’un
sacrilège
le
sang
des
morts
coula
dans
son
sein
virginal
entre
l’impur
breuvage
et
le
fer
parricide
les
bourreaux
poursuivaient
l’héroïne
timide
d’une
insulte
funèbre
et
d’un
rire
infernal
son
triomphe
est
dans
son
supplice
elle
a
levant
ses
yeux
au
ciel
bu
le
sang
au
même
calice
où
jésus
mourant
but
le
fiel
oh
que
d’amour
dans
ce
courage
…
mais
quand
périrent
dans
l’orage
ses
parents
que
la
france
a
plaints
pour
consoler
l’auguste
fille
dieu
lui
confia
sa
famille
et
de
veuves
et
d’orphelins
iii
car
il
lui
fut
donné
de
survivre
au
martyre
—
elle
fut
sur
nos
bords
d’où
la
foi
se
retire
comme
un
rayon
du
soir
resté
sur
l’horizon
dieu
la
marqua
d’un
signe
entre
toutes
les
femmes
et
voulut
dans
son
champ
où
glanent
si
peu
d’âmes
laisser
cet
épi
mûr
de
la
sainte
moisson
elle
était
heureuse
ici
même
du
bras
dont
il
venge
ses
droits
le
seigneur
soutient
ceux
qu’il
aime
et
les
aide
à
porter
la
croix
il
montre
en
visions
étranges
à
jacob
l’échelle
des
anges
à
saül
les
antres
d’endor
sa
main
mystérieuse
et
sainte
sait
cacher
le
miel
dans
l’absinthe
et
la
cendre
dans
les
fruits
d’or
sa
constante
équité
n’est
jamais
assoupie
le
méchant
sous
la
pourpre
où
son
bonheur
s’expie
envie
un
toit
de
chaume
au
fidèle
abattu
et
quand
l’impie
heureux
bercé
sur
des
abîmes
se
crée
un
enfer
de
ses
crimes
le
juste
en
pleurs
se
fait
un
ciel
de
sa
vertu
on
dit
qu’en
dépouillant
la
vie
elle
parut
la
regretter
et
jeta
des
regards
d’envie
sur
les
fers
qu’elle
allait
quitter
—
ô
mon
dieu
retardez
mon
heure
loin
de
la
vallée
où
l’on
pleure
suis
je
digne
de
m’envoler
ce
n’est
pas
la
mort
que
j’implore
seigneur
je
puis
souffrir
encore
et
je
veux
encor
consoler
je
pars
ayez
pitié
de
ceux
que
j’abandonne
quel
amour
leur
rendra
l’amour
que
je
leur
donne
pourquoi
du
saint
bonheur
sitôt
me
couronner
laissez
mon
âme
encor
sur
leurs
maux
se
répandre
je
n’aurai
plus
au
ciel
d’opprimés
à
défendre
ni
d’oppresseurs
à
pardonner
il
faut
donc
que
le
juste
meure
—
en
vain
dans
ses
regrets
nommés
ont
passé
devant
sa
demeure
tous
ses
pauvres
accoutumés
maintenant
ô
fils
des
chaumières
payez
son
aumône
en
prières
suivez
la
d’un
pieux
adieu
orphelins
veuves
déplorables
vous
tous
faibles
et
misérables
images
augustes
de
dieu
iv
ô
dieu
ne
reprends
pas
ceux
que
ta
flamme
anime
si
la
vertu
s’en
va
que
deviendra
le
crime
où
pourront
du
méchant
se
reposer
les
yeux
n’enlève
pas
au
monde
un
espoir
salutaire
laisse
des
justes
sur
la
terre
n’as
tu
donc
pas
seigneur
assez
d’anges
aux
cieux
1er
4
octobre
1823
ode
dixième
le
dernier
chant
ô
muse
qui
daignas
me
soutenir
dans
une
carrière
aussi
longue
que
périlleuse
retourne
maintenant
aux
célestes
demeures
…
adieu
consolatrice
de
mes
jours
toi
qui
partageas
mes
plaisirs
et
bien
plus
souvent
mes
douleurs
chateaubriand
les
martyrs
et
toi
dépose
aussi
la
lyre
qu’importe
le
dieu
qui
t’inspire
à
ces
mortels
vains
et
grossiers
on
en
rit
quand
ta
main
l’encense
brise
donc
ce
luth
sans
puissance
descends
de
ce
char
sans
coursiers
—
oh
qu’il
est
saint
et
pur
le
transport
du
poëte
quand
il
voit
en
espoir
bravant
la
mort
muette
du
voyage
des
temps
sa
gloire
revenir
sur
les
âges
futurs
de
sa
hauteur
sublime
il
se
penche
écoutant
son
lointain
souvenir
et
son
nom
comme
un
poids
jeté
dans
un
abîme
éveille
mille
échos
au
fond
de
l’avenir
je
n’ai
point
cette
auguste
joie
les
siècles
ne
sont
point
ma
proie
la
gloire
ne
dit
pas
mon
rang
ma
muse
en
l’orage
qui
gronde
est
tombée
au
courant
du
monde
comme
un
lys
aux
flots
d’un
torrent
pourtant
ma
douce
muse
est
innocente
et
belle
l’astre
de
bethléem
a
des
regards
pour
elle
j’ai
suivi
l’humble
étoile
aux
rois
pasteurs
pareil
le
seigneur
m’a
donné
le
don
de
sa
parole
car
son
peuple
l’oublie
en
un
lâche
sommeil
et
soit
que
mon
luth
pleure
ou
menace
ou
console
mes
chants
volent
à
dieu
comme
l’aigle
au
soleil
mon
âme
à
sa
source
embrasée
monte
de
pensée
en
pensée
ainsi
du
ruisseau
précieux
où
l’arabe
altéré
s’abreuve
la
goutte
d’eau
passe
au
grand
fleuve
du
fleuve
aux
mers
des
mers
aux
cieux
mais
ô
fleurs
sans
parfums
foyers
sans
étincelles
hommes
l’air
parmi
vous
manque
à
mes
larges
ailes
votre
monde
est
borné
votre
souffle
est
mortel
les
lyres
sont
pour
vous
comme
des
voix
vulgaires
je
m’enivre
d’absinthe
enivrez
vous
de
miel
bien
aimez
vos
amours
et
guerroyez
vos
guerres
vous
dont
l’œil
mort
se
ferme
à
tout
rayon
du
ciel
sans
éveiller
d’écho
sonore
j’ai
haussé
ma
voix
faible
encore
et
ma
lyre
aux
fibres
d’acier
a
passé
sur
ces
âmes
viles
comme
sur
le
pavé
des
villes
l’ongle
résonnant
du
coursier
en
vain
j’ai
fait
gronder
la
vengeance
éternelle
en
vain
j’ai
pour
fléchir
leur
âme
criminelle
fait
parler
le
pardon
par
la
voix
des
douleurs
du
haut
des
cieux
tonnants
mon
austère
pensée
sur
cette
terre
ingrate
où
germent
les
malheurs
tombant
pluie
orageuse
ou
propice
rosée
n’a
point
flétri
l’ivraie
et
fécondé
des
fleurs
du
tombeau
tout
franchit
la
porte
l’homme
hélas
que
le
temps
emporte
en
vain
contre
lui
se
débat
rien
de
dieu
ne
trompe
l’attente
et
la
vie
est
comme
une
tente
où
l’on
dort
avant
le
combat
voilà
tristes
mortels
ce
que
leur
âme
oublie
l’urne
des
ans
pour
tous
n’est
pas
toujours
remplie
mais
qu’ils
passent
en
paix
sous
le
ciel
outragé
qu’ils
jouissent
des
jours
dans
leurs
frêles
demeures
quand
dans
l’éternité
leur
sort
sera
plongé
les
insensés
en
vain
s’attacheront
aux
heures
comme
aux
débris
épars
d’un
vaisseau
submergé
adieu
donc
ce
luth
qui
soupire
muse
ici
tu
n’as
plus
d’empire
ô
muse
aux
concerts
immortels
fuis
la
foule
qui
te
contemple
referme
les
voiles
du
temple
rends
leur
ombre
aux
chastes
autels
je
vous
rapporte
ô
dieu
le
rameau
d’espérance
—
voici
le
divin
glaive
et
la
céleste
lance
j’ai
mal
atteint
le
but
où
j’étais
envoyé
souvent
des
vents
jaloux
jouet
involontaire
l’aiglon
suspend
son
vol
à
peine
déployé
souvent
d’un
trait
de
feu
cherchant
en
vain
la
terre
l’éclair
remonte
au
ciel
sans
avoir
foudroyé
1823
livre
troisième
1824
1828
le
temps
qui
dérobe
à
la
jeunesse
ses
années
m’en
a
déjà
ravi
vingt
trois
sur
son
aile
mes
jours
s’écoulent
à
longs
flots…
mais
quelle
que
soit
mon
intelligence
étendue
ou
bornée
précoce
ou
tardive
elle
sera
toujours
mesurée
au
but
vers
lequel
m’entraîne
le
temps
me
guide
le
ciel
car
j’userai
sans
cesse
de
moi
même
sous
l’œil
de
celui
qui
me
donne
ma
tâche
de
mon
divin
créateur
milton
sonnets
ode
première
à
m
alphonse
de
l
or
sachant
ces
choses
nous
venons
enseigner
aux
hommes
la
crainte
de
dieu
ii
cor
v
i
pourtant
je
m’étais
dit
abritons
mon
navire
ne
livrons
plus
ma
voile
au
vent
qui
la
déchire
cachons
ce
luth
mes
chants
peut
être
auraient
vécu
soyons
comme
un
soldat
qui
revient
sans
murmure
suspendre
à
son
chevet
un
vain
reste
d’armure
et
s’endort
vainqueur
ou
vaincu
je
ne
demandais
plus
à
la
muse
que
j’aime
qu’un
seul
chant
pour
ma
mort
solennel
et
suprême
le
poëte
avec
joie
au
tombeau
doit
s’offrir
s’il
ne
souriait
pas
au
moment
où
l’on
pleure
chacun
lui
dirait
voici
l’heure
pourquoi
ne
pas
chanter
puisque
tu
vas
mourir
c’est
que
la
mort
n’est
pas
ce
que
la
foule
en
pense
c’est
l’instant
où
notre
âme
obtient
sa
récompense
où
le
fils
exilé
rentre
au
sein
paternel
quand
nous
penchons
près
d’elle
une
oreille
inquiète
la
voix
du
trépassé
que
nous
croyons
muette
a
commencé
l’hymne
éternel
ii
plus
tôt
que
je
n’ai
dû
je
reviens
dans
la
lice
mais
tu
le
veux
ami
ta
muse
est
ma
complice
ton
bras
m’a
réveillé
c’est
toi
qui
m’as
dit
va
dans
la
mêlée
encor
jetons
ensemble
un
gage
de
plus
en
plus
elle
s’engage
marchons
et
confessons
le
nom
de
jéhova
j’unis
donc
à
tes
chants
quelques
chants
téméraires
prends
ton
luth
immortel
nous
combattrons
en
frères
pour
les
mêmes
autels
et
les
mêmes
foyers
montés
au
même
char
comme
un
couple
homérique
nous
tiendrons
pour
lutter
dans
l’arène
lyrique
toi
la
lance
moi
les
coursiers
puis
pour
faire
une
part
à
la
faiblesse
humaine
je
ne
sais
quelle
pente
au
combat
me
ramène
j’ai
besoin
de
revoir
ce
que
j’ai
combattu
de
jeter
sur
l’impie
un
dernier
anathème
de
te
dire
à
toi
que
je
t’aime
et
de
chanter
encore
un
hymne
à
la
vertu
iii
ah
nous
ne
sommes
plus
au
temps
où
le
poëte
parlait
au
ciel
en
prêtre
à
la
terre
en
prophète
que
moïse
isaïe
apparaisse
en
nos
champs
les
peuples
qu’ils
viendront
juger
punir
absoudre
dans
leurs
yeux
pleins
d’éclairs
méconnaîtront
la
foudre
qui
tonne
en
éclats
dans
leurs
chants
vainement
ils
iront
s’écriant
dans
les
villes
plus
de
rébellions
plus
de
guerres
civiles
aux
autels
du
veau
d’or
pourquoi
danser
toujours
dagon
va
s’écrouler
baal
va
disparaître
le
seigneur
a
dit
à
son
prêtre
pour
faire
pénitence
ils
n’ont
que
peu
de
jours
rois
peuples
couvrez
vous
d’un
sac
souillé
de
cendre
bientôt
sur
la
nuée
un
juge
doit
descendre
vous
dormez
que
vos
yeux
daignent
enfin
s’ouvrir
tyr
appartient
aux
flots
gomorrhe
à
l’incendie
secouez
le
sommeil
de
votre
âme
engourdie
et
réveillez
vous
pour
mourir
ah
malheur
au
puissant
qui
s’enivre
en
des
fêtes
riant
de
l’opprimé
qui
pleure
et
des
prophètes
ainsi
que
balthazar
ignorant
ses
malheurs
il
ne
voit
pas
aux
murs
de
la
salle
bruyante
les
mots
qu’une
main
flamboyante
trace
en
lettres
de
feu
parmi
les
nœuds
de
fleurs
il
sera
rejeté
comme
ce
noir
génie
effrayant
par
sa
gloire
et
par
son
agonie
qui
tomba
jeune
encor
dont
ce
siècle
est
rempli
pourtant
napoléon
du
monde
était
le
faîte
ses
pieds
éperonnés
des
rois
pliaient
la
tête
et
leur
tête
gardait
le
pli
malheur
donc
—
malheur
même
au
mendiant
qui
frappe
hypocrite
et
jaloux
aux
portes
du
satrape
à
l’esclave
en
ses
fers
au
maître
en
son
château
à
qui
voyant
marcher
l’innocent
aux
supplices
entre
deux
meurtriers
complices
n’étend
point
sous
ses
pas
son
plus
riche
manteau
malheur
à
qui
dira
ma
mère
est
adultère
à
qui
voile
un
cœur
vil
sous
un
langage
austère
à
qui
change
en
blasphème
un
serment
effacé
au
flatteur
médisant
reptile
à
deux
visages
à
qui
s’annoncera
sage
entre
tous
les
sages
oui
malheur
à
cet
insensé
peuples
vous
ignorez
le
dieu
qui
vous
fit
naître
et
pourtant
vos
regards
le
peuvent
reconnaître
dans
vos
biens
dans
vos
maux
à
toute
heure
en
tout
lieu
un
dieu
compte
vos
jours
un
dieu
règne
en
vos
fêtes
lorsqu’un
chef
vous
mène
aux
conquêtes
le
bras
qui
vous
entraîne
est
poussé
par
un
dieu
à
sa
voix
en
vos
temps
de
folie
et
de
crime
les
révolutions
ont
ouvert
leur
abîme
les
justes
ont
versé
tout
leur
sang
précieux
et
les
peuples
troupeau
qui
dormait
sous
le
glaive
ont
vu
comme
jacob
dans
un
étrange
rêve
des
anges
remonter
aux
cieux
frémissez
donc
bientôt
annonçant
sa
venue
le
clairon
de
l’archange
entr’ouvrira
la
nue
jour
d’éternels
tourments
jour
d’éternel
bonheur
resplendissant
d’éclairs
de
rayons
d’auréoles
dieu
vous
montrera
vos
idoles
et
vous
demandera
—
qui
donc
est
le
seigneur
la
trompette
sept
fois
sonnant
dans
les
nuées
poussera
jusqu’à
lui
pâles
exténuées
les
races
à
grands
flots
se
heurtant
dans
la
nuit
jésus
appellera
sa
mère
virginale
et
la
porte
céleste
et
la
porte
infernale
s’ouvriront
ensemble
avec
bruit
dieu
vous
dénombrera
d’une
voix
solennelle
les
rois
se
courberont
sous
le
vent
de
son
aile
chacun
lui
portera
son
espoir
ses
remords
sous
les
mers
sur
les
monts
au
fond
des
catacombes
à
travers
le
marbre
des
tombes
son
souffle
remûra
la
poussière
des
morts
ô
siècle
arrache
toi
de
tes
pensers
frivoles
l’air
va
bientôt
manquer
dans
l’espace
où
tu
voles
mortels
gloire
plaisirs
biens
tout
est
vanité
à
quoi
pensez
vous
donc
vous
qui
dans
vos
demeures
voulez
voir
en
riant
entrer
toutes
les
heures
…
l’éternité
l’éternité
iv
nos
sages
répondront
que
nous
veulent
ces
hommes
ils
ne
sont
pas
du
monde
et
du
temps
dont
nous
sommes
ces
poëtes
sont
ils
nés
au
sacré
vallon
où
donc
est
leur
olympe
où
donc
est
leur
parnasse
quel
est
leur
dieu
qui
nous
menace
a
t
il
le
char
de
mars
a
t
il
l’arc
d’apollon
s’ils
veulent
emboucher
le
clairon
de
pindare
n’ont
ils
pas
hiéron
la
fille
de
tyndare
castor
pollux
l’élide
et
les
jeux
des
vieux
temps
l’arène
où
l’encens
roule
en
longs
flots
de
fumée
la
roue
aux
rayons
d’or
de
clous
d’airain
semée
et
les
quadriges
éclatants
pourquoi
nous
effrayer
de
clartés
symboliques
nous
aimons
qu’on
nous
charme
en
des
chants
bucoliques
qu’on
y
fasse
lutter
ménalque
et
palémon
pour
dire
l’avenir
à
notre
âme
débile
on
a
l’écumante
sibylle
que
bat
à
coups
pressés
l’aile
d’un
noir
démon
pourquoi
dans
nos
plaisirs
nous
suivre
comme
une
ombre
pourquoi
nous
dévoiler
dans
sa
nudité
sombre
l’affreux
sépulcre
ouvert
devant
nos
pas
tremblants
anacréon
chargé
du
poids
des
ans
moroses
pour
songer
à
la
mort
se
comparait
aux
roses
qui
mouraient
sur
ses
cheveux
blancs
virgile
n’a
jamais
laissé
fuir
de
sa
lyre
des
vers
qu’à
lycoris
son
gallus
ne
pût
lire
toujours
l’hymne
d’horace
au
sein
des
ris
est
né
jamais
il
n’a
versé
de
larmes
immortelles
la
poussière
des
cascatelles
seule
a
mouillé
son
luth
de
myrtes
couronné
v
voilà
de
quels
dédains
leurs
âmes
satisfaites
accueilleraient
ami
dieu
même
et
ses
prophètes
et
puis
tu
les
verrais
vainement
irrité
continuer
joyeux
quelque
festin
folâtre
ou
pour
dormir
aux
sons
d’une
lyre
idolâtre
se
tourner
de
l’autre
côté
mais
qu’importe
accomplis
ta
mission
sacrée
chante
juge
bénis
ta
bouche
est
inspirée
le
seigneur
en
passant
t’a
touché
de
sa
main
et
pareil
au
rocher
qu’avait
frappé
moïse
pour
la
foule
au
désert
assise
la
poésie
en
flots
s’échappe
de
ton
sein
moi
fussé
je
vaincu
j’aimerai
ta
victoire
tu
le
sais
pour
mon
cœur
ami
de
toute
gloire
les
triomphes
d’autrui
ne
sont
pas
un
affront
poëte
j’eus
toujours
un
chant
pour
les
poëtes
et
jamais
le
laurier
qui
pare
d’autres
têtes
ne
jeta
d’ombre
sur
mon
front
souris
même
à
l’envie
amère
et
discordante
elle
outrageait
homère
elle
attaquait
le
dante
sous
l’arche
triomphale
elle
insulte
au
guerrier
il
faut
bien
que
ton
nom
dans
ses
cris
retentisse
le
temps
amène
la
justice
laisse
tomber
l’orage
et
grandir
ton
laurier
vi
telle
est
la
majesté
de
tes
concerts
suprêmes
que
tu
sembles
savoir
comment
les
anges
mêmes
sur
les
harpes
du
ciel
laissent
errer
leurs
doigts
on
dirait
que
dieu
même
inspirant
ton
audace
parfois
dans
le
désert
t’apparaît
face
à
face
et
qu’il
te
parle
avec
la
voix
17
octobre
1825
ode
deuxième
à
m
de
chateaubriand
on
ne
tourmente
pas
les
arbres
stériles
et
desséchés
ceux
là
seulement
sont
battus
de
pierres
dont
le
front
est
couronné
de
fruits
d’or
aben
hamed
i
il
est
chateaubriand
de
glorieux
navires
qui
veulent
l’ouragan
plutôt
que
les
zéphires
il
est
des
astres
rois
des
cieux
étincelants
mondes
volcans
jetés
parmi
les
autres
mondes
qui
volent
dans
les
nuits
profondes
le
front
paré
des
feux
qui
dévorent
leurs
flancs
le
génie
a
partout
des
symboles
sublimes
ses
plus
chers
favoris
sont
toujours
des
victimes
et
doivent
aux
revers
l’éclat
que
nous
aimons
une
vie
éminente
est
sujette
aux
orages
la
foudre
a
des
éclats
le
ciel
a
des
nuages
qui
ne
s’arrêtent
qu’aux
grands
monts
oui
tout
grand
cœur
a
droit
aux
grandes
infortunes
aux
âmes
que
le
sort
sauve
des
lois
communes
c’est
un
tribut
d’honneur
par
la
terre
payé
le
grand
homme
en
souffrant
s’élève
au
rang
des
justes
la
gloire
en
ses
trésors
augustes
n’a
rien
qui
soit
plus
beau
qu’un
laurier
foudroyé
ii
aussi
dans
une
cour
dis
moi
qu’allais
tu
faire
n’es
tu
pas
noble
enfant
d’une
orageuse
sphère
que
nul
malheur
n’étonne
et
ne
trouve
en
défaut
de
ces
amis
des
rois
rares
dans
les
tempêtes
qui
ne
sachant
flatter
qu’au
péril
de
leurs
têtes
les
courtisent
sur
l’échafaud
ce
n’est
pas
lorsqu’un
trône
a
retrouvé
le
faîte
ce
n’est
pas
dans
les
temps
de
puissance
et
de
fête
que
la
faveur
des
cours
sur
de
tels
fronts
descend
il
faut
l’onde
en
courroux
l’écueil
et
la
nuit
sombre
pour
que
le
pilote
qui
sombre
jette
au
phare
sauveur
un
œil
reconnaissant
va
c’est
en
vain
déjà
qu’aux
cours
de
la
conquête
une
main
de
géant
a
pesé
sur
ta
tête
et
chaque
fois
qu’au
gouffre
entraînée
à
grands
pas
la
tremblante
patrie
errait
au
gré
du
crime
elle
eut
pour
s’appuyer
au
penchant
de
l’abîme
ton
front
qui
ne
se
courbe
pas
iii
à
ton
tour
soutenu
par
la
france
unanime
laisse
donc
s’accomplir
ton
destin
magnanime
chacun
de
tes
revers
pour
ta
gloire
est
compté
quand
le
sort
t’a
frappé
tu
lui
dois
rendre
grâce
toi
qu’on
voit
à
chaque
disgrâce
tomber
plus
haut
encor
que
tu
n’étais
monté
7
juin
1824
ode
troisième
les
funérailles
de
louis
xviii
ces
changements
lui
sont
peu
difficiles
c’est
l’œuvre
de
la
droite
du
très
haut
ps
lxxvi
10
il
a
permis
ces
choses
afin
que
ce
qu
il
y
a
de
caché
dans
beaucoup
de
cœurs
fût
révélé
luc
ii
35
i
la
foule
au
seuil
d’un
temple
en
priant
est
venue
mères
enfants
vieillards
gémissent
réunis
et
l’airain
qu’on
balance
ébranle
dans
la
nue
les
hauts
clochers
de
saint
denis
le
sépulcre
est
troublé
dans
ses
mornes
ténèbres
la
mort
de
ces
couches
funèbres
resserre
les
rangs
incomplets
silence
au
noir
séjour
que
le
trépas
protège
—
le
roi
chrétien
suivi
de
son
dernier
cortège
entre
dans
son
dernier
palais
ii
un
autre
avait
dit
—
de
ma
race
ce
grand
tombeau
sera
le
port
je
veux
aux
rois
que
je
remplace
succéder
jusque
dans
la
mort
ma
dépouille
ici
doit
descendre
c’est
pour
faire
place
à
ma
cendre
qu’on
dépeupla
ces
noirs
caveaux
il
faut
un
nouveau
maître
au
monde
à
ce
sépulcre
que
je
fonde
il
faut
des
ossements
nouveaux
je
promets
ma
poussière
à
ces
voûtes
funestes
à
cet
insigne
honneur
ce
temple
a
seul
des
droits
car
je
veux
que
le
ver
qui
rongera
mes
restes
ait
déjà
dévoré
des
rois
et
lorsque
mes
neveux
dans
leur
fortune
altière
domineront
l’europe
entière
du
kremlin
à
l’escurial
ils
viendront
tour
à
tour
dormir
dans
ces
lieux
sombres
afin
que
je
sommeille
escorté
de
leurs
ombres
dans
mon
linceul
impérial
celui
qui
disait
ces
paroles
croyait
soldat
audacieux
voir
en
magnifiques
symboles
sa
destinée
écrite
aux
cieux
dans
ses
étreintes
foudroyantes
son
aigle
aux
serres
flamboyantes
eût
étouffé
l’aigle
romain
la
victoire
était
sa
compagne
et
le
globe
de
charlemagne
était
trop
léger
pour
sa
main
eh
bien
des
potentats
ce
formidable
maître
dans
l’espoir
de
sa
mort
par
le
ciel
fut
trompé
de
ses
ambitions
c’est
la
seule
peut
être
dont
le
but
lui
soit
échappé
en
vain
tout
secondait
sa
marche
meurtrière
en
vain
sa
gloire
incendiaire
en
tous
lieux
portait
son
flambeau
tout
chargé
de
faisceaux
de
sceptres
de
couronnes
ce
vaste
ravisseur
d’empires
et
de
trônes
ne
put
usurper
un
tombeau
tombé
sous
la
main
qui
châtie
l’europe
le
fit
prisonnier
premier
roi
de
sa
dynastie
il
en
fut
aussi
le
dernier
une
île
où
grondent
les
tempêtes
reçut
ce
géant
des
conquêtes
tyran
que
nul
n’osait
juger
vieux
guerrier
qui
dans
sa
misère
dut
l’obole
de
bélisaire
à
la
pitié
de
l’étranger
loin
du
sacré
tombeau
qu’il
s’arrangeait
naguère
c’est
là
que
dépouillé
du
royal
appareil
il
dort
enveloppé
de
son
manteau
de
guerre
sans
compagnon
de
son
sommeil
et
tandis
qu’il
n’a
plus
de
l’empire
du
monde
qu’un
noir
rocher
battu
de
l’onde
qu’un
vieux
saule
battu
du
vent
un
roi
longtemps
banni
qui
fit
nos
jours
prospères
descend
au
lit
de
mort
où
reposaient
ses
pères
sous
la
garde
du
dieu
vivant
iii
c’est
au
gré
de
l’humble
qui
prie
le
seigneur
qui
donne
et
reprend
rend
à
l’exilé
sa
patrie
livre
à
l’exil
le
conquérant
dieu
voulait
qu’il
mourût
en
france
ce
roi
si
grand
dans
la
souffrance
qui
des
douleurs
portait
le
sceau
pour
que
victime
consolée
du
seuil
noir
de
son
mausolée
il
pût
voir
encor
son
berceau
iv
oh
qu’il
s’endorme
en
paix
dans
la
nuit
funéraire
n’a
t
il
pas
oublié
ses
maux
pour
nos
malheurs
ne
nous
lègue
t
il
pas
à
son
généreux
frère
qui
pleure
en
essuyant
nos
pleurs
n’a
t
il
pas
dissipant
nos
rêves
politiques
de
notre
âge
et
des
temps
antiques
proclamé
l’auguste
traité
loi
sage
qui
domptant
la
fougue
populaire
donne
aux
sujets
égaux
un
maître
tutélaire
esclave
de
leur
liberté
sur
nous
un
roi
chevalier
veille
qu’il
conserve
l’aspect
des
cieux
que
nul
bruit
de
longtemps
n’éveille
ce
sépulcre
silencieux
hélas
le
démon
régicide
qui
du
sang
des
bourbons
avide
paya
de
meurtres
leurs
bienfaits
a
comblé
d’assez
de
victimes
ces
murs
dépeuplés
par
des
crimes
et
repeuplés
par
des
forfaits
qu’il
sache
que
jamais
la
couronne
ne
tombe
ce
haut
sommet
échappe
à
son
fatal
niveau
le
supplice
où
des
rois
le
corps
mortel
succombe
n’est
pour
eux
qu’un
sacre
nouveau
louis
chargé
de
fers
par
des
mains
déloyales
dépouillé
des
pompes
royales
sans
cour
sans
guerriers
sans
hérauts
gardant
sa
royauté
devant
la
hache
même
jusque
sur
l’échafaud
prouva
son
droit
suprême
en
faisant
grâce
à
ses
bourreaux
v
de
saint
denis
de
sainte
hélène
ainsi
je
méditais
le
sort
sondant
d’une
vue
incertaine
ces
grands
mystères
de
la
mort
qui
donc
êtes
vous
dieu
superbe
quel
bras
jette
les
tours
sous
l’herbe
change
la
pourpre
en
vil
lambeau
d’où
vient
votre
souffle
terrible
et
quelle
est
la
main
invisible
qui
garde
les
clefs
du
tombeau
septembre
1824
ode
quatrième
le
sacre
de
charles
x
os
superbum
conticescat
simplex
fides
acquiscat
dei
magisterio
que
l’orgueil
se
taise
que
la
simple
foi
contemple
l’exercice
du
pouvoir
de
dieu
prose
—
prières
du
sacre
i
l’orgueil
depuis
trente
ans
est
l’erreur
de
la
terre
c’est
lui
qui
sous
les
droits
étouffa
le
devoir
c’est
lui
qui
dépouilla
de
son
divin
mystère
le
sanctuaire
du
pouvoir
l’orgueil
enfanta
seul
nos
fureurs
téméraires
et
ces
lois
dont
tant
de
nos
frères
ont
subi
l’arrêt
criminel
et
ces
règnes
sanglants
et
ces
hideuses
fêtes
où
sur
un
échafaud
se
proclamant
prophètes
des
bourreaux
créaient
l’éternel
en
vain
pour
dissiper
cette
ingrate
folie
les
leçons
du
seigneur
sur
nous
ont
éclaté
dans
les
faits
merveilleux
que
notre
siècle
oublie
en
vain
dieu
s’est
manifesté
en
vain
un
conquérant
aux
ailes
enflammées
a
rempli
du
bruit
des
armées
le
monde
en
ses
fers
engourdi
des
peuples
obstinés
l’aveuglement
vulgaire
n’a
point
vu
quelle
main
poussait
ses
chars
de
guerre
du
septentrion
au
midi
ii
qui
jamais
de
clovis
surpassa
l’insolence
peuples
dans
son
orgueil
il
plaçait
son
appui
ne
mettant
que
le
monde
et
lui
dans
la
balance
il
crut
qu’elle
penchait
sous
lui
il
bravait
de
vingt
rois
les
armes
épuisées
des
nations
s’étaient
brisées
sur
ce
sicambre
audacieux
sur
la
terre
à
ses
yeux
rien
n’était
redoutable
il
fallut
pour
courber
cette
tête
indomptable
qu’une
colombe
vînt
des
cieux
peuples
au
même
autel
elle
est
redescendue
elle
vient
échappée
aux
profanations
comme
elle
a
de
clovis
fléchi
l’âme
éperdue
vaincre
l’orgueil
des
nations
que
le
siècle
à
son
tour
comme
un
roi
s’humilie
de
la
voix
qui
réconcilie
l’oracle
est
enfin
entendu
la
royauté
longtemps
veuve
de
ses
couronnes
de
la
chaîne
d’airain
qui
lie
au
ciel
les
trônes
a
retrouvé
l’anneau
perdu
iii
naguère
on
avait
vu
les
tyrans
populaires
attaquant
le
passé
comme
un
vieil
ennemi
poursuivre
sous
l’abri
des
marbres
séculaires
le
trésor
gardé
par
remy
du
pontife
endormi
profanant
le
front
pâle
de
sa
tunique
épiscopale
ils
déchirèrent
les
lambeaux
car
ils
bravaient
la
mort
dans
sa
majesté
sainte
et
les
vieillards
souvent
s’écriaient
pleins
de
crainte
—
que
leur
ont
donc
fait
les
tombeaux
mais
trompant
des
vautours
la
fureur
criminelle
dieu
garda
sa
colombe
au
lys
abandonné
elle
va
sur
un
roi
poser
encor
son
aile
ce
bonheur
à
charle
est
donné
charles
sera
sacré
suivant
l’ancien
usage
comme
salomon
le
roi
sage
qui
goûta
les
célestes
mets
quand
sadoch
et
nathan
d’un
baume
l’arrosèrent
et
s’approchant
de
lui
sur
le
front
le
baisèrent
en
disant
qu’il
vive
à
jamais
iv
le
vieux
pays
des
francs
parmi
ses
métropoles
compte
une
église
illustre
où
venaient
tous
nos
rois
de
ce
pas
triomphant
dont
tremblent
les
deux
pôles
s’humilier
devant
la
croix
le
peuple
en
racontait
cent
prodiges
antiques
ce
temple
a
des
voûtes
gothiques
dont
les
saints
aimaient
les
détours
un
séraphin
veillait
à
ses
portes
fermées
et
les
anges
du
ciel
quand
passaient
leurs
armées
plantaient
leurs
drapeaux
sur
ses
tours
c’est
là
que
pour
la
fête
on
dresse
des
trophées
l’or
la
moire
et
l’azur
parent
les
noirs
piliers
comme
un
de
ces
palais
où
voltigeaient
les
fées
dans
les
rêves
des
chevaliers
d’un
trône
et
d’un
autel
les
splendeurs
s’y
répondent
des
festons
de
flambeaux
confondent
leurs
rayons
purs
dans
le
saint
lieu
le
lys
royal
s’enlace
aux
arches
tutélaires
le
soleil
à
travers
les
vitraux
circulaires
mêle
aux
fleurs
des
roses
de
feu
v
voici
que
le
cortège
à
pas
égaux
s’avance
le
pontife
aux
guerriers
demande
charles
dix
l’autel
de
reims
revoit
l’oriflamme
de
france
retrouvée
aux
murs
de
cadix
les
cloches
dans
les
airs
tonnent
le
canon
gronde
devant
l’aîné
des
rois
du
monde
tout
un
peuple
tombe
à
genoux
mille
cris
de
triomphe
en
sons
confus
se
brisent
puis
le
roi
se
prosterne
et
les
évêques
disent
—
seigneur
ayez
pitié
de
nous
celui
qui
vient
en
pompe
à
l’autel
du
dieu
juste
c’est
l’héritier
nouveau
du
vieux
droit
de
clovis
le
chef
des
douze
pairs
que
son
appel
auguste
convoque
en
ces
sacrés
parvis
ses
preux
quand
de
sa
voix
leur
oreille
est
frappée
touchent
le
pommeau
de
l’épée
et
l’ennemi
pâlit
d’effroi
lorsque
ses
légions
rentrent
après
la
guerre
leur
marche
pacifique
ébranle
encor
la
terre
ô
dieu
prenez
pitié
du
roi
car
vous
êtes
plus
grand
que
la
grandeur
des
hommes
nous
vous
louons
seigneur
nous
vous
confessons
dieu
vous
nous
placez
au
faîte
et
dès
que
nous
y
sommes
à
la
vie
il
faut
dire
adieu
vous
êtes
sabaoth
le
dieu
de
la
victoire
les
chérubins
remplis
de
gloire
vous
ont
proclamé
saint
trois
fois
dans
votre
éternité
le
temps
se
précipite
vous
tenez
dans
vos
mains
le
monde
qui
palpite
comme
un
passereau
sous
nos
doigts
vi
le
roi
dit
nous
jurons
comme
ont
juré
nos
pères
de
rendre
à
nos
sujets
paix
amour
équité
d’aimer
aux
mauvais
jours
comme
en
des
temps
prospères
la
charte
de
leur
liberté
nous
vivrons
dans
la
foi
par
nos
aïeux
chérie
des
ordres
de
chevalerie
nous
suivrons
le
chemin
étroit
pour
sauver
l’opprimé
nos
pas
seront
agiles
ainsi
nous
le
jurons
sur
les
saints
évangiles
que
dieu
soit
en
aide
au
bon
droit
montjoie
et
saint
denis
—
voilà
que
clovis
même
se
lève
pour
l’entendre
et
les
deux
saints
guerriers
charlemagne
et
louis
portant
pour
diadème
une
auréole
de
lauriers
et
charles
sept
guidé
par
jeanne
encor
ravie
et
françois
premier
dont
pavie
trouva
l’armure
sans
défaut
et
du
dernier
martyr
l’héroïque
fantôme
ce
roi
deux
fois
sacré
pour
un
double
royaume
à
l’autel
et
sur
l’échafaud
devant
ces
grands
témoins
de
la
grandeur
française
le
saint
chrême
de
charle
a
rajeuni
les
droits
il
reçoit
sans
faiblir
cette
couronne
où
pèse
la
gloire
de
soixante
rois
l’archevêque
bénit
l’épée
héréditaire
et
le
sceptre
et
la
main
austère
dont
nul
signe
n’est
démenti
puis
il
plonge
à
leur
tour
dans
le
divin
calice
ces
gants
qu’un
roi
jamais
n’a
jetés
dans
la
lice
sans
qu’un
monde
n’en
ait
retenti
vii
entre
ô
peuple
—
sonnez
clairons
tambours
fanfare
le
prince
est
sur
le
trône
il
est
grand
et
sacré
sur
la
foule
ondoyante
il
brille
comme
un
phare
des
flots
d’une
mer
entouré
mille
chantres
des
airs
du
peuple
heureuse
image
mêlant
leur
voix
et
leur
plumage
croisent
leur
vol
sous
les
arceaux
car
les
francs
nos
aïeux
croyaient
voir
dans
la
nue
planer
la
liberté
leur
mère
bien
connue
sur
l’aile
errante
des
oiseaux
le
voilà
prêtre
et
roi
—
de
ce
titre
sublime
puisque
le
double
éclat
sur
sa
couronne
a
lui
il
faut
qu’il
sacrifie
où
donc
est
la
victime
—
la
victime
c’est
encor
lui
ah
pour
les
rois
français
qu’un
sceptre
est
formidable
ils
guident
ce
peuple
indomptable
qui
des
peuples
règle
l’essor
le
monde
entier
gravite
et
penche
sur
leur
trône
mais
aussi
l’indigent
que
cherche
leur
aumône
compte
leurs
jours
comme
un
trésor
viii
prière
ô
dieu
garde
à
jamais
ce
roi
qu’un
peuple
adore
romps
de
ses
ennemis
les
flèches
et
les
dards
qu’ils
viennent
du
couchant
qu’ils
viennent
de
l’aurore
sur
des
coursiers
ou
sur
des
chars
charles
comme
au
sina
t’a
pu
voir
face
à
face
du
moins
qu’un
long
bonheur
efface
ses
bien
longues
adversités
qu’ici
bas
des
élus
il
ait
l’habit
de
fête
prête
à
son
front
royal
deux
rayons
de
ta
tête
mets
deux
anges
à
ses
côtés
reims
mai
juin
1825
ode
cinquième
au
colonel
g
a
gustaffson
qu’importe
…
si
notre
nom
prononcé
dans
la
postérité
va
faire
battre
un
cœur
généreux
deux
mille
ans
après
notre
mort
chateaubriand
habet
sua
sidera
tellus
ancienne
devise
i
ce
siècle
jeune
encore
est
déjà
pour
l’histoire
presque
une
éternité
de
malheurs
et
de
gloire
tous
ceux
qu’il
a
vus
naître
ont
vieilli
dans
vingt
ans
il
semble
tant
sa
place
est
vaste
en
leur
mémoire
qu’il
ne
peut
achever
ses
destins
éclatants
sans
fermer
avec
lui
le
grand
cercle
des
temps
chez
des
peuples
fameux
en
des
jours
qu’on
renomme
pour
un
siècle
de
gloire
il
suffisait
d’un
homme
le
nôtre
a
déjà
vu
passer
bien
des
flambeaux
il
peut
lutter
sans
crainte
avec
athène
et
rome
que
lui
fait
la
grandeur
des
âges
les
plus
beaux
il
les
domine
tous
rien
que
par
ses
tombeaux
à
peine
il
était
né
que
d’enghien
sur
la
poudre
mourut
sous
un
arrêt
que
rien
ne
peut
absoudre
il
vit
périr
moreau
byron
nouveau
rhiga
il
vit
des
cieux
vengés
tomber
avec
sa
foudre
cet
aigle
dont
le
vol
douze
ans
se
fatigua
du
caire
au
capitole
et
du
tage
au
volga
—
qu’importe
dit
la
foule
ah
laissons
les
tempêtes
naître
grossir
tonner
sur
ces
sublimes
têtes
pourvu
que
chaque
jour
amène
son
festin
que
toujours
le
soleil
rayonne
pour
nos
fêtes
et
qu’on
nous
laisse
en
paix
couler
notre
destin
oublier
jusqu’au
soir
dormir
jusqu’au
matin
que
le
crime
s’élève
et
que
l’innocent
tombe
qu’importe
—
des
héros
sont
morts
paix
à
leur
tombe
et
nous
mêmes…
qui
sait
si
demain
nous
vivrons
quand
nous
aurons
atteint
le
terme
où
tout
succombe
nous
dirons
le
temps
passe
et
nous
ignorerons
quels
vents
ont
amené
l’orage
sur
nos
fronts
ii
ce
ne
sont
point
là
tes
paroles
toi
dont
nul
n’a
jamais
douté
toi
qui
sans
relâche
t’immoles
au
culte
de
la
vérité
victime
et
vengeur
des
victimes
ton
cœur
aux
dévouements
sublimes
s’offrit
en
tout
temps
en
tout
lieu
toute
ta
vie
est
un
exemple
et
ta
grande
âme
est
comme
un
temple
d’où
ne
sort
que
la
voix
d’un
dieu
il
suffit
de
ton
témoignage
pour
que
tout
mortel
incliné
aille
rendre
un
public
hommage
à
ce
qu’il
avait
profané
ta
bouche
pareille
au
temps
même
n’a
besoin
que
d’un
mot
suprême
pour
récompenser
ou
punir
et
parlant
plus
haut
dans
notre
âge
que
la
flatterie
et
l’outrage
dicte
l’histoire
à
l’avenir
puisqu’il
n’est
plus
d’autres
miracles
que
les
hommes
nés
parmi
nous
tu
succèdes
aux
vieux
oracles
que
l’on
écoutait
à
genoux
à
ta
voix
qui
juge
les
races
nos
demi
dieux
changent
de
places
comme
à
des
chants
mystérieux
quand
la
nuit
déroulait
ses
voiles
jadis
on
voyait
les
étoiles
descendre
ou
monter
dans
les
cieux
pour
mériter
ce
rang
auguste
aux
vertus
par
le
ciel
offert
qui
plus
que
lui
fut
noble
et
juste
et
qui
surtout
a
plus
souffert
cet
homme
a
payé
tant
de
gloire
par
des
malheurs
que
la
mémoire
ne
peut
rappeler
sans
effroi
c’est
un
enfant
des
scandinaves
c’est
gustave
fils
des
gustaves
c’est
un
exilé
—
c’est
un
roi
iii
il
avait
un
ami
dans
ses
fraîches
années
comme
lui
tout
empreint
du
sceau
des
destinées
c’est
ce
jeune
d’enghien
qui
fut
assassiné
gustave
à
ce
forfait
se
jeta
sur
ses
armes
mais
quand
il
vit
l’europe
insensible
à
ses
larmes
calme
et
stoïque
il
dit
pourquoi
donc
suis
je
né
puisque
du
meurtrier
les
nations
vassales
courbent
leurs
fronts
tremblants
sous
ses
mains
colossales
puisque
sa
volonté
des
princes
est
la
loi
puisqu’il
est
le
soleil
qui
domine
leur
sphère
sur
un
trône
aujourd’hui
je
n’ai
plus
rien
à
faire
moi
qui
voudrais
régner
en
roi
il
céda
—
dieu
montrait
par
cet
exemple
insigne
qu’il
refuse
parfois
la
victoire
au
plus
digne
que
plus
tard
pour
punir
il
apparaît
soudain
qu’il
fait
seul
ici
bas
tomber
ce
qu’il
élève
et
que
pour
balancer
bonaparte
et
son
glaive
il
fallait
déjà
plus
que
le
sceptre
d’odin
gustave
jeune
encor
quitta
le
diadème
pour
que
rien
ne
manquât
à
sa
grandeur
suprême
et
tant
que
de
l’europe
en
proie
aux
longs
revers
sous
les
pas
du
géant
vacilla
l’équilibre
plus
haut
que
tous
les
rois
il
leva
son
front
libre
échappé
du
trône
et
des
fers
iv
combien
d’un
tel
exil
diffère
le
malheur
du
tyran
banni
lorsqu’au
fond
de
l’autre
hémisphère
il
tomba
confus
et
puni
quand
sous
la
haine
universelle
l’usurpateur
enfin
chancelle
dans
sa
chute
il
est
insulté
en
vain
il
lutte
opiniâtre
et
de
sa
pourpre
de
théâtre
rien
ne
reste
à
sa
nudité
sa
morne
infortune
est
pareille
à
la
mer
aux
bords
détestés
dont
l’eau
morte
à
jamais
sommeille
sur
de
fastueuses
cités
ce
lac
noir
vengeur
de
leurs
crimes
du
ciel
qui
maudit
ses
abîmes
ne
peut
réfléchir
les
tableaux
et
l’œil
cherche
en
vain
quelque
dôme
de
l’éblouissante
sodome
sous
les
ténèbres
de
ses
flots
gustave
âme
forte
et
loyale
si
parfois
d’un
bras
raffermi
tu
reprends
ta
robe
royale
c’est
pour
couvrir
quelque
ennemi
dans
ta
retraite
que
j’envie
tu
portes
sur
ta
noble
vie
un
souvenir
calme
et
sans
fiel
reine
comme
toi
sans
asile
la
vertu
que
la
terre
exile
dans
ton
grand
cœur
retrouve
un
ciel
v
ah
laisse
croître
l’herbe
en
tes
cours
solitaires
que
t’importe
au
milieu
de
tes
pensers
austères
qu’on
n’ose
de
nos
jours
saluer
un
héros
et
que
chez
d’autres
rois
puissants
heureux
encore
une
foule
de
chars
ébranle
dès
l’aurore
les
grands
pavés
de
marbre
et
l’azur
des
vitraux
tu
règnes
cependant
tu
règnes
sur
toute
âme
dont
ce
siècle
glacé
n’a
pas
éteint
la
flamme
sur
tout
cœur
né
pour
croire
aimer
et
secourir
sur
tous
ces
chevaliers
que
tant
d’oubli
protège
étranges
courtisans
dont
le
rare
cortège
n’accourt
au
seuil
des
rois
qu’à
l’heure
d’y
mourir
en
tous
lieux
où
la
foi
l’honneur
et
le
génie
rendent
un
libre
hommage
à
la
vertu
bannie
ton
nom
règne
entouré
d’un
éclat
immortel
par
un
beau
dévouement
toute
vie
animée
toute
gloire
nouvelle
en
notre
âge
allumée
est
un
flambeau
de
plus
brûlant
sur
ton
autel
ni
maître
ni
sujet
—
seul
homme
sur
la
terre
qui
d’un
pouvoir
humain
ne
soit
pas
tributaire
dieu
seul
sur
tes
destins
a
de
suprêmes
droits
et
comme
la
comète
aux
clartés
vagabondes
marche
libre
à
travers
les
soleils
et
les
mondes
tu
passes
à
côté
des
peuples
et
des
rois
30
septembre
1825
ode
sixième
les
deux
îles
dites
moi
d’où
il
est
venu
je
vous
dirai
où
il
est
allé
e
h
i
il
est
deux
îles
dont
un
monde
sépare
les
deux
océans
et
qui
de
loin
dominent
l’onde
comme
des
têtes
de
géants
on
devine
en
voyant
leurs
cimes
que
dieu
les
tira
des
abîmes
pour
un
formidable
dessein
leur
front
de
coups
de
foudre
fume
sur
leurs
flancs
nus
la
mer
écume
des
volcans
grondent
dans
leur
sein
ces
îles
où
le
flot
se
broie
entre
des
écueils
décharnés
sont
comme
deux
vaisseaux
de
proie
d’une
ancre
éternelle
enchaînés
la
main
qui
de
ces
noirs
rivages
disposa
les
sites
sauvages
et
d’effroi
les
voulut
couvrir
les
fit
si
terribles
peut
être
pour
que
bonaparte
y
pût
naître
et
napoléon
y
mourir
—
là
fut
son
berceau
—
là
sa
tombe
pour
les
siècles
c’en
est
assez
ces
mots
qu’un
monde
naisse
ou
tombe
ne
seront
jamais
effacés
sur
ces
îles
à
l’aspect
sombre
viendront
à
l’appel
de
son
ombre
tous
les
peuples
de
l’avenir
les
foudres
qui
frappent
leurs
crêtes
et
leurs
écueils
et
leurs
tempêtes
ne
sont
plus
que
son
souvenir
loin
de
nos
rives
ébranlées
par
les
orages
de
son
sort
sur
ces
deux
îles
isolées
dieu
mit
sa
naissance
et
sa
mort
afin
qu’il
pût
venir
au
monde
sans
qu’une
secousse
profonde
annonçât
son
premier
moment
et
que
sur
son
lit
militaire
enfin
sans
remuer
la
terre
il
pût
expirer
doucement
ii
comme
il
était
rêveur
au
matin
de
son
âge
comme
il
était
pensif
au
terme
du
voyage
c’est
qu’il
avait
joui
de
son
rêve
insensé
du
trône
et
de
la
gloire
il
savait
le
mensonge
il
avait
vu
de
près
ce
que
c’est
qu’un
tel
songe
et
quel
est
le
néant
d’un
avenir
passé
enfant
des
visions
dans
la
corse
sa
mère
lui
révélaient
déjà
sa
couronne
éphémère
et
l’aigle
impérial
planant
sur
son
pavois
il
entendait
d’avance
en
sa
superbe
attente
l’hymne
qu’en
toute
langue
aux
portes
de
sa
tente
son
peuple
universel
chantait
tout
d’une
voix
iii
acclamation
gloire
à
napoléon
gloire
au
maître
suprême
dieu
même
a
sur
son
front
posé
le
diadème
du
nil
au
borysthène
il
règne
triomphant
les
rois
fils
de
cent
rois
s’inclinent
quand
il
passe
et
dans
rome
il
ne
voit
d’espace
que
pour
le
trône
d’un
enfant
pour
porter
son
tonnerre
aux
villes
effrayées
ses
aigles
ont
toujours
les
ailes
déployées
il
régit
le
conclave
il
commande
au
divan
il
mêle
à
ses
drapeaux
de
sang
toujours
humides
des
croissants
pris
aux
pyramides
et
la
croix
d’or
du
grand
ivan
le
mamelouk
bronzé
le
goth
plein
de
vaillance
le
polonais
qui
porte
une
flamme
à
sa
lance
prêtent
leur
force
aveugle
à
ses
ambitions
ils
ont
son
vœu
pour
loi
pour
foi
sa
renommée
on
voit
marcher
dans
son
armée
tout
un
peuple
de
nations
sa
main
s’il
touche
un
but
où
son
orgueil
aspire
fait
à
quelque
soldat
l’aumône
d’un
empire
ou
fait
veiller
des
rois
au
seuil
de
son
palais
pour
qu’il
puisse
en
quittant
les
combats
ou
les
fêtes
dormir
en
paix
dans
ses
conquêtes
comme
un
pêcheur
sur
ses
filets
il
a
bâti
si
haut
son
aire
impériale
qu’il
nous
semble
habiter
cette
sphère
idéale
où
jamais
on
n’entend
un
orage
éclater
ce
n’est
plus
qu’à
ses
pieds
que
gronde
la
tempête
il
faudrait
pour
frapper
sa
tête
que
la
foudre
pût
remonter
iv
la
foudre
remonta
—
renversé
de
son
aire
il
tomba
tout
fumant
de
cent
coups
de
tonnerre
les
rois
punirent
leur
tyran
on
l’exposa
vivant
sur
un
roc
solitaire
et
le
géant
captif
fut
remis
par
la
terre
à
la
garde
de
l’océan
oh
comme
à
sainte
hélène
il
dédaignait
sa
vie
quand
le
soir
il
voyait
avec
un
œil
d’envie
le
soleil
fuir
sous
l’horizon
et
qu’il
s’égarait
seul
sur
le
sable
des
grèves
jusqu’à
ce
qu’un
anglais
l’arrachant
de
ses
rêves
le
ramenât
dans
sa
prison
comme
avec
désespoir
ce
prince
de
la
guerre
s’entendait
accuser
par
tous
ceux
qui
naguère
divinisaient
son
bras
vainqueur
car
des
peuples
ligués
la
clameur
solennelle
répondait
à
la
voix
implacable
éternelle
qui
se
lamentait
dans
son
cœur
v
imprécation
honte
opprobre
malheur
anathème
vengeance
que
la
terre
et
les
cieux
frappent
d’intelligence
enfin
nous
avons
vu
le
colosse
crouler
que
puissent
retomber
sur
ses
jours
sur
sa
cendre
tous
les
pleurs
qu’il
a
fait
répandre
tout
le
sang
qu’il
a
fait
couler
qu’à
son
nom
du
volga
du
tibre
de
la
seine
des
murs
de
l’alhambra
des
fossés
de
vincenne
de
jaffa
du
kremlin
qu’il
brûla
sans
remords
des
plaines
du
carnage
et
des
champs
de
victoire
tonne
comme
un
écho
de
sa
fatale
gloire
la
malédiction
des
morts
qu’il
voie
autour
de
lui
se
presser
ses
victimes
que
tout
ce
peuple
en
foule
échappé
des
abîmes
innombrable
annonçant
les
secrets
du
cercueil
mutilé
par
le
fer
sillonné
par
la
foudre
heurtant
confusément
des
os
noircis
de
poudre
lui
fasse
un
josaphat
de
sainte
hélène
en
deuil
qu’il
vive
pour
mourir
tous
les
jours
à
toute
heure
que
le
fier
conquérant
baisse
les
yeux
et
pleure
sachant
sa
gloire
à
peine
et
riant
de
ses
droits
des
geôliers
ont
chargé
d’une
chaîne
glacée
cette
main
qui
s’était
lassée
à
courber
la
tête
des
rois
il
crut
que
sa
fortune
en
victoires
féconde
vaincrait
le
souvenir
du
peuple
roi
du
monde
mais
dieu
vient
et
d’un
souffle
éteint
son
noir
flambeau
et
ne
laisse
au
rival
de
l’éternelle
rome
que
ce
qu’il
faut
de
place
et
de
temps
à
tout
homme
pour
se
coucher
dans
le
tombeau
ces
mers
auront
sa
tombe
et
l’oubli
la
devance
en
vain
à
saint
denis
il
fit
parer
d’avance
un
sépulcre
de
marbre
et
d’or
étincelant
le
ciel
n’a
pas
voulu
que
de
royales
ombres
vissent
en
revenant
pleurer
sous
ces
murs
sombres
dormir
dans
leur
tombeau
son
cadavre
insolent
vi
qu’une
coupe
vidée
est
amère
et
qu’un
rêve
commencé
dans
l’ivresse
avec
terreur
s’achève
jeune
on
livre
à
l’espoir
sa
crédule
raison
mais
on
frémit
plus
tard
quand
l’âme
est
assouvie
hélas
et
qu’on
revoit
sa
vie
de
l’autre
bord
de
l’horizon
ainsi
quand
vous
passez
au
pied
d’un
mont
sublime
longtemps
en
conquérant
vous
admirez
sa
cime
et
ses
pics
que
jamais
les
ans
n’humilieront
ses
forêts
vert
manteau
qui
pend
aux
rocs
sauvages
et
ces
couronnes
de
nuages
qui
s’amoncellent
sur
son
front
montez
donc
et
tentez
ces
zones
inconnues
—
vous
croyiez
fuir
aux
cieux…
vous
vous
perdez
aux
nues
le
mont
change
à
vos
yeux
d’aspect
et
de
tableaux
c’est
un
gouffre
obscurci
de
sapins
centenaires
où
les
torrents
et
les
tonnerres
croisent
des
éclairs
et
des
flots
vii
voilà
l’image
de
la
gloire
d’abord
un
prisme
éblouissant
puis
un
miroir
expiatoire
où
la
pourpre
paraît
du
sang
tour
à
tour
puissante
asservie
voilà
quel
double
aspect
sa
vie
offrit
à
ses
âges
divers
il
faut
à
son
nom
deux
histoires
jeune
il
inventait
ses
victoires
vieux
il
méditait
ses
revers
en
corse
à
saint
hélène
encore
dans
les
nuits
d’hiver
le
nocher
si
quelque
orageux
météore
brille
au
sommet
d’un
noir
rocher
croit
voir
le
sombre
capitaine
projetant
son
ombre
lointaine
immobile
croiser
ses
bras
et
dit
que
pour
dernière
fête
il
vient
régner
dans
la
tempête
comme
il
régnait
dans
les
combats
viii
s’il
perdit
un
empire
il
aura
deux
patries
de
son
seul
souvenir
illustres
et
flétries
l’une
aux
mers
d’annibal
l’autre
aux
mers
de
vasco
et
jamais
de
ce
siècle
attestant
la
merveille
on
ne
prononcera
son
nom
sans
qu’il
n’éveille
aux
bouts
du
monde
un
double
écho
telles
quand
une
bombe
ardente
meurtrière
décrit
dans
un
ciel
noir
sa
courbe
incendiaire
se
balance
au
dessus
des
murs
épouvantés
puis
comme
un
vautour
chauve
à
la
serre
cruelle
qui
frappe
en
s’abattant
la
terre
de
son
aile
tombe
et
fouille
à
grand
bruit
le
pavé
des
cités
longtemps
après
sa
chute
on
voit
fumer
encore
la
bouche
du
mortier
large
noire
et
sonore
d’où
monta
pour
tomber
le
globe
au
vol
pesant
et
la
place
où
la
bombe
éclatée
en
mitrailles
mourut
en
vomissant
la
mort
de
ses
entrailles
et
s’éteignit
en
embrasant
juillet
1825
ode
septième
à
la
colonne
de
la
place
vendôme
parva
magnis
i
ô
monument
vengeur
trophée
indélébile
bronze
qui
tournoyant
sur
ta
base
immobile
sembles
porter
au
ciel
ta
gloire
et
ton
néant
et
de
tout
ce
qu’a
fait
une
main
colossale
seul
es
resté
debout
—
ruine
triomphale
de
l’édifice
du
géant
débris
du
grand
empire
et
de
la
grande
armée
colonne
d’où
si
haut
parle
la
renommée
je
t’aime
l’étranger
t’admire
avec
effroi
j’aime
tes
vieux
héros
sculptés
par
la
victoire
et
tous
ces
fantômes
de
gloire
qui
se
pressent
autour
de
toi
j’aime
à
voir
sur
tes
flancs
colonne
étincelante
revivre
ces
soldats
qu’en
leur
onde
sanglante
ont
roulés
le
danube
et
le
rhin
et
le
pô
tu
mets
comme
un
guerrier
le
pied
sur
ta
conquête
j’aime
ton
piédestal
d’armures
et
ta
tête
dont
le
panache
est
un
drapeau
au
bronze
de
henri
mon
orgueil
te
marie
j’aime
à
vous
voir
tous
deux
honneur
de
la
patrie
immortels
dominant
nos
troubles
passagers
sortir
signes
jumeaux
d’amour
et
de
colère
lui
de
l’épargne
populaire
toi
des
arsenaux
étrangers
que
de
fois
tu
le
sais
quand
la
nuit
sous
ses
voiles
fait
fuir
la
blanche
lune
ou
trembler
les
étoiles
je
viens
triste
évoquer
tes
fastes
devant
moi
et
d’un
œil
enflammé
dévorant
ton
histoire
prendre
convive
obscur
ma
part
de
tant
de
gloire
comme
un
pâtre
au
banquet
d’un
roi
que
de
fois
j’ai
cru
voir
ô
colonne
française
ton
airain
ennemi
rugir
dans
la
fournaise
que
de
fois
ranimant
tes
combattants
épars
heurtant
sur
tes
parois
leurs
armes
dérouillées
j’ai
ressuscité
ces
mêlées
qui
t’assiègent
de
toutes
parts
jamais
ô
monument
même
ivres
de
leur
nombre
les
étrangers
sans
peur
n’ont
passé
sous
ton
ombre
leurs
pas
n’ébranlent
point
ton
bronze
souverain
quand
le
sort
une
fois
les
poussa
vers
nos
rives
ils
n’osaient
étaler
leurs
parades
oisives
devant
tes
batailles
d’airain
ii
mais
quoi
n’entends
je
point
avec
de
sourds
murmures
de
ta
base
à
ton
front
bruire
les
armures
colonne
il
m’a
semblé
qu’éblouissant
mes
yeux
tes
bataillons
cuivrés
cherchaient
à
redescendre…
que
tes
demi
dieux
noirs
d’une
héroïque
cendre
interrompaient
soudain
leur
marche
vers
les
cieux
leur
voix
mêlait
des
noms
à
leur
vieille
devise
tarente
reggio
dalmatie
et
trévise
et
leurs
aigles
sortant
de
leur
puissant
sommeil
suivaient
d’un
bec
ardent
cette
aigle
à
double
tête
dont
l’œil
ami
de
l’ombre
où
son
essor
s’arrête
se
baisse
à
leur
regard
comme
aux
feux
du
soleil
qu’est
ce
donc
—
et
pourquoi
bronze
envié
de
rome
vois
je
tes
légions
frémir
comme
un
seul
homme
quel
impossible
outrage
à
ta
hauteur
atteint
qui
donc
a
réveillé
ces
ombres
immortelles
ces
aigles
qui
battant
ta
base
de
leurs
ailes
dans
leur
ongle
captif
pressent
leur
foudre
éteint
iii
je
comprends
—
l’étranger
qui
nous
croit
sans
mémoire
veut
feuillet
par
feuillet
déchirer
notre
histoire
écrite
avec
du
sang
à
la
pointe
du
fer
—
ose
t
il
imprudent
heurter
tant
de
trophées
de
ce
bronze
forgé
de
foudres
étouffées
chaque
étincelle
est
un
éclair
est
ce
napoléon
qu’il
frappe
en
notre
armée
veut
il
de
cette
gloire
en
tant
de
lieux
semée
disputer
l’héritage
à
nos
vieux
généraux
pour
un
fardeau
pareil
il
a
la
main
débile
l’empire
d’alexandre
et
les
armes
d’achille
ne
se
partagent
qu’aux
héros
mais
non
l’autrichien
dans
sa
fierté
qu’il
dompte
est
content
si
leurs
noms
ne
disent
que
sa
honte
il
fait
de
sa
défaite
un
titre
à
nos
guerriers
et
craignant
des
vainqueurs
moins
que
des
feudataires
il
pardonne
aux
fleurons
de
nos
ducs
militaires
si
ce
ne
sont
que
des
lauriers
bronze
il
n’a
donc
jamais
fier
pour
une
victoire
subi
de
tes
splendeurs
l’aspect
expiatoire
d’où
vient
tant
de
courage
à
cet
audacieux
croit
il
impunément
toucher
à
nos
annales
et
comment
donc
lit
il
ces
pages
triomphales
que
tu
déroules
dans
les
cieux
est
ce
un
langage
obscur
à
ses
regards
timides
eh
qu’il
s’en
fasse
instruire
au
pied
des
pyramides
à
vienne
au
vieux
kremlin
au
morne
escurial
qu’il
en
parle
à
ces
rois
cour
dorée
et
nombreuse
qui
naguère
peuplait
d’une
tente
poudreuse
le
vestibule
impérial
iv
à
quoi
pense
t
il
donc
l’étranger
qui
nous
brave
n’avions
nous
pas
hier
l’europe
pour
esclave
nous
subir
de
son
joug
l’indigne
talion
non
au
champ
du
combat
nous
pouvons
reparaître
on
nous
a
mutilés
mais
le
temps
a
peut
être
fait
croître
l’ongle
du
lion
de
quel
droit
viennent
ils
découronner
nos
gloires
les
bourbons
ont
toujours
adopté
des
victoires
nos
rois
t’ont
défendu
d’un
ennemi
tremblant
ô
trophée
à
leurs
pieds
tes
palmes
se
déposent
et
si
tes
quatre
aigles
reposent
c’est
à
l’ombre
du
drapeau
blanc
quoi
le
globe
est
ému
de
volcans
électriques
derrière
l’océan
grondent
les
amériques
stamboul
rugit
hellé
remonte
aux
jours
anciens
lisbonne
se
débat
aux
mains
de
l’angleterre…
seul
le
vieux
peuple
franc
s’indigne
que
la
terre
tremble
à
d’autres
pas
que
les
siens
prenez
garde
étrangers
—
nous
ne
savons
que
faire
la
paix
nous
berce
en
vain
dans
son
oisive
sphère
l’arène
de
la
guerre
a
pour
nous
tant
d’attrait
nous
froissons
dans
nos
mains
hélas
inoccupées
des
lyres
à
défaut
d’épées
nous
chantons
comme
on
combattrait
prenez
garde
—
la
france
où
grandit
un
autre
âge
n’est
pas
si
morte
encor
qu’elle
souffre
un
outrage
les
partis
pour
un
temps
voileront
leur
tableau
contre
une
injure
ici
tout
s’unit
tout
se
lève
tout
s’arme
et
la
vendée
aiguisera
son
glaive
sur
la
pierre
de
waterloo
vous
dérobez
des
noms
—
quoi
donc
faut
il
qu’on
aille
lever
sur
tous
vos
champs
des
titres
de
bataille
faut
il
quittant
ces
noms
par
la
valeur
trouvés
pour
nos
gloires
chez
vous
chercher
d’autres
baptêmes
sur
l’airain
de
vos
canons
mêmes
ne
sont
ils
point
assez
gravés
l’étranger
briserait
le
blason
de
la
france
on
verrait
enhardi
par
notre
indifférence
sur
nos
fiers
écussons
tomber
son
vil
marteau
ah
comme
ce
romain
qui
remuait
la
terre
vous
portez
ô
français
et
la
paix
et
la
guerre
dans
le
pli
de
votre
manteau
votre
aile
en
un
moment
touche
à
sa
fantaisie
l’afrique
par
cadix
et
par
moscou
l’asie
vous
chassez
en
courant
anglais
russes
germains
les
tours
croulent
devant
vos
trompettes
fatales
et
de
toutes
les
capitales
vos
drapeaux
savent
les
chemins
quand
leur
destin
se
pèse
avec
vos
destinées
toutes
les
nations
s’inclinent
détrônées
la
gloire
pour
vos
noms
n’a
point
assez
de
bruit
sans
cesse
autour
de
vous
les
états
se
déplacent
quand
votre
astre
paraît
tous
les
autres
s’effacent
quand
vous
marchez
l’univers
suit
que
l’autriche
en
rampant
de
nœuds
vous
environne
les
deux
géants
de
france
ont
foulé
sa
couronne
l’histoire
qui
des
temps
ouvre
le
panthéon
montre
empreints
aux
deux
fronts
du
vautour
d’allemagne
la
sandale
de
charlemagne
l’éperon
de
napoléon
allez
—
vous
n’avez
plus
l’aigle
qui
de
son
aire
sur
tous
les
fronts
trop
hauts
portait
votre
tonnerre
mais
il
vous
reste
encor
l’oriflamme
et
les
lys
mais
c’est
le
coq
gaulois
qui
réveille
le
monde
et
son
cri
peut
promettre
à
votre
nuit
profonde
l’aube
du
soleil
d’austerlitz
v
c’est
moi
qui
me
tairais
moi
qu’enivrait
naguère
mon
nom
saxon
mêlé
parmi
des
cris
de
guerre
moi
qui
suivais
le
vol
d’un
drapeau
triomphant
qui
joignant
aux
clairons
ma
voix
entrecoupée
eus
pour
premier
hochet
le
nœud
d’or
d’une
épée
moi
qui
fus
un
soldat
quand
j’étais
un
enfant
non
frères
non
français
de
cet
âge
d’attente
nous
avons
tous
grandi
sur
le
seuil
de
la
tente
condamnés
à
la
paix
aiglons
bannis
des
cieux
sachons
du
moins
veillant
aux
gloires
paternelles
garder
de
tout
affront
jalouses
sentinelles
les
armures
de
nos
aïeux
février
1827
ode
huitième
fin
ubi
defuit
orbis
i
ainsi
d’un
peuple
entier
je
feuilletais
l’histoire
livre
fatal
de
deuil
de
grandeur
de
victoire
et
je
sentais
frémir
mon
luth
contemporain
chaque
fois
que
passait
un
grand
nom
un
grand
crime
et
que
l’une
sur
l’autre
avec
un
bruit
sublime
retombaient
les
pages
d’airain
fermons
le
maintenant
ce
livre
formidable
cessons
d’interroger
ce
sphinx
inabordable
qui
le
garde
en
silence
à
la
fois
monstre
et
dieu
l’énigme
qu’il
propose
échappe
à
bien
des
lyres
il
n’en
écrit
le
mot
sur
le
front
des
empires
qu’en
lettres
de
sang
et
de
feu
ii
ne
cherchons
pas
ce
mot
—
alors
pourquoi
poëte
ne
t’endormais
tu
pas
sur
ta
lyre
muette
pourquoi
la
mettre
au
jour
et
la
prostituer
pourquoi
ton
chant
sinistre
et
ta
voix
insensée
…
—
c’est
qu’il
fallait
à
ma
pensée
tout
un
grand
peuple
à
remuer
des
révolutions
j’ouvrais
le
gouffre
immonde
c’est
qu’il
faut
un
chaos
à
qui
veut
faire
un
monde
c’est
qu’une
grande
voix
dans
ma
nuit
m’a
parlé
c’est
qu’enfin
je
voulais
menant
au
but
la
foule
avec
le
siècle
qui
s’écoule
confronter
le
siècle
écoulé
le
génie
a
besoin
d’un
peuple
que
sa
flamme
anime
éclaire
échauffe
embrase
comme
une
âme
il
lui
faut
tout
un
monde
à
régir
en
tyran
dès
qu’il
a
pris
son
vol
du
haut
de
la
falaise
pour
que
l’ouragan
soit
à
l’aise
il
n’a
pas
trop
de
l’océan
c’est
là
qu’il
peut
ouvrir
ses
ailes
là
qu’il
gronde
sur
un
abîme
large
et
sur
une
eau
profonde
c’est
là
qu’il
peut
bondir
géant
capricieux
et
tournoyer
debout
dans
l’orage
qui
tombe
d’un
pied
s’appuyant
sur
la
trombe
et
d’un
bras
soutenant
les
cieux
26
mai
1828
livre
quatrième
1819
1827
spiritus
flat
ubi
vult
ode
première
le
poëte
muse
contemple
ta
victime
lamartine
l’enthousiasme
ah
ceux
que
ravissent
ses
chants
sont
loin
de
croire
à
l’amertume
qui
ronge
son
cœur
th
moore
mélodies
irlandaises
i
qu’il
passe
en
paix
au
sein
d’un
monde
qui
l’ignore
l’auguste
infortuné
que
son
âme
dévore
respectez
ses
nobles
malheurs
fuyez
ô
plaisirs
vains
son
existence
austère
sa
palme
qui
grandit
jalouse
et
solitaire
ne
peut
croître
parmi
vos
fleurs
il
souffre
assez
de
maux
sans
y
joindre
vos
joies
chaque
pas
qui
l’enfonce
en
de
sublimes
voies
par
une
douleur
est
compté
il
pleure
sa
jeunesse
avant
l’âge
envolée
sa
vie
humble
roseau
qui
se
courbe
accablée
du
poids
de
l’immortalité
il
pleure
ô
belle
enfance
et
ta
grâce
et
tes
charmes
et
ton
rire
innocent
et
tes
naïves
larmes
ton
bonheur
doux
et
turbulent
et
loin
des
vastes
cieux
l’aile
que
tu
reposes
et
dans
les
jeux
bruyants
ta
couronne
de
roses
que
flétrirait
son
front
brûlant
il
accuse
et
son
siècle
et
ses
chants
et
sa
lyre
et
la
coupe
enivrante
où
trompant
son
délire
la
gloire
verse
tant
de
fiel
et
ses
vœux
poursuivant
des
promesses
funestes
et
son
cœur
et
la
muse
et
tous
ces
dons
célestes
hélas
qui
ne
sont
pas
le
ciel
ii
ah
si
du
moins
couché
sur
le
char
de
la
vie
l’hymne
de
son
triomphe
et
les
cris
de
l’envie
passaient
sans
troubler
son
sommeil
s’il
pouvait
dans
l’oubli
préparer
sa
mémoire
ou
voilé
de
rayons
se
cacher
dans
sa
gloire
comme
un
ange
dans
le
soleil
mais
sans
cesse
il
faut
suivre
en
la
commune
arène
le
flot
qui
le
repousse
et
le
flot
qui
l’entraîne
les
hommes
troublent
son
chemin
sa
voix
grave
se
perd
dans
leurs
vaines
paroles
et
leur
fol
orgueil
mêle
à
leurs
jouets
frivoles
le
sceptre
qui
pèse
à
sa
main
pourquoi
traîner
ce
roi
si
loin
de
ses
royaumes
qu’importe
à
ce
géant
un
cortège
d’atomes
fils
du
monde
c’est
vous
qu’il
fuit
que
fait
à
l’immortel
votre
éphémère
empire
sans
les
chants
de
sa
voix
sans
les
sons
de
sa
lyre
n’avez
vous
point
assez
de
bruit
iii
laissez
le
dans
son
ombre
où
descend
la
lumière
—
savez
vous
qu’une
muse
épurant
sa
poussière
y
charme
en
secret
ses
ennuis
et
que
laissant
pour
lui
les
éternelles
fêtes
la
colombe
du
christ
et
l’aigle
des
prophètes
souvent
y
visitent
ses
nuits
sa
veille
redoutable
en
ses
visions
saintes
voit
les
soleils
naissants
et
les
sphères
éteintes
passer
en
foule
au
fond
du
ciel
et
suivant
dans
l’espace
un
chœur
brûlant
d’archanges
cherche
aux
mondes
lointains
quelles
formes
étranges
y
revêt
l’être
universel
savez
vous
que
ses
yeux
ont
des
regards
de
flamme
savez
vous
que
le
voile
étendu
sur
son
âme
ne
se
lève
jamais
en
vain
de
lumière
dorée
et
de
flammes
rougie
son
aile
en
un
instant
de
l’infernale
orgie
peut
monter
au
banquet
divin
laissez
donc
loin
de
vous
ô
mortels
téméraires
celui
que
le
seigneur
marqua
parmi
ses
frères
de
ce
signe
funeste
et
beau
et
dont
l’œil
entrevoit
plus
de
mystères
sombres
que
les
morts
effrayés
n’en
lisent
dans
les
ombres
sous
la
pierre
de
leur
tombeau
iv
un
jour
vient
dans
sa
vie
où
la
muse
elle
même
d’un
sacerdoce
auguste
armant
son
luth
suprême
l’envoie
au
monde
ivre
de
sang
afin
que
nous
sauvant
de
notre
propre
audace
il
apporte
d’en
haut
à
l’homme
qui
menace
la
prière
du
tout
puissant
un
formidable
esprit
descend
dans
sa
pensée
il
paraît
et
soudain
en
éclairs
élancée
sa
parole
luit
comme
un
feu
les
peuples
prosternés
en
foule
l’environnent
sina
mystérieux
les
foudres
le
couronnent
et
son
front
porte
tout
un
dieu
août
1823
à
m
alph
de
l
ode
deuxième
la
lyre
et
la
harpe
alternis
dicetis
amant
alterna
camœnæ
virgile
et
cæpit
loqui
prout
spiritus
sanctus
dabat
eloqui
act
apost
la
lyre
dors
ô
fils
d’apollon
ses
lauriers
te
couronnent
dors
en
paix
les
neuf
sœurs
t’adorent
comme
un
roi
de
leurs
chœurs
nébuleux
les
songes
t’environnent
la
lyre
chante
auprès
de
toi
la
harpe
éveille
toi
jeune
homme
enfant
de
la
misère
un
rêve
ferme
au
jour
tes
regards
obscurcis
et
pendant
ton
sommeil
un
indigent
ton
frère
à
ta
porte
en
vain
s’est
assis
la
lyre
ton
jeune
âge
est
cher
à
la
gloire
enfant
la
muse
ouvrit
tes
yeux
et
d’une
immortelle
mémoire
couronna
ton
nom
radieux
en
vain
saturne
te
menace
va
l’olympe
est
né
du
parnasse
les
poëtes
ont
fait
les
dieux
la
harpe
homme
une
femme
fut
ta
mère
elle
a
pleuré
sur
ton
berceau
souffre
donc
ta
vie
éphémère
brille
et
tremble
ainsi
qu’un
flambeau
dieu
ton
maître
a
d’un
signe
austère
tracé
ton
chemin
sur
la
terre
et
marqué
ta
place
au
tombeau
la
lyre
chante
jupiter
règne
et
l’univers
l’implore
vénus
embrase
mars
d’un
souris
gracieux
iris
brille
dans
l’air
dans
les
champs
brille
flore
chante
les
immortels
du
couchant
à
l’aurore
en
trois
pas
parcourent
les
cieux
la
harpe
prie
il
n’est
qu’un
vrai
dieu
juste
dans
sa
clémence
par
la
fuite
des
temps
sans
cesse
rajeuni
tout
s’achève
dans
lui
par
lui
tout
recommence
son
être
emplit
le
monde
ainsi
qu’une
âme
immense
l’éternel
vit
dans
l’infini
la
lyre
ta
douce
muse
à
fuir
t’invite
cherche
un
abri
calme
et
serein
les
mortels
que
le
sage
évite
subissent
le
siècle
d’airain
viens
près
de
tes
lares
tranquilles
tu
verras
de
loin
dans
les
villes
mugir
la
discorde
aux
cent
voix
qu’importe
à
l’heureux
solitaire
que
l’autan
dévaste
la
terre
s’il
ne
fait
qu’agiter
ses
bois
la
harpe
dieu
par
qui
tout
forfait
s’expie
marche
avec
celui
qui
le
sert
apparais
dans
la
foule
impie
tel
que
jean
qui
vint
du
désert
va
donc
parle
aux
peuples
du
monde
dis
leur
la
tempête
qui
gronde
révèle
le
juge
irrité
et
pour
mieux
frapper
leur
oreille
que
ta
voix
s’élève
pareille
à
la
rumeur
d’une
cité
la
lyre
l’aigle
est
l’oiseau
du
dieu
qu’avant
tous
on
adore
du
caucase
à
l’athos
l’aigle
planant
dans
l’air
roi
du
feu
qui
féconde
et
du
feu
qui
dévore
contemple
le
soleil
et
vole
sur
l’éclair
la
harpe
la
colombe
descend
du
ciel
qui
la
salue
et
voilant
l’esprit
saint
sous
son
regard
de
feu
chère
au
vieillard
choisi
comme
à
la
vierge
élue
porte
un
rameau
dans
l’arche
annonce
au
monde
un
dieu
la
lyre
aime
éros
règne
à
gnide
à
l’olympe
au
tartare
son
flambeau
de
sestos
allume
le
doux
phare
il
consume
ilion
par
la
main
de
pâris
toi
fuis
de
belle
en
belle
et
change
avec
leurs
charmes
l’amour
n’enfante
que
des
larmes
les
amours
sont
frères
des
ris
la
harpe
l’amour
divin
défend
de
la
haine
infernale
cherche
pour
ton
cœur
pur
une
âme
virginale
chéris
la
jéhovah
chérissait
israël
deux
êtres
que
dans
l’ombre
unit
un
saint
mystère
passent
en
s’aimant
sur
la
terre
comme
deux
exilés
du
ciel
la
lyre
jouis
c’est
au
fleuve
des
ombres
que
va
le
fleuve
des
vivants
le
sage
s’il
a
des
jours
sombres
les
laisse
aux
dieux
les
jette
aux
vents
enfin
comme
un
pâle
convive
quand
la
mort
imprévue
arrive
de
sa
couche
il
lui
tend
la
main
et
riant
de
ce
qu’il
ignore
s’endort
dans
la
nuit
sans
aurore
en
rêvant
un
doux
lendemain
la
harpe
soutiens
ton
frère
qui
chancelle
pleure
si
tu
le
vois
souffrir
veille
avec
soin
prie
avec
zèle
vis
en
songeant
qu’il
faut
mourir
le
pécheur
croit
lorsqu’il
succombe
que
le
néant
est
dans
la
tombe
comme
il
est
dans
la
volupté
mais
quand
l’ange
impur
le
réclame
il
s’épouvante
d’être
une
âme
et
frémit
de
l’éternité
le
poëte
écoutait
à
peine
à
son
aurore
ces
deux
lointaines
voix
qui
descendaient
du
ciel
et
plus
tard
il
osa
parfois
bien
faible
encore
dire
à
l’écho
du
pinde
un
hymne
du
carmel
avril
1822
ode
troisième
moïse
sur
le
nil
en
ce
même
temps
la
fille
de
pharaon
vint
au
fleuve
pour
se
baigner
accompagnée
de
ses
filles
qui
marchaient
le
long
du
bord
de
l’eau
exode
mes
sœurs
l’onde
est
plus
fraîche
aux
premiers
feux
du
jour
venez
le
moissonneur
repose
en
son
séjour
la
rive
est
solitaire
encore
memphis
élève
à
peine
un
murmure
confus
et
nos
chastes
plaisirs
sous
ces
bosquets
touffus
n’ont
d’autre
témoin
que
l’aurore
au
palais
de
mon
père
on
voit
briller
les
arts
mais
ces
bords
pleins
de
fleurs
charment
plus
mes
regards
qu’un
bassin
d’or
ou
de
porphyre
ces
chants
aériens
sont
mes
concerts
chéris
je
préfère
aux
parfums
qu’on
brûle
en
nos
lambris
le
souffle
embaumé
du
zéphire
venez
l’onde
est
si
calme
et
le
ciel
est
si
pur
laissez
sur
ces
buissons
flotter
les
plis
d’azur
de
vos
ceintures
transparentes
détachez
ma
couronne
et
ces
voiles
jaloux
car
je
veux
aujourd’hui
folâtrer
avec
vous
au
sein
des
vagues
murmurantes
hâtons
nous…
mais
parmi
les
brouillards
du
matin
que
vois
je
—
regardez
à
l’horizon
lointain…
ne
craignez
rien
filles
timides
c’est
sans
doute
par
l’onde
entraîné
vers
les
mers
le
tronc
d’un
vieux
palmier
qui
du
fond
des
déserts
vient
visiter
les
pyramides
que
dis
je
si
j’en
crois
mes
regards
indécis
c’est
la
barque
d’hermès
ou
la
conque
d’isis
que
pousse
une
brise
légère
mais
non
c’est
un
esquif
où
dans
un
doux
repos
j’aperçois
un
enfant
qui
dort
au
sein
des
flots
comme
on
dort
au
sein
de
sa
mère
il
sommeille
et
de
loin
à
voir
son
lit
flottant
on
croirait
voir
voguer
sur
le
fleuve
inconstant
le
nid
d’une
blanche
colombe
dans
sa
couche
enfantine
il
erre
au
gré
du
vent
l’eau
le
balance
il
dort
et
le
gouffre
mouvant
semble
le
bercer
dans
sa
tombe
il
s’éveille
accourez
ô
vierges
de
memphis
il
crie…
ah
quelle
mère
a
pu
livrer
son
fils
au
caprice
des
flots
mobiles
il
tend
les
bras
les
eaux
grondent
de
toute
part
hélas
contre
la
mort
il
n’a
d’autre
rempart
qu’un
berceau
de
roseaux
fragiles
sauvons
le…
—
c’est
peut
être
un
enfant
d’israël
mon
père
les
proscrit
mon
père
est
bien
cruel
de
proscrire
ainsi
l’innocence
faible
enfant
ses
malheurs
ont
ému
mon
amour
je
veux
être
sa
mère
il
me
devra
le
jour
s’il
ne
me
doit
pas
la
naissance
ainsi
parlait
iphis
l’espoir
d’un
roi
puissant
alors
qu’aux
bords
du
nil
son
cortège
innocent
suivait
sa
course
vagabonde
et
ces
jeunes
beautés
qu’elle
effaçait
encor
quand
la
fille
des
rois
quittait
ses
voiles
d’or
croyaient
voir
la
fille
de
l’onde
sous
ses
pieds
délicats
déjà
le
flot
frémit
tremblante
la
pitié
vers
l’enfant
qui
gémit
la
guide
en
sa
marche
craintive
elle
a
saisi
l’esquif
fière
de
ce
doux
poids
l’orgueil
sur
son
beau
front
pour
la
première
fois
se
mêle
à
la
pudeur
naïve
bientôt
divisant
l’onde
et
brisant
les
roseaux
elle
apporte
à
pas
lents
l’enfant
sauvé
des
eaux
sur
le
bord
de
l’arène
humide
et
ses
sœurs
tour
à
tour
au
front
du
nouveau
né
offrant
leur
doux
sourire
à
son
œil
étonné
déposaient
un
baiser
timide
accours
toi
qui
de
loin
dans
un
doute
cruel
suivais
des
yeux
ton
fils
sur
qui
veillait
le
ciel
viens
ici
comme
une
étrangère
ne
crains
rien
en
pressant
moïse
entre
tes
bras
tes
pleurs
et
tes
transports
ne
te
trahiront
pas
car
iphis
n’est
pas
encor
mère
alors
tandis
qu’heureuse
et
d’un
pas
triomphant
la
vierge
au
roi
farouche
amenait
l’humble
enfant
baigné
des
larmes
maternelles
on
entendait
en
chœur
dans
les
cieux
étoilés
des
anges
devant
dieu
de
leurs
ailes
voilés
chanter
les
lyres
éternelles
ne
gémis
plus
jacob
sur
la
terre
d’exil
ne
mêle
plus
tes
pleurs
aux
flots
impurs
du
nil
le
jourdain
va
t’ouvrir
ses
rives
le
jour
enfin
approche
où
vers
les
champs
promis
gessen
verra
s’enfuir
malgré
leurs
ennemis
les
tribus
si
longtemps
captives
sous
les
traits
d’un
enfant
délaissé
sur
les
flots
c’est
l’élu
du
sina
c’est
le
roi
des
fléaux
qu’une
vierge
sauve
de
l’onde
mortels
vous
dont
l’orgueil
méconnaît
l’éternel
fléchissez
un
berceau
va
sauver
israël
un
berceau
doit
sauver
le
monde
février
1820
ode
quatrième
le
dévouement
in
urbe
omne
mortalium
genus
vis
pestilentiæ
depopulabatur
nulla
cœli
intemperies
quæ
occurreret
oculis
sed
domus
corporibus
exanimis
itinera
funeribus
complebantur
non
sexus
non
ætas
periculo
vacua
tacite
dans
la
ville
la
peste
dévorait
tout
ce
qui
meurt
aucun
nuage
dans
le
ciel
ne
s’offrait
aux
yeux
mais
les
maisons
étaient
pleines
de
corps
sans
vie
les
voies
de
funérailles
ni
le
sexe
ni
l’âge
n’étaient
exempts
du
péril
i
je
rends
grâce
au
seigneur
il
m’a
donné
la
vie
la
vie
est
chère
à
l’homme
entre
les
dons
du
ciel
nous
bénissons
toujours
le
dieu
qui
nous
convie
au
banquet
d’absinthe
et
de
miel
un
nœud
de
fleurs
se
mêle
aux
fers
qui
nous
enlacent
pour
vieillir
parmi
ceux
qui
passent
tout
homme
est
content
de
souffrir
l’éclat
du
jour
nous
plaît
l’air
des
cieux
nous
enivre
je
rends
grâce
au
seigneur
—
c’est
le
bonheur
de
vivre
qui
fait
la
gloire
de
mourir
malheureux
le
mortel
qui
meurt
triste
victime
sans
qu’un
frère
sauvé
vive
par
son
trépas
sans
refermer
sur
lui
comme
un
romain
sublime
le
gouffre
où
se
perdent
ses
pas
infortuné
le
peuple
en
proie
à
l’anathème
qui
voit
se
consumant
lui
même
périr
son
nom
et
son
orgueil
sans
que
toute
la
terre
à
sa
chute
s’incline
sans
qu’un
beau
souvenir
reste
sur
sa
ruine
comme
un
flambeau
sur
un
cercueil
ii
quand
dieu
las
de
forfaits
se
lève
en
sa
colère
il
suscite
un
fléau
formidable
aux
cités
qui
laisse
après
sa
fuite
un
effroi
séculaire
aux
murs
longtemps
inhabités
d’un
vil
germe
ignoré
des
peuples
en
démence
un
géant
pâle
un
spectre
immense
sort
et
grandit
au
milieu
d’eux
et
la
ville
veut
fuir
mais
le
monstre
fidèle
comme
un
horrible
époux
la
couvre
de
son
aile
et
l’étreint
de
ses
bras
hideux
le
peuple
en
foule
alors
sous
le
mal
qui
fermente
tombe
ainsi
qu’en
nos
champs
la
neige
aux
blancs
flocons
tout
succombe
et
partout
la
mort
qui
s’alimente
renaît
des
cadavres
féconds
le
monstre
l’une
à
l’autre
enchaîne
ses
victimes
il
les
traîne
aux
mêmes
abîmes
il
se
repaît
de
leurs
lambeaux
et
parmi
les
bûchers
le
deuil
et
les
décombres
les
vivants
sans
abris
tels
que
d’impures
ombres
errent
loin
des
morts
sans
tombeaux
quand
le
cirque
s’ouvrait
aux
jours
des
funérailles
tous
les
romains
en
paix
par
leurs
licteurs
couverts
voyaient
de
loin
lutter
les
captifs
des
batailles
livrés
aux
tigres
des
déserts
ainsi
dans
leur
effroi
les
nations
s’assemblent
un
long
cri
monte
aux
cieux
qui
tremblent
au
loin
de
mers
en
mers
porté
le
monde
armé
craignant
l’hydre
aux
ailes
rapides
garde
sous
leur
fléau
ces
mourants
homicides
et
les
menace
épouvanté
iii
alors
n’est
il
pas
vrai
sybarites
des
villes
que
les
jeux
sont
plus
doux
et
les
plaisirs
meilleurs
lorsqu’un
mal
plus
affreux
que
les
haines
civiles
sème
en
d’autres
murs
les
douleurs
loin
des
couches
de
feu
qu’infecte
un
germe
immonde
qu’avec
charme
l’enfant
du
monde
sur
un
lit
parfumé
s’endort
et
qu’on
savoure
mieux
l’air
natal
de
la
vie
quand
tout
un
peuple
en
deuil
qui
pleure
et
nous
envie
respire
ailleurs
un
vent
de
mort
chacun
reste
absorbé
dans
un
cercle
éphémère
la
mère
embrasse
en
paix
l’enfant
qui
lui
sourit
sans
s’informer
des
lieux
où
le
sein
d’une
mère
est
mortel
au
fils
qu’il
nourrit
quelque
pitié
vulgaire
au
fond
des
cœurs
s’éveille
entre
les
fêtes
de
la
veille
et
les
fêtes
du
lendemain
car
tels
sont
les
humains
plaindre
les
importune
ils
passent
à
côté
d’une
grande
infortune
sans
s’arrêter
sur
le
chemin
iv
quelques
hommes
pourtant
qu’un
feu
secret
anime
se
lèvent
de
la
foule
et
chacun
dans
leurs
yeux
cherche
quel
beau
destin
quel
avenir
sublime
rayonne
sur
leurs
fronts
joyeux
—
un
triomphe
éclatant
peut
être
les
réclame
quel
espoir
enivre
leur
âme
quel
bien
quel
trésor
quel
honneur
…
—
ainsi
toujours
hélas
dans
ce
monde
stérile
si
la
vertu
paraît
à
son
aspect
tranquille
nous
la
prenons
pour
le
bonheur
ô
peuples
ces
mortels
qu’un
dieu
guide
et
seconde
vont
d’un
pas
assuré
d’un
regard
radieux
combattre
le
fléau
devant
qui
fuit
le
monde
adressez
leur
vos
longs
adieux
et
vous
ô
leurs
parents
leurs
épouses
leurs
mères
contenez
vos
larmes
amères
laissez
les
victimes
s’offrir
ne
les
poursuivez
pas
de
plaintes
téméraires
devaient
ils
préférer
aucun
d’entre
leurs
frères
à
ceux
pour
qui
l’on
peut
mourir
bientôt
s’ouvre
pour
eux
la
cité
solitaire
mille
spectres
vivants
les
appellent
en
pleurs
surpris
qu’il
soit
encore
un
mortel
sur
la
terre
qui
vienne
au
cri
de
leurs
douleurs
ils
parlent
et
déjà
leur
voix
rassure
et
guide
ces
peuples
qu’un
fléau
livide
pousse
au
tombeau
d’un
bras
de
fer
et
le
monstre
attaqué
dans
les
murs
qu’il
opprime
frémit
comme
satan
quand
sauveur
et
victime
un
dieu
parut
dans
son
enfer
ils
contemplent
de
près
l’hydre
non
assouvie
pour
ravir
ses
secrets
résignés
à
leur
sort
leur
art
audacieux
lui
dispute
la
vie
ou
l’interroge
dans
la
mort
quand
leurs
secours
sont
vains
leur
prière
console
le
mourant
croit
à
leur
parole
que
le
ciel
ne
peut
démentir
et
si
le
trépas
même
enfin
frappe
leur
tête
de
l’apôtre
serein
l’humble
voix
ne
s’arrête
qu’au
dernier
souffle
du
martyr
v
ô
mortels
trop
heureux
qui
pourrait
vous
atteindre
vous
qui
domptez
la
mort
en
affrontant
ses
coups
lorsqu’en
vous
admirant
la
foule
ose
vous
plaindre
je
vous
suis
de
mes
pleurs
jaloux
infortuné
jamais
victime
volontaire
je
n’irai
pour
sauver
la
terre
braver
un
fléau
dévorant
ni
calmant
par
mes
soins
ses
douleurs
meurtrières
mêler
ma
plainte
amie
et
mes
saintes
prières
aux
soupirs
impurs
d’un
mourant
hélas
ne
puis
je
aussi
m’immoler
pour
mes
frères
n’est
il
plus
d’opprimés
n’est
il
plus
de
bourreaux
sur
quel
noble
échafaud
dans
quels
murs
funéraires
chercher
le
trépas
des
héros
oui
que
brisant
mon
corps
la
torture
sanglante
sur
la
croix
à
ma
soif
brûlante
offre
le
breuvage
de
fiel
fier
et
content
seigneur
je
dirai
vos
louanges
car
l’ange
du
martyre
est
le
plus
beau
des
anges
qui
portent
les
âmes
au
ciel
décembre
1821
ode
cinquième
à
l’académie
des
jeux
floraux
at
mihi
jam
puero
cœlestia
sacra
placebant
inque
suum
furtim
musa
trahebat
opus
ovide
vous
dont
le
poétique
empire
s’étend
des
bords
du
rhône
aux
rives
de
l’adour
vous
dont
l’art
tout
puissant
n’est
qu’un
joyeux
délire
rois
des
combats
du
chant
rois
des
jeux
de
la
lyre
ô
maîtres
du
savoir
d’amour
aussi
belle
qu’à
sa
naissance
votre
muse
se
rit
des
ans
et
des
douleurs
le
temps
semble
en
passant
respecter
son
enfance
et
la
gloire
à
ses
yeux
se
voilant
d’innocence
cache
ses
lauriers
sous
des
fleurs
salut
—
enfant
j’ai
pour
ma
mère
cueilli
quelques
rameaux
dans
vos
sacrés
bosquets
votre
main
s’est
offerte
à
ma
main
téméraire
étranger
vous
m’avez
accueilli
comme
un
frère
et
fait
asseoir
dans
vos
banquets
parmi
les
juges
de
l’arène
l’athlète
fut
admis
vainqueur
bien
faible
encor
jamais
pourtant
errant
sur
les
monts
de
pyrène
il
n’avait
réveillé
de
belle
suzeraine
aux
sons
hospitalier
du
cor
d’une
fée
aux
lointaines
sphères
jamais
il
n’avait
dit
les
magiques
jardins
ni
le
soir
pour
charmer
des
dames
peu
sévères
conté
près
du
foyer
les
exploits
des
trouvères
et
les
amours
des
paladins
d’autres
d’une
voix
immortelle
vous
peindront
d’heureux
jours
en
de
joyeux
accords
moi
la
douleur
m’éprouve
et
mes
chants
viennent
d’elle
je
souffre
et
je
console
et
ma
muse
fidèle
se
souvient
de
ceux
qui
sont
morts
mai
1822
à
m
de
chateaubriand
ode
sixième
le
génie
va
d’un
pas
ferme
au
capitole
le
tasse
ode
les
circonstances
ne
forment
pas
les
hommes
elles
les
montrent
elles
dévoilent
pour
ainsi
dire
la
royauté
du
génie
dernière
ressource
des
peuples
éteints
ces
rois
qui
n’en
ont
pas
le
nom
mais
qui
règnent
véritablement
par
la
force
du
caractère
et
la
grandeur
des
pensées
sont
élus
par
les
événements
auxquels
ils
doivent
commander
sans
ancêtres
et
sans
postérité
seuls
de
leur
race
leur
mission
remplie
ils
disparaissent
en
laissant
à
l’avenir
des
ordres
qu’il
exécutera
fidèlement
f
de
la
mennais
i
malheur
à
l’enfant
de
la
terre
qui
dans
ce
monde
injuste
et
vain
porte
en
son
âme
solitaire
un
rayon
de
l’esprit
divin
malheur
à
lui
l’impure
envie
s’acharne
sur
sa
noble
vie
semblable
au
vautour
éternel
et
de
son
triomphe
irritée
punit
ce
nouveau
prométhée
d’avoir
ravi
le
feu
du
ciel
la
gloire
fantôme
céleste
apparaît
de
loin
à
ses
yeux
il
subit
le
pouvoir
funeste
de
son
sourire
impérieux
ainsi
l’oiseau
faible
et
timide
veut
en
vain
fuir
l’hydre
perfide
dont
l’œil
le
charme
et
le
poursuit
il
voltige
de
cime
en
cime
puis
il
accourt
et
meurt
victime
du
doux
regard
qui
l’a
séduit
ou
s’il
voit
luire
enfin
l’aurore
du
jour
promis
à
ses
efforts
vivant
si
son
front
se
décore
du
laurier
qui
croît
pour
les
morts
l’erreur
l’ignorance
hautaine
l’injure
impunie
et
la
haine
usent
les
jours
de
l’immortel
du
malheur
imposant
exemple
la
gloire
l’admet
dans
son
temple
pour
l’immoler
sur
son
autel
ii
pourtant
fallût
il
être
en
proie
à
l’injustice
à
la
douleur
qui
n’accepterait
avec
joie
le
génie
au
prix
du
malheur
quel
mortel
sentant
dans
son
âme
s’éveiller
la
céleste
flamme
que
le
temps
ne
saurait
ternir
voudrait
redoutant
sa
victoire
au
sein
d’un
bonheur
sans
mémoire
fuir
son
triste
et
noble
avenir
chateaubriand
je
t’en
atteste
toi
qui
déplacé
parmi
nous
reçus
du
ciel
le
don
funeste
qui
blesse
notre
orgueil
jaloux
quand
ton
nom
doit
survivre
aux
âges
que
t’importe
avec
ses
outrages
à
toi
géant
un
peuple
nain
tout
doit
un
tribut
au
génie
eux
ils
n’ont
que
la
calomnie
le
serpent
n’a
que
son
venin
brave
la
haine
empoisonnée
le
nocher
rit
des
flots
mouvants
lorsque
sa
poupe
couronnée
entre
au
port
à
l’abri
des
vents
longtemps
ignoré
dans
le
monde
ta
nef
a
lutté
contre
l’onde
souvent
prête
à
l’ensevelir
ainsi
jadis
le
vieil
homère
errait
inconnu
sur
la
terre
qu’un
jour
son
nom
devait
remplir
iii
jeune
encor
quand
des
mains
du
crime
la
france
en
deuil
reçut
des
fers
tu
fuis
le
souffle
qui
t’anime
s’éveilla
dans
l’autre
univers
contemplant
ces
vastes
rivages
ces
grands
fleuves
ces
bois
sauvages
aux
humains
tu
disais
adieu
car
dans
ces
lieux
que
l’homme
ignore
du
moins
ses
pas
n’ont
point
encore
effacé
les
traces
de
dieu
tu
vins
dans
un
temps
plus
tranquille
fouler
cette
terre
des
arts
où
croît
le
laurier
de
virgile
où
tombent
les
murs
des
césars
tu
vis
la
grèce
humble
et
domptée
hélas
il
n’est
plus
de
tyrtée
chez
ces
peuples
jadis
si
grands
les
grecs
courbent
leurs
fronts
serviles
et
le
rocher
des
thermopyles
porte
les
tours
de
leurs
tyrans
ces
cités
que
vante
l’histoire
pleurent
leurs
enfants
aguerris
le
vieux
souvenir
de
leur
gloire
n’habite
plus
que
leurs
débris
les
dieux
ont
fui
dans
les
prairies
adieu
les
blanches
théories
plus
de
jeux
plus
de
saints
concerts
adieu
les
fêtes
fraternelles
l’airain
qui
gronde
aux
dardanelles
trouble
seul
les
temples
déserts
mais
si
la
grèce
est
sans
prestiges
tu
savais
des
lieux
solennels
où
sont
de
plus
sacrés
vestiges
des
monuments
plus
éternels
une
tombe
pleine
de
vie
et
jérusalem
asservie
qu’un
pacha
foule
sans
remord
et
le
bédouin
fils
du
numide
et
carthage
et
la
pyramide
tente
immobile
de
la
mort
enfin
au
foyer
de
tes
pères
tu
vins
rapportant
pour
trésor
tes
maux
aux
rives
étrangères
et
les
hautes
leçons
du
sort
tu
déposas
ta
douce
lyre
dès
lors
la
raison
qui
t’inspire
au
sénat
parla
par
ta
voix
et
la
liberté
rassurée
confia
sa
cause
sacrée
à
ton
bras
défenseur
des
rois
dans
cette
arène
où
l’on
t’admire
sois
fier
d’avoir
tant
combattu
honoré
du
double
martyre
du
génie
et
de
la
vertu
poursuis
remplis
notre
espérance
sers
ton
prince
éclaire
la
france
dont
les
destins
vont
s’accomplir
l’anarchie
altière
et
servile
pâlit
devant
ton
front
tranquille
qu’un
tyran
n’a
point
fait
pâlir
que
l’envie
aux
pervers
unie
te
poursuive
de
ses
clameurs
ton
noble
essor
fils
du
génie
t’enlève
à
ces
vaines
rumeurs
tel
l’oiseau
du
cap
des
tempêtes
voit
les
nuages
sur
nos
têtes
rouler
leurs
flots
séditieux
pour
lui
loin
des
bruits
de
la
terre
bercé
par
son
vol
solitaire
il
va
s’endormir
dans
les
cieux
juillet
1820
ode
septième
la
fille
d’o
taïti
écoutez
la
jeune
fiancée
qui
pleure
elle
pleure
parce
qu’elle
est
délaissée
ballade
d’arven
que
fait
il
donc
celui
que
sa
douleur
attend
sans
doute
il
n’aime
pas
celui
qu’elle
aime
tant
alfred
de
vigny
dolorida
oh
dis
moi
tu
veux
fuir
et
la
voile
inconstante
va
bientôt
de
ces
bords
t’enlever
à
mes
yeux
cette
nuit
j’entendais
trompant
ma
douce
attente
chanter
les
matelots
qui
repliaient
leur
tente
je
pleurais
à
leurs
cris
joyeux
pourquoi
quitter
notre
île
en
ton
île
étrangère
les
cieux
sont
ils
plus
beaux
a
t
on
moins
de
douleurs
les
tiens
quand
tu
mourras
pleureront
ils
leur
frère
couvriront
ils
tes
os
du
plane
funéraire
dont
on
ne
cueille
pas
les
fleurs
te
souvient
il
du
jour
où
les
vents
salutaires
t’amenèrent
vers
nous
pour
la
première
fois
tu
m’appelas
de
loin
sous
nos
bois
solitaires
je
ne
t’avais
point
vu
jusqu’alors
sur
nos
terres
et
pourtant
je
vins
à
ta
voix
oh
j’étais
belle
alors
mais
les
pleurs
m’ont
flétrie
reste
ô
jeune
étranger
ne
me
dis
pas
adieu
ici
nous
parlerons
de
ta
mère
chérie
tu
sais
que
je
me
plais
aux
chants
de
ta
patrie
comme
aux
louanges
de
ton
dieu
tu
rempliras
mes
jours
à
toi
je
m’abandonne
que
t’ai
je
fait
pour
fuir
demeure
sous
nos
cieux
je
guérirai
tes
maux
je
serai
douce
et
bonne
et
je
t’appellerai
du
nom
que
l’on
te
donne
dans
le
pays
de
tes
aïeux
je
serai
si
tu
veux
ton
esclave
fidèle
pourvu
que
ton
regard
brille
à
mes
yeux
ravis
reste
ô
jeune
étranger
reste
et
je
serai
belle
mais
tu
n’aimes
qu’un
temps
comme
notre
hirondelle
moi
je
t’aime
comme
je
vis
hélas
tu
veux
partir
—
aux
monts
qui
t’ont
vu
naître
sans
doute
quelque
vierge
espère
ton
retour
eh
bien
daigne
avec
toi
m’emmener
ô
mon
maître
je
lui
serai
soumise
et
l’aimerai
peut
être
si
ta
joie
est
dans
son
amour
loin
de
mes
vieux
parents
qu’un
tendre
orgueil
enivre
du
bois
où
dans
tes
bras
j’accourus
sans
effroi
loin
des
fleurs
des
palmiers
je
ne
pourrai
plus
vivre
je
mourrais
seule
ici
va
laisse
moi
te
suivre
je
mourrai
du
moins
près
de
toi
si
l’humble
bananier
accueillit
ta
venue
si
tu
m’aimas
jamais
ne
me
repousse
pas
ne
t’en
va
pas
sans
moi
dans
ton
île
inconnue
de
peur
que
ma
jeune
âme
errante
dans
la
nue
n’aille
seule
suivre
tes
pas
quand
le
matin
dora
les
voiles
fugitives
en
vain
on
la
chercha
sous
son
dôme
léger
on
ne
la
revit
plus
dans
les
bois
sur
les
rives
pourtant
la
douce
vierge
aux
paroles
plaintives
n’était
pas
avec
l’étranger
janvier
1821
à
m
ulric
guttinguer
ode
huitième
l’homme
heureux
beatus
qui
non
prosper
je
vous
abhorre
ô
dieux
hélas
si
jeune
encore
je
puis
déjà
ce
que
je
veux
accablé
de
vos
dons
ô
dieux
je
vous
abhorre
que
vous
ai
je
donc
fait
pour
combler
tous
mes
vœux
du
détroit
de
léandre
aux
colonnes
d’alcide
mes
vaisseaux
parcourent
les
mers
mon
palais
engloutit
ainsi
qu’un
gouffre
avide
les
trésors
des
cités
et
les
fruits
des
déserts
je
dors
au
bruit
des
eaux
au
son
lointain
des
lyres
sur
un
lit
aux
pieds
de
vermeil
et
sur
mon
front
brûlant
appelant
les
zéphires
dix
vierges
de
l’indus
veillent
pour
mon
sommeil
je
laisse
en
mes
banquets
à
l’ingrat
parasite
des
mets
que
repousse
ma
main
et
dans
les
plats
dorés
ma
faim
que
rien
n’excite
dédaigne
des
poissons
nourris
de
sang
humain
aux
bords
du
tibre
aux
monts
qui
vomissent
les
laves
j’ai
des
jardins
délicieux
mes
domaines
partout
couverts
de
mes
esclaves
fatiguent
mes
coursiers
importunent
mes
yeux
je
vois
les
grands
me
craindre
et
césar
me
sourire
je
protège
les
suppliants
j’ai
des
pavés
de
marbre
et
des
bains
de
porphyre
mon
char
est
salué
d’un
peuple
de
clients
je
m’ennuie
au
forum
je
m’ennuie
aux
arènes
je
demande
à
tous
que
fait
on
je
fais
jeter
par
jour
un
esclave
aux
murènes
et
je
m’amuse
à
peine
à
ce
jeu
de
caton
les
femmes
de
l’europe
et
celles
de
l’asie
touchent
peu
mon
cœur
déjà
mort
dans
une
coupe
d’or
l’ennui
me
rassasie
et
le
pauvre
qui
pleure
est
jaloux
de
mon
sort
d’implacables
faveurs
me
poursuivant
sans
cesse
vous
m’avez
flétri
dans
ma
fleur
dieux
donnez
l’espérance
à
ma
froide
jeunesse
je
vous
rends
tous
ces
biens
pour
un
peu
de
bonheur
dans
le
temple
traînant
sa
langueur
opulente
ainsi
parlait
celsus
de
sa
couche
indolente
il
blasphémait
ses
dieux
et
bénissant
le
ciel
un
martyr
expirait
devant
l’impur
autel
1822
ode
neuvième
l’âme
je
ne
sais
quel
destin
trouble
l’esprit
des
mortels
semblables
à
des
cylindres
ils
roulent
çà
et
là
accablés
d’une
infinité
de
maux…
mais
prends
courage
la
race
des
hommes
est
divine
lorsque
dépouillé
de
ton
corps
tu
t’élèveras
dans
les
régions
éthérées
la
mort
n’aura
plus
sur
toi
de
pouvoir
tu
seras
un
dieu
immortel
et
incorruptible
vers
dorés
de
pythagore
i
fils
du
ciel
je
fuirai
les
honneurs
de
la
terre
dans
mon
abaissement
je
mettrai
mon
orgueil
je
suis
le
roi
banni
superbe
et
solitaire
qui
veut
le
trône
ou
le
cercueil
je
hais
le
bruit
du
monde
et
je
crains
sa
poussière
la
retraite
paisible
et
fière
réclame
un
cœur
indépendant
je
ne
veux
point
d’esclave
et
ne
veux
point
de
maître
laissez
moi
rêver
seul
au
désert
de
mon
être
—
j’y
cherche
le
buisson
ardent
toi
qu’aux
douleurs
de
l’homme
un
dieu
caché
convie
compagne
sous
les
cieux
de
l’humble
humanité
passagère
immortelle
esclave
de
la
vie
et
reine
de
l’éternité
âme
aux
instants
heureux
comme
aux
heures
funèbres
rayonne
au
fond
de
mes
ténèbres
règne
sur
mes
sens
combattus
oh
de
ton
sceptre
d’or
romps
leur
chaîne
fatale
et
nuit
et
jour
pareille
à
l’antique
vestale
veille
au
feu
sacré
des
vertus
est
ce
toi
dont
le
souffle
a
visité
ma
lyre
ma
lyre
chaste
sœur
des
harpes
de
sion
et
qui
viens
dans
ma
nuit
avec
un
doux
sourire
comme
une
belle
vision
sur
mes
terrestres
fers
ô
vierge
glorieuse
pose
l’aile
mystérieuse
qui
t’emporte
au
ciel
dévoilé
viens
tu
m’apprendre
écho
de
la
voix
infinie
quelque
secret
d’amour
de
joie
ou
d’harmonie
que
les
anges
t’ont
révélé
ii
vis
tu
ces
temps
d’innocence
où
quand
rien
n’était
maudit
dieu
content
de
sa
puissance
fit
le
monde
et
s’applaudit
vis
tu
dans
ces
jours
prospères
du
jeune
aïeul
de
nos
pères
ève
enchanter
le
réveil
et
dans
la
sainte
phalange
au
front
du
premier
archange
luire
le
premier
soleil
vis
tu
des
torrents
de
l’être
parmi
de
brûlants
sillons
les
astres
joyeux
de
naître
s’échapper
en
tourbillons
quand
dieu
dans
sa
paix
féconde
penché
de
loin
sur
le
monde
contemplait
ces
grands
tableaux
lui
centre
commun
des
âmes
foyer
de
toutes
les
flammes
océan
de
tous
les
flots
iii
suivais
tu
du
seigneur
la
marche
solennelle
lorsque
l’esprit
porta
la
parole
éternelle
de
l’abîme
des
eaux
aux
régions
du
feu
au
jour
où
menaçant
la
terre
virginale
comme
d’un
char
léger
pressant
l’ardent
essieu
un
roi
vaincu
refuse
une
lutte
inégale
le
chaos
éperdu
s’enfuyait
devant
dieu
as
tu
vu
loin
des
cieux
châtiant
ses
complices
le
roi
du
mal
armé
du
sceptre
des
supplices
dans
le
gouffre
où
jamais
la
terreur
ne
s’endort
lieu
funèbre
où
pleurant
les
songes
de
la
terre
le
crime
se
réveille
enfantant
le
remord
et
qu’un
dieu
visita
revêtu
de
mystère
quand
d’enfer
en
enfer
il
poursuivit
la
mort
iv
montre
moi
l’éternel
donnant
comme
un
royaume
le
temps
à
l’éphémère
et
l’espace
à
l’atome
le
vide
obscur
des
nuits
tombeau
silencieux
les
foudres
se
croisant
dans
leur
sphère
tonnante
et
la
comète
rayonnante
traînant
sa
chevelure
éparse
dans
les
cieux
mon
esprit
sur
ton
aile
ô
puissante
compagne
vole
de
fleur
en
fleur
de
montagne
en
montagne
remonte
aux
champs
d’azur
d’où
l’homme
fut
banni
du
secret
éternel
lève
le
voile
austère
car
il
voit
plus
loin
que
la
terre
ma
pensée
est
un
monde
errant
dans
l’infini
v
mais
la
vie
ô
mon
âme
a
des
pièges
dans
l’ombre
sois
le
guerrier
captif
qui
garde
sa
prison
des
feux
de
l’ennemi
compte
avec
soin
le
nombre
et
sous
le
jour
brûlant
ainsi
qu’en
la
nuit
sombre
surveille
au
loin
tout
l’horizon
je
ne
suis
point
celui
qu’une
ardeur
vaine
enflamme
qui
refuse
à
son
cœur
un
amour
chaste
et
saint
porte
à
dagon
l’encens
que
jéhovah
réclame
et
voyageur
sans
guide
erre
autour
de
son
âme
comme
autour
d’un
cratère
éteint
il
n’ose
offrant
à
dieu
sa
nudité
parée
flétrir
les
fleurs
d’éden
d’un
souffle
criminel
fils
banni
qui
traînant
sa
misère
ignorée
mendie
et
pleure
assis
sur
la
borne
sacrée
de
l’héritage
paternel
et
les
anges
entre
eux
disent
voilà
l’impie
il
a
bu
des
faux
biens
le
philtre
empoisonneur
devant
le
juste
heureux
que
son
crime
s’expie
dieu
rejette
son
âme
elle
s’est
assoupie
durant
la
veille
du
seigneur
toi
puisses
tu
bientôt
secouant
ma
poussière
retourner
radieuse
au
radieux
séjour
tu
remonteras
pure
à
la
source
première
et
comme
le
soleil
emporte
sa
lumière
tu
n’emporteras
que
l’amour
vi
malheureux
l’insensé
dont
la
vue
asservie
ne
sent
point
qu’un
esprit
s’agite
dans
la
vie
mortel
il
reste
sourd
à
la
voix
du
tombeau
sa
pensée
est
sans
aile
et
son
cœur
est
sans
flamme
car
il
marche
ignorant
son
âme
tel
qu’un
aveugle
errant
qui
porte
un
vain
flambeau
24
juin
1823
ode
dixième
le
chant
de
l’arène
généreux
grecs
voilà
les
prix
que
remporteront
les
vainqueurs
homère
l’athlète
vainqueur
dans
l’arène
est
en
honneur
dans
la
cité
son
nom
sans
que
le
temps
l’entraîne
par
les
peuples
est
répété
depuis
cette
plage
inféconde
où
dort
sur
la
borne
du
monde
l’hiver
vieillard
au
dur
sommeil
jusqu’aux
lieux
où
quand
naît
l’aurore
on
entend
sous
l’onde
sonore
hennir
les
coursiers
du
soleil
voici
la
fête
d’olympie
tressez
l’acanthe
et
le
laurier
que
les
dieux
confondent
l’impie
que
l’antique
audace
assoupie
se
réveille
au
cœur
du
guerrier
venez
vous
que
la
gloire
enchaîne
voyez
les
prêtres
d’apollon
pour
votre
victoire
prochaine
ravir
des
couronnes
au
chêne
qui
jadis
a
vaincu
milon
venez
de
corinthe
et
de
crète
de
tyr
aux
tissus
précieux
de
scylla
que
bat
la
tempête
et
d’athos
où
l’aigle
s’arrête
pour
voir
de
plus
haut
dans
les
cieux
venez
de
l’île
des
colombes
venez
des
mers
de
l’archipel
de
rhode
aux
riches
hécatombes
dont
les
guerriers
jusqu’en
leurs
tombes
de
bellone
entendent
l’appel
venez
du
palais
centenaire
dont
cécrops
a
fondé
la
tour
d’argos
de
sparte
qu’on
vénère
de
lemnos
où
naît
le
tonnerre
d’amathonte
où
naquit
l’amour
les
temples
saints
les
gynécées
chargés
de
verdoyants
festons
tels
que
de
jeunes
fiancées
sous
des
guirlandes
enlacées
ont
caché
leurs
chastes
frontons
les
archontes
et
les
éphores
dans
le
stade
se
sont
assis
les
vierges
et
les
canéphores
ont
purifié
les
amphores
suivant
les
rites
d’éleusis
on
a
consulté
la
pythie
et
ceux
qui
parlent
en
rêvant
à
l’heure
où
s’éveille
clytie
d’un
vautour
fauve
de
scythie
on
a
jeté
la
plume
au
vent
le
vainqueur
de
la
course
agile
recevra
deux
trépieds
divins
et
la
coupe
agreste
et
fragile
dont
bacchus
a
touché
l’argile
lorsqu’il
goûta
les
premiers
vins
celui
dont
le
disque
mobile
renversera
les
trois
faisceaux
aura
cette
urne
indélébile
que
sculpta
d’une
main
habile
phlégon
du
pays
de
naxos
juges
de
la
gloire
innocente
nous
offrons
au
lutteur
ardent
une
chlamyde
éblouissante
de
sydon
qui
riche
et
puissante
joint
le
caducée
au
trident
lutteurs
discoboles
athlètes
réparez
vos
forces
au
bain
puis
venez
vaincre
dans
nos
fêtes
afin
d’obtenir
des
poëtes
un
chant
sur
le
mode
thébain
l’athlète
vainqueur
dans
l’arène
est
en
honneur
dans
la
cité
son
nom
sans
que
le
temps
l’entraîne
par
les
peuples
est
répété
depuis
cette
plage
inféconde
où
dort
sur
la
borne
du
monde
l’hiver
vieillard
au
dur
sommeil
jusqu’aux
lieux
où
quand
naît
l’aurore
on
entend
sous
l’onde
sonore
hennir
les
coursiers
du
soleil
janvier
1824
ode
onzième
le
chant
du
cirque
panem
et
circenses
juvénal
cependant
le
peuple
s’assemblait
à
l’amphithéâtre
de
vespasien
chateaubriand
les
martyrs
césar
empereur
magnanime
le
monde
à
te
plaire
unanime
à
tes
fêtes
doit
concourir
éternel
héritier
d’auguste
salut
prince
immortel
et
juste
césar
sois
salué
par
ceux
qui
vont
mourir
seul
entre
tous
les
rois
césar
aux
dieux
de
rome
peut
en
libations
offrir
le
sang
de
l’homme
à
nos
solennités
nous
invitons
la
mort
de
monstres
pour
nos
jeux
nous
dépeuplons
le
monde
nous
mêlons
dans
le
cirque
où
fume
un
sang
immonde
les
tigres
d’hyrcanie
aux
barbares
du
nord
des
colosses
d’airain
des
vases
de
porphyre
des
ancres
des
drapeaux
que
gonfle
le
zéphire
parent
du
champ
fatal
les
murs
éblouissants
les
parfums
chargent
l’air
d’un
odorant
nuage
car
le
peuple
romain
aime
que
le
carnage
exhale
ses
vapeurs
parmi
des
flots
d’encens
des
portes
tout
à
coup
les
gonds
d’acier
gémissent
la
foule
entre
en
froissant
les
grilles
qui
frémissent
les
panthères
dans
l’ombre
ont
tressailli
d’effroi
et
poussant
mille
cris
qu’un
long
bruit
accompagne
comme
un
fleuve
épandu
de
montagne
en
montagne
de
degrés
en
degrés
roule
le
peuple
roi
les
deux
chaises
d’ivoire
ont
reçu
les
édiles
l’hippopotame
informe
et
les
noirs
crocodiles
nagent
autour
du
cirque
en
un
large
canal
dans
leurs
cages
de
fer
les
cinq
cents
lions
grondent
les
vestales
en
chœur
dont
les
chants
se
répondent
apportent
l’autel
chaste
et
le
feu
virginal
l’œil
ardent
le
sein
nu
l’impure
courtisane
près
du
foyer
sacré
pose
un
trépied
profane
on
voile
de
cyprès
l’autel
des
suppliants
à
travers
leur
cortège
et
de
rois
et
d’esclaves
les
sénateurs
vêtus
d’augustes
laticlaves
dans
la
foule
de
loin
comptent
tous
leurs
clients
chaque
vierge
est
assise
auprès
d’une
matrone
à
la
voix
des
tribuns
on
voit
autour
du
trône
les
soldats
du
prétoire
en
cercle
se
ranger
les
prêtres
de
cybèle
entonnent
la
louange
et
sur
de
vils
tréteaux
les
histrions
du
gange
chantent
en
attendant
ceux
qui
vont
s’égorger
les
voilà
…
—
tout
le
peuple
applaudit
et
menace
ces
captifs
que
césar
d’un
bras
puissant
ramasse
des
temples
de
manès
aux
antres
d’irmensul
ils
entrent
tour
à
tour
et
le
licteur
les
nomme
vil
troupeau
que
la
mort
garde
aux
plaisirs
de
rome
et
que
d’un
fer
brûlant
a
marqué
le
consul
on
découvre
en
leurs
rangs
à
leur
tête
penchée
des
juifs
traînant
partout
une
honte
cachée
plus
loin
d’altiers
gaulois
que
nul
péril
n’abat
et
d’infâmes
chrétiens
qui
dépouillés
d’armures
refusant
aux
bourreaux
leurs
chants
ou
leurs
murmures
vont
souffrir
sans
orgueil
et
mourir
sans
combat
bientôt
quand
rugiront
les
bêtes
échappées
les
murs
tout
hérissés
de
piques
et
d’épées
livreront
cette
proie
entière
à
leur
fureur
—
du
trône
de
césar
la
pourpre
orne
le
faîte
afin
qu’un
jour
plus
doux
durant
l’ardente
fête
flatte
les
yeux
divins
du
clément
empereur
césar
empereur
magnanime
le
monde
à
te
plaire
unanime
à
tes
fêtes
doit
concourir
éternel
héritier
d’auguste
salut
prince
immortel
et
juste
césar
sois
salué
par
ceux
qui
vont
mourir
janvier
1824
ode
douzième
le
chant
du
tournoi
le
beffroi
de
la
prochaine
tour
appelle
aux
jeux
guerriers
les
seigneurs
d’alentour
a
soumet
servants
d’amour
regardez
doucement
aux
échafauds
anges
de
paradis
lors
jouterez
fort
et
joyeusement
et
vous
serez
honorés
et
chéris
ancienne
ballade
largesse
ô
chevaliers
largesse
aux
suivants
d’armes
venez
tous
soit
qu’au
sein
des
jeux
ou
des
alarmes
votre
écu
de
milan
porte
le
vert
dragon
le
manteau
noir
d’agra
semé
de
blanches
larmes
la
fleur
de
lys
de
france
ou
la
croix
d’aragon
déjà
la
lice
est
ouverte
les
clercs
en
ont
fait
le
tour
la
bannière
blanche
et
verte
flotte
au
front
de
chaque
tour
la
foule
éclate
en
paroles
les
légères
banderoles
se
mêlent
en
voltigeant
et
le
héros
du
portique
sur
l’or
de
sa
dalmatique
suspend
le
griffon
d’argent
les
maisons
peuplent
leur
faîte
au
loin
gronde
le
beffroi
tout
nous
promet
une
fête
digne
des
regards
du
roi
la
reine
à
ce
jour
suprême
a
de
son
épargne
même
consacré
douze
deniers
et
pour
l’embellir
encore
racheté
des
fers
du
maure
douze
chrétiens
prisonniers
or
comme
la
loi
l’ordonne
chevaliers
au
cœur
loyal
avant
que
le
clairon
sonne
écoutez
l’édit
royal
car
sans
l’entendre
en
silence
celui
qui
saisit
la
lance
n’a
plus
qu’un
glaive
maudit
croyez
ces
conseils
prospères
c’est
ce
qu’ont
dit
à
vos
pères
ceux
à
qui
dieu
l’avait
dit
d’abord
des
saintes
louanges
chantez
les
versets
bénis
chantez
jésus
les
archanges
et
monseigneur
saint
denis
jurez
sur
les
évangiles
que
si
vos
bras
sont
fragiles
rien
ne
ternit
votre
honneur
que
vous
pourrez
s’il
se
lève
montrer
au
roi
votre
glaive
comme
votre
âme
au
seigneur
d’un
saint
touchez
la
dépouille
jurez
comtes
et
barons
que
nulle
fange
ne
souille
l’or
pur
de
vos
éperons
que
de
ses
vassaux
fidèles
dans
ses
noires
citadelles
nul
de
vous
n’est
le
bourreau
que
du
sort
bravant
l’épreuve
pour
l’orphelin
et
la
veuve
votre
épée
est
sans
fourreau
preux
que
l’honneur
accompagne
n’oubliez
pas
les
vertus
des
vieux
pairs
de
charlemagne
des
vieux
champions
d’artus
malheur
au
vainqueur
sans
gloire
qui
doit
sa
lâche
victoire
à
de
hideux
nécromants
honte
au
guerrier
sans
vaillance
qui
combat
la
noble
lance
avec
d’impurs
talismans
un
jour
sur
les
murs
funestes
de
son
infâme
château
on
voit
pendre
ses
vils
restes
aux
bras
d’un
sanglant
poteau
éternisant
ses
supplices
les
enchanteurs
ses
complices
dans
les
ombres
déchaînés
parmi
d’affreux
sortilèges
à
leurs
festins
sacrilèges
mêlent
ses
os
décharnés
mais
gloire
au
guerrier
austère
gloire
au
pieux
châtelain
chaque
belle
sans
mystère
brode
son
nom
sur
le
lin
le
mélodieux
trouvère
à
son
glaive
qu’on
révère
consacre
un
chant
immortel
dans
sa
tombe
est
une
fée
et
l’on
donne
à
son
trophée
pour
piédestal
un
autel
donc
en
vos
âmes
courtoises
gravez
pairs
et
damoisels
la
loi
des
joutes
gauloises
et
des
galants
carrousels
par
les
juges
de
l’épée
par
leur
belle
détrompée
les
félons
seront
honnis
leur
opprobre
est
sans
refuges
ceux
que
condamnent
les
juges
par
les
dames
sont
punis
largesse
ô
chevaliers
largesse
aux
suivants
d’armes
venez
tous
soit
qu’au
sein
des
jeux
ou
des
alarmes
votre
écu
de
milan
porte
le
vert
dragon
le
manteau
noir
d’agra
semé
de
blanches
larmes
la
fleur
de
lys
de
france
ou
la
croix
d’aragon
janvier
1824
ode
treizième
l’antéchrist
après
que
les
mille
ans
seront
accomplis
satan
sera
délié
il
sortira
de
sa
prison
et
il
séduira
les
nations
qui
sont
aux
quatre
coins
du
monde
gog
et
magog
saint
jean
apocalypse
i
il
viendra
—
quand
viendront
les
dernières
ténèbres
que
la
source
des
jours
tarira
ses
torrents
qu’on
verra
les
soleils
au
front
des
nuits
funèbres
pâlir
comme
des
yeux
mourants
quand
l’abîme
inquiet
rendra
des
bruits
dans
l’ombre
que
l’enfer
comptera
le
nombre
de
ses
soldats
audacieux
et
qu’enfin
le
fardeau
de
la
suprême
voûte
fera
comme
un
vieux
char
tout
poudreux
de
sa
route
crier
l’axe
affaibli
des
cieux
il
viendra
—
quand
la
mère
au
fond
de
ses
entrailles
sentira
tressaillir
son
fruit
épouvanté
quand
nul
ne
suivra
plus
les
saintes
funérailles
du
juste
en
sa
tombe
attristé
lorsqu’approchant
des
mers
sans
lit
et
sans
rivages
l’homme
entendra
gronder
sous
le
vaisseau
des
âges
la
vague
de
l’éternité
il
viendra
—
quand
l’orgueil
et
le
crime
et
la
haine
de
l’antique
alliance
enfreint
le
vœu
quand
les
peuples
verront
craignant
leur
fin
prochaine
du
monde
décrépit
se
détacher
la
chaîne
les
astres
se
heurter
dans
leurs
chemins
de
feu
et
dans
le
ciel
—
ainsi
qu’en
ses
salles
oisives
un
hôte
se
promène
attendant
ses
convives
—
passer
et
repasser
l’ombre
immense
de
dieu
ii
parmi
les
nations
il
luira
comme
un
signe
il
viendra
des
captifs
dissiper
la
rançon
le
seigneur
l’enverra
pour
dévaster
la
vigne
et
pour
disperser
la
moisson
les
peuples
ne
sauront
dans
leur
stupeur
profonde
si
ses
mains
dans
quelque
autre
monde
ont
porté
le
sceptre
ou
les
fers
et
dans
leurs
chants
de
deuil
et
leurs
hymnes
de
fête
ils
se
demanderont
si
les
feux
de
sa
tête
sont
des
rayons
ou
des
éclairs
tantôt
ses
traits
au
ciel
emprunteront
leurs
charmes
tel
qu’un
ange
vêtu
de
radieuses
armes
tout
son
corps
brillera
de
reflets
éclatants
et
ses
yeux
souriront
baignés
de
douces
larmes
comme
la
jeune
aurore
au
front
du
beau
printemps
tantôt
hideux
amant
de
la
nuit
solitaire
noir
dragon
déployant
l’aile
aux
ongles
de
fer
pâle
et
s’épouvantant
de
son
propre
mystère
du
sein
profané
de
la
terre
ses
pas
feront
monter
les
vapeurs
de
l’enfer
la
nature
entendra
sa
voix
miraculeuse
son
souffle
emportera
les
cités
aux
déserts
il
guidera
des
vents
la
course
nébuleuse
il
aura
des
chars
dans
les
airs
il
domptera
la
flamme
il
marchera
sur
l’onde
on
verra
l’arène
inféconde
sous
ses
pieds
de
fleurs
s’émailler
et
les
astres
sur
lui
descendre
en
auréole
et
les
morts
tressaillir
au
bruit
de
sa
parole
comme
s’ils
allaient
s’éveiller
fleuve
aux
flots
débordés
volcan
aux
noires
laves
il
n’aura
point
d’amis
pour
avoir
plus
d’esclaves
il
pèsera
sur
tous
de
toute
sa
hauteur
le
monde
où
passera
le
funeste
fantôme
paraîtra
sa
conquête
et
non
pas
son
royaume
il
ne
sera
qu’un
maître
où
dieu
fut
un
pasteur
il
semblera
courbé
sur
la
terre
asservie
porter
un
autre
poids
vivre
d’une
autre
vie
il
ne
pourra
vieillir
il
ne
pourra
changer
les
fleurs
que
nous
cueillons
pour
lui
seront
flétries
sans
tendresse
et
sans
foi
dans
toutes
nos
patries
il
sera
comme
un
étranger
son
attente
jamais
ne
sera
l’espérance
battu
de
ses
désirs
comme
d’un
flot
des
mers
sa
science
en
secret
envîra
l’ignorance
et
n’aura
que
des
fruits
amers
il
bravera
l’arrêt
suspendu
sur
sa
tête
calme
comme
avant
la
tempête
et
muet
comme
après
la
mort
et
son
cœur
ne
sera
qu’une
arène
insensible
où
dans
le
noir
combat
d’un
hymen
impossible
le
crime
étreindra
le
remord
du
temps
prêt
à
finir
il
saisira
le
reste
son
bras
du
dernier
port
éteindra
le
fanal
dieu
qui
combla
de
maux
son
envoyé
céleste
accablera
de
biens
le
messie
infernal
couché
sur
ses
plaisirs
ainsi
que
sur
des
proies
ses
yeux
n’exprimeront
durant
son
vain
pouvoir
que
la
honte
cachée
au
sein
des
fausses
joies
et
l’orgueil
qui
se
lève
au
fond
du
désespoir
de
l’enfer
aux
mortels
apportant
les
messages
sa
main
semant
l’erreur
au
champ
de
la
raison
mêlera
dans
sa
coupe
où
boiront
les
faux
sages
les
venins
aux
parfums
et
le
miel
au
poison
comme
un
funèbre
mur
entre
le
ciel
et
l’homme
il
osera
placer
un
effroyable
adieu
ses
forfaits
n’auront
pas
de
langue
qui
les
nomme
et
l’athée
effrayé
dira
voilà
mon
dieu
iii
enfin
quand
ce
héraut
du
suprême
mystère
aura
de
crime
en
crime
usé
ses
noirs
destins
que
la
sainte
vertu
que
la
foi
salutaire
trouveront
tous
les
cœurs
éteints
quand
du
signe
du
meurtre
et
du
sceau
des
supplices
il
aura
marqué
ses
complices
que
son
troupeau
sera
compté
il
quittera
la
vie
ainsi
qu’une
demeure
et
son
règne
ici
bas
n’aura
pour
dernière
heure
que
l’heure
de
l’éternité
1823
ode
quatorzième
épitaphe
hic
præteritos
commemora
dies
æternos
meditare
jeune
ou
vieux
imprudent
ou
sage
toi
qui
de
cieux
en
cieux
errant
comme
un
nuage
suis
l’instinct
d’un
plaisir
ou
l’appel
d’un
besoin
voyageur
où
vas
tu
si
loin
—
n’est
ce
donc
pas
ici
le
but
de
ton
voyage
la
mort
qui
partout
pose
un
pied
victorieux
a
couvert
mes
splendeurs
d’ombres
expiatoires
mon
nom
même
a
subi
son
voile
injurieux
et
le
morne
oubli
cache
à
ton
œil
curieux
s’il
est
dans
mon
néant
quelqu’une
de
tes
gloires
passant
comme
toi
j’ai
passé
le
fleuve
est
revenu
se
perdre
dans
sa
source
fais
silence
assieds
toi
sur
ce
marbre
brisé
pose
un
instant
le
poids
qui
fatigue
ta
course
j’eus
de
même
un
fardeau
qu’ici
j’ai
déposé
si
tu
veux
du
repos
si
tu
cherches
de
l’ombre
ta
couche
est
prête
accours
loin
du
bruit
on
y
dort
si
ton
fragile
esquif
lutte
sur
la
mer
sombre
viens
c’est
ici
l’écueil
viens
c’est
ici
le
port
ne
sens
tu
rien
ici
dont
tressaille
ton
âme
rien
qui
borne
tes
pas
d’un
cercle
impérieux
sur
l’asile
qui
te
réclame
ne
lis
tu
pas
ton
nom
en
mots
mystérieux
éphémère
histrion
qui
sait
son
rôle
à
peine
chaque
homme
ivre
d’audace
ou
palpitant
d’effroi
sous
le
sayon
du
pâtre
ou
la
robe
du
roi
vient
passer
à
son
tour
son
heure
sur
la
scène
ne
foule
pas
les
morts
d’un
pied
indifférent
comme
moi
dans
leur
ville
il
te
faudra
descendre
l’homme
de
jour
en
jour
s’en
va
pâle
et
mourant
et
tu
ne
sais
quel
vent
doit
emporter
ta
cendre
mais
devant
moi
ton
cœur
à
peine
est
agité
quoi
donc
pas
un
soupir
pas
même
une
prière
tout
ton
néant
te
parle
et
n’est
point
écouté
tu
passes
—
en
effet
qu’importe
cette
pierre
que
peut
cacher
la
tombe
à
ton
œil
attristé
quelques
os
desséchés
un
reste
de
poussière
rien
peut
être
—
et
l’éternité
1823
à
m
le
comte
alfred
de
v
ode
quinzième
un
chant
de
fête
de
néron
nescio
quid
molle
atque
facetum
horace
amis
l’ennui
nous
tue
et
le
sage
l’évite
venez
tous
admirer
la
fête
où
vous
invite
néron
césar
consul
pour
la
troisième
fois
néron
maître
du
monde
et
dieu
de
l’harmonie
qui
sur
le
mode
d’ionie
chante
en
s’accompagnant
de
la
lyre
à
dix
voix
que
mon
joyeux
appel
sur
l’heure
vous
rassemble
jamais
vous
n’aurez
eu
tant
de
plaisirs
ensemble
chez
pallas
l’affranchi
chez
le
grec
agénor
ni
dans
ces
gais
festins
d’où
s’exilait
la
gêne
où
l’austère
sénèque
en
louant
diogène
buvait
le
falerne
dans
l’or
ni
lorsque
sur
le
tibre
aglaé
de
phalère
demi
nue
avec
nous
voguait
dans
sa
galère
sous
des
tentes
d’asie
aux
brillantes
couleurs
ni
quand
au
son
des
luths
le
préfet
des
bataves
jetait
aux
lions
vingt
esclaves
dont
on
avait
caché
les
chaînes
sous
des
fleurs
venez
rome
à
vos
yeux
va
brûler
—
rome
entière
j’ai
fait
sur
cette
tour
apporter
ma
litière
pour
contempler
la
flamme
en
bravant
ses
torrents
que
sont
les
vains
combats
des
tigres
et
de
l’homme
les
sept
monts
aujourd’hui
sont
un
grand
cirque
où
rome
lutte
avec
les
feux
dévorants
c’est
ainsi
qu’il
convient
au
maître
de
la
terre
de
charmer
son
ennui
profond
et
solitaire
il
doit
lancer
parfois
la
foudre
comme
un
dieu
mais
venez
la
nuit
tombe
et
la
fête
commence
déjà
l’incendie
hydre
immense
lève
son
aile
sombre
et
ses
langues
de
feu
voyez
vous
voyez
vous
sur
sa
proie
enflammée
il
déroule
en
courant
ses
replis
de
fumée
il
semble
caresser
ces
murs
qui
vont
périr
dans
ses
embrassements
les
palais
s’évaporent…
—
oh
que
n’ai
je
aussi
moi
des
baisers
qui
dévorent
des
caresses
qui
font
mourir
écoutez
ces
rumeurs
voyez
ces
vapeurs
sombres
ces
hommes
dans
les
feux
errant
comme
des
ombres
ce
silence
de
mort
par
degrés
renaissant
les
colonnes
d’airain
les
portes
d’or
s’écroulent
des
fleuves
de
bronze
qui
roulent
portent
des
flots
de
flamme
au
tibre
frémissant
tout
périt
jaspe
marbre
et
porphyre
et
statues
malgré
leurs
noms
divins
dans
la
cendre
abattues
le
fléau
triomphant
vole
au
gré
de
mes
vœux
il
va
tout
envahir
dans
sa
course
agrandie
et
l’aquilon
joyeux
tourmente
l’incendie
comme
une
tempête
de
feux
fier
capitole
adieu
—
dans
les
feux
qu’on
excite
l’aqueduc
de
sylla
semble
un
pont
du
cocyte
néron
le
veut
ces
tours
ces
dômes
tomberont
bien
sur
rome
à
la
fois
partout
la
flamme
gronde
—
rends
lui
grâces
reine
du
monde
vois
quel
beau
diadème
il
attache
à
ton
front
enfant
on
me
disait
que
les
voix
sibyllines
promettaient
l’avenir
aux
murs
des
sept
collines
qu’aux
pieds
de
rome
enfin
mourrait
le
temps
dompté
que
son
astre
immortel
n’était
qu’à
son
aurore…
—
mes
amis
dites
moi
combien
d’heures
encore
peut
durer
son
éternité
qu’un
incendie
est
beau
lorsque
la
nuit
est
noire
érostrate
lui
même
eût
envié
ma
gloire
d’un
peuple
à
mes
plaisirs
qu’importent
les
douleurs
il
fuit
de
toutes
parts
le
brasier
l’environne…
—
ôtez
de
mon
front
ma
couronne
le
feu
qui
brûle
rome
en
flétrirait
les
fleurs
quand
le
sang
rejaillit
sur
vos
robes
de
fête
amis
lavez
la
tache
avec
du
vin
de
crète
l’aspect
du
sang
n’est
doux
qu’au
regard
des
méchants
couvrons
un
jeu
cruel
de
voluptés
sublimes
malheur
à
qui
se
plaît
au
cri
de
ses
victimes
—
il
faut
l’étouffer
dans
des
chants
je
punis
cette
rome
et
je
me
venge
d’elle
ne
poursuit
elle
pas
d’un
encens
infidèle
tour
à
tour
jupiter
et
ce
christ
odieux
qu’enfin
à
leur
niveau
sa
terreur
me
contemple
je
veux
avoir
aussi
mon
temple
puisque
ces
vils
romains
n’ont
point
assez
de
dieux
j’ai
détruit
rome
afin
de
la
fonder
plus
belle
mais
que
sa
chute
au
moins
brise
la
croix
rebelle
plus
de
chrétiens
allez
exterminez
les
tous
que
rome
de
ses
maux
punisse
en
eux
les
causes
exterminez
…
—
esclave
apporte
moi
des
roses
le
parfum
des
roses
est
doux
mars
1825
ode
seizième
la
demoiselle
un
rien
sait
l’animer
curieuse
et
volage
elle
va
parcourant
tous
les
objets
flatteurs
sans
se
fixer
jamais
non
plus
que
sur
les
fleurs
les
zéphyrs
vagabonds
doux
rivaux
des
abeilles
ou
le
baiser
ravi
sur
des
lèvres
vermeilles
andré
chénier
quand
la
demoiselle
dorée
s’envole
au
départ
des
hivers
souvent
sa
robe
diaprée
souvent
son
aile
est
déchirée
aux
mille
dards
des
buissons
verts
ainsi
jeunesse
vive
et
frêle
qui
t’égarant
de
tous
côtés
voles
où
ton
instinct
t’appelle
souvent
tu
déchires
ton
aile
aux
épines
des
voluptés
mai
1827
ode
dix
septième
à
mon
ami
s
b
perseverando
devise
des
ducie
l’aigle
c’est
le
génie
oiseau
de
la
tempête
qui
des
monts
les
plus
hauts
cherche
le
plus
haut
faîte
dont
le
cri
fier
du
jour
chante
l’ardent
réveil
qui
ne
souille
jamais
sa
serre
dans
la
fange
et
dont
l’œil
flamboyant
incessamment
échange
des
éclairs
avec
le
soleil
son
nid
n’est
pas
un
nid
de
mousse
c’est
une
aire
quelque
rocher
creusé
par
un
coup
de
tonnerre
quelque
brèche
d’un
pic
épouvantable
aux
yeux
quelque
croulant
asile
aux
flancs
des
monts
sublimes
qu’on
voit
battu
des
vents
pendre
entre
deux
abîmes
le
noir
précipice
et
les
cieux
ce
n’est
pas
l’humble
ver
les
abeilles
dorées
la
verte
demoiselle
aux
ailes
bigarrées
qu’attendent
ses
petits
béants
de
faim
pressés
non
c’est
l’oiseau
douteux
qui
dans
la
nuit
végète
c’est
l’immonde
lézard
c’est
le
serpent
qu’il
jette
hideux
aux
aiglons
hérissés
nid
royal
palais
sombre
et
que
d’un
flot
de
neige
la
roulante
avalanche
en
bondissant
assiège
le
génie
y
nourrit
ses
fils
avec
amour
et
tournant
au
soleil
leurs
yeux
remplis
de
flammes
sous
son
aile
de
feu
couve
de
jeunes
âmes
qui
prendront
des
ailes
un
jour
pourquoi
donc
t’étonner
ami
si
sur
ta
tête
lourd
de
foudres
déjà
le
nuage
s’arrête
si
quelque
impur
reptile
en
ton
nid
se
débat
ce
sont
tes
premiers
jeux
c’est
ta
première
fête
pour
vous
autres
aiglons
chaque
heure
a
sa
tempête
chaque
festin
est
un
combat
rayonne
il
en
est
temps
et
s’il
vient
un
orage
en
prisme
éblouissant
change
le
noir
nuage
que
ta
haute
pensée
accomplisse
sa
loi
viens
joins
ta
main
de
frère
à
ma
main
fraternelle
poëte
prends
ta
lyre
aigle
ouvre
ta
jeune
aile
étoile
étoile
lève
toi
la
brume
de
ton
aube
ami
va
se
dissoudre
fais
toi
connaître
aiglon
du
soleil
de
la
foudre
viens
arracher
un
nom
par
tes
chants
inspirés
viens
cette
gloire
en
butte
à
tant
de
traits
vulgaires
ressemble
aux
fiers
drapeaux
qu’on
rapporte
des
guerres
plus
beaux
quand
ils
sont
déchirés
vois
l’astre
chevelu
qui
royal
météore
roule
en
se
grossissant
des
mondes
qu’il
dévore
tel
ô
jeune
géant
qui
t’accrois
tous
les
jours
tel
ton
génie
ardent
loin
des
routes
tracées
entraînant
dans
son
cours
des
mondes
de
pensées
toujours
marche
et
grandit
toujours
décembre
1827
ode
dix
huitième
jéhovah
domini
enim
sunt
cardines
terræ
et
posuit
super
eos
orbem
cant
annæ
i
jéhovah
est
le
maître
des
deux
pôles
et
sur
eux
il
fait
tourner
le
monde
joseph
de
maistre
soirées
de
saint
pétersbourg
gloire
à
dieu
seul
son
nom
rayonne
en
ses
ouvrages
il
porte
dans
sa
main
l’univers
réuni
il
mit
l’éternité
par
delà
tous
les
âges
par
delà
tous
les
cieux
il
jeta
l’infini
il
a
dit
au
chaos
sa
parole
féconde
et
d’un
mot
de
sa
voix
laissé
tomber
le
monde
l’archange
auprès
de
lui
compte
les
nations
quand
des
jours
et
des
lieux
franchissant
les
espaces
il
dispense
aux
siècles
leurs
races
et
mesure
leur
temps
aux
générations
rien
n’arrête
en
son
cours
sa
puissance
prudente
soit
que
son
souffle
immense
aux
ouragans
pareil
pousse
de
sphère
en
sphère
une
comète
ardente
ou
dans
un
coin
du
monde
éteigne
un
vieux
soleil
soit
qu’il
sème
un
volcan
sous
l’océan
qui
gronde
courbe
ainsi
que
des
flots
le
front
altier
des
monts
ou
de
l’enfer
troublé
touchant
la
voûte
immonde
au
fond
des
mers
de
feu
chasse
les
noirs
démons
oh
la
création
se
meut
dans
ta
pensée
seigneur
tout
suit
la
voie
en
tes
desseins
tracée
ton
bras
jette
un
rayon
au
milieu
des
hivers
défend
la
veuve
en
pleurs
du
publicain
avide
ou
dans
un
ciel
lointain
séjour
désert
du
vide
crée
en
passant
un
univers
l’homme
n’est
rien
sans
lui
l’homme
débile
proie
que
le
malheur
dispute
un
moment
au
trépas
dieu
lui
donne
le
deuil
ou
lui
reprend
la
joie
du
berceau
vers
la
tombe
il
a
compté
ses
pas
son
nom
que
des
élus
la
harpe
d’or
célèbre
est
redit
par
les
voix
de
l’univers
sauvé
et
lorsqu’il
retentit
dans
son
écho
funèbre
l’enfer
maudit
son
roi
par
les
cieux
réprouvé
oui
les
anges
les
saints
les
sphères
étoilées
et
les
âmes
des
morts
devant
toi
rassemblées
ô
dieu
font
de
ta
gloire
un
concert
solennel
et
tu
veux
bien
que
l’homme
être
humble
et
périssable
marchant
dans
la
nuit
sur
le
sable
mêle
un
chant
éphémère
à
cet
hymne
éternel
gloire
à
dieu
seul
son
nom
rayonne
en
ses
ouvrages
il
porte
dans
sa
main
l’univers
réuni
il
mit
l’éternité
par
delà
tous
les
âges
par
delà
tous
les
cieux
il
jeta
l’infini
décembre
1822
livre
cinquième
1819
1828
prend
moi
tel
que
je
suy
devise
des
ély
ode
première
premier
soupir
c’est
que
j’ai
rencontré
des
regards
dont
la
flamme
semble
avec
mes
regards
ou
briller
ou
mourir
et
cette
âme
sœur
de
mon
âme
hélas
que
j’attendais
pour
aimer
et
souffrir
émile
deschamps
sois
heureuse
ô
ma
douce
amie
salue
en
paix
la
vie
et
jouis
des
beaux
jours
sur
le
fleuve
du
temps
mollement
endormie
laisse
les
flots
suivre
leur
cours
va
le
sort
te
sourit
encore
le
ciel
ne
peut
vouloir
dissipe
tout
effroi
qu’un
jour
triste
succède
à
ta
joyeuse
aurore
le
ciel
doit
m’écouter
quand
pour
toi
je
l’implore
notre
avenir
commun
ne
pèse
que
sur
moi
bientôt
tu
peux
m’être
ravie
peut
être
loin
de
toi
demain
j’irai
languir
quoi
déjà
tout
est
sombre
et
fatal
dans
ma
vie
j’ai
dû
t’aimer
je
dois
te
fuir
puis
—
hélas
sur
mon
front
que
le
malheur
retombe
il
faudra
qu’à
l’absence
à
de
nouveaux
désirs
un
sentiment
bien
doux
succombe
tu
m’oublîras
dans
les
plaisirs
je
me
souviendrai
dans
la
tombe
oui
je
mourrai
déjà
ma
lyre
en
est
en
deuil
jeune
je
m’éteindrai
laissant
peu
de
mémoire
sans
peur
puisque
de
front
j’ai
contemplé
la
gloire
je
puis
voir
de
près
le
cercueil
l’élysée
immortel
est
près
des
noirs
royaumes
et
la
gloire
et
la
mort
ne
sont
que
deux
fantômes
en
habits
de
fête
ou
de
deuil
vis
heureuse
ô
ma
jeune
amie
jouis
en
paix
de
tes
beaux
jours
sur
le
fleuve
du
temps
mollement
endormie
laisse
les
flots
suivre
leur
cours
décembre
1819
ode
deuxième
regret
il
s’est
trouvé
parfois
comme
pour
faire
voir
que
du
bonheur
en
nous
est
encor
le
pouvoir
deux
âmes
s’élevant
sur
les
plaines
du
monde
toujours
l’une
pour
l’autre
existence
féconde
puissantes
à
sentir
avec
un
feu
pareil
double
et
brûlant
rayon
né
d’un
même
soleil
vivant
comme
un
seul
être
intime
et
pur
mélange
semblables
dans
leur
vol
aux
deux
ailes
d’un
ange
ou
telles
que
des
nuits
les
jumeaux
radieux
d’un
fraternel
éclat
illuminent
les
cieux
si
l’homme
a
séparé
leur
ardeur
mutuelle
c’est
alors
que
l’on
voit
et
rapide
et
fidèle
chacune
de
la
foule
écartant
l’épaisseur
traverser
l’univers
et
voler
à
sa
sœur
alfred
de
vigny
héléna
oui
le
bonheur
bien
vite
a
passé
dans
ma
vie
on
le
suit
dans
ses
bras
on
se
livre
au
sommeil
puis
comme
cette
vierge
aux
champs
crétois
ravie
on
se
voit
seul
à
son
réveil
on
le
cherche
de
loin
dans
l’avenir
immense
on
lui
crie
—
oh
reviens
compagnon
de
mes
jours
et
le
plaisir
accourt
mais
sans
remplir
l’absence
de
celui
qu’on
pleure
toujours
moi
si
l’impur
plaisir
m’offre
sa
vaine
flamme
je
lui
dirai
—
va
fuis
et
respecte
mon
sort
le
bonheur
a
laissé
le
regret
dans
mon
âme
mais
toi
tu
laisses
le
remord
—
pourtant
je
ne
dois
point
troubler
votre
délire
amis
je
veux
paraître
ignorer
les
douleurs
je
souris
avec
vous
je
vous
cache
ma
lyre
lorsqu’elle
est
humide
de
pleurs
chacun
de
vous
peut
être
en
son
cœur
solitaire
sous
des
ris
passagers
étouffe
un
long
regret
hélas
nous
souffrons
tous
ensemble
sur
la
terre
et
nous
souffrons
tous
en
secret
tu
n’as
qu’une
colombe
à
tes
lois
asservie
tu
mets
tous
tes
amours
vierge
dans
une
fleur
mais
à
quoi
bon
la
fleur
passe
comme
la
vie
l’oiseau
fuit
comme
le
bonheur
on
est
honteux
des
pleurs
on
rougit
de
ses
peines
des
innocents
chagrins
des
souvenirs
touchants
comme
si
nous
n’étions
sous
les
terrestres
chaînes
que
pour
la
joie
et
pour
les
chants
hélas
il
m’a
donc
fui
sans
me
laisser
de
trace
mais
pour
le
retenir
j’ai
fait
ce
que
j’ai
pu
ce
temps
où
le
bonheur
brille
et
soudain
s’efface
comme
un
sourire
interrompu
février
1821
ode
troisième
au
vallon
de
chérizy
factus
sum
peregrinus…
et
quæsivi
qui
simul
contristaretur
et
non
fuit
ps
lxviii
perfice
gressus
meos
semitis
tuis
ps
xvi
je
suis
devenu
voyageur…
et
j’ai
cherché
qui
s’affligerait
avec
moi
et
nul
n’est
venu
permets
à
mes
pas
de
suivre
ta
trace
le
voyageur
s’assied
sous
votre
ombre
immobile
beau
vallon
triste
et
seul
il
contemple
en
rêvant
l’oiseau
qui
fuit
l’oiseau
l’eau
que
souille
un
reptile
et
le
jonc
qu’agite
le
vent
hélas
l’homme
fuit
l’homme
et
souvent
avant
l’âge
dans
un
cœur
noble
et
pur
se
glisse
le
malheur
heureux
l’humble
roseau
qu’alors
un
prompt
orage
en
passant
brise
dans
sa
fleur
cet
orage
ô
vallon
le
voyageur
l’implore
déjà
las
de
sa
course
il
est
bien
loin
encore
du
terme
où
ses
maux
vont
finir
il
voit
devant
ses
pas
seul
pour
se
soutenir
aux
rayons
nébuleux
de
sa
funèbre
aurore
le
grand
désert
de
l’avenir
de
dégoûts
en
dégoûts
il
va
traîner
sa
vie
que
lui
font
ces
faux
biens
qu’un
faux
orgueil
envie
il
cherche
un
cœur
fidèle
ami
de
ses
douleurs
mais
en
vain
nuls
secours
n’aplaniront
sa
voie
nul
parmi
les
mortels
ne
rira
de
sa
joie
nul
ne
pleurera
de
ses
pleurs
son
sort
est
l’abandon
et
sa
vie
isolée
ressemble
au
noir
cyprès
qui
croît
dans
la
vallée
loin
de
lui
le
lys
vierge
ouvre
au
jour
son
bouton
et
jamais
égayant
son
ombre
malheureuse
une
jeune
vigne
amoureuse
à
ses
sombres
rameaux
n’enlace
un
vert
feston
avant
de
gravir
la
montagne
un
moment
au
vallon
le
voyageur
a
fui
le
silence
du
moins
répond
à
son
ennui
il
est
seul
dans
la
foule
ici
douce
compagne
la
solitude
est
avec
lui
isolés
comme
lui
mais
plus
que
lui
tranquilles
arbres
gazons
riants
asiles
sauvez
ce
malheureux
du
regard
des
humains
ruisseaux
livrez
vos
bords
ouvrez
vos
flots
dociles
à
ses
pieds
qu’a
souillés
la
fange
de
leurs
villes
et
la
poudre
de
leurs
chemins
ah
laissez
lui
chanter
consolé
sous
vos
ombres
ce
long
songe
idéal
de
nos
jours
les
plus
sombres
la
vierge
au
front
si
pur
au
sourire
si
beau
si
pour
l’hymen
d’un
jour
c’est
en
vain
qu’il
l’appelle
laissez
du
moins
rêver
à
son
âme
immortelle
l’éternel
hymen
du
tombeau
la
terre
ne
tient
point
sa
pensée
asservie
le
bel
espoir
l’enlève
au
triste
souvenir
deux
ombres
désormais
dominent
sur
sa
vie
l’une
est
dans
le
passé
l’autre
dans
l’avenir
oh
dis
quand
viendras
tu
quel
dieu
va
te
conduire
être
charmant
et
doux
vers
celui
que
tu
plains
astre
ami
quand
viendras
tu
luire
comme
un
soleil
nouveau
sur
ses
jours
orphelins
il
ne
t’obtiendra
point
chère
et
noble
conquête
au
prix
de
ces
vertus
qu’il
ne
peut
oublier
il
laisse
au
gré
du
vent
le
jonc
courber
sa
tête
il
sera
le
grand
chêne
et
devant
la
tempête
il
saura
rompre
et
non
plier
elle
approche
il
la
voit
mais
il
la
voit
sans
crainte
adieu
flots
purs
berceaux
épais
beau
vallon
où
l’on
trouve
un
écho
pour
sa
plainte
bois
heureux
où
l’on
souffre
en
paix
heureux
qui
peut
au
sein
du
vallon
solitaire
naître
vivre
et
mourir
dans
le
champ
paternel
il
ne
connaît
rien
de
la
terre
et
ne
voit
jamais
que
le
ciel
juillet
1821
ode
quatrième
à
toi
sub
umbra
alarum
tuarum
protege
me
ps
xvi
couvre
moi
de
l’ombre
de
tes
ailes
lyre
longtemps
oisive
éveillez
vous
encore
il
se
lève
et
nos
chants
le
salueront
toujours
ce
jour
que
son
doux
nom
décore
ce
jour
sacré
parmi
les
jours
ô
vierge
à
mon
enfance
un
dieu
t’a
révélée
belle
et
pure
et
rêvant
mon
sort
mystérieux
comme
une
blanche
étoile
aux
nuages
mêlée
dès
mes
plus
jeunes
ans
je
te
vis
dans
mes
cieux
je
te
disais
alors
—
ô
toi
mon
espérance
viens
partage
un
bonheur
qui
ne
doit
pas
finir
—
car
de
ma
vie
encor
dans
ces
jours
d’ignorance
le
passé
n’avait
point
obscurci
l’avenir
ce
doux
penchant
devint
une
indomptable
flamme
et
je
pleurai
ce
temps
écoulé
sans
retour
où
la
vie
était
pour
mon
âme
le
songe
d’un
enfant
que
berce
un
vague
amour
aujourd’hui
réveillant
sa
victime
endormie
sombre
au
lieu
du
bonheur
que
j’avais
tant
rêvé
devant
mes
yeux
troublés
par
l’espérance
amie
avec
un
rire
affreux
le
malheur
s’est
levé
quand
seul
dans
cette
vie
hélas
d’écueils
semée
il
faut
boire
le
fiel
dont
le
calice
est
plein
sans
les
pleurs
de
sa
bien
aimée
que
reste
t
il
à
l’orphelin
si
les
heureux
d’un
jour
parent
de
fleurs
leurs
têtes
il
fuit
souillé
de
cendre
et
vêtu
de
lambeaux
et
pour
lui
la
coupe
des
fêtes
ressemble
à
l’urne
des
tombeaux
il
est
chez
les
vivants
comme
une
lampe
éteinte
le
monde
en
ses
douleurs
se
plaît
à
l’exiler
seulement
vers
le
ciel
il
élève
sans
crainte
ses
yeux
chargés
de
pleurs
qui
ne
peuvent
couler
mais
toi
console
moi
viens
consens
à
me
suivre
arrache
de
mon
sein
le
trait
envenimé
daigne
vivre
pour
moi
pour
toi
laisse
moi
vivre
j’ai
bien
assez
souffert
vierge
pour
être
aimé
oh
de
ton
doux
sourire
embellis
moi
la
vie
le
plus
grand
des
bonheurs
est
encor
dans
l’amour
la
lumière
à
jamais
ne
me
fut
point
ravie
viens
je
suis
dans
la
nuit
mais
je
puis
voir
le
jour
mes
chants
ne
cherchent
pas
une
illustre
mémoire
et
s’il
me
faut
courber
sous
ce
fatal
honneur
ne
crains
rien
ton
époux
ne
veut
pas
que
sa
gloire
retentisse
dans
son
bonheur
goûtons
du
chaste
hymen
le
charme
solitaire
que
la
félicité
nous
cache
à
tous
les
yeux
le
serpent
couché
sur
la
terre
n’entend
pas
deux
oiseaux
qui
volent
dans
les
cieux
mais
si
ma
jeune
vie
à
tant
de
flots
livrée
si
mon
destin
douteux
t’inspire
un
juste
effroi
alors
fuis
toi
qui
fus
mon
épouse
adorée
—
toi
qui
fus
ma
mère
attends
moi
bientôt
j’irai
dormir
d’un
sommeil
sans
alarmes
heureux
si
dans
la
nuit
dont
je
serai
couvert
un
œil
indifférent
donne
en
passant
des
larmes
à
mon
luth
oublié
sur
mon
tombeau
désert
toi
que
d’aucun
revers
les
coups
n’osent
t’atteindre
et
puisses
tu
jamais
gémissant
à
ton
tour
ne
regretter
celui
qui
mourut
sans
se
plaindre
et
qui
t’aimait
de
tant
d’amour
décembre
1821
ode
cinquième
la
chauve
souris
fille
de
la
nuit
brumeuse
pourquoi
voles
tu
ainsi
sur
ma
tête
avec
tes
ailes
noires
et
froides
edda
que
me
veux
tu
un
ange
planait
sur
mon
cœur
et
tu
l’as
effrayé…
viens
donc
je
te
chanterai
des
chansons
que
les
esprits
des
cimetières
m’ont
apprises
mathurin
bertram
oui
je
te
reconnais
je
t’ai
vu
dans
mes
songes
triste
oiseau
mais
sur
moi
vainement
tu
prolonges
les
cercles
inégaux
de
ton
vol
ténébreux
des
spectres
réveillés
porte
ailleurs
les
messages
va
pour
craindre
tes
noirs
présages
je
ne
suis
point
coupable
et
ne
suis
point
heureux
attends
qu’enfin
la
vierge
à
mon
sort
asservie
que
le
ciel
comme
un
ange
envoya
dans
ma
vie
de
ma
longue
espérance
ait
couronné
l’orgueil
alors
tu
reviendras
troublant
la
douce
fête
joyeuse
déployer
tes
ailes
sur
ma
tête
ainsi
que
deux
voiles
de
deuil
sœur
du
hibou
funèbre
et
de
l’orfraie
avide
mêlant
le
houx
lugubre
au
nénuphar
livide
les
filles
de
satan
t’invoquent
sans
remords
fuis
l’abri
qui
me
cache
et
l’air
que
je
respire
de
ton
ongle
hideux
ne
touche
pas
ma
lyre
de
peur
de
réveiller
des
morts
la
nuit
quand
les
démons
dansent
sous
le
ciel
sombre
tu
suis
le
chœur
magique
en
tournoyant
dans
l’ombre
l’hymne
infernal
t’invite
au
conseil
malfaisant
fuis
car
un
doux
parfum
sort
de
ces
fleurs
nouvelles
fuis
il
faut
à
tes
mornes
ailes
l’air
du
tombeau
natal
et
la
vapeur
du
sang
qui
t’amène
vers
moi
viens
tu
de
ces
collines
où
la
lune
s’enfuit
sur
de
blanches
ruines
son
front
est
comme
toi
sombre
dans
sa
pâleur
tes
yeux
dans
leur
route
incertaine
ont
donc
suivi
les
feux
de
ma
lampe
lointaine
attiré
par
la
gloire
ainsi
vient
le
malheur
sors
tu
de
quelque
tour
qu’habite
le
vertige
nain
bizarre
et
cruel
qui
sur
les
monts
voltige
prête
aux
feux
du
marais
leur
errante
rougeur
rit
dans
l’air
des
grands
pins
courbe
en
criant
les
cimes
et
chaque
soir
rôdant
sur
le
bord
des
abîmes
jette
aux
vautours
du
gouffre
un
pâle
voyageur
en
vain
autour
de
moi
ton
vol
qui
se
promène
sème
une
odeur
de
tombe
et
de
poussière
humaine
ton
aspect
m’importune
et
ne
peut
m’effrayer
fuis
donc
fuis
ou
demain
je
livre
aux
yeux
profanes
ton
corps
sombre
et
velu
tes
ailes
diaphanes
dont
le
pâtre
conteur
orne
son
noir
foyer
des
enfants
se
joueront
de
ta
dent
furieuse
une
vierge
viendra
tremblante
et
curieuse
de
son
rire
craintif
t’effrayer
à
grand
bruit
et
le
jour
te
verra
dans
le
ciel
exilée
à
mille
oiseaux
joyeux
mêlée
d’un
vol
aveugle
et
lourd
chercher
en
vain
la
nuit
avril
1822
ode
sixième
le
nuage
j’erre
au
hasard
en
tous
lieux
d’un
mouvement
plus
doux
que
la
sphère
de
la
lune
shakespeare
ce
beau
nuage
ô
vierge
aux
hommes
est
pareil
bientôt
tu
le
verras
grondant
sur
notre
tête
aux
champs
de
la
lumière
amasser
la
tempête
et
leur
rendre
en
éclairs
les
rayons
du
soleil
oh
qu’un
ange
longtemps
d’un
souffle
salutaire
le
soutienne
en
son
vol
tel
que
l’ont
vu
tes
yeux
car
s’il
descend
vers
nous
le
nuage
des
cieux
n’est
plus
qu’un
brouillard
sur
la
terre
vois
pour
orner
le
soir
ce
matin
il
est
né
l’astre
géant
fécond
en
splendeurs
inconnues
change
en
cortège
ardent
l’amas
jaloux
des
nues
le
génie
est
plus
grand
d’envieux
couronné
la
tempête
qui
fuit
d’un
orage
est
suivie
l’âme
a
peu
de
beaux
jours
mais
dans
son
ciel
obscur
l’amour
soleil
divin
peut
dorer
d’un
feu
pur
le
nuage
errant
de
la
vie
hélas
ton
beau
nuage
aux
hommes
est
pareil
bientôt
tu
le
verras
grondant
sur
notre
tête
aux
champs
de
la
lumière
amasser
la
tempête
et
leur
rendre
en
éclairs
les
rayons
du
soleil
avril
1822
ode
septième
le
cauchemar
ægri
somnia
horace
oh
j’ai
fait
un
songe
…
il
est
au
dessus
des
facultés
de
l’homme
de
dire
ce
qu’était
mon
songe…
l’œil
de
l’homme
n’a
jamais
vu
l’oreille
de
l’homme
n’a
jamais
ouï
la
main
de
l’homme
ne
peut
jamais
tâter
ni
ses
sens
concevoir
ni
sa
langue
exprimer
en
paroles
ce
qu’était
mon
rêve
shakespeare
il…
soulève
sa
tête
énorme
et
rit
ch
nodier
smarra
sur
mon
sein
haletant
sur
ma
tête
inclinée
écoute
cette
nuit
il
est
venu
s’asseoir
posant
sa
main
de
plomb
sur
mon
âme
enchaînée
dans
l’ombre
il
la
montrait
comme
une
fleur
fanée
aux
spectres
qui
naissent
le
soir
ce
monstre
aux
éléments
prend
vingt
formes
nouvelles
tantôt
d’une
eau
dormante
il
lève
son
front
bleu
tantôt
son
rire
éclate
en
rouges
étincelles
deux
éclairs
sont
ses
yeux
deux
flammes
sont
ses
ailes
il
vole
sur
un
lac
de
feu
comme
d’impurs
miroirs
des
ténèbres
mouvantes
répètent
son
image
en
cercle
autour
de
lui
son
front
confus
se
perd
dans
des
vapeurs
vivantes
il
remplit
le
sommeil
de
vagues
épouvantes
et
laisse
à
l’âme
un
long
ennui
vierge
ton
doux
repos
n’a
point
de
noir
mensonge
la
nuit
d’un
pas
léger
court
sur
ton
front
vermeil
jamais
jusqu’à
ton
cœur
un
rêve
affreux
ne
plonge
et
quand
ton
âme
au
ciel
s’envole
dans
un
songe
un
ange
garde
ton
sommeil
avril
1822
ode
huitième
le
matin
moriturus
morituræ
le
voile
du
matin
sur
les
monts
se
déploie
vois
un
rayon
naissant
blanchit
la
vieille
tour
et
déjà
dans
les
cieux
s’unit
avec
amour
ainsi
que
la
gloire
à
la
joie
le
premier
chant
des
bois
aux
premiers
feux
du
jour
oui
souris
à
l’éclat
dont
le
ciel
se
décore
—
tu
verras
si
demain
le
cercueil
me
dévore
un
soleil
aussi
beau
luire
à
ton
désespoir
et
les
mêmes
oiseaux
chanter
la
même
aurore
sur
mon
tombeau
muet
et
noir
mais
dans
l’autre
horizon
l’âme
alors
est
ravie
l’avenir
sans
fin
s’ouvre
à
l’être
illimité
au
matin
de
l’éternité
on
se
réveille
de
la
vie
comme
d’une
nuit
sombre
ou
d’un
rêve
agité
avril
1822
ode
neuvième
mon
enfance
…primus
labor
…animos
atque
arma
videre
bellantûm…
virgile
géorgiques
voilà
que
tout
cela
est
passé…
mon
enfance
n’est
plus
elle
est
morte
pour
ainsi
dire
quoique
je
vive
encore
saint
augustin
confessions
i
j’ai
des
rêves
de
guerre
en
mon
âme
inquiète
j’aurais
été
soldat
si
je
n’étais
poëte
ne
vous
étonnez
point
que
j’aime
les
guerriers
souvent
pleurant
sur
eux
dans
ma
douleur
muette
j’ai
trouvé
leur
cyprès
plus
beau
que
nos
lauriers
enfant
sur
un
tambour
ma
crèche
fut
posée
dans
un
casque
pour
moi
l’eau
sainte
fut
puisée
un
soldat
m’ombrageant
d’un
belliqueux
faisceau
de
quelques
vieux
lambeau
d’une
bannière
usée
fit
les
langes
de
mon
berceau
parmi
les
chars
poudreux
les
armes
éclatantes
une
muse
des
camps
m’emporta
sous
les
tentes
je
dormis
sur
l’affût
des
canons
meurtriers
j’aimai
les
fiers
coursiers
aux
crinières
flottantes
et
l’éperon
froissant
les
rauques
étriers
j’aimai
les
forts
tonnants
aux
abords
difficiles
le
glaive
nu
des
chefs
guidant
les
rangs
dociles
la
vedette
perdue
en
un
bois
isolé
et
les
vieux
bataillons
qui
passaient
dans
les
villes
avec
un
drapeau
mutilé
mon
envie
admirait
et
le
hussard
rapide
parant
de
gerbes
d’or
sa
poitrine
intrépide
et
le
panache
blanc
des
agiles
lanciers
et
les
dragons
mêlant
sur
leur
casque
gépide
le
poil
taché
du
tigre
aux
crins
noirs
des
coursiers
et
j’accusais
mon
âge
—
ah
dans
une
ombre
obscure
grandir
vivre
laisser
refroidir
sans
murmure
tout
ce
sang
jeune
et
pur
bouillant
chez
mes
pareils
qui
dans
un
noir
combat
sur
l’acier
d’une
armure
coulerait
à
flots
si
vermeils
—
et
j’invoquais
la
guerre
aux
scènes
effrayantes
je
voyais
en
espoir
dans
les
plaines
bruyantes
avec
mille
rumeurs
d’hommes
et
de
chevaux
secouant
à
la
fois
leurs
ailes
foudroyantes
l’un
sur
l’autre
à
grands
cris
fondre
deux
camps
rivaux
j’entendais
le
son
clair
des
tremblantes
cymbales
le
roulement
des
chars
le
sifflement
des
balles
et
de
monceaux
de
morts
semant
leurs
pas
sanglants
je
voyais
se
heurter
au
loin
par
intervalles
les
escadrons
étincelants
ii
avec
nos
camps
vainqueurs
dans
l’europe
asservie
j’errai
je
parcourus
la
terre
avant
la
vie
et
tout
enfant
encor
les
vieillards
recueillis
m’écoutaient
racontant
d’une
bouche
ravie
mes
jours
si
peu
nombreux
et
déjà
si
remplis
chez
dix
peuples
vaincus
je
passai
sans
défense
et
leur
respect
craintif
étonnait
mon
enfance
dans
l’âge
où
l’on
est
plaint
je
semblais
protéger
quand
je
balbutiais
le
nom
chéri
de
france
je
faisais
pâlir
l’étranger
je
visitai
cette
île
en
noirs
débris
féconde
plus
tard
premier
degré
d’une
chute
profonde
le
haut
cenis
dont
l’aigle
aime
les
rocs
lointains
entendit
de
son
antre
où
l’avalanche
gronde
ses
vieux
glaçons
crier
sous
mes
pas
enfantins
vers
l’adige
et
l’arno
je
vins
des
bords
du
rhône
je
vis
de
l’occident
l’auguste
babylone
rome
toujours
vivante
au
fond
de
ses
tombeaux
reine
du
monde
encor
sur
un
débris
de
trône
avec
une
pourpre
en
lambeaux
puis
turin
puis
florence
aux
plaisirs
toujours
prête
naple
aux
bords
embaumés
où
le
printemps
s’arrête
et
que
vésuve
en
feu
couvre
d’un
dais
brûlant
comme
un
guerrier
jaloux
qui
témoin
d’une
fête
jette
au
milieu
des
fleurs
son
panache
sanglant
l’espagne
m’accueillit
livrée
à
la
conquête
je
franchis
le
bergare
où
mugit
la
tempête
de
loin
pour
un
tombeau
je
pris
l’escurial
et
le
triple
aqueduc
vit
s’incliner
ma
tête
devant
son
front
impérial
là
je
voyais
les
feux
des
haltes
militaires
noircir
les
murs
croulants
des
villes
solitaires
la
tente
de
l’église
envahissait
le
seuil
les
rires
des
soldats
dans
les
saints
monastères
par
l’écho
répétés
semblaient
des
cris
de
deuil
iii
je
revins
rapportant
de
mes
courses
lointaines
comme
un
vague
faisceau
de
lueurs
incertaines
je
rêvais
comme
si
j’avais
durant
mes
jours
rencontré
sur
mes
pas
les
magiques
fontaines
dont
l’onde
enivre
pour
toujours
l’espagne
me
montrait
ses
couvents
ses
bastilles
burgos
sa
cathédrale
aux
gothiques
aiguilles
irun
ses
toits
de
bois
vittoria
ses
tours
et
toi
valladolid
tes
palais
de
familles
fiers
de
laisser
rouiller
des
chaînes
dans
leurs
cours
mes
souvenirs
germaient
dans
mon
âme
échauffée
j’allais
chantant
des
vers
d’une
voix
étouffée
et
ma
mère
en
secret
observant
tous
mes
pas
pleurait
et
souriait
disant
c’est
une
fée
qui
lui
parle
et
qu’on
ne
voit
pas
1823
ode
dixième
à
g…
y
o
rus
virgile
il
est
pour
tout
mortel
soit
que
loin
de
l’envie
un
astre
aux
rayons
purs
illumine
sa
vie
soit
qu’il
suive
à
pas
lents
un
cercle
de
douleurs
et
regrettant
quelque
ombre
à
son
amour
ravie
veille
auprès
de
sa
lampe
et
répande
des
pleurs
il
est
des
jours
de
paix
d’ivresse
et
de
mystère
où
notre
cœur
savoure
un
charme
involontaire
où
l’air
vibre
animé
d’ineffables
accords
comme
si
l’âme
heureuse
entendait
de
la
terre
le
bruit
vague
et
lointain
de
la
cité
des
morts
souvent
ici
domptant
mes
douleurs
étouffées
mon
bonheur
s’éleva
comme
un
château
de
fées
avec
ses
murs
de
nacre
aux
mobiles
couleurs
ses
tours
ses
portes
d’or
ses
pièges
ses
trophées
et
ses
fruits
merveilleux
et
ses
magiques
fleurs
puis
soudain
tout
fuyait
sur
d’informes
décombres
tout
à
tour
à
mes
yeux
passaient
de
pâles
ombres
d’un
crêpe
nébuleux
le
ciel
était
voilé
et
de
spectres
en
deuil
peuplant
ces
déserts
sombres
un
tombeau
dominait
le
palais
écroulé
vallon
j’ai
bien
souvent
laissé
dans
ta
prairie
comme
une
eau
murmurante
errer
ma
rêverie
je
n’oublîrai
jamais
ces
fugitifs
instants
ton
souvenir
sera
dans
mon
âme
attendrie
comme
un
son
triste
et
doux
qu’on
écoute
longtemps
1823
ode
onzième
paysage
hoc
erat
in
votis
horace
lorsque
j’étais
enfant
viens
me
disait
la
muse
viens
voir
le
beau
génie
assis
sur
mon
autel
il
n’est
dans
mes
trésors
rien
que
je
te
refuse
soit
que
l’altier
clairon
ou
l’humble
cornemuse
attendent
ton
souffle
immortel
mais
fuis
d’un
monde
étroit
l’impure
turbulence
là
rampent
les
ingrats
là
règnent
les
méchants
sur
un
luth
inspiré
lorsqu’une
âme
s’élance
il
faut
que
l’écoutant
dans
un
chaste
silence
l’écho
lui
rende
tous
ses
chants
choisis
quelque
désert
pour
y
cacher
ta
vie
dans
une
ombre
sacrée
emporte
ton
flambeau
heureux
qui
loin
des
pas
d’une
foule
asservie
dérobant
ses
concerts
aux
clameurs
de
l’envie
lègue
sa
gloire
à
son
tombeau
l’horizon
de
ton
âme
est
plus
haut
que
la
terre
mais
cherche
à
ta
pensée
un
monde
harmonieux
où
tout
en
l’exaltant
charme
ton
cœur
austère
où
des
saintes
clartés
que
nulle
ombre
n’altère
le
doux
reflet
suive
tes
yeux
qu’il
soit
un
frais
vallon
ton
paisible
royaume
où
parmi
l’églantier
le
saule
et
le
glaïeul
tu
penses
voir
parfois
errant
comme
un
fantôme
ces
magiques
palais
qui
naissent
sous
le
chaume
dans
les
beaux
contes
de
l’aïeul
qu’une
tour
en
ruine
au
flanc
de
la
montagne
pende
et
jette
son
ombre
aux
flots
d’un
lac
d’azur
le
soir
qu’un
feu
de
pâtre
au
fond
de
la
campagne
comme
un
ami
dont
l’œil
de
loin
nous
accompagne
perce
le
crépuscule
obscur
quand
guidant
sur
le
lac
deux
rames
vagabondes
le
ciel
dans
ce
miroir
t’offrira
ses
tableaux
qu’une
molle
nuée
en
déroulant
ses
ondes
montre
à
tes
yeux
baissés
sur
les
vagues
profondes
des
flots
se
jouant
dans
les
flots
que
visitant
parfois
une
île
solitaire
et
des
bords
ombragés
de
feuillages
mouvants
tu
puisses
savourant
ton
exil
volontaire
en
silence
épier
s’il
est
quelque
mystère
dans
le
bruit
des
eaux
et
des
vents
qu’à
ton
réveil
joyeux
les
chants
des
jeunes
mères
t’annoncent
et
l’enfance
et
la
vie
et
le
jour
qu’un
ruisseau
passe
auprès
de
tes
fleurs
éphémères
comme
entre
les
doux
soins
et
les
tendres
chimères
passent
l’espérance
et
l’amour
qu’il
soit
dans
la
contrée
un
souvenir
fidèle
de
quelque
bon
seigneur
de
hauteur
dépourvu
ami
de
l’indigence
et
toujours
aimé
d’elle
et
que
chaque
vieillard
le
citant
pour
modèle
dise
vous
ne
l’avez
pas
vu
loin
du
monde
surtout
mon
culte
te
réclame
sois
le
prophète
ardent
qui
vit
le
ciel
ouvert
dont
l’œil
au
sein
des
nuits
brillait
comme
une
flamme
et
qui
de
l’esprit
sain
ayant
rempli
son
âme
allait
parlant
dans
le
désert
tu
le
disais
ô
muse
et
la
cité
bruyante
autour
de
moi
pourtant
mêle
ses
mille
voix
muse
et
je
ne
fuis
pas
la
sphère
tournoyante
où
le
sort
agitant
la
foule
imprévoyante
meut
tant
de
destins
à
la
fois
c’est
que
pour
m’amener
au
terme
où
tout
aspire
il
m’est
venu
du
ciel
un
guide
au
front
joyeux
pour
moi
l’air
le
plus
pur
est
l’air
qu’elle
respire
je
vois
tous
mes
bonheurs
muse
dans
son
sourire
et
tous
mes
rêves
dans
ses
yeux
1823
ode
douzième
encore
à
toi
et
nunc
et
semper
ahora
y
siempre
devise
des
pomfret
à
toi
toujours
à
toi
que
chanterait
ma
lyre
à
toi
l’hymne
d’amour
à
toi
l’hymne
d’hymen
quel
autre
nom
pourrait
éveiller
mon
délire
ai
je
appris
d’autres
chants
sais
je
un
autre
chemin
c’est
toi
dont
le
regard
éclaire
ma
nuit
sombre
toi
dont
l’image
luit
sur
mon
sommeil
joyeux
c’est
toi
qui
tiens
ma
main
quand
je
marche
dans
l’ombre
et
les
rayons
du
ciel
me
viennent
de
tes
yeux
mon
destin
est
gardé
par
ta
douce
prière
elle
veille
sur
moi
quand
mon
ange
s’endort
lorsque
mon
cœur
entend
ta
voix
modeste
et
fière
au
combat
de
la
vie
il
provoque
le
sort
n’est
il
pas
dans
le
ciel
de
voix
qui
te
réclame
n’es
tu
pas
une
fleur
étrangère
à
nos
champs
sœur
des
vierges
du
ciel
ton
âme
est
pour
mon
âme
le
reflet
de
leurs
feux
et
l’écho
de
leurs
chants
quand
ton
œil
noir
et
doux
me
parle
et
me
contemple
quand
ta
robe
m’effleure
avec
un
léger
bruit
je
crois
avoir
touché
quelque
voile
du
temple
je
dis
comme
tobie
un
ange
est
dans
ma
nuit
lorsque
de
mes
douleurs
tu
chassas
le
nuage
je
compris
qu’à
ton
sort
mon
sort
devait
s’unir
pareil
au
saint
pasteur
lassé
d’un
long
voyage
qui
vit
vers
la
fontaine
une
vierge
venir
je
t’aime
comme
un
être
au
dessus
de
ma
vie
comme
une
antique
aïeule
aux
prévoyants
discours
comme
une
sœur
craintive
à
mes
maux
asservie
comme
un
dernier
enfant
qu’on
a
dans
ses
vieux
jours
hélas
je
t’aime
tant
qu’à
ton
nom
seul
je
pleure
je
pleure
car
la
vie
est
si
pleine
de
maux
dans
ce
morne
désert
tu
n’as
point
de
demeure
et
l’arbre
où
l’on
s’assied
lève
ailleurs
ses
rameaux
mon
dieu
mettez
la
paix
et
la
joie
auprès
d’elle
ne
troublez
pas
ses
jours
ils
sont
à
vous
seigneur
vous
devez
la
bénir
car
son
âme
fidèle
demande
à
la
vertu
le
secret
du
bonheur
1823
ode
treizième
son
nom
nomen
aut
numen
le
parfum
d’un
lys
pur
l’éclat
d’une
auréole
la
dernière
rumeur
du
jour
la
plainte
d’un
ami
qui
s’afflige
et
console
l’adieu
mystérieux
de
l’heure
qui
s’envole
le
doux
bruit
d’un
baiser
d’amour
l’écharpe
aux
sept
couleurs
que
l’orage
en
la
nue
laisse
comme
un
trophée
au
soleil
triomphant
l’accent
inespéré
d’une
voix
reconnue
le
vœu
le
plus
secret
d’une
vierge
ingénue
le
premier
rêve
d’un
enfant
le
chant
d’un
chœur
lointain
le
soupir
qu’à
l’aurore
rendait
le
fabuleux
memnon
le
murmure
d’un
son
qui
tremble
et
s’évapore…
tout
ce
que
la
pensée
a
de
plus
doux
encore
ô
lyre
est
moins
doux
que
son
nom
prononce
le
tout
bas
ainsi
qu’une
prière
mais
que
dans
tous
nos
chants
il
résonne
à
la
fois
qu’il
soit
du
temple
obscur
la
secrète
lumière
qu’il
soit
le
mot
sacré
qu’au
fond
du
sanctuaire
redit
toujours
la
même
voix
ô
mes
amis
avant
qu’en
paroles
de
flamme
ma
muse
égarant
son
essor
ose
aux
noms
profanés
qu’un
vain
orgueil
proclame
mêler
ce
chaste
nom
que
l’amour
dans
mon
âme
a
caché
comme
un
saint
trésor
il
faudra
que
le
chant
de
mes
hymnes
fidèles
soit
comme
un
de
ces
chants
qu’on
écoute
à
genoux
et
que
l’air
soit
ému
de
leurs
voix
solennelles
comme
si
secouant
ses
invisibles
ailes
un
ange
passait
près
de
nous
1823
ode
quatorzième
actions
de
grâces
j’ai
présenté
mon
cœur
au
dieu
de
l’innocence
gilbert
ceux
qui
auront
semé
dans
les
larmes
moissonneront
dans
l’allégresse
ps
cxxv
5
vous
avez
dans
le
port
poussé
ma
voile
errante
ma
tige
a
refleuri
de
sève
et
de
verdeur
seigneur
je
vous
bénis
de
ma
lampe
mourante
votre
souffle
vivant
rallume
la
splendeur
surpris
par
l’ouragan
comme
un
aiglon
sans
ailes
qui
tombe
du
grand
chêne
au
pied
de
l’arbrisseau
faible
enfant
du
malheur
j’ai
su
les
lois
cruelles
l’orage
m’assaillit
voguant
dans
mon
berceau
oui
la
vie
a
pour
moi
commencé
dès
l’enfance
quoique
le
ciel
jamais
n’ait
foudroyé
de
fleurs
et
qu’il
ne
veuille
pas
qu’un
être
sans
défense
mêle
à
ses
premiers
jours
l’amertume
des
pleurs
la
jeunesse
en
riant
m’apporta
ses
mensonges
son
avenir
de
gloire
et
d’amour
et
d’orgueil
mais
quand
mon
cœur
brûlant
poursuivait
ces
beaux
songes
hélas
je
m’éveillai
dans
la
nuit
d’un
cercueil
alors
je
m’exilai
du
milieu
de
mes
frères
calme
car
ma
douleur
n’était
pas
le
remords
j’accompagnais
de
loin
les
pompes
funéraires
l’hymne
de
l’orphelin
est
écouté
des
morts
l’œil
tourné
vers
le
ciel
je
marchais
dans
l’abîme
bien
souvent
de
mon
sort
bravant
l’injuste
affront
les
flammes
ont
jailli
de
ma
pensée
intime
et
la
langue
de
feu
descendit
sur
mon
front
mon
esprit
de
pathmos
connut
le
saint
délire
l’effroi
qui
le
précède
et
l’effroi
qui
le
suit
et
mon
âme
était
triste
et
les
chants
de
ma
lyre
étaient
comme
ces
voix
qui
pleurent
dans
la
nuit
j’ai
vu
sans
murmurer
la
fuite
de
ma
joie
seigneur
à
l’abandon
vous
m’aviez
condamné
j’ai
sans
plainte
au
désert
tenté
la
triple
voie
et
je
n’ai
pas
maudit
le
jour
où
je
suis
né
voici
la
vérité
qu’au
monde
je
révèle
du
ciel
dans
mon
néant
je
me
suis
souvenu
louez
dieu
la
brebis
vient
quand
l’agneau
l’appelle
j’appelais
le
seigneur
le
seigneur
est
venu
il
m’a
dit
—
va
mon
fils
ma
loi
n’est
pas
pesante
toi
qui
dans
la
nuit
même
as
suivi
mes
chemins
tu
ceindras
des
heureux
la
robe
éblouissante
parmi
les
innocents
tu
laveras
tes
mains
—
je
ne
veux
plus
de
loin
t’offrir
ma
vie
obscure
gloire
immortel
reflet
de
l’éternel
flambeau
du
génie
en
son
cours
trace
éclatante
et
pure
ou
rayon
merveilleux
émané
d’un
tombeau
un
ange
sur
mon
cœur
ploie
aujourd’hui
ses
ailes
pour
elle
un
orphelin
n’est
pas
un
étranger
les
heures
de
mes
jours
à
ses
côtés
sont
belles
car
son
joug
est
aimable
et
son
fardeau
léger
vous
avez
dans
le
port
poussé
ma
voile
errante
ma
tige
a
refleuri
de
sève
et
de
verdeur
seigneur
je
vous
bénis
de
ma
lampe
mourante
votre
souffle
vivant
rallume
la
splendeur
août
1823
ode
quinzième
à
mes
amis
et
in
arcadiâ
ego
oh
combien
est
heureux
celui
qui
solitaire
ne
va
point
mendiant
de
ce
sot
populaire
l’appui
ni
la
faveur
qui
paisible
s’étant
retiré
de
la
cour
et
du
monde
inconstant
ne
s’entremêlant
point
des
affaires
publiques
ne
s’assujettissant
aux
plaisirs
tyranniques
d’un
seigneur
ignorant
et
ne
vivant
qu’à
soi
est
lui
même
sa
cour
son
seigneur
et
son
roi
jean
de
la
taille
sans
monter
au
char
de
victoire
meurt
le
poëte
créateur
son
siècle
est
trop
près
de
sa
gloire
pour
en
mesurer
la
hauteur
c’est
bélisaire
au
capitole
la
foule
court
à
quelque
idole
et
jette
en
passant
une
obole
au
mendiant
triomphateur
amis
dans
ma
douce
retraite
à
tous
vos
maux
je
dis
adieu
là
ma
vie
est
molle
et
secrète
j’ai
des
autels
pour
chaque
dieu
le
myrte
qu’au
laurier
j’enchaîne
y
croît
sous
l’ombrage
du
chêne
j’y
mets
horace
avec
mécène
et
corneille
sans
richelieu
là
dans
l’ombre
descend
ma
muse
à
l’œil
fier
aux
traits
ingénus
image
éclatante
et
confuse
des
anges
à
l’homme
inconnus
ses
rayons
cherchent
le
mystère
son
aile
chaste
et
solitaire
jamais
ne
permet
à
la
terre
d’effleurer
ses
pieds
blancs
et
nus
là
je
cache
un
hymen
prospère
et
sur
mon
seuil
hospitalier
parfois
tu
t’assieds
ô
mon
père
comme
un
antique
chevalier
ma
famille
est
ton
humble
empire
et
mon
fils
avec
un
sourire
dort
aux
sons
de
ma
jeune
lyre
bercé
dans
ton
vieux
bouclier
août
1823
ode
seizième
à
l’ombre
d’un
enfant
qui
es
in
cælis
oh
parmi
les
soleils
les
sphères
les
étoiles
les
portiques
d’azur
les
palais
de
saphir
parmi
les
saints
rayons
parmi
les
sacrés
voiles
qu’agite
un
éternel
zéphyr
dans
le
torrent
d’amour
où
toute
âme
se
noie
où
s’abreuve
de
feux
le
séraphin
brûlant
dans
l’orbe
flamboyant
qui
sans
cesse
tournoie
autour
du
trône
étincelant
parmi
les
jeux
sans
fin
des
âmes
enfantines
quand
leurs
soins
d’un
vieil
astre
égaré
dans
les
cieux
avec
de
longs
efforts
et
des
voix
argentines
guident
les
chancelants
essieux
ou
lorsqu’entre
ses
bras
quelque
vierge
ravie
les
prend
d’un
sain
baiser
leur
imprime
le
sceau
et
rit
leur
demandant
si
l’aspect
de
la
vie
les
effrayait
dans
leur
berceau
ou
qu’enfin
dans
son
arche
éclatante
et
profonde
rangeant
de
cieux
en
cieux
son
cortège
ébloui
jésus
pour
accomplir
ce
qui
fut
dit
au
monde
les
place
le
plus
près
de
lui
oh
dans
ce
monde
auguste
où
rien
n’est
éphémère
dans
ces
flots
de
bonheur
que
ne
trouble
aucun
fiel
enfant
loin
du
sourire
et
des
pleurs
de
ta
mère
n’es
tu
pas
orphelin
au
ciel
octobre
1823
ode
dix
septième
à
une
jeune
fille
pourquoi
te
plaindre
tendre
fille
tes
jours
n’appartiennent
ils
pas
à
la
première
jeunesse
daïno
lithuanien
vous
qui
ne
savez
pas
combien
l’enfance
est
belle
enfant
n’enviez
point
notre
âge
de
douleurs
où
le
cœur
tour
à
tour
est
esclave
et
rebelle
où
le
rire
est
souvent
plus
triste
que
vos
pleurs
votre
âge
insouciant
est
si
doux
qu’on
l’oublie
il
passe
comme
un
souffle
au
vaste
champ
des
airs
comme
une
voix
joyeuse
en
fuyant
affaiblie
comme
un
alcyon
sur
les
mers
oh
ne
vous
hâtez
point
de
mûrir
vos
pensées
jouissez
du
matin
jouissez
du
printemps
vos
heures
sont
des
fleurs
l’une
à
l’autre
enlacées
ne
les
effeuillez
pas
plus
vite
que
le
temps
laissez
venir
les
ans
le
destin
vous
dévoue
comme
nous
aux
regrets
à
la
fausse
amitié
à
ces
maux
sans
espoir
que
l’orgueil
désavoue
à
ces
plaisirs
qui
font
pitié
riez
pourtant
du
sort
ignorez
la
puissance
riez
n’attristez
pas
votre
front
gracieux
votre
œil
d’azur
miroir
de
paix
et
d’innocence
qui
révèle
votre
âme
et
réfléchit
les
cieux
février
1825
ode
dix
huitième
aux
ruines
de
montfort
l’amaury
nec
potuit
ferrum
neque
edax
abolere
vetustas
la
voyez
vous
croître
la
tour
du
vieux
cloître
et
le
grand
mur
noir
du
royal
manoir
alfred
de
vigny
i
je
vous
aime
ô
débris
et
surtout
quand
l’automne
prolonge
en
vos
échos
sa
plainte
monotone
sous
vos
abris
croulants
je
voudrais
habiter
vieilles
tours
que
le
temps
l’une
vers
l’autre
incline
et
qui
semblez
de
loin
sur
la
haute
colline
deux
noirs
géants
prêts
à
lutter
lorsque
d’un
pas
rêveur
foulant
les
grandes
herbes
je
monte
jusqu’à
vous
restes
forts
et
superbes
je
contemple
longtemps
vos
créneaux
meurtriers
et
la
tour
octogone
et
ses
briques
rougies
et
mon
œil
à
travers
vos
brèches
élargies
voit
jouer
des
enfants
où
mouraient
des
guerriers
écartez
de
vos
murs
ceux
que
leur
chute
amuse
laissez
le
seul
poëte
y
conduire
sa
muse
lui
qui
donne
du
moins
une
larme
au
vieux
fort
et
si
l’air
froid
des
nuits
sous
vos
arceaux
murmure
croit
qu’une
ombre
a
froissé
la
gigantesque
armure
d’amaury
comte
de
monfort
ii
là
souvent
je
m’assieds
aux
jours
passés
fidèle
sur
un
débris
qui
fut
un
mur
de
citadelle
je
médite
longtemps
en
mon
cœur
replié
et
la
ville
à
mes
pieds
d’arbres
enveloppée
étend
ses
bras
en
croix
et
s’allonge
en
épée
comme
le
fer
d’un
preux
dans
la
plaine
oublié
mes
yeux
errent
du
pied
de
l’antique
demeure
sur
les
bois
éclairés
ou
sombres
suivant
l’heure
sur
l’église
gothique
hélas
prête
à
crouler
et
je
vois
dans
le
champ
où
la
mort
nous
appelle
sous
l’arcade
de
pierre
et
devant
la
chapelle
le
sol
immobile
onduler
foulant
créneaux
ogive
écussons
astragales
m’attachant
comme
un
lierre
aux
pierres
inégales
au
faîte
des
grands
murs
je
m’élève
parfois
là
je
mêle
des
chants
au
sifflement
des
brises
et
dans
les
cieux
profonds
suivant
ses
ailes
grises
jusqu’à
l’aigle
effrayé
j’aime
à
lancer
ma
voix
là
quelquefois
j’entends
le
luth
doux
et
sévère
d’un
ami
qui
sait
rendre
aux
vieux
temps
un
trouvère
nous
parlons
des
héros
du
ciel
des
chevaliers
de
ces
âmes
en
deuil
dans
le
monde
orphelines
et
le
vent
qui
se
brise
à
l’angle
des
ruines
gémit
dans
les
hauts
peupliers
octobre
1825
ode
dix
neuvième
le
voyage
…
je
veux
que
mon
retour
te
paraisse
bien
long
je
veux
que
nuit
et
jour
tu
m’aimes
—
nuit
et
jour
hélas
je
me
tourmente
—
présente
au
milieu
d’eux
sois
seule
sois
absente
dors
en
pensant
à
moi
rêve
moi
près
de
toi
ne
vois
que
moi
sans
cesse
et
sois
toute
avec
moi
andré
chénier
i
le
cheval
fait
sonner
son
harnois
qu’il
secoue
et
l’éclair
du
pavé
va
jaillir
sous
la
roue
il
faut
partir
adieu
de
ton
cœur
inquiet
chasse
la
crainte
amère
adieu
point
de
faiblesse
mais
quoi
le
char
s’ébranle
et
m’emporte
et
te
laisse…
hélas
j’ai
cru
qu’il
t’oubliait
oh
suis
le
bien
longtemps
d’une
oreille
attentive
ne
t’en
va
pas
avant
d’avoir
triste
et
pensive
écouté
des
coursiers
s’évanouir
le
bruit
l’un
à
l’autre
déjà
l’espace
nous
dérobe
je
ne
vois
plus
de
loin
flotter
ta
blanche
robe
et
toi
tu
n’entends
plus
rouler
le
char
qui
fuit
…
quoi
plus
même
un
vain
bruit
plus
même
une
vaine
ombre
l’absence
a
sur
mon
âme
étendu
sa
nuit
sombre
c’en
est
fait
chaque
pas
m’y
plonge
plus
avant
et
dans
cet
autre
enfer
plein
de
douleurs
amères
de
tourments
insensés
d’angoisses
de
chimères
me
voilà
descendu
vivant
ii
que
faire
maintenant
de
toutes
mes
pensées
de
mon
front
qui
dormait
dans
tes
mains
enlacées
de
tout
ce
que
j’entends
de
tout
ce
que
je
vois
que
faire
de
mes
maux
sans
toi
pleins
d’amertume
de
mes
yeux
dont
la
flamme
à
tes
regards
s’allume
de
ma
voix
qui
ne
sait
parler
qu’après
ta
voix
et
mon
œil
tour
à
tour
distrait
suit
dans
l’espace
chaque
arbre
du
chemin
qui
paraît
et
qui
passe
les
bois
verts
le
flot
d’or
de
la
jaune
moisson
et
les
monts
et
du
soir
l’étincelante
étoile
et
les
clochers
aigus
et
les
villes
que
voile
un
dais
de
brume
à
l’horizon
qu’importent
les
bois
verts
la
moisson
la
colline
et
l’astre
qui
se
lève
et
l’astre
qui
décline
et
la
plaine
et
les
monts
si
tu
ne
les
vois
pas
que
me
font
ces
châteaux
ruines
féodales
si
leur
donjon
moussu
n’entend
point
sur
ses
dalles
tes
pas
légers
courir
à
côté
de
mes
pas
ainsi
donc
aujourd’hui
demain
après
encore
il
faudra
voir
sans
toi
naître
et
mourir
l’aurore
sans
toi
sans
ton
sourire
et
ton
regard
joyeux
sans
t’entendre
marcher
près
de
moi
quand
je
rêve
sans
que
ta
douce
main
quand
mon
front
se
soulève
se
pose
en
jouant
sur
mes
yeux
pourtant
il
faut
encore
à
tant
d’ennuis
en
proie
dans
mes
lettres
du
soir
t’envoyer
quelque
joie
dire
console
toi
le
calme
m’est
rendu
—
quand
je
crains
chaque
instant
qui
loin
de
toi
s’écoule
et
qu’inventant
des
maux
qui
t’assiégent
en
foule
chaque
heure
est
sur
ma
tête
un
glaive
suspendu
iii
que
fais
tu
maintenant
près
du
foyer
sans
doute
la
carte
est
déployée
et
ton
œil
suit
ma
route
tu
dis
où
peut
il
être
ah
qu’il
trouve
en
tous
lieux
de
tendres
soins
un
cœur
qui
l’estime
et
qui
l’aime
et
quelque
bonne
hôtesse
ayant
comme
moi
même
un
être
cher
sous
d’autres
cieux
comme
il
s’éloigne
vite
hélas
j’en
suis
certaine
il
a
déjà
franchi
cette
ville
lointaine
ces
forêts
ce
vieux
pont
d’un
grand
exploit
témoin
peut
être
en
ce
moment
il
roule
en
ces
vallées
par
une
croix
sinistre
aux
passants
signalées
où
l’an
dernier…
—
pourvu
qu’il
soit
déjà
plus
loin
et
mon
père
essuyant
une
larme
qui
brille
t’invite
en
souriant
à
sourire
à
ta
fille
rassurez
vous
bientôt
nous
le
reverrons
tous
il
rit
il
est
tranquille
il
visite
à
cette
heure
de
quelque
vieux
héros
la
tombe
ou
la
demeure
il
prie
à
quelque
autel
pour
vous
car
vous
le
savez
bien
ma
fille
il
aime
encore
ces
créneaux
ces
portails
qu’un
art
naïf
décore
il
nous
a
dit
souvent
assis
à
vos
côtés
l’ogive
chez
les
goths
de
l’orient
venue
et
la
flèche
romane
aiguisant
dans
la
nue
ses
huit
angles
de
pierre
en
écailles
sculptés
iv
et
puis
le
vétéran
à
ta
douleur
trompée
conte
sa
vie
errante
et
nos
grands
coups
d’épée
et
quelque
ancien
combat
du
tage
ou
du
tésin
et
l’empereur
du
siècle
imposante
merveille
—
tout
en
baissant
sa
voix
de
peur
qu’elle
n’éveille
ton
enfant
qui
dort
sur
ton
sein
5
9
octobre
1825
ode
vingtième
promenade
ni
dans
la
grande
salle
ni
dans
la
chambre
peinte
mais
dans
le
riant
et
vert
bocage
parmi
les
lys
en
fleur
ballade
de
robin
hood
voici
les
lieux
chers
à
ma
rêverie
voici
les
prés
dont
j’ai
chanté
les
fleurs…
amable
tastu
la
lyre
égarée
ceins
le
voile
de
gaze
aux
pudiques
couleurs
où
ta
féconde
aiguille
a
semé
tant
de
fleurs
viens
respirer
sous
les
platanes
couvre
toi
du
tissu
trésor
de
cachemir
qui
peut
être
a
caché
le
poignard
d’un
émir
ou
le
sein
jaloux
des
sultanes
aux
lueurs
du
couchant
vois
fumer
les
hameaux
la
vapeur
monte
et
passe
ainsi
s’en
vont
nos
maux
gloire
ambition
renommée
nous
brillons
tour
à
tour
jouets
d’un
fol
espoir
tel
ce
dernier
rayon
ce
dernier
vent
du
soir
dore
et
berce
un
peu
de
fumée
à
l’heure
où
le
jour
meurt
à
l’horizon
lointain
qu’il
m’est
doux
près
d’un
cœur
qui
bat
pour
mon
destin
d’égarer
mes
pas
dans
la
plaine
qu’il
m’est
doux
près
de
toi
d’errer
libre
d’ennuis
quand
tu
mêles
pensive
à
la
brise
des
nuits
le
parfum
de
ta
douce
haleine
c’est
pour
un
tel
bonheur
dès
l’enfance
rêvé
que
j’ai
longtemps
souffert
et
que
j’ai
tout
bravé
dans
nos
temps
de
fureurs
civiles
je
te
dois
une
paix
que
rien
ne
peut
troubler
plus
de
vide
en
mes
jours
pour
moi
tu
sais
peupler
tous
les
déserts
même
les
villes
chaque
étoile
à
son
tour
vient
apparaître
au
ciel
tels
quand
un
grand
festin
d’ambroisie
et
de
miel
embaume
une
riche
demeure
souvent
sur
le
velours
et
le
damas
soyeux
on
voit
les
plus
hâtifs
des
convives
joyeux
s’asseoir
au
banquet
avant
l’heure
vois
—
c’est
un
météore
il
éclate
et
s’éteint
plus
d’un
grand
homme
aussi
d’un
mal
secret
atteint
rayonne
et
descend
dans
la
tombe
le
vulgaire
l’ignore
et
suit
le
tourbillon
au
laboureur
courbé
le
soir
sur
le
sillon
qu’importe
l’étoile
qui
tombe
ah
tu
n’es
point
ainsi
toi
dont
les
nobles
pleurs
de
toute
âme
sublime
honorent
les
malheurs
toi
qui
gémis
sur
le
poëte
toi
qui
plains
la
victime
et
surtout
les
bourreaux
qui
visites
souvent
la
tombe
des
héros
silencieuse
et
non
muette
si
quelque
ancien
château
devant
tes
pas
distraits
lève
son
donjon
noir
sur
les
noires
forêts
bien
loin
de
la
ville
importune
tu
t’arrêtes
soudain
et
ton
œil
tour
à
tour
cherche
et
perd
à
travers
les
créneaux
de
la
tour
le
pâle
croissant
de
la
lune
c’est
moi
qui
t’inspirai
d’aimer
ces
vieux
piliers
ces
temples
où
jadis
les
jeunes
chevaliers
priaient
armés
par
leur
marraine
ces
palais
où
parfois
le
poëte
endormi
a
senti
sur
sa
bouche
entr’ouverte
à
demi
tomber
le
baiser
d’une
reine
mais
rentrons
vois
le
ciel
d’ombres
s’environner
déjà
le
frêle
esquif
qui
nous
doit
ramener
sur
les
eaux
du
lac
étincelle
cette
barque
ressemble
à
nos
jours
inconstants
qui
flottent
dans
la
nuit
sur
l’abîme
des
temps
le
gouffre
porte
la
nacelle
la
vie
à
chaque
instant
fuit
vers
l’éternité
et
le
corps
sur
la
terre
où
l’âme
l’a
quitté
reste
comme
un
fardeau
frivole
ainsi
quand
meurt
la
rose
aux
royales
couleurs
sa
feuille
que
l’aurore
en
vain
baigne
de
pleurs
tombe
et
son
doux
parfum
s’envole
12
octobre
1825
ode
vingt
et
unième
à
ramon
duc
de
benav
la
tristesse
accompagne
toujours
la
gloire
du
monde
imitation
de
jésus
christ
latet
alto
pectore
vulnus
virgile
por
la
boca
de
su
berida
guilien
de
castro
hélas
j’ai
compris
ton
sourire
semblable
au
ris
du
condamné
quand
le
mot
qui
doit
le
proscrire
à
son
oreille
a
résonné
en
pressant
ta
main
convulsive
j’ai
compris
ta
douleur
pensive
et
ton
regard
morne
et
profond
qui
pareil
à
l’éclair
des
nues
brille
sur
des
mers
inconnues
mais
ne
peut
en
montrer
le
fond
pourquoi
faut
il
donc
qu’on
me
plaigne
m’as
tu
dit
je
n’ai
pas
gémi
jamais
de
mes
pleurs
je
ne
baigne
la
main
d’un
frère
ou
d’un
ami
je
n’en
ai
pas
puisqu’à
ma
vie
la
joie
est
pour
toujours
ravie
qu’on
m’épargne
au
moins
la
pitié
je
paye
assez
mon
infortune
pour
que
nulle
voix
importune
n’ose
en
réclamer
la
moitié
d’ailleurs
vaut
elle
tant
de
larmes
appelle
t
on
cela
malheur
—
oui
ce
qui
pour
l’homme
a
des
charmes
pour
moi
n’a
qu’ennuis
et
douleur
sur
mon
passé
rien
ne
surnage
des
vains
rêves
de
mon
jeune
âge
que
le
sort
chaque
jour
dément
l’amour
éteint
pour
moi
sa
flamme
et
jamais
la
voix
d’une
femme
ne
dira
mon
nom
doucement
jamais
d’enfants
jamais
d’épouse
nul
cœur
près
du
mien
n’a
battu
jamais
une
bouche
jalouse
ne
m’a
demandé
d’où
viens
tu
point
d’espérance
qui
me
reste
mon
avenir
sombre
et
funeste
ne
m’offre
que
des
jours
mauvais
dans
cet
horizon
de
ténèbres
ont
passé
vingt
spectres
funèbres
jamais
l’ombre
que
je
rêvais
ma
tête
ne
s’est
point
courbée
mais
la
main
du
sort
ennemi
est
plus
lourdement
retombée
sur
mon
front
toujours
raffermi
à
la
jeunesse
qui
s’envole
à
la
gloire
au
plaisir
frivole
j’ai
dit
l’adieu
fier
de
caton
toutes
fleurs
pour
moi
sont
fanées
mais
c’est
l’ordre
des
destinées
et
si
je
souffre
qu’en
sait
on
esclaves
d’une
loi
fatale
sachons
taire
les
maux
soufferts
pourquoi
veux
tu
donc
que
j’étale
la
meurtrissure
de
mes
fers
aux
yeux
que
la
misère
effraie
qu’importe
ma
secrète
plaie
passez
je
dois
vivre
isolé
vos
voix
ne
sont
qu’un
bruit
sonore
passez
tous
j’aime
mieux
encore
souffrir
que
d’être
consolé
je
n’appartiens
plus
à
la
vie
qu’importe
si
parfois
mes
yeux
soit
qu’on
me
plaigne
ou
qu’on
m’envie
lancent
un
feu
sombre
ou
joyeux
qu’importe
quand
la
coupe
est
vide
que
ses
bords
sur
la
lèvre
avide
laissent
encore
un
goût
amer
a
t
il
vaincu
le
flot
qui
gronde
le
vaisseau
qui
perdu
sous
l’onde
lève
encore
son
mât
sur
la
mer
qu’importe
mon
deuil
solitaire
d’autres
coulent
des
jours
meilleurs
qu’est
ce
que
le
bruit
de
la
terre
un
concert
de
ris
et
de
pleurs
je
veux
comme
tous
les
fils
d’ève
sans
qu’une
autre
main
le
soulève
porter
mon
fardeau
jusqu’au
soir
à
la
foule
qui
passe
et
tombe
qu’importe
au
seuil
de
quelle
tombe
mon
ombre
un
jour
ira
s’asseoir
ainsi
quand
tout
bas
tu
soupires
de
ton
cœur
partent
des
sanglots
comme
un
son
s’échappe
des
lyres
comme
un
murmure
sort
des
flots
va
ton
infortune
est
ta
gloire
les
fronts
marqués
par
la
victoire
ne
se
couronnent
pas
de
fleurs
de
ton
sein
la
joie
est
bannie
mais
tu
sais
bien
que
le
génie
prélude
à
ses
chants
par
des
pleurs
comme
un
soc
de
fer
dès
l’aurore
fouille
le
sol
de
son
tranchant
et
l’ouvre
et
le
sillonne
encore
aux
derniers
rayons
du
couchant
sur
chaque
heure
qui
t’est
donnée
revient
l’infortune
acharnée
infatigable
à
t’obséder
mais
si
de
son
glaive
de
flamme
le
malheur
déchire
ton
âme
ami
c’est
pour
la
féconder
1er
novembre
1825
à
mlle
j
d
de
m
ode
vingt
deuxième
le
portrait
d’une
enfant
pictura
poesis
horace
quand
ie
voy
tant
de
couleurs
et
de
fleurs
qui
esmaillent
un
riuage
ie
pense
voir
le
beau
teint
qui
est
peint
si
vermeil
en
son
visage
quand
ie
sens
parmi
les
prez
diaprez
les
fleurs
dont
la
terre
est
pleine
lors
ie
fais
croire
à
mes
sens
que
ie
sens
la
douceur
de
son
haleine
ronsard
i
oui
ce
front
ce
sourire
et
cette
fraîche
joue
c’est
bien
l’enfant
qui
pleure
et
joue
et
qu’un
esprit
du
ciel
défend
de
ses
doux
traits
ravis
à
la
sainte
phalange
c’est
bien
le
délicat
mélange
poëte
j’y
crois
voir
un
ange
père
j’y
trouve
mon
enfant
on
devine
à
ses
yeux
pleins
d’une
pure
flamme
qu’au
paradis
d’où
vient
son
âme
elle
a
dit
un
récent
adieu
son
regard
rayonnant
d’une
joie
éphémère
semble
en
suivre
encor
la
chimère
et
revoir
dans
sa
douce
mère
l’humble
mère
de
l’enfant
dieu
on
dirait
qu’elle
écoute
un
chœur
de
voix
célestes
que
de
loin
des
vierges
modestes
elle
entend
l’appel
gracieux
à
son
joyeux
regard
à
son
naïf
sourire
on
serait
tenté
de
lui
dire
—
jeune
ange
quel
fut
ton
martyre
et
quel
est
ton
nom
dans
les
cieux
ii
ô
toi
dont
le
pinceau
me
la
fit
si
touchante
tu
me
la
peins
je
te
la
chante
car
tes
nobles
travaux
vivront
une
force
virile
à
ta
grâce
est
unie
tes
couleurs
sont
une
harmonie
et
dans
ton
enfance
un
génie
mit
une
flamme
sur
ton
front
sans
doute
quelque
fée
à
ton
berceau
venue
des
sept
couleurs
que
dans
la
nue
suspend
le
prisme
aérien
des
roses
de
l’aurore
humide
et
matinale
des
feux
de
l’aube
boréale
fit
une
palette
idéale
pour
ton
pinceau
magicien
6
novembre
1825
ode
vingt
troisième
à
madame
la
comtesse
a
h
sur
ma
lyre
l’autre
fois
dans
un
bois
ma
main
préludait
à
peine
une
colombe
descend
en
passant
blanche
sur
le
luth
d’ébène
mais
au
lieu
d’accords
touchants
de
doux
chants
la
colombe
gémissante
me
demande
par
pitié
sa
moitié
sa
moitié
loin
d’elle
absente
sainte
beuve
oh
quel
que
soit
le
rêve
ou
paisible
ou
joyeux
qui
dans
l’ombre
à
cette
heure
illumine
tes
yeux
c’est
le
bonheur
qu’il
te
signale
loin
des
bras
d’un
époux
qui
n’est
encor
qu’amant
dors
tranquille
ma
sœur
passe
la
doucement
ta
dernière
nuit
virginale
dors
nous
prîrons
pour
toi
jusqu’à
ce
beau
matin
tu
devais
être
à
nous
et
c’était
ton
destin
et
rien
ne
pouvait
t’y
soustraire
oui
la
voix
de
l’autel
va
te
nommer
ma
sœur
mais
ce
n’est
que
l’écho
d’une
voix
de
mon
cœur
qui
déjà
me
nommait
ton
frère
dors
cette
nuit
encor
d’un
sommeil
pur
et
doux
demain
serments
transports
caresses
d’un
époux
festins
que
la
joie
environne
et
soupirs
inquiets
dans
ton
sein
renaissant
quand
une
main
fera
de
ton
front
rougissant
tomber
la
tremblante
couronne
ah
puisse
dès
demain
se
lever
sur
tes
jours
un
bonheur
qui
jamais
ne
s’éclipse
et
toujours
brille
plus
beau
qu’un
rêve
même
vers
le
ciel
étoilé
laisse
monter
nos
vœux
dors
en
paix
cette
nuit
où
nous
veillons
tous
deux
moi
qui
te
chante
et
lui
qui
t’aime
nuit
du
19
au
20
décembre
1827
ode
vingt
quatrième
pluie
d’été
l’aubépine
et
l’églantin
et
le
thym
l’œillet
le
lys
et
les
roses
en
cette
belle
saison
à
foison
montrent
leurs
robes
écloses
le
gentil
rossignolet
doucelet
découpe
dessous
l’ombrage
mille
fredons
babillards
frétillards
aux
doux
sons
de
son
ramage
rémi
belleau
que
la
soirée
est
fraîche
et
douce
oh
viens
il
a
plu
ce
matin
les
humides
tapis
de
mousse
verdissent
tes
pieds
de
satin
l’oiseau
vole
sous
les
feuillées
secouant
ses
ailes
mouillées
pauvre
oiseau
que
le
ciel
bénit
il
écoute
le
vent
bruire
chante
et
voit
des
gouttes
d’eau
luire
comme
des
perles
dans
son
nid
la
pluie
a
versé
ses
ondées
le
ciel
reprend
son
bleu
changeant
les
terres
luisent
fécondées
comme
sous
un
réseau
d’argent
le
petit
ruisseau
de
la
plaine
pour
une
heure
enflé
roule
et
traîne
brins
d’herbe
lézards
endormis
court
et
précipitant
son
onde
du
haut
d’un
caillou
qu’il
inonde
fait
des
niagaras
aux
fourmis
tourbillonnant
dans
ce
déluge
des
insectes
sans
avirons
voguent
pressés
frêle
refuge
sur
des
ailes
de
moucherons
d’autres
pendent
comme
à
des
îles
à
des
feuilles
errants
asiles
heureux
dans
leur
adversité
si
perçant
les
flots
de
sa
cime
une
paille
au
bord
de
l’abîme
retient
leur
flottante
cité
les
courants
ont
lavé
le
sable
au
soleil
montent
les
vapeurs
et
l’horizon
insaisissable
tremble
et
fuit
sous
leurs
plis
trompeurs
on
voit
seulement
sous
leurs
voiles
comme
d’incertaines
étoiles
des
points
lumineux
scintiller
et
les
monts
de
la
brume
enfuie
sortir
et
ruisselants
de
pluie
les
toits
d’ardoise
étinceler
viens
errer
dans
la
plaine
humide
à
cette
heure
nous
serons
seuls
mets
sur
mon
bras
ton
bras
timide
viens
nous
prendrons
par
les
tilleuls
le
soleil
rougissant
décline
avant
de
quitter
la
colline
tourne
un
moment
tes
yeux
pour
voir
avec
ses
palais
ses
chaumières
rayonnants
des
mêmes
lumières
la
ville
d’or
sur
le
ciel
noir
oh
vois
voltiger
les
fumées
sur
les
toits
de
brouillards
baignés
là
sont
des
épouses
aimées
là
des
cœurs
doux
et
résignés
la
vie
hélas
dont
on
s’ennuie
c’est
le
soleil
après
la
pluie…
le
voilà
qui
baisse
toujours
de
la
ville
que
ses
feux
noient
toutes
les
fenêtres
flamboient
comme
des
yeux
au
front
des
tours
l’arc
en
ciel
l’arc
en
ciel
regarde
—
comme
il
s’arrondit
pur
dans
l’air
quel
trésor
le
dieu
bon
nous
garde
après
le
tonnerre
et
l’éclair
que
de
fois
sphères
éternelles
mon
âme
a
demandé
ses
ailes
implorant
quelque
ithuriel
hélas
pour
savoir
à
quel
monde
mène
cette
courbe
profonde
arche
immense
d’un
pont
du
ciel
7
juin
1828
ode
vingt
cinquième
rêves
en
la
amena
soledad
de
aquesta
apacible
estancia
bellisimo
laberinto
de
arboles
flores
y
plantas
podeis
dexarme
dexando
conmigo
que
ellos
me
bastan
por
companîa
los
libros
que
os
mande
sacar
de
casa
que
yo
en
tanto
que
antioquia
cèlebra
con
fiestas
tantas
la
fabrica
de
esse
templo
que
oy
à
jupiter
consagra
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
huyendo
del
gran
bullicio
que
hay
en
sus
calles
y
plazas
passar
estudiando
quiero
la
edad
que
al
dia
le
falta
calderon
el
magico
prodigioso
i
amis
loin
de
la
ville
loin
des
palais
de
roi
loin
de
la
cour
servile
loin
de
la
foule
vile
trouvez
moi
trouvez
moi
aux
champs
où
l’âme
oisive
se
recueille
en
rêvant
sur
une
obscure
rive
où
du
monde
n’arrive
ni
le
flot
ni
le
vent
quelque
asile
sauvage
quelque
abri
d’autrefois
un
port
sur
le
rivage
un
nid
sous
le
feuillage
un
manoir
dans
les
bois
trouvez
le
moi
bien
sombre
bien
calme
bien
dormant
couvert
d’arbres
sans
nombre
dans
le
silence
et
l’ombre
caché
profondément
que
là
sur
toute
chose
fidèle
à
ceux
qui
m’ont
mon
vers
plane
et
se
pose
tantôt
sur
une
rose
tantôt
sur
un
grand
mont
qu’il
puisse
avec
audace
de
tout
nœud
détaché
d’un
vol
que
rien
ne
lasse
s’égarer
dans
l’espace
comme
un
oiseau
lâché
ii
qu’un
songe
au
ciel
m’enlève
que
plein
d’ombre
et
d’amour
jamais
il
ne
s’achève
et
que
la
nuit
je
rêve
à
mon
rêve
du
jour
aussi
blanc
que
la
voile
qu’à
l’horizon
je
voi
qu’il
recèle
une
étoile
et
qu’il
soit
comme
un
voile
entre
la
vie
et
moi
que
la
muse
qui
plonge
en
ma
nuit
pour
briller
le
dore
et
le
prolonge
et
de
l’éternel
songe
craigne
de
m’éveiller
que
toutes
mes
pensées
viennent
s’y
déployer
et
s’asseoir
empressées
se
tenant
embrassées
en
cercle
à
mon
foyer
qu’à
mon
rêve
enchaînées
toutes
l’œil
triomphant
le
bercent
inclinées
comme
des
sœurs
aînées
bercent
leur
frère
enfant
iii
on
croit
sur
la
falaise
on
croit
dans
les
forêts
tant
on
respire
à
l’aise
et
tant
rien
ne
nous
pèse
voir
le
ciel
de
plus
près
là
tout
est
comme
un
rêve
chaque
voix
a
des
mots
tout
parle
un
chant
s’élève
de
l’onde
sur
la
grève
de
l’air
dans
les
rameaux
c’est
une
voix
profonde
un
chœur
universel
c’est
le
globe
qui
gronde
c’est
le
roulis
du
monde
sur
l’océan
du
ciel
c’est
l’écho
magnifique
des
voix
de
jéhova
c’est
l’hymne
séraphique
du
monde
pacifique
où
va
ce
qui
s’en
va
où
sourde
aux
cris
de
femmes
aux
plaintes
aux
sanglots
l’âme
se
mêle
aux
âmes
comme
la
flamme
aux
flammes
comme
le
flot
aux
flots
iv
ce
bruit
vaste
à
toute
heure
on
l’entend
au
désert
paris
folle
demeure
pour
cette
voix
qui
pleure
nous
donne
un
vain
concert
oh
la
bretagne
antique
quelque
roc
écumant
dans
la
forêt
celtique
quelque
donjon
gothique
pourvu
que
seulement
la
tour
hospitalière
où
je
pendrai
mon
nid
ait
vieille
chevalière
un
panache
de
lierre
sur
son
front
de
granit
pourvu
que
blasonnée
d’un
écusson
altier
la
haute
cheminée
béante
illuminée
dévore
un
chêne
entier
que
l’été
la
charmille
me
dérobe
un
ciel
bleu
que
l’hiver
ma
famille
dans
l’âtre
assise
brille
toute
rouge
au
grand
feu
dans
les
bois
mes
royaumes
si
le
soir
l’air
bruit
qu’il
semble
à
voir
leurs
dômes
des
têtes
de
fantômes
se
heurtant
dans
la
nuit
que
des
vierges
abeilles
dont
les
cieux
sont
remplis
viennent
sur
moi
vermeilles
secouer
dans
mes
veilles
leur
robe
à
mille
plis
qu’avec
des
voix
plaintives
les
ombres
des
héros
repassent
fugitives
blanches
sous
mes
ogives
sombres
sur
mes
vitraux
v
si
ma
muse
envolée
porte
son
nid
si
cher
et
sa
famille
ailée
dans
la
salle
écroulée
d’un
vieux
baron
de
fer
c’est
que
j’aime
ces
âges
plus
beaux
sinon
meilleurs
que
nos
siècles
plus
sages
à
leurs
débris
sauvages
je
m’attache
et
d’ailleurs
l’hirondelle
enlevée
par
son
vol
sur
la
tour
parfois
des
vents
sauvée
choisit
pour
sa
couvée
un
vieux
nid
de
vautour
sa
famille
humble
et
douce
souvent
en
se
jouant
du
bec
remue
et
pousse
tout
brisé
sur
la
mousse
l’œuf
de
l’oiseau
géant
dans
les
armes
antiques
mes
vers
ainsi
joueront
et
remuant
des
piques
riront
nains
fantastiques
de
grands
casques
au
front
vi
ainsi
noués
en
gerbe
reverdiront
mes
jours
dans
le
donjon
superbe
comme
une
touffe
d’herbe
dans
les
brèches
des
tours
mais
donjon
ou
chaumière
du
monde
délié
je
vivrai
de
lumière
d’extase
et
de
prière
oubliant
oublié
4
juin
1828
ballades
1823
1828
renouvelons
aussi
toute
vieille
pensée
joachim
du
bellay
iambes
qu’il
est
doux
qu’il
est
doux
de
conter
des
histoires
des
histoires
du
temps
passé
alfred
de
vigny
ballade
première
une
fée
elle
apparaît…
comme
ces
figures
dont
le
poëte
voit
les
yeux
étinceler
à
travers
le
feuillage
sombre
quand
dans
sa
promenade
du
soir
il
rêve
de
l’amour
et
du
ciel
th
moore
amours
des
anges
…
la
reine
mab
m’a
visité
c’est
elle
qui
fait
dans
le
sommeil
veiller
l’âme
immortelle
émile
deschamps
roméo
et
juliette
que
ce
soit
urgèle
ou
morgane
j’aime
en
un
rêve
sans
effroi
qu’une
fée
au
corps
diaphane
ainsi
qu’une
fleur
qui
se
fane
vienne
pencher
son
front
sur
moi
c’est
elle
dont
le
luth
d’ivoire
me
redit
sur
un
mâle
accord
vos
contes
qu’on
n’oserait
croire
bons
paladins
si
votre
histoire
n’était
plus
merveilleuse
encor
c’est
elle
aux
choses
qu’on
révère
qui
m’ordonne
de
m’allier
et
qui
veut
que
ma
main
sévère
joigne
la
harpe
du
trouvère
au
gantelet
du
chevalier
dans
le
désert
qui
me
réclame
cachée
en
tout
ce
que
je
vois
c’est
elle
qui
fait
pour
mon
âme
de
chaque
rayon
une
flamme
et
de
chaque
bruit
une
voix
elle
—
qui
dans
l’onde
agitée
murmure
en
sortant
du
rocher
et
de
me
plaire
tourmentée
suspend
la
cigogne
argentée
au
faîte
aigu
du
noir
clocher
quand
l’hiver
mon
foyer
pétille
c’est
elle
qui
vient
s’y
tapir
et
me
montre
au
ciel
qui
scintille
l’étoile
qui
s’éteint
et
brille
comme
un
œil
prêt
à
s’assoupir
qui
lorsqu’en
des
manoirs
sauvages
j’erre
cherchant
nos
vieux
berceaux
m’environnant
de
mille
images
comme
un
bruit
du
torrent
des
âges
fait
mugir
l’air
sous
les
arceaux
elle
—
qui
la
nuit
quand
je
veille
m’apporte
de
confus
abois
et
pour
endormir
mon
oreille
dans
le
calme
du
soir
éveille
un
cor
lointain
au
fond
des
bois
que
ce
soit
urgèle
ou
morgane
j’aime
en
un
rêve
sans
effroi
qu’une
fée
au
corps
diaphane
ainsi
qu’une
fleur
qui
se
fane
vienne
pencher
son
front
sur
moi
1824
ballade
deuxième
le
sylphe
le
vent
le
froid
et
l’orage
contre
l’enfant
faisaient
rage
—
ouvrez
dit
il
je
suis
nu
la
fontaine
imitation
d’anacréon
toi
qu’en
ces
murs
pareille
aux
rêveuses
sylphides
ce
vitrage
éclairé
montre
à
mes
yeux
avides
jeune
fille
ouvre
moi
voici
la
nuit
j’ai
peur
la
nuit
qui
peuplant
l’air
de
figures
livides
donne
aux
âmes
des
morts
des
robes
de
vapeur
vierge
je
ne
suis
point
de
ces
pèlerins
sages
qui
font
de
longs
récits
après
de
longs
voyages
ni
de
ces
paladins
qu’aime
et
craint
la
beauté
dont
le
cor
éveillant
les
varlets
et
les
pages
porte
un
appel
de
guerre
à
l’hospitalité
je
n’ai
ni
lourd
bâton
ni
lance
redoutée
point
de
longs
cheveux
noirs
point
de
barbe
argentée
ni
d’humble
chapelet
ni
de
glaive
vainqueur
mon
souffle
dont
une
herbe
est
à
peine
agitée
n’arrache
au
cor
des
preux
qu’un
murmure
moqueur
je
suis
l’enfant
de
l’air
un
sylphe
moins
qu’un
rêve
fils
du
printemps
qui
naît
du
matin
qui
se
lève
l’hôte
du
clair
foyer
durant
les
nuits
d’hiver
l’esprit
que
la
lumière
à
la
rosée
enlève
diaphane
habitant
de
l’invisible
éther
ce
soir
un
couple
heureux
d’une
voix
solennelle
parlait
tout
bas
d’amour
et
de
flamme
éternelle
j’entendais
tout
près
d’eux
je
m’étais
arrêté
ils
ont
dans
un
baiser
pris
le
bout
de
mon
aile
et
la
nuit
est
venue
avant
ma
liberté
hélas
il
est
trop
tard
pour
rentrer
dans
ma
rose
châtelaine
ouvre
moi
car
ma
demeure
est
close
recueille
un
fils
du
jour
égaré
dans
la
nuit
permets
jusqu’à
demain
qu’en
ton
lit
je
repose
je
tiendrai
peu
de
place
et
ferai
peu
de
bruit
mes
frères
ont
suivi
la
lumière
éclipsée
ou
les
larmes
du
soir
dont
l’herbe
est
arrosée
les
lys
leur
ont
ouvert
leurs
calices
de
miel
où
fuir
…
je
ne
vois
plus
de
gouttes
de
rosée
plus
de
fleurs
dans
les
champs
plus
de
rayons
au
ciel
damoiselle
entends
moi
de
peur
que
la
nuit
sombre
comme
en
un
grand
filet
ne
me
prenne
en
son
ombre
parmi
les
spectres
blancs
et
les
fantômes
noirs
les
démons
dont
l’enfer
même
ignore
le
nombre
les
hiboux
du
sépulcre
et
l’autour
des
manoirs
voici
l’heure
où
les
morts
dansent
d’un
pied
débile
la
lune
au
pâle
front
les
regarde
immobile
et
le
hideux
vampire
ô
comble
de
frayeur
soulevant
d’un
bras
fort
une
pierre
inutile
traîne
en
sa
tombe
ouverte
un
tremblant
fossoyeur
bientôt
nains
monstrueux
noirs
de
poudre
et
de
cendre
dans
leur
gouffre
sans
fond
les
gnômes
vont
descendre
le
follet
fantastique
erre
sur
les
roseaux
au
frais
ondin
s’unit
l’ardente
salamandre
et
de
bleuâtres
feux
se
croisent
sur
les
eaux
oh
…
si
pour
amuser
son
ennui
taciturne
un
mort
parmi
ses
os
m’enfermait
dans
son
urne
si
quelque
nécromant
riant
de
mon
effroi
dans
la
tour
d’où
minuit
lève
sa
voix
nocturne
liait
mon
vol
paisible
au
sinistre
beffroi
que
ta
fenêtre
s’ouvre
…
ah
si
tu
me
repousses
il
me
faudra
chercher
quelques
vieux
nids
de
mousses
à
des
lézards
troublés
livrer
de
grands
combats…
ouvre
…
mes
yeux
sont
purs
mes
paroles
sont
douces
comme
ce
qu’à
sa
belle
un
amant
dit
tout
bas
et
je
suis
si
joli
si
tu
voyais
mes
ailes
trembler
aux
feux
du
jour
transparentes
et
frêles
…
j’ai
la
blancheur
des
lys
où
le
soir
nous
fuyons
et
les
roses
nos
sœurs
se
disputent
entre
elles
mon
souffle
de
parfums
et
mon
corps
de
rayons
je
veux
qu’un
rêve
heureux
te
révèle
ma
gloire
près
de
moi
ma
sylphide
en
garde
la
mémoire
les
papillons
sont
lourds
les
colibris
sont
laids
quand
roi
vêtu
d’azur
et
de
nacre
et
de
moire
je
vais
de
fleurs
en
fleurs
visiter
mes
palais
j’ai
froid
l’ombre
me
glace
et
vainement
je
pleure
si
je
pouvais
t’offrir
pour
m’ouvrir
ta
demeure
ma
goutte
de
rosée
ou
mes
corolles
d’or
mais
non
je
n’ai
plus
rien
il
faudra
que
je
meure
chaque
soleil
me
donne
et
me
prend
mon
trésor
que
veux
tu
qu’en
dormant
je
t’apporte
en
échange
l’écharpe
d’une
fée
ou
le
voile
d’un
ange
j’embellirai
ta
nuit
des
prestiges
du
jour
ton
sommeil
passera
sans
que
ton
bonheur
change
des
beaux
songes
du
ciel
aux
doux
rêves
d’amour
mais
mon
haleine
en
vain
ternit
la
vitre
humide
ô
vierge
crois
tu
donc
que
dans
la
nuit
perfide
la
voix
du
sylphe
errant
cache
un
amant
trompeur
ne
me
crains
pas
c’est
moi
qui
suis
faible
et
timide
et
si
j’avais
une
ombre
hélas
j’en
aurais
peur
il
pleurait
—
tout
à
coup
devant
la
tour
antique
s’éleva
murmurant
comme
un
appel
mystique
une
voix…
ce
n’était
sans
doute
qu’un
esprit
bientôt
parut
la
dame
à
son
balcon
gothique
—
on
ne
sait
si
ce
fut
au
sylphe
qu’elle
ouvrit
1823
ballade
troisième
la
grand’mère
to
die
—
to
sleep
shakespeare
dors
tu
…
réveille
toi
mère
de
notre
mère
d’ordinaire
en
dormant
ta
bouche
remuait
car
ton
sommeil
souvent
ressemble
à
ta
prière
mais
ce
soir
on
dirait
la
madone
de
pierre
ta
lèvre
est
immobile
et
ton
souffle
est
muet
pourquoi
courber
ton
front
plus
bas
que
de
coutume
quel
mal
avons
nous
fait
pour
ne
plus
nous
chérir
vois
la
lampe
pâlit
l’âtre
scintille
et
fume
si
tu
ne
parles
pas
le
feu
qui
se
consume
et
la
lampe
et
nous
deux
nous
allons
tous
mourir
tu
nous
trouveras
morts
près
de
la
lampe
éteinte
alors
que
diras
tu
quand
tu
t’éveilleras
tes
enfants
à
leur
tour
seront
sourds
à
ta
plainte
pour
nous
rendre
la
vie
en
invoquant
ta
sainte
il
faudra
bien
longtemps
nous
serrer
dans
tes
bras
donne
nous
donc
tes
mains
dans
nos
mains
réchauffées
chante
nous
quelque
chant
de
pauvre
troubadour
dis
nous
ces
chevaliers
qui
servis
par
les
fées
pour
bouquets
à
leur
dame
apportaient
des
trophées
et
dont
le
cri
de
guerre
était
un
nom
d’amour
dis
nous
quel
divin
signe
est
funeste
aux
fantômes
quel
ermite
dans
l’air
vit
lucifer
volant
quel
rubis
étincelle
au
front
du
roi
des
gnômes
et
si
le
noir
démon
craint
plus
dans
ses
royaumes
les
psaumes
de
turpin
que
le
fer
de
roland
ou
montre
nous
ta
bible
et
les
belles
images
le
ciel
d’or
les
saints
bleus
les
saintes
à
genoux
l’enfant
jésus
la
crèche
et
le
bœuf
et
les
mages
fais
nous
lire
du
doigt
dans
le
milieu
des
pages
un
peu
de
ce
latin
qui
parle
à
dieu
de
nous
mère
…
—
hélas
par
degrés
s’affaisse
la
lumière
l’ombre
joyeuse
danse
autour
du
noir
foyer
les
esprits
vont
peut
être
entrer
dans
la
chaumière…
oh
sors
de
ton
sommeil
interromps
ta
prière
toi
qui
nous
rassurais
veux
tu
nous
effrayer
dieu
que
tes
bras
sont
froids
rouvre
les
yeux…
naguère
tu
nous
parlais
d’un
monde
où
nous
mènent
nos
pas
et
de
ciel
et
de
tombe
et
de
vie
éphémère
tu
parlais
de
la
mort…
dis
nous
ô
notre
mère
qu’est
ce
donc
que
la
mort
…
—
tu
ne
nous
réponds
pas
leur
gémissante
voix
longtemps
se
plaignit
seule
la
jeune
aube
parut
sans
réveiller
l’aïeule
la
cloche
frappa
l’air
de
ses
funèbres
coups
et
le
soir
un
passant
par
la
porte
entr’ouverte
vit
devant
le
saint
livre
et
la
couche
déserte
les
deux
petits
enfants
qui
priaient
à
genoux
1823
ballade
quatrième
à
trilby
le
lutin
d’argail
à
vous
ombre
légère
qui
d’aile
passagère
par
le
monde
volez
et
d’un
sifflant
murmure
l’ombrageuse
verdure
doucement
esbranlez
j’offre
ces
violettes
ces
lys
et
ces
fleurettes
et
ces
roses
ici
ces
vermeillettes
roses
tout
fraischement
escloses
et
ces
œillets
aussi
vieille
chanson
c’est
toi
lutin
—
qui
t’amène
sur
ce
rayon
du
couchant
es
tu
venu
ton
haleine
me
caresse
en
me
touchant
à
mes
yeux
tu
te
révèles
tu
m’inondes
d’étincelles
et
tes
frémissantes
ailes
ont
un
bruit
doux
comme
un
chant
ta
voix
de
soupirs
mêlée
m’apporte
un
accent
connu
dans
ma
cellule
isolée
beau
trilby
sois
bienvenu
ma
demeure
hospitalière
n’a
point
d’humble
batelière
dont
ta
bouche
familière
baise
le
sein
demi
nu
viens
tu
dans
l’âtre
perfide
chercher
mon
follet
qui
fuit
et
ma
fée
et
ma
sylphide
qui
me
visitent
sans
bruit
et
m’apportent
empressées
sur
leurs
ailes
nuancées
le
jour
de
douces
pensées
et
de
doux
rêves
la
nuit
viens
tu
pas
voir
mes
ondines
ceintes
d’algue
et
de
glaïeul
mes
nains
dont
les
voix
badines
n’osent
parler
qu’à
moi
seul
viens
tu
réveiller
mes
gnômes
poursuivre
en
l’air
les
atomes
et
lutiner
mes
fantômes
en
jouant
dans
leur
linceul
hélas
fuis
…
ces
lieux
que
j’aime
n’ont
plus
ces
hôtes
chéris
des
cruels
à
l’anathème
ont
livré
tous
mes
esprits
mon
ondine
est
étouffée
et
comme
un
double
trophée
leurs
mains
ont
cloué
ma
fée
près
de
ma
chauve
souris
mes
spectres
mes
nains
si
frêles
quand
leur
courroux
gronde
encor
n’osent
plus
sur
les
tourelles
s’appeler
au
son
du
cor
ma
cour
magique
en
alarmes
a
fui
leurs
pesantes
armes
ils
ont
de
mon
sylphe
en
larmes
arraché
les
ailes
d’or
toi
même
crains
leur
tonnerre
crains
un
combat
inégal
plus
que
la
voix
centenaire
qui
jadis
vengea
dougal
dont
la
cabane
fumeuse
voit
durant
la
nuit
brumeuse
sur
une
roche
écumeuse
s’asseoir
l’ombre
de
fingal
celui
qui
de
ta
montagne
t’a
rapporté
dans
nos
champs
eut
comme
toi
pour
compagne
l’espérance
aux
vœux
touchants
longtemps
la
france
sa
mère
vit
fuir
sa
jeunesse
amère
dans
l’exil
où
comme
homère
il
n’emportait
que
ses
chants
à
la
fois
triste
et
sublime
grave
en
son
vol
gracieux
le
poëte
aime
l’abîme
où
fuit
l’aigle
audacieux
le
parfum
des
fleurs
mourantes
l’or
des
comètes
errantes
et
les
cloches
murmurantes
qui
se
plaignent
dans
les
cieux
aime
un
désert
sauvage
où
rien
ne
borne
ses
pas
son
cœur
pour
fuir
l’esclavage
vit
plus
loin
que
le
trépas
quand
l’opprimé
le
réclame
des
peuples
il
devient
l’âme
il
est
pour
eux
une
flamme
que
le
tyran
n’éteint
pas
tel
est
nodier
le
poëte
—
va
dis
à
ce
noble
ami
que
ma
tendresse
inquiète
de
tes
périls
a
frémi
dis
lui
bien
qu’il
te
surveille
de
tes
jeux
charme
sa
veille
enfant
et
lorsqu’il
sommeille
dors
sur
son
front
endormi
n’erre
pas
à
l’aventure
car
on
en
veut
aux
trilbys
crains
les
maux
et
la
torture
que
mon
doux
sylphe
a
subis
s’ils
te
prenaient
quelle
gloire
ils
souilleraient
d’encre
noire
hélas
ton
manteau
de
moire
ton
aigrette
de
rubis
ou
pour
danser
avec
faune
contraignant
tes
pas
tremblants
leurs
satyres
au
pied
jaune
leurs
vieux
sylvains
pétulants
joindraient
tes
mains
enchaînées
aux
vieilles
mains
décharnées
de
leurs
naïades
fanées
mortes
depuis
deux
mille
ans
8
10
avril
1825
ballade
cinquième
le
géant
les
nuées
du
ciel
elles
mêmes
craignent
que
je
ne
vienne
chercher
mes
ennemis
dans
leur
sein…
mottenabi
ô
guerriers
je
suis
né
dans
le
pays
des
gaules
mes
aïeux
franchissaient
le
rhin
comme
un
ruisseau
ma
mère
me
baigna
dans
la
neige
des
pôles
tout
enfant
et
mon
père
aux
robustes
épaules
de
trois
grandes
peaux
d’ours
décora
mon
berceau
car
mon
père
était
fort
l’âge
à
présent
l’enchaîne
de
son
front
tout
ridé
tombent
ses
cheveux
blancs
il
est
faible
il
est
vieux
sa
fin
est
si
prochaine
qu’à
peine
il
peut
encor
déraciner
un
chêne
pour
soutenir
ses
pas
tremblants
c’est
moi
qui
le
remplace
et
j’ai
sa
javeline
ses
bœufs
son
arc
de
fer
ses
haches
ses
colliers
moi
qui
peux
succédant
au
vieillard
qui
décline
les
pieds
dans
le
vallon
m’asseoir
sur
la
colline
et
de
mon
souffle
au
loin
courber
les
peupliers
à
peine
adolescent
sur
les
alpes
sauvages
de
rochers
en
rochers
je
m’ouvrais
des
chemins
ma
tête
ainsi
qu’un
mont
arrêtait
les
nuages
et
souvent
dans
les
cieux
épiant
leurs
passages
j’ai
pris
des
aigles
dans
mes
mains
je
combattais
l’orage
et
ma
bruyante
haleine
dans
leur
vol
anguleux
éteignait
les
éclairs
ou
joyeux
devant
moi
chassant
quelque
baleine
l’océan
à
mes
pas
ouvrait
sa
vaste
plaine
et
mieux
que
l’ouragan
mes
jeux
troublaient
les
mers
j’errais
je
poursuivais
d’une
atteinte
trop
sûre
le
requin
dans
les
flots
dans
les
airs
l’épervier
l’ours
étreint
dans
mes
bras
expirait
sans
blessure
et
j’ai
souvent
l’hiver
brisé
dans
leur
morsure
les
dents
blanches
du
loup
cervier
ces
plaisirs
enfantins
pour
moi
n’ont
plus
de
charmes
j’aime
aujourd’hui
la
guerre
et
son
mâle
appareil
les
malédictions
des
familles
en
larmes
les
camps
et
le
soldat
bondissant
dans
ses
armes
qui
vient
du
cri
d’alarme
égayer
mon
réveil
dans
la
poudre
et
le
sang
quand
l’ardente
mêlée
broie
et
roule
une
armée
en
bruyants
tourbillons
je
me
lève
je
suis
sa
course
échevelée
et
comme
un
cormoran
fond
sur
l’onde
troublée
je
plonge
dans
les
bataillons
ainsi
qu’un
moissonneur
parmi
des
gerbes
mûres
dans
les
rangs
écrasés
seul
debout
j’apparais
leurs
clameurs
dans
ma
voix
se
perdent
en
murmures
et
mon
poing
désarmé
martelle
les
armures
mieux
qu’un
chêne
noueux
choisi
dans
les
forêts
je
marche
toujours
nu
ma
valeur
souveraine
rit
des
soldats
de
fer
dont
vos
camps
sont
peuplés
je
n’emporte
au
combat
que
ma
pique
de
frêne
et
ce
casque
léger
que
traîneraient
sans
peine
dix
taureaux
au
joug
accouplés
sans
assiéger
les
forts
d’échelles
inutiles
des
chaînes
de
leurs
ponts
je
brise
les
anneaux
mieux
qu’un
bélier
d’airain
je
bats
leurs
murs
fragiles
je
lutte
corps
à
corps
avec
les
tours
des
villes
pour
combler
les
fossés
j’arrache
les
créneaux
oh
quand
mon
tour
viendra
de
suivre
mes
victimes
guerriers
ne
laissez
pas
ma
dépouille
au
corbeau
ensevelissez
moi
parmi
des
monts
sublimes
afin
que
l’étranger
cherche
en
voyant
leurs
cimes
quelle
montagne
est
mon
tombeau
mars
1825
à
m
j
f
—
ballade
sixième
la
fiancée
du
timbalier
douce
est
la
mort
qui
vient
en
bien
aimant
desportes
sonnet
monseigneur
le
duc
de
bretagne
a
pour
les
combats
meurtriers
convoqué
de
nante
à
mortagne
dans
la
plaine
et
sur
la
montagne
l’arrière
ban
de
ses
guerriers
ce
sont
des
barons
dont
les
armes
ornent
des
forts
ceints
d’un
fossé
des
preux
vieillis
dans
les
alarmes
des
écuyers
des
hommes
d’armes
l’un
d’entre
eux
est
mon
fiancé
il
est
parti
pour
l’aquitaine
comme
timbalier
et
pourtant
on
le
prend
pour
un
capitaine
rien
qu’à
voir
sa
mine
hautaine
et
son
pourpoint
d’or
éclatant
depuis
ce
jour
l’effroi
m’agite
j’ai
dit
joignant
son
sort
au
mien
—
ma
patronne
sainte
brigitte
pour
que
jamais
il
ne
le
quitte
surveillez
son
ange
gardien
—
j’ai
dit
à
notre
abbé
messire
priez
bien
pour
tous
nos
soldats
et
comme
on
sait
qu’il
le
désire
j’ai
brûlé
trois
cierges
de
cire
sur
la
châsse
de
saint
gildas
à
notre
dame
de
lorette
j’ai
promis
dans
mon
noir
chagrin
d’attacher
sur
ma
gorgerette
fermée
à
la
vue
indiscrète
les
coquilles
du
pèlerin
il
n’a
pu
par
d’amoureux
gages
absent
consoler
mes
foyers
pour
porter
les
tendres
messages
la
vassale
n’a
point
de
pages
le
vassal
n’a
pas
d’écuyers
il
doit
aujourd’hui
de
la
guerre
revenir
avec
monseigneur
ce
n’est
plus
un
amant
vulgaire
je
lève
un
front
baissé
naguère
et
mon
orgueil
est
du
bonheur
le
duc
triomphant
nous
rapporte
son
drapeau
dans
les
camps
froissé
venez
tous
sous
la
vieille
porte
voir
passer
la
brillante
escorte
et
le
prince
et
mon
fiancé
venez
voir
pour
ce
jour
de
fête
son
cheval
caparaçonné
qui
sous
son
poids
hennit
s’arrête
et
marche
en
secouant
la
tête
de
plumes
rouges
couronné
mes
sœurs
à
vous
parer
si
lentes
venez
voir
près
de
mon
vainqueur
ces
timbales
étincelantes
qui
sous
sa
main
toujours
tremblantes
sonnent
et
font
bondir
le
cœur
venez
surtout
le
voir
lui
même
sous
le
manteau
que
j’ai
brodé
qu’il
sera
beau
c’est
lui
que
j’aime
il
porte
comme
un
diadème
son
casque
de
crins
inondé
l’égyptienne
sacrilège
m’attirant
derrière
un
pilier
m’a
dit
hier
dieu
nous
protège
qu’à
la
fanfare
du
cortège
il
manquerait
un
timbalier
mais
j’ai
tant
prié
que
j’espère
quoique
me
montrant
de
la
main
un
sépulcre
son
noir
repaire
la
vieille
aux
regards
de
vipère
m’ait
dit
—
je
t’attends
là
demain
volons
plus
de
noires
pensées
ce
sont
les
tambours
que
j’entends
voici
les
dames
entassées
les
tentes
de
pourpre
dressées
les
fleurs
et
les
drapeaux
flottants
sur
deux
rangs
le
cortège
ondoie
d’abord
les
piquiers
aux
pas
lourds
puis
sous
l’étendard
qu’on
déploie
les
barons
en
robe
de
soie
avec
leurs
toques
de
velours
voici
les
chasubles
des
prêtres
les
hérauts
sur
un
blanc
coursier
tous
en
souvenir
des
ancêtres
portent
l’écusson
de
leurs
maîtres
peint
sur
leur
corselet
d’acier
admirez
l’armure
persane
des
templiers
craints
de
l’enfer
et
sous
la
longue
pertuisane
les
archers
venus
de
lausanne
vêtus
de
buffle
armés
de
fer
le
duc
n’est
pas
loin
ses
bannières
flottent
parmi
les
chevaliers
quelques
enseignes
prisonnières
honteuses
passent
les
dernières…
mes
sœurs
voici
les
timbaliers
…
elle
dit
et
sa
vue
errante
plonge
hélas
dans
les
rangs
pressés
puis
dans
la
foule
indifférente
elle
tomba
froide
et
mourante…
les
timbaliers
étaient
passés
18
octobre
1825
ballade
septième
la
mêlée
les
armées
s’ébranlent
le
choc
est
terrible
les
combattants
sont
terribles
les
blessures
sont
terribles
la
mêlée
est
terrible
gonzalo
berceo
la
bataille
de
simancas
pâtre
change
de
route
—
au
pied
de
ces
collines
vois
onduler
deux
rangs
d’épaisses
javelines
vois
ces
deux
bataillons
l’un
vers
l’autre
marchant
au
signal
de
leurs
chefs
que
divise
la
haine
ils
se
sont
pour
combattre
arrêtés
dans
la
plaine
écoute
ces
clameurs…
tu
frémis
c’est
leur
chant
accourez
tous
oiseaux
de
proie
aigles
hiboux
vautours
corbeaux
volez
volez
tous
pleins
de
joie
à
ces
champs
comme
à
des
tombeaux
que
l’ennemi
sous
notre
glaive
tombe
avec
le
jour
qui
s’achève
les
psaumes
du
soir
sont
finis
le
prêtre
qui
suit
leurs
bannières
leur
a
dit
leurs
vêpres
dernières
et
le
nôtre
nous
a
bénis
halbert
baron
normand
ronan
prince
de
galles
vont
mesurer
ici
leurs
forces
presque
égales
les
normands
sont
adroits
les
gallois
sont
ardents
ceux
là
viennent
chargés
d’une
armure
sonore
ceux
ci
font
pour
couvrir
leur
front
sauvage
encore
de
la
gueule
des
loups
un
casque
armé
de
dents
que
nous
fait
la
plainte
des
veuves
et
de
l’orphelin
gémissant
demain
nous
laverons
aux
fleuves
nos
bras
teints
de
fange
et
de
sang
serrons
nos
rangs
brûlons
nos
tentes
que
nos
trompettes
éclatantes
glacent
l’ennemi
méprisé
en
vain
leurs
essaims
se
déroulent
pour
eux
chaque
sillon
qu’ils
foulent
est
un
sépulcre
tout
creusé
le
signal
est
donné
—
parmi
des
flots
de
poudre
leurs
pas
courts
et
pressés
roulent
comme
la
foudre…
comme
deux
chevaux
noirs
qui
dévorent
le
frein
comme
deux
grands
taureaux
luttant
dans
les
vallées
les
deux
masses
de
fer
à
grand
bruit
ébranlées
brisent
d’un
même
choc
leur
double
front
d’airain
allons
guerriers
la
charge
sonne
courez
frappez
c’est
le
moment
aux
sons
de
la
trompe
saxonne
aux
accords
du
clairon
normand
dagues
hallebardes
épées
pertuisanes
de
sang
trempées
haches
poignards
à
deux
tranchants
parmi
les
cuirasses
froissées
mêlez
vos
pointes
hérissées
comme
la
ronce
dans
les
champs
où
donc
est
le
soleil
—
il
luit
dans
la
fumée
comme
un
bouclier
rouge
en
la
forge
enflammée
dans
des
vapeurs
de
sang
on
voit
briller
le
fer
la
vallée
au
loin
semble
une
fournaise
ardente
on
dirait
qu’au
milieu
de
la
plaine
grondante
s’est
ouverte
soudain
la
bouche
de
l’enfer
le
jeu
des
héros
se
prolonge
les
rangs
s’enfoncent
dans
les
rangs
le
pied
des
combattants
se
plonge
dans
la
blessure
des
mourants
avançons
avançons
courage
le
fantassin
mord
avec
rage
le
poitrail
de
fer
du
coursier
les
chevaux
blanchissants
frissonnent
et
les
masses
d’armes
résonnent
sur
leurs
caparaçons
d’acier
noir
chaos
de
coursiers
d’hommes
d’armes
heurtées
les
gallois
tout
couverts
de
peaux
ensanglantées
se
roulent
sur
le
dard
des
écus
meurtriers
à
mourir
sur
leurs
morts
obstinés
et
fidèles
ils
semblent
assiéger
comme
des
citadelles
les
cavaliers
normands
sur
leurs
grands
destriers
que
ceux
qui
brisent
leur
épée
luttent
des
ongles
et
des
dents
s’ils
veulent
fuir
la
faim
trompée
des
loups
autour
de
nous
rôdants
point
de
prisonniers
point
d’esclaves
s’il
faut
mourir
mourons
en
braves
sur
nos
compagnons
immolés
que
demain
le
jour
s’il
se
lève
voie
encor
des
tronçons
de
glaive
étreints
par
nos
bras
mutilés
…
viens
berger
la
nuit
tombe
et
plus
de
sang
ruisselle
de
coups
plus
furieux
chaque
armure
étincelle
les
chevaux
éperdus
se
dérobent
au
mors
viens
laissons
achever
cette
lutte
brûlante
ces
hommes
acharnés
à
leur
tâche
sanglante
se
reposeront
tous
demain
vainqueurs
ou
morts
18
19
septembre
1825
à
m
louis
boulanger
—
ballade
huitième
les
deux
archers
dames
oyez
un
conte
lamentable
baïf
écoutez
l’étrange
aventure…
émile
deschamps
un
feu
vengeur
s’alluma
au
milieu
des
rebelles
la
flamme
dévora
les
impies
genèse
c’était
l’instant
funèbre
où
la
nuit
est
si
sombre
qu’on
tremble
à
chaque
pas
de
réveiller
dans
l’ombre
un
démon
ivre
encor
du
banquet
des
sabbats
le
moment
où
liant
à
peine
sa
prière
le
voyageur
se
hâte
à
travers
la
clairière
c’était
l’heure
où
l’on
parle
bas
deux
francs
archers
passaient
au
fond
de
la
vallée
là
bas
où
vous
voyez
une
tour
isolée
qui
lorsqu’en
palestine
allaient
mourir
nos
rois
fut
bâtie
en
trois
nuits
au
dire
de
nos
pères
par
un
ermite
saint
qui
remuait
les
pierres
avec
le
signe
de
la
croix
tous
deux
sans
craindre
l’heure
en
ce
lieu
taciturne
allumèrent
un
feu
pour
leur
repas
nocturne
puis
ils
vinrent
s’asseoir
en
déposant
leur
cor
sur
un
saint
de
granit
dont
l’image
grossière
les
mains
jointes
le
front
couché
dans
la
poussière
avait
l’air
de
prier
encor
cependant
sur
la
tour
les
monts
les
bois
antiques
l’ardent
foyer
jetait
des
clartés
fantastiques
les
hiboux
s’effrayaient
au
fond
des
vieux
manoirs
et
les
chauves
souris
que
tout
sabbat
réclame
volaient
et
par
moments
épouvantaient
la
flamme
de
leur
grande
aile
aux
ongles
noirs
le
plus
vieux
des
archers
alors
dit
au
plus
jeune
—
portes
tu
le
cilice
—
observes
tu
le
jeûne
reprit
l’autre
et
leur
rire
accompagna
leur
voix
d’autres
rires
de
loin
tout
à
coup
s’entendirent
le
val
était
désert
l’ombre
épaisse
ils
se
dirent
—
c’est
l’écho
qui
rit
dans
les
bois
soudain
à
leurs
regards
une
lueur
rampante
en
bleuâtres
sillons
sur
la
hauteur
serpente
les
deux
blasphémateurs
hélas
sans
s’effrayer
jetèrent
au
brasier
d’autres
branches
de
chênes
disant
—
c’est
au
miroir
des
cascades
prochaines
le
reflet
de
notre
foyer
or
cet
écho
d’effroi
qu’ici
chacun
s’incline
c’était
satan
riant
tout
haut
sur
la
colline
ce
reflet
émané
du
corps
de
lucifer
c’était
le
pâle
jour
qu’il
traîne
en
nos
ténèbres
le
rayon
sulfureux
qu’en
des
songes
funèbres
il
nous
apporte
de
l’enfer
aux
profanes
éclats
de
leur
coupable
joie
il
était
accouru
comme
un
loup
vers
sa
proie
sur
les
archers
dans
l’ombre
erraient
ses
yeux
ardents
riez
et
blasphémez
dans
vos
heures
oisives
moi
je
ferai
passer
vos
bouches
convulsives
du
rire
au
grincement
de
dents
à
l’aube
du
matin
un
peu
de
cendre
éteinte
d’un
pied
large
et
fourchu
portait
l’étrange
empreinte
le
val
fut
tout
le
jour
désert
silencieux
mais
au
lieu
du
foyer
à
minuit
même
un
pâtre
vit
soudain
apparaître
une
flamme
bleuâtre
qui
ne
montait
pas
vers
les
cieux
dès
qu’au
sol
attachée
elle
rampa
livide
de
longs
rires
soudain
éclatant
dans
le
vide
glacèrent
le
berger
d’un
grand
effroi
saisi
il
ne
vit
point
satan
et
ceux
de
l’autre
monde
et
ne
put
concevoir
dans
sa
terreur
profonde
ce
qu’ils
souffraient
pour
rire
ainsi
dès
lors
toutes
les
nuits
aux
monts
aux
bois
antiques
l’ardent
foyer
jeta
ses
clartés
fantastiques
des
rires
effrayaient
les
hiboux
des
manoirs
et
les
chauves
souris
que
tout
sabbat
réclame
volaient
et
par
moments
épouvantaient
la
flamme
de
leur
grande
aile
aux
ongles
noirs
rien
avant
le
rayon
de
l’aube
matinale
enfants
rien
n’éteignait
cette
flamme
infernale
si
l’orage
à
grands
flots
tombant
grondait
dans
l’air
les
rires
éclataient
aussi
haut
que
la
foudre
la
flamme
en
tournoyant
s’élançait
de
la
poudre
comme
pour
s’unir
à
l’éclair
mais
enfin
une
nuit
vêtu
du
scapulaire
se
leva
du
vieux
saint
le
marbre
séculaire
il
fit
trois
pas
armé
de
son
rameau
bénit
de
l’effrayant
prodige
effrayant
exorciste
de
ses
lèvres
de
pierre
il
dit
que
dieu
m’assiste
en
ouvrant
ses
bras
de
granit
alors
tout
s’éteignit
flammes
rires
phosphore
tout
et
le
lendemain
on
trouva
dès
l’aurore
les
deux
gens
d’armes
morts
sur
la
statue
assis
on
les
ensevelit
et
suivant
sa
promesse
le
seigneur
du
hameau
pour
fonder
une
messe
légua
trois
deniers
parisis
si
quelque
enseignement
se
cache
en
cette
histoire
qu’importe
il
ne
faut
pas
la
juger
mais
la
croire
la
croire
qu’ai
je
dit
ces
temps
sont
loin
de
nous
ce
n’est
plus
qu’à
demi
qu’on
se
livre
aux
croyances
nul
dans
notre
âge
aveugle
et
vain
de
ses
sciences
ne
sait
plier
les
deux
genoux
juillet
1825
ballade
neuvième
écoute
moi
madeleine
pource
aimez
moy
cependant
qu’estes
belle
ronsard
écoute
moi
madeleine
l’hiver
a
quitté
la
plaine
qu’hier
il
glaçait
encor
viens
dans
ces
bois
d’où
ma
suite
se
retire
au
loin
conduite
par
les
sons
errants
du
cor
viens
on
dirait
madeleine
que
le
printemps
dont
l’haleine
donne
aux
roses
leurs
couleurs
a
cette
nuit
pour
te
plaire
secoué
sur
la
bruyère
sa
robe
pleine
de
fleurs
si
j’étais
ô
madeleine
l’agneau
dont
la
blanche
laine
se
démêle
sous
tes
doigts
…
si
j’étais
l’oiseau
qui
passe
et
que
poursuit
dans
l’espace
un
doux
appel
de
ta
voix
…
si
j’étais
ô
madeleine
l’ermite
de
tombelaine
dans
son
pieux
tribunal
quand
ta
bouche
à
son
oreille
de
tes
péchés
de
la
veille
livre
l’aveu
virginal
…
si
j’avais
ô
madeleine
l’œil
du
nocturne
phalène
lorsqu’au
sommeil
tu
te
rends
et
que
son
aile
indiscrète
de
ta
cellule
secrète
bat
les
vitraux
transparents
quand
ton
sein
ô
madeleine
sort
du
corset
de
baleine
libre
enfin
du
velours
noir
quand
de
peur
de
te
voir
nue
tu
jettes
fille
ingénue
ta
robe
sur
ton
miroir
si
tu
voulais
madeleine
ta
demeure
serait
pleine
de
pages
et
de
vassaux
et
ton
splendide
oratoire
déroberait
sous
la
moire
la
pierre
de
ses
arceaux
si
tu
voulais
madeleine
au
lieu
de
la
marjolaine
qui
pare
ton
chaperon
tu
porterais
la
couronne
de
comtesse
ou
de
baronne
dont
la
perle
est
le
fleuron
si
tu
voulais
madeleine
je
te
ferais
châtelaine
je
suis
le
comte
roger
quitte
pour
moi
ces
chaumières
à
moins
que
tu
ne
préfères
que
je
me
fasse
berger
14
septembre
1825
ballade
dixième
à
un
passant
au
soleil
couchant
toi
qui
vas
cherchant
fortune
prends
garde
de
choir
la
terre
le
soir
est
brune
l’océan
trompeur
couvre
de
vapeur
la
dune
vois
à
l’horizon
aucune
maison
aucune
maint
voleur
te
suit
la
chose
est
la
nuit
commune
les
dames
des
bois
nous
gardent
parfois
rancune
elles
vont
errer
crains
d’en
rencontrer
quelqu’une
les
lutins
de
l’air
vont
danser
au
clair
de
lune
la
chanson
du
fou
voyageur
qui
la
nuit
sur
le
pavé
sonore
de
ton
chien
inquiet
passes
accompagné
après
le
jour
brûlant
pourquoi
marcher
encore
où
mènes
tu
si
tard
ton
cheval
résigné
la
nuit
—
ne
crains
tu
pas
d’entrevoir
la
stature
du
brigand
dont
un
sabre
a
chargé
la
ceinture
ou
qu’un
de
ces
vieux
loups
près
des
routes
rôdants
qui
du
fer
des
coursiers
méprisent
l’étincelle
d’un
bond
brusque
et
soudain
s’attachant
à
ta
selle
ne
mêle
à
ton
sang
noir
l’écume
de
ses
dents
ne
crains
tu
pas
surtout
qu’un
follet
à
cette
heure
n’allonge
sous
tes
pas
le
chemin
qui
te
leurre
et
ne
te
fasse
hélas
ainsi
qu’aux
anciens
jours
rêvant
quelque
logis
dont
la
vitre
scintille
et
le
faisan
doré
par
l’âtre
qui
pétille
marcher
vers
des
clartés
qui
reculent
toujours
crains
d’aborder
la
plaine
où
le
sabbat
s’assemble
où
les
démons
hurlants
viennent
danser
ensemble
ces
murs
maudits
par
dieu
par
satan
profanés
ce
magique
château
dont
l’enfer
sait
l’histoire
et
qui
désert
le
jour
quand
tombe
la
nuit
noire
enflamme
ses
vitraux
dans
l’ombre
illuminés
voyageur
isolé
qui
t’éloignes
si
vite
de
ton
chien
inquiet
la
nuit
accompagné
après
le
jour
brûlant
quand
le
repos
t’invite
où
mènes
tu
si
tard
ton
cheval
résigné
22
octobre
1825
à
paul
—
ballade
onzième
la
chasse
du
burgrave
un
vieux
faune
en
riait
dans
sa
grotte
sauvage
segrais
daigne
protéger
notre
chasse
châsse
de
monseigneur
saint
godefroi
roi
si
tu
fais
ce
que
je
désire
sire
nous
t’édifierons
un
tombeau
beau
puis
je
te
donne
un
cor
d’ivoire
voire
un
dais
neuf
à
pans
de
velours
lourds
avec
dix
chandelles
de
cire
sire
donc
te
prions
à
deux
genoux
nous
nous
qui
né
de
bons
gentilshommes
sommes
le
seigneur
burgrave
alexis
six
voilà
ce
que
dit
le
burgrave
grave
au
tombeau
de
saint
godefroi
froid
mon
page
emplis
mon
escarcelle
selle
mon
cheval
de
calatrava
va
piqueur
va
convier
le
comte
conte
que
ma
meute
aboie
en
mes
cours
cours
archers
mes
compagnons
de
fêtes
faites
votre
épieu
lisse
et
vos
cornets
nets
nous
ferons
ce
soir
une
chère
chère
vous
n’y
recevrez
maître
queux
qu’eux
en
chasse
amis
je
vous
invite
vite
en
chasse
allons
courre
les
cerfs
serfs
il
part
et
madame
isabelle
belle
dit
gaiement
du
haut
des
remparts
pars
tous
les
chasseurs
sont
dans
la
plaine
pleine
d’ardents
seigneurs
de
sénéchaux
chauds
ce
ne
sont
que
baillis
et
prêtres
reîtres
qui
savent
traquer
à
pas
lourds
l’ours
dames
en
brillants
équipages
pages
fauconniers
clercs
et
peu
bénins
nains
en
chasse
—
le
maître
en
personne
sonne
fuyez
voici
les
paladins
daims
il
n’est
pour
vous
comte
d’empire
pire
que
le
vieux
burgrave
alexis
six
fuyez
—
mais
un
cerf
dans
l’espace
passe
et
disparaît
comme
l’éclair
clair
taïaut
les
chiens
taïaut
les
hommes
sommes
d’argent
et
d’or
paieront
sa
chair
cher
mon
château
pour
ce
cerf
—
marraine
reine
des
beaux
sylphes
et
des
follets
laids
donne
moi
son
bois
pour
trophée
fée
mère
du
brave
et
du
chasseur
sœur
tout
ce
qu’un
prêtre
à
sa
madone
donne
moi
je
te
le
promets
ici
si
notre
main
ta
serve
et
sujette
jette
ce
beau
cerf
qui
s’enfuit
là
bas
bas
du
chasseur
noir
craignant
l’injure
jure
le
vieux
burgrave
haletant
tant
que
déjà
sa
meute
qui
jappe
happe
et
fête
le
pauvre
animal
mal
il
fuit
la
bande
malévole
vole
sur
sa
trace
et
par
le
plus
court
court
adieu
clos
plaines
diaprées
prées
vergers
fleuris
jardins
sablés
blés
le
cerf
s’échappant
de
plus
belle
bêle
un
bois
à
sa
course
est
ouvert
vert
il
entend
venir
sur
ses
traces
races
de
chiens
dont
vous
seriez
jaloux
loups
piqueurs
ardentes
haquenées
nées
de
ces
étalons
aux
longs
crins
craints
leurs
flancs
que
de
blancs
harnois
ceignent
saignent
des
coups
fréquents
des
éperons
prompts
le
cerf
que
le
son
de
la
trompe
trompe
se
jette
dans
les
bois
épais…
paix
hélas
en
vain
…
la
meute
cherche
cherche
et
là
tu
retentis
encor
cor
où
fuir
dans
le
lac
il
s’y
plonge
longe
le
bord
où
maint
buisson
rampant
pend
ah
dans
les
eaux
du
lac
agreste
reste
hélas
pauvre
cerf
aux
abois
bois
contre
toi
la
fanfare
ameute
meute
et
veneurs
sonnant
du
hautbois…
bois
les
archers
sournois
qui
t’attendent
tendent
leurs
arcs
dans
l’épaisseur
du
bois
…
bois
ils
sont
avides
de
carnage
nage
c’est
ton
seul
espoir
désormais
mais
l’essaim
que
sa
chair
palpitante
tente
après
lui
dans
le
lac
profond
fond
il
sort
—
plus
d’espoir
qui
te
leurre
l’heure
vient
où
pour
toi
tout
est
fini
ni
tes
pieds
vifs
ni
saint
marc
de
leyde
l’aide
du
cerf
qu’un
chien
à
demi
mort
mord
ne
te
sauveront
des
morsures
sûres
des
limiers
ardents
de
courroux
roux
vois
ces
chiens
qu’un
serf
bas
et
lâche
lâche
vois
les
épieux
à
férir
prêts
près
meurs
donc
la
fanfare
méchante
chante
ta
chute
au
milieu
des
clameurs
meurs
et
ce
soir
sur
les
délectables
tables
tu
feras
un
excellent
mets
mais
on
t’a
vengé
—
fille
d’autriche
triche
quand
l’hymen
lui
donne
un
barbon
bon
or
sans
son
hôte
le
bon
comte
compte
il
revient
quoique
fatigué
gai
et
tandis
que
ton
sang
ruisselle
celle
qu’épousa
le
comte
alexis
six
sur
le
front
ride
du
burgrave
grave
pauvre
cerf
des
rameaux
aussi
si
qu’au
burg
vous
rentrez
à
la
brune
brune
après
un
jour
si
hasardeux
deux
janvier
1828
ballade
douzième
le
pas
d’armes
du
roi
jean
plus
de
six
cents
lances
y
furent
brisées
on
se
battit
à
pied
et
à
cheval
à
la
barrière
à
coups
d’épée
et
de
pique
où
partout
les
tenants
et
les
assaillants
ne
firent
rien
qui
ne
répondît
à
la
haute
estime
qu’ils
s’étaient
déjà
acquise
ce
qui
fit
éclater
ces
tournois
doublement
enfin
au
dernier
un
gentilhomme
nommé
de
fontaines
beau
frère
de
chandiou
grand
prévôt
des
maréchaux
fut
blessé
à
mort
et
au
second
encore
saint
aubin
autre
gentilhomme
fut
tué
d’un
coup
de
lance
ancienne
chronique
çà
qu’on
selle
écuyer
mon
fidèle
destrier
mon
cœur
ploie
sous
la
joie
quand
je
broie
l’étrier
par
saint
gille
viens
nous
en
mon
agile
alezan
viens
écoute
par
la
route
voir
la
joute
du
roi
jean
qu’un
gros
carme
chartrier
ait
pour
arme
l’encrier
qu’une
fille
sous
la
grille
s’égosille
à
prier
nous
qui
sommes
de
par
dieu
gentilshommes
de
haut
lieu
il
faut
faire
bruit
sur
terre
et
la
guerre
n’est
qu’un
jeu
ma
vieille
âme
enrageait
car
ma
lame
que
rongeait
cette
rouille
qui
la
souille
en
quenouille
se
changeait
cette
ville
aux
longs
cris
qui
profile
son
front
gris
des
toits
frêles
cent
tourelles
clochers
grêles
c’est
paris
quelle
foule
par
mon
sceau
qui
s’écoule
en
ruisseau
et
se
rue
incongrue
par
la
rue
saint
marceau
notre
dame
que
c’est
beau
sur
mon
âme
de
corbeau
voudrais
être
clerc
ou
prêtre
pour
y
mettre
mon
tombeau
les
quadrilles
les
chansons
mêlent
filles
aux
garçons
quelles
fêtes
que
de
têtes
sur
les
faîtes
des
maisons
un
maroufle
mis
à
neuf
joue
et
souffle
comme
un
bœuf
une
marche
de
luzarche
sur
chaque
arche
du
pont
neuf
le
vieux
louvre
large
et
lourd
il
ne
s’ouvre
qu’au
grand
jour
emprisonne
la
couronne
et
bourdonne
dans
sa
tour
los
aux
dames
au
roi
los
vois
les
flammes
du
champ
clos
où
la
foule
qui
s’écroule
hurle
et
roule
à
grands
flots
sans
attendre
çà
piquons
l’œil
bien
tendre
attaquons
de
nos
selles
les
donzelles
roses
belles
aux
balcons
saulx
tavane
le
ribaud
se
pavane
et
chabot
qui
ferraille
bossu
raille
mons
fontraille
le
pied
bot
là
bas
serge
qui
fit
vœu
d’aller
vierge
au
saint
lieu
là
lothaire
duc
sans
terre
sauveterre
diable
et
dieu
le
vidame
de
conflans
suit
sa
dame
à
pas
lents
et
plus
d’une
s’importune
de
la
brune
aux
bras
blancs
là
haut
brille
sur
ce
mur
yseult
fille
au
front
pur
là
bas
seules
force
aïeules
portant
gueules
sur
azur
dans
la
lice
vois
encor
berthe
alice
léonor
dame
irène
ta
marraine
et
la
reine
toute
en
or
dame
irène
parle
ainsi
quoi
la
reine
triste
ici
son
altesse
dit
comtesse
j’ai
tristesse
et
souci
on
commence
le
beffroi
coups
de
lance
cris
d’effroi
on
se
forge
on
s’égorge
par
saint
george
par
le
roi
la
cohue
flot
de
fer
frappe
hue
remplit
l’air
et
profonde
tourne
et
gronde
comme
une
onde
sur
la
mer
dans
la
plaine
un
éclair
se
promène
vaste
et
clair
quels
mélanges
sang
et
franges
plaisirs
d’anges
bruit
d’enfer
sus
ma
bête
de
façon
que
je
fête
ce
grison
je
te
baille
pour
ripaille
plus
de
paille
plus
de
son
qu’un
gros
frère
gai
friand
ne
peut
faire
mendiant
par
les
places
où
tu
passes
de
grimaces
en
priant
dans
l’orage
lys
courbé
un
beau
page
est
tombé
il
se
pâme
il
rend
l’âme
il
réclame
un
abbé
la
fanfare
aux
sons
d’or
qui
t’effare
sonne
encor
pour
sa
chute
triste
lutte
de
la
flûte
et
du
cor
moines
vierges
porteront
de
grands
cierges
sur
son
front
et
dans
l’ombre
du
lieu
sombre
deux
yeux
d’ombre
pleureront
car
madame
isabeau
suit
son
âme
au
tombeau
que
d’alarmes
que
de
larmes
…
un
pas
d’armes
c’est
très
beau
çà
mon
frère
viens
rentrons
dans
notre
aire
de
barons
va
plus
vite
car
au
gîte
qui
t’invite
trouverons
toi
l’avoine
du
matin
moi
le
moine
augustin
ce
saint
homme
suivant
rome
qui
m’assomme
de
latin
et
rédige
en
romain
tout
prodige
de
ma
main
qu’à
ma
charge
il
émarge
sur
un
large
parchemin
un
vrai
sire
châtelain
laisse
écrire
le
vilain
sa
main
digne
quand
il
signe
égratigne
le
vélin
24
26
juin
1828
à
m
louis
boulanger
—
ballade
treizième
la
légende
de
la
nonne
acobose
vuestro
bien
y
vuestros
males
no
acaban
reproches
al
rey
rodrigo
venez
vous
dont
l’œil
étincelle
pour
entendre
une
histoire
encor
approchez
je
vous
dirai
celle
de
doña
padilla
del
flor
elle
était
d’alanje
où
s’entassent
les
collines
et
les
halliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
il
est
des
filles
à
grenade
il
en
est
à
séville
aussi
qui
pour
la
moindre
sérénade
à
l’amour
demandent
merci
il
en
est
que
d’abord
embrassent
le
soir
les
hardis
cavaliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
ce
n’est
pas
sur
ce
ton
frivole
qu’il
faut
parler
de
padilla
car
jamais
prunelle
espagnole
d’un
feu
plus
chaste
ne
brilla
elle
fuyait
ceux
qui
pourchassent
les
filles
sous
les
peupliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
rien
ne
touchait
ce
cœur
farouche
ni
doux
soins
ni
propos
joyeux
pour
un
mot
d’une
belle
bouche
pour
un
signe
de
deux
beaux
yeux
on
sait
qu’il
n’est
rien
que
ne
fassent
les
seigneurs
et
les
bacheliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
elle
prit
le
voile
à
tolède
au
grand
soupir
des
gens
du
lieu
comme
si
quand
on
n’est
pas
laide
on
avait
droit
d’épouser
dieu
peu
s’en
fallut
que
ne
pleurassent
les
soudards
et
les
écoliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
mais
elle
disait
loin
du
monde
vivre
et
prier
pour
les
méchants
quel
bonheur
quelle
paix
profonde
dans
la
prière
et
dans
les
chants
là
si
les
démons
nous
menacent
les
anges
sont
nos
boucliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
or
la
belle
à
peine
cloîtrée
amour
dans
son
cœur
s’installa
un
fier
brigand
de
la
contrée
vint
alors
et
dit
me
voilà
quelquefois
les
brigands
surpassent
en
audace
les
chevaliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
il
était
laid
des
traits
austères
la
main
plus
rude
que
le
gant
mais
l’amour
a
bien
des
mystères
et
la
nonne
aima
le
brigand
on
voit
des
biches
qui
remplacent
leurs
beaux
cerfs
par
des
sangliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
pour
franchir
la
sainte
limite
pour
approcher
du
saint
couvent
souvent
le
brigand
d’un
ermite
prenait
le
cilice
et
souvent
la
cotte
de
maille
où
s’enchâssent
les
croix
noires
des
templiers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
la
nonne
osa
dit
la
chronique
au
brigand
par
l’enfer
conduit
aux
pieds
de
sainte
véronique
donner
un
rendez
vous
la
nuit
à
l’heure
où
les
corbeaux
croassent
volant
dans
l’ombre
par
milliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
padilla
voulait
anathème
oubliant
sa
vie
en
un
jour
se
livrer
dans
l’église
même
sainte
à
l’enfer
vierge
à
l’amour
jusqu’à
l’heure
pâle
où
s’effacent
les
cierges
sur
les
chandeliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
or
quand
dans
la
nef
descendue
la
nonne
appela
le
bandit
au
lieu
de
la
voix
attendue
c’est
la
foudre
qui
répondit
dieu
voulut
que
ses
coups
frappassent
les
amants
par
satan
liés
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
aujourd’hui
des
fureurs
divines
le
pâtre
enflammant
ses
récits
vous
montre
au
penchant
des
ravines
quelques
tronçons
de
murs
noircis
deux
clochers
que
les
ans
crevassent
dont
l’abri
tuerait
ses
béliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
quand
la
nuit
du
cloître
gothique
brunissant
les
portails
béants
change
à
l’horizon
fantastique
les
deux
clochers
en
deux
géants
à
l’heure
où
les
corbeaux
croassent
volant
dans
l’ombre
par
milliers…
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
une
nonne
avec
une
lampe
sort
d’une
cellule
à
minuit
le
long
des
murs
le
spectre
rampe
un
autre
fantôme
le
suit
des
chaînes
sur
leurs
pieds
s’amassent
de
lourds
carcans
sont
leurs
colliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
la
lampe
vient
s’éclipse
brille
sous
les
arceaux
court
se
cacher
puis
tremble
derrière
une
grille
puis
scintille
au
bout
d’un
clocher
et
ses
rayons
dans
l’ombre
tracent
des
fantômes
multipliés
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
les
deux
spectres
qu’un
feu
dévore
traînant
leur
suaire
en
lambeaux
se
cherchent
pour
s’unir
encore
en
trébuchant
sur
des
tombeaux
leurs
pas
aveugles
s’embarrassent
dans
les
marches
des
escaliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
mais
ce
sont
des
escaliers
fées
qui
sous
eux
s’embrouillent
toujours
l’un
est
aux
caves
étouffées
quand
l’autre
marche
au
front
des
tours
sous
leurs
pieds
sans
fin
se
déplacent
les
étages
et
les
paliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
élevant
leurs
voix
sépulcrales
se
cherchant
les
bras
étendus
ils
vont…
les
magiques
spirales
mêlent
leurs
pas
toujours
perdus
ils
s’épuisent
et
se
harassent
en
détours
sans
cesse
oubliés
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
la
pluie
alors
à
larges
gouttes
bat
les
vitraux
frêles
et
froids
le
vent
siffle
aux
brèches
des
voûtes
une
plainte
sort
des
beffrois
on
entend
des
soupirs
qui
glacent
des
rires
d’esprits
familiers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
une
voix
faible
une
voix
haute
disent
quand
finiront
les
jours
ah
nous
souffrons
par
notre
faute
mais
l’éternité
c’est
toujours
là
les
mains
des
heures
se
lassent
à
retourner
les
sabliers…
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
l’enfer
hélas
ne
peut
s’éteindre
toutes
les
nuits
dans
ce
manoir
se
cherchent
sans
jamais
s’atteindre
une
ombre
blanche
un
spectre
noir
jusqu’à
l’heure
pâle
où
s’effacent
les
cierges
sur
les
chandeliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
si
tremblant
à
ces
bruits
étranges
quelque
nocturne
voyageur
en
se
signant
demande
aux
anges
sur
qui
sévit
le
dieu
vengeur
des
serpents
de
feu
qui
s’enlacent
tracent
deux
noms
sur
les
piliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
cette
histoire
de
la
novice
saint
ildefonse
abbé
voulut
qu’afin
de
préserver
du
vice
les
vierges
qui
font
leur
salut
les
prieures
la
racontassent
dans
tous
les
couvents
réguliers
—
enfants
voici
des
bœufs
qui
passent
cachez
vos
rouges
tabliers
avril
1828
à
m
charles
n
—
ballade
quatorzième
la
ronde
du
sabbat
hic
chorus
ingenus
…
colit
orgia
avienus
n’est
ce
pas
comme
une
légion
de
squelettes
sortant
horribles
de
leurs
tombeaux
alph
rabbe
la
lune
qui
les
voit
venir
en
est
toute
confuse
sa
lueur
prête
à
se
ternir
à
ses
yeux
se
refuse
et
son
visage
à
cet
abord
sent
comme
une
espèce
de
mort
saint
amand
voyez
devant
les
murs
de
ce
noir
monastère
la
lune
se
voiler
comme
pour
un
mystère
l’esprit
de
minuit
passe
et
répandant
l’effroi
douze
fois
se
balance
au
battant
du
beffroi
le
bruit
ébranle
l’air
roule
et
longtemps
encore
gronde
comme
enfermé
sous
la
cloche
sonore
le
silence
retombe
avec
l’ombre…
écoutez
qui
pousse
ces
clameurs
qui
jette
ces
clartés
dieu
les
voûtes
les
tours
les
portes
découpées
d’un
long
réseau
de
feu
semblent
enveloppées
et
l’on
entend
l’eau
sainte
où
trempe
un
buis
bénit
bouillonner
à
grands
flots
dans
l’urne
de
granit
à
nos
patrons
du
ciel
recommandons
nos
âmes
parmi
les
rayons
bleus
parmi
les
rouges
flammes
avec
des
cris
des
chants
des
soupirs
des
abois
voilà
que
de
partout
des
eaux
des
monts
des
bois
les
larves
les
dragons
les
vampires
les
gnômes
des
monstres
dont
l’enfer
rêve
seul
les
fantômes
la
sorcière
échappée
aux
sépulcres
déserts
volant
sur
le
bouleau
qui
siffle
dans
les
airs
les
nécromants
parés
de
tiares
mystiques
où
brillent
flamboyants
les
mots
cabalistiques
et
les
graves
démons
et
les
lutins
rusés
tous
par
les
toits
rompus
par
les
portails
brisés
par
les
vitraux
détruits
que
mille
éclairs
sillonnent
entrent
dans
le
vieux
cloître
où
leurs
flots
tourbillonnent
debout
au
milieu
d’eux
leur
prince
lucifer
cache
un
front
de
taureau
sous
la
mître
de
fer
la
chasuble
a
voilé
son
aile
diaphane
et
sur
l’autel
croulant
il
pose
un
pied
profane
ô
terreur
les
voilà
qui
chantent
dans
ce
lieu
où
veille
incessamment
l’œil
éternel
de
dieu
les
mains
cherchent
les
mains…
soudain
la
ronde
immense
comme
un
ouragan
sombre
en
tournoyant
commence
à
l’œil
qui
n’en
pourrait
embrasser
le
contour
chaque
hideux
convive
apparaît
à
son
tour
on
croirait
voir
l’enter
tourner
dans
les
ténèbres
son
zodiaque
affreux
plein
de
signes
funèbres
tous
volent
dans
le
cercle
emportes
à
la
fois
satan
règle
du
pied
les
éclats
de
leur
voix
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couchés
sous
le
pavé
des
salles
mêlons
nous
sans
choix
tandis
que
la
foule
autour
de
lui
roule
satan
joyeux
foule
l’autel
et
la
croix
l’heure
est
solennelle
la
flamme
éternelle
semble
sur
son
aile
la
pourpre
des
rois
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
oui
nous
triomphons
venez
sœurs
et
frères
de
cent
points
contraires
des
lieux
funéraires
des
antres
profonds
l’enfer
vous
escorte
venez
en
cohorte
sur
des
chars
qu’emporte
le
vol
des
griffons
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
venez
sans
remords
nains
aux
pieds
de
chèvre
goules
dont
la
lèvre
jamais
ne
se
sèvre
du
sang
noir
des
morts
femmes
infernales
accourez
rivales
pressez
vos
cavales
qui
n’ont
point
de
mors
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
juifs
par
dieu
frappés
zingaris
bohêmes
chargés
d’anathèmes
follets
spectres
blêmes
la
nuit
échappés
glissez
sur
la
brise
montez
sur
la
frise
du
mur
qui
se
brise
volez
ou
rampez
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
venez
boucs
méchants
psylles
aux
corps
grêles
aspioles
frêles
comme
un
flot
de
grêles
fondre
dans
ces
champs
plus
de
discordance
venez
en
cadence
élargir
la
danse
répéter
les
chants
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
qu’en
ce
beau
moment
les
clercs
en
magie
brillent
dans
l’orgie
leur
barbe
rougie
d’un
sang
tout
fumant
que
chacun
envoie
au
feu
quelque
proie
et
sous
ses
dents
broie
un
pâle
ossement
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
riant
au
saint
lieu
d’une
voix
hardie
satan
parodie
quelque
psalmodie
selon
saint
matthieu
et
dans
la
chapelle
où
son
roi
l’appelle
un
démon
épèle
le
livre
de
dieu
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
sorti
des
tombeaux
que
dans
chaque
stalle
un
faux
moine
étale
la
robe
fatale
qui
brûle
ses
os
et
qu’un
noir
lévite
attache
bien
vite
la
flamme
maudite
aux
sacrés
flambeaux
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
satan
vous
verra
de
vos
mains
grossières
parmi
des
poussières
écrivez
sorcières
abracadabra
volez
oiseaux
fauves
dont
les
ailes
chauves
aux
ciels
des
alcôves
suspendent
smarra
et
leurs
pas
ébranlant
les
arches
colossales
troublent
les
morts
couches
sous
le
pavé
des
salles
voici
le
signal
—
l’enfer
nous
réclame
puisse
un
jour
toute
âme
n’avoir
d’autre
flamme
que
son
noir
fanal
puisse
notre
ronde
dans
l’ombre
profonde
enfermer
le
monde
d’un
cercle
infernal
l’aube
pâle
a
blanchi
les
arches
colossales
il
fuit
l’essaim
confus
des
démons
dispersés
et
les
morts
rendormis
sous
le
pavé
des
salles
sur
leurs
chevets
poudreux
posent
leurs
fronts
glacés
octobre
1825
ballade
quinzième
la
fée
et
la
péri
leur
ombre
vagabonde
à
travers
le
feuillage
frémira
sur
les
vents
ou
sur
quelque
nuage
tu
les
verras
descendre
ou
du
sein
de
la
mer
s’élevant
comme
un
songe
étinceler
dans
l’air
et
leur
voix
toujours
tendre
et
doucement
plaintive
caresser
en
fuyant
ton
oreille
attentive
andré
chénier
i
enfants
si
vous
mouriez
gardez
bien
qu’un
esprit
de
la
route
des
cieux
ne
détourne
votre
âme
voici
ce
qu’autrefois
un
vieux
sage
m’apprit
—
quelques
démons
sauvés
de
l’éternelle
flamme
rebelles
moins
pervers
que
l’archange
proscrit
sur
la
terre
où
le
feu
l’onde
ou
l’air
les
réclame
attendent
exilés
le
jour
de
jésus
christ
il
en
est
qui
bannis
des
célestes
phalanges
ont
de
si
douces
voix
qu’on
les
prend
pour
des
anges
craignez
les
pour
mille
ans
exclus
du
paradis
ils
vous
entraîneraient
enfants
au
purgatoire
—
ne
me
demandez
pas
d’où
me
vient
cette
histoire
nos
pères
l’ont
contée
et
moi
je
la
redis
ii
la
péri
où
vas
tu
donc
jeune
âme
…
écoute
mon
palais
pour
toi
veut
s’ouvrir
suis
moi
des
cieux
quitte
la
route
hélas
tu
t’y
perdrais
sans
doute
nouveau
né
qui
viens
de
mourir
tu
pourras
jouer
à
toute
heure
dans
mes
beaux
jardins
aux
fruits
d’or
et
de
ma
riante
demeure
tu
verras
ta
mère
qui
pleure
près
de
ton
berceau
tiède
encor
des
péris
je
suis
la
plus
belle
mes
sœurs
règnent
où
naît
le
jour
je
brille
en
leur
troupe
immortelle
comme
entre
les
fleurs
brille
celle
que
l’on
cueille
en
rêvant
d’amour
mon
front
porte
un
turban
de
soie
mes
bras
de
rubis
sont
couverts
quand
mon
vol
ardent
se
déploie
l’aile
de
pourpre
qui
tournoie
roule
trois
yeux
de
flamme
ouverts
plus
blanc
qu’une
lointaine
voile
mon
corps
n’en
a
point
la
pâleur
en
quelque
lieu
qu’il
se
dévoile
il
l’éclaire
comme
une
étoile
il
l’embaume
comme
une
fleur
la
fée
viens
bel
enfant
je
suis
la
fée
je
règne
aux
bords
où
le
soleil
au
sein
de
l’onde
réchauffée
se
plonge
éclatant
et
vermeil
les
peuples
d’occident
m’adorent
les
vapeurs
de
leur
ciel
se
dorent
lorsque
je
passe
en
les
touchant
reine
des
ombres
léthargiques
je
bâtis
mes
palais
magiques
dans
les
nuages
du
couchant
mon
aile
bleue
est
diaphane
l’essaim
des
sylphes
enchantés
croit
voir
sur
mon
dos
quand
je
plane
frémir
deux
rayons
argentés
ma
main
luit
rose
et
transparente
mon
souffle
est
la
brise
odorante
qui
le
soir
erre
dans
les
champs
ma
chevelure
est
radieuse
et
ma
bouche
mélodieuse
mêle
un
sourire
à
tous
ses
chants
j’ai
des
grottes
de
coquillages
j’ai
des
tentes
de
rameaux
verts
c’est
moi
que
bercent
les
feuillages
moi
que
berce
le
flot
des
mers
si
tu
me
suis
ombre
ingénue
je
puis
t’apprendre
où
va
la
nue
te
montrer
d’où
viennent
les
eaux
viens
sois
ma
compagne
nouvelle
si
tu
veux
que
je
te
révèle
ce
que
dit
la
voix
des
oiseaux
iii
la
péri
ma
sphère
est
l’orient
région
éclatante
où
le
soleil
est
beau
comme
un
roi
dans
sa
tente
son
disque
s’y
promène
en
un
ciel
toujours
pur
ainsi
portant
l’émir
d’une
riche
contrée
aux
sons
de
la
flûte
sacrée
vogue
un
navire
d’or
sur
une
mer
d’azur
tous
les
dons
ont
comblé
la
zone
orientale
dans
tout
autre
climat
par
une
loi
fatale
près
des
fruits
savoureux
croissent
les
fruits
amers
mais
dieu
qui
pour
l’asie
a
des
yeux
moins
austères
y
donne
plus
de
fleurs
aux
terres
plus
d’étoiles
aux
cieux
plus
de
perles
aux
mers
mon
royaume
s’étend
depuis
ces
catacombes
qui
paraissent
des
monts
et
ne
sont
que
des
tombes
jusqu’à
ce
mur
qu’un
peuple
ose
en
vain
assiéger
qui
tel
qu’une
ceinture
où
le
cathay
respire
environnant
tout
un
empire
garde
dans
l’univers
comme
un
monde
étranger
j’ai
de
vastes
cités
qu’en
tous
lieux
on
admire
lahore
aux
champs
fleuris
golconde
cachemire
la
guerrière
damas
la
royale
ispahan
bagdad
que
ses
remparts
couvrent
comme
une
armure
alep
dont
l’immense
murmure
semble
au
pâtre
lointain
le
bruit
d’un
océan
mysore
est
sur
son
trône
une
reine
placée
médine
aux
mille
tours
d’aiguilles
hérissée
avec
ses
flèches
d’or
ses
kiosques
brillants
est
comme
un
bataillon
arrêté
dans
les
plaines
qui
parmi
ses
tentes
hautaines
élève
une
forêt
de
dards
étincelants
on
dirait
qu’au
désert
thèbes
debout
encore
attend
son
peuple
entier
absent
depuis
l’aurore
madras
a
deux
cités
dans
ses
larges
contours
plus
loin
brille
delhy
la
ville
sans
rivales
et
sous
ses
portes
triomphales
douze
éléphants
de
front
passent
avec
leurs
tours
bel
enfant
viens
errer
parmi
tant
de
merveilles
sur
ces
toits
pleins
de
fleurs
ainsi
que
des
corbeilles
dans
le
camp
vagabond
des
arabes
ligués
viens
nous
verrons
danser
les
jeunes
bayadères
le
soir
lorsque
les
dromadaires
près
du
puits
du
désert
s’arrêtent
fatigués
là
sous
de
verts
figuiers
sous
d’épais
sycomores
luit
le
dôme
d’étain
du
minaret
des
maures
la
pagode
de
nacre
au
toit
rose
et
changeant
la
tour
de
porcelaine
aux
clochettes
dorées
et
dans
les
jonques
azurées
le
palanquin
de
pourpre
aux
longs
rideaux
d’argent
j’écarterai
pour
toi
les
rameaux
du
platane
qui
voile
dans
son
bain
la
rêveuse
sultane
viens
nous
rassurerons
contre
un
ingrat
oubli
la
vierge
qui
timide
ouvrant
la
nuit
sa
porte
écoute
si
le
vent
lui
porte
la
voix
qu’elle
préfère
au
chant
du
bengali
l’orient
fut
jadis
le
paradis
du
monde
un
printemps
éternel
de
ses
roses
l’inonde
et
ce
vaste
hémisphère
est
un
riant
jardin
toujours
autour
de
nous
sourit
la
douce
joie
toi
qui
gémis
suis
notre
voie
que
t’importe
le
ciel
quand
je
t’ouvre
l’eden
la
fée
l’occident
nébuleux
est
ma
patrie
heureuse
là
variant
dans
l’air
sa
forme
vaporeuse
fuit
la
blanche
nuée
—
et
de
loin
bien
souvent
le
mortel
isolé
qui
radieux
ou
sombre
poursuit
un
songe
ou
pleure
une
ombre
assis
la
contemple
en
rêvant
car
il
est
des
douceurs
pour
les
âmes
blessées
dans
les
brumes
du
lac
sur
nos
bois
balancées
dans
nos
monts
où
l’hiver
semble
à
jamais
s’asseoir
dans
l’étoile
pareille
à
l’espoir
solitaire
qui
vient
quand
le
jour
fuit
la
terre
mêler
son
orient
au
soir
nos
cieux
voilés
plairont
à
ta
douleur
amère
enfant
que
dieu
retire
et
qui
pleures
ta
mère
viens
l’écho
des
vallons
les
soupirs
du
ruisseau
et
la
voix
des
forêts
au
bruit
des
vents
unie
te
rendront
la
vague
harmonie
qui
t’endormait
dans
ton
berceau
crains
des
bleus
horizons
le
cercle
monotone
les
brouillards
les
vapeurs
le
nuage
qui
tonne
tempèrent
le
soleil
dans
nos
cieux
parvenu
et
l’œil
voit
au
loin
fuir
leurs
lignes
nébuleuses
comme
des
flottes
merveilleuses
qui
viennent
d’un
monde
inconnu
c’est
pour
moi
que
les
vents
font
sur
nos
mers
bruyantes
tournoyer
l’air
et
l’onde
en
trombes
foudroyantes
la
tempête
à
mes
chants
suspend
son
vol
fatal
l’arc
en
ciel
pour
mes
pieds
qu’un
or
fluide
arrose
comme
un
pont
de
nacre
se
pose
sur
les
cascades
de
cristal
du
moresque
alhambra
j’ai
les
frêles
portiques
j’ai
la
grotte
enchantée
aux
piliers
basaltiques
où
la
mer
de
staffa
brise
un
flot
inégal
et
j’aide
le
pêcheur
roi
des
vagues
brumeuses
à
bâtir
ses
huttes
fumeuses
sur
les
vieux
palais
de
fingal
épouvantant
les
nuits
d’une
trompeuse
aurore
là
souvent
à
ma
voix
un
rouge
météore
croise
en
voûte
de
feu
ses
gerbes
dans
les
airs
et
le
chasseur
debout
sur
la
roche
pendante
croit
voir
une
comète
ardente
baignant
ses
flammes
dans
les
mers
viens
jeune
âme
avec
moi
de
mes
sœurs
obéie
peupler
de
gais
follets
la
morose
abbaye
mes
nains
et
mes
géants
te
suivront
à
ma
voix
viens
troublant
de
ton
cor
les
monts
inaccessibles
guider
ces
meutes
invisibles
qui
la
nuit
chassent
dans
nos
bois
tu
verras
les
barons
sous
leurs
tours
féodales
de
l’humble
pèlerin
détachant
les
sandales
et
les
sombres
créneaux
d’écussons
décorés
et
la
dame
tout
bas
priant
pour
un
beau
page
quelque
mystérieuse
image
peinte
sur
des
vitraux
dorés
c’est
nous
qui
visitant
les
gothiques
églises
ouvrons
leur
nef
sonore
au
murmure
des
brises
quand
la
lune
du
tremble
argente
les
rameaux
le
pâtre
voit
dans
l’air
avec
des
chants
mystiques
folâtrer
nos
chœurs
fantastiques
autour
du
clocher
des
hameaux
de
quels
enchantements
l’occident
se
décore
—
viens
le
ciel
est
bien
loin
ton
aile
est
faible
encore
oublie
en
notre
empire
un
voyage
fatal
un
charme
s’y
révèle
aux
lieux
les
plus
sauvages
et
l’étranger
dit
nos
rivages
plus
doux
que
le
pays
natal
iv
et
l’enfant
hésitait
et
déjà
moins
rebelle
écoutait
des
esprits
l’appel
fallacieux
la
terre
qu’il
fuyait
semblait
pourtant
si
belle
soudain
il
disparut
à
leur
vue
infidèle…
il
avait
entrevu
les